Book,

PORTO-NOVO ville d’Afrique noire

.
(1989)

Meta data

Tags

Users

  • @sottas

Comments and Reviewsshow / hide

  • @axelinha
    8 years ago
    Cet ouvrage se présente comme une étude sur la ville de Porto-Novo, menée par l’Institut Français de Recherche Scientifique pour le Développement en Coopération (ORSTOM) et le Projet de plans d’urbanisation de la République populaire du Bénin (PUB). Lors des recherches pour définir un premier plan d’urbanisme en 1982, le PUB lance une étude pour analyser l’évolution et la structuration sociale et spatiale de la ville. Le présent livre se veut comme une recherche interdisciplinaire, qui réunit architectes, urbanistes, sociologues, anthropologues et historiens. Les deux auteurs, Alain Sinou, architecte et sociologue, et Bachir Oloudé, urbaniste, apportent une synthèse de la ville de Porto-Novo, depuis sa création par les diverses communautés qui s’y sont installées, jusqu’au début des années quatre-vingts. Ils décrivent les différents types d’habitats et bâtiments, leurs formes, leurs fonctions sociales et architecturales et leurs types de construction. Le livre se développe en trois parties, qui décrivent l’histoire de la ville de manière chronologique. La première partie se concentre sur les mythes de fondations de la ville et décrit l’organisation de la cité, en spécifiant les divers typologies de bâtiments (habitat, palais, temple). La deuxième partie traite de la période coloniale et des premières opérations d’urbanisme de la ville (création de voiries et d’un système d’égouts, équipements publics tels qu’hôpitaux, écoles ou bâtiments administratifs). Un « inventaire » des différents « modèles importés » d’Europe et du Brésil (maisons brésiliennes, maisons de commerce, habitat colonial) est aussi évoqué. La dernière partie évoque les problématiques « actuelles » (dans les années quatre-vingts) de la ville depuis l’indépendance, tels que l’extension de la ville en périphérie, le manque d’entretien des bâtiments anciens et des équipements (les écoles par exemple), les nouveaux « modèles spatiaux » (villas et maisons de prestige) et la gestion de la ville et du patrimoine. Trois thèmes principaux sont évoqués à travers le livre : le développement de la ville et sa forme, les modèles architecturaux importés de l’époque coloniale et la gestion du patrimoine de la cité. Le premier thème abordé est celui du développement de la ville et de sa forme. A travers leur ouvrage, les auteurs nous livrent une description du développement de la ville à travers les siècles. Il est intéressant de noter que la ville fût créer par diverses « tribus », qui posèrent les bases de la cité. Avec l’arrivée des premiers colons, la forme de la ville changea peu. Seules quelques voiries furent tracées, mais les colons préférèrent s’installer sur le bord de la ville existante, plutôt que de réorganiser le centre déjà existant. Les auteurs soulignent donc cette « qualité » de Porto-Novo, qui ne connaît pas une création ex-nihilo comme beaucoup d’autres comptoirs de colonies. Plusieurs fois, les auteurs mentionnent la « concurrence » de Porto-Novo avec la ville voisine, Cotonou, qui se situe sur la côte, et qui se développa plus avec l’arrivée des colons. Cependant le sujet n’est que superficiellement évoqué. Il aurait été pertinent de développer un peu plus la relation entre les deux villes, et l’influence qu’elles ont porté l’une sur l’autre. Le deuxième thème relevé est celui des modèles architecturaux importés du Brésil et de l’Europe, et l’influence que ceux-ci ont eu sur la ville. De nombreuses « maisons brésiliennes » voient le jour alors que les anciens esclaves reviennent du Brésil vers Porto-Novo. Les Afro-Brésiliens créent de petites entreprises et réalisent diverses constructions dans la ville grâce aux techniques apprises en Amérique Latine. Les auteurs nous décrivent les différentes typologies d’habitation ou de bâtiments publics, les détails d’ornements et les matériaux utilisés et illustrent leurs propos avec plusieurs photos et relevés en plan, en coupe et en élévation. Cependant, ils ne font pas de remarques sur l’impact général dans la ville, il aurait été intéressant de remarquer s’il s’agit d’une influence mineure dans certains quartiers, ou s’il s’agit d’un répercussion plus forte à travers toute la ville. Le troisième thème évoqué est celui du patrimoine de la ville de Porto-Novo, et de sa gestion actuelle. Les Porto-Noviens ne portent pas la même attention que les Européens à leur patrimoine ; pour eux, c’est surtout le patrimoine religieux qui fait office de « patrimoine culturel ». De nombreux bâtiments du centre historique sont dégradés, du fait du mauvais entretien des voiries et de l’accumulation et de la stagnation des eaux de pluies. Pour les habitants de la ville, un bâtiment en état de ruine peut simplement être remplacé par un nouveau, qui correspond au nouvel usage du lieu. Les auteurs décrivent deux démarches pour protéger et conserver le patrimoine ; la première qui se concentre sur les modalités d’interventions qui s’adressent à différents publics, et la deuxième qui relève de la volonté politique. Ils évoquent ainsi plusieurs pistes qui permettraient de sauvegarder le patrimoine architectural de Porto-Novo et décrivent plus particulièrement les techniques de la réfection du Palais Royal Honmé, ainsi que celles de la réhabilitation et l’assainissement de l’habitat en général. Il est intéressant de noter que les auteurs laissent le débat ouvert : en effet, le « concept » de patrimoine est typiquement occidental et il doit encore faire son chemin dans les esprits Porto-Noviens. Ainsi, les auteurs nous livrent une vision complète de la ville et de sa mixité, en évoquant l’aspect social, architectural et urbanistique. Le développement de la cité et les diverses influences architecturales sont fortement documentées et relevées par de nombreuses photos, plans et schémas. La relation et la proximité de Porto-Novo avec Cotonou aurait pu être plus approfondie. Le livre questionne les problématiques contemporaines à la parution de l’étude (1989), et il serait bon de s’intéresser à son état actuel, un quart de siècle plus tard. Quelle politique a été mise en place pour la sauvegarde du patrimoine ? De quelle manière Porto-Novo et Cotonou se sont différenciées ? Quels sont les enjeux actuels pour la capitale du Bénin ? Bibliographie Alain Sinou, « Diversité des formes patrimoniales et complexité de la valorisation : l’exemple de la ville de Porto-Novo au Bénin » in Caroline Gaultier, Les villes africaines et leur patrimoine, Editions Riveneuve, 2012, pp. 81-144. Noukpo Agossou, « Paradoxes de l’étalement urbain à Porto-Novo: dynamique démographique et économique vs dynamique foncière », Les Cahiers d’Outre-Mer, n°256, 2011, pp. 467-484.
  • @sottas
    9 years ago (last updated 9 years ago)
    Cet ouvrage a été l’aboutissement d’une étude de l’Institut Français de Recherche Scientifique pour le développement en Coopération (ORSTOM) et le Projet de plan d’urbanisme de la République populaire du Bénin (PUB) à propos de la ville de Porto-Novo. Le but de cette publication, par la collection Architecture traditionnelle, est de constituer une vue globale de la ville de Porto-Novo, autant d’un point de vue historique que dans les développements qui ont suivis. La compréhension du tissu urbain permettra par la suite de protéger et de conserver son patrimoine architectural riche et varié. Les auteurs, Alain Sinou, architecte et sociologue, et Bachir Oloudé, urbaniste, ont permis d’apporter ce regard au travers des différentes strates de la ville par leur travail autant sur l’habitat dans les villes d’Afrique subsahariennes et l’urbanisme des colonies. Porto-Novo, capitale du Bénin, se trouve à une dizaine de kilomètre de la côte du golf de Guinée entre le Togo et le Nigeria. Elle a été, semble-t-il, fondée par des peuples locaux des ethnies Adja et Yoruba, puis, les négriers portugais se la sont appropriés au XVIII siècle pour y développer le commerce d’esclaves en direction du Brésil. Au XIX, les colonies de la France s’étendent de l’Afrique du Nord jusqu’au Congo en passant par Porto-Novo, influençant à nouveau sur le développement de la ville. Dans la suite de cette note de lecture, il va s’agir d’aborder trois thèmes fondamentaux de cet ouvrage concernant le développement urbain de la ville et l’influence des modèles étrangers importés. Ces thèmes sont transversaux au discours des auteurs et sont abordés à différentes périodes historiques. Le premier thème est celui du développement de l’espace urbain et de sa mutation d’un point de vue historique. Différents étapes dans l’évolution de Porto-Novo retrace son développement territorial tout au long du livre. Cette ville a été choisie par les colons français pour s’installer sur le nouveau contient. Mais leur influence a été spécifique à certains quartiers. En effet, ils ont construit de toutes pièces une zone résidentielle qui leur était réservée dans le but de se protéger des risques de maladie et de l’insalubrité de la ville. Mais l’investissement qu’ils ont fait dans la ville existante n’était pas leur priorité et donc peu d’améliorations notables peuvent être mentionnées. Néanmoins, dans les années 1900, un premier plan d’urbanisme apparaît qui projette le percement les artères principales. Celui-ci a peu été exécuté et ce sont les habitants de la ville qui ont façonné l’espace public plus que la politique foncière des colons. Un regard critique sur l’évolution de la ville aurait pu apporter un point de vue supplémentaire aux auteurs. A partir de 1930, Porto-Novo a connu un déclin économique et la ville de Cotonou s’est fortement développée grâce à sa proximité de la côte. Il aurait été pertinent de comprendre la relation entre les deux villes en sachant que les colons n’ont pas choisit Cotonou. Le second thème concerne les modèles étrangers importés dans la ville de Porto-Novo. Autant des influences sont venues d’Europe, par la période de colonisation, mais aussi depuis l’Amérique Latine suite au commerce d’esclaves. En effet, une partie de la population locale a été déplacée de force sur un autre contient et est revenue par la suite sur ses terres d’origine. Le livre nous apprend que l’architecture a été inspirée dans différents types de bâtiment, comme cette église construite par la population locale avec un style afro-brésilien. Mais les répercussions ont été plus larges, à un niveau urbain notamment. Le point de vue adopté par les auteurs est descriptif et nous rend compte de différentes étapes clés. Il aurait été pertinent de savoir le nombre et la position dans la ville des ces édifices particuliers afin de pouvoir noter cette influence. Peut-être n’ont-ils touché que des parties ciblées de la ville ? Est-ce un phénomène marginal ou généralisé à Porto-Novo ? De plus, la proximité et la concurrence avec Cotonou est souvent mentionnée et il serait intéressant de savoir si elle a subi des influences architecturales similaires. Le troisième thème que l’on va discuter dans cette note de lecture est la forme qu’a prit le développent urbain. Il y a eu l’ouverture de voiries qui a permis de mettre en place un réseau viaire préformant et le développement de lotissement visant à construire des lots de parcelles pour du logement. A Proto-Novo, la construction de quartier entier s’est rarement réalisée malgré différents projets. En 1964, une première planification d’un lotissement a vu le jour mais le projet n’a jamais pris forme. Concernant l’ouverture de voiries, elle a été un des outils urbains prédominant. En effet, ces interventions urbaines ont connu un succès car le tissu urbain avoisinant s’est progressivement muté et a créé des plus-values foncières. Tous les éléments exposés par les auteurs permettent une compréhension fine de la réalité de cette ville particulière. Il est intéressant de se pencher sur un cas urbain précis afin d’en avoir une idée globale. Nous savons que cet ouvrage a été réalisé en lien avec le nouveau plan d’urbanisme qui date de 1982 (livre paru en 1989). Quelques pistes de réfection ont été mentionnées à la fin comme par exemple le fait que Porto-Novo est divisé en trois districts et un préfet couvre le tout. Cela peut expliquer les faiblesses et la lenteur de l’administration pour la mise en place d’une logique urbaine cohérente. Mais les auteurs mettent en avant la croissance démographique de la ville qui pose le problème de l’extension de celle-ci. La raréfaction de équipements se fait sentir car peu de nouvelles infrastructures sont construites. Ces clés de lecture de la ville sont tout à fait pertinentes et la stratégie qui peut en découler aurait pu être plus longuement discutée dans le dernier chapitre. Bibliographie Rapport d’ensemble sur la situation générale de la colonie en 1903, Porto-Novo, Imprimerie du Gouvernement, 1905 François, G., Notre colonie du Dahomey, Paris, Larose, 1906 Trouillet, Questions coloniales : Les Français à Porto-Novo, Paris, Imprimerie Lanier et fils, 1889
Please log in to take part in the discussion (add own reviews or comments).