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La recherche urbaine à l'épreuve des milieux marginalisés dans la ville. Réflexion sur les défis méthodologiques en sciences humaines.

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Editions universitaires de Côte d'Ivoire, Abidjan, (2003)

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  • @yassiga
    @yassiga 9 years ago
    INTRODUCTION Présentation du contexte de publication de l’ouvrage L'ouvrage est publié pour combler un vide constaté par l'auteur chez des chercheurs juniors et des étudiants: celui de la non maîtrise de la démarche méthodologique applicable en milieu urbain en général et dans les établissements marginalisés en particulier. Présentation de l’auteur Alphonse Yapi-Diahou, géographe, professeur, enseigne à l'université Paris 8. Il y encadre de nombreuses recherche sur la problématique de la décentralisation, du développement urbain et de l'organisation de l'espace. Il est l'auteur de nombreuses publications sur les politiques urbaines publiques et leurs effets sur les formes et les modalités de production et d'organisation de l'espace des villes ivoiriennes, notamment Abidjan. Résumé en quelques lignes du propos général de l’ouvrage Après un avant-propos, l'auteur décline dans son introduction, l'objectif général de l'ouvrage: contribuer à l'identification et à la mobilisation des outils et des techniques appropriés pour réussir les investigations nécessaires et utiles dans les établissements marginalisés (l'habitat précaire) dans la ville. Pour atteindre cet objectif, il articule son ouvrage autour de quatre chapitres. D'abord, il précise les contours et l'évolution de la marginalité urbaine. Ensuite, il aborde dans le deuxième chapitre le choix des matériaux et la définition des méthodes de leur mise en œuvre. Le troisième chapitre traite de l'organisation de la recherche à partir d'une stratégie opérationnelle. Enfin, le quatrième chapitre présente et analyse les complicités et les coups qui font partie de l'univers de la marginalité urbaine. DEVELOPPEMENT Thème n°1 ou point de raisonnement proposé par l’auteur de l’ouvrage: contours et évolution du concept de la marginalité en milieu urbain. Le concept de la marginalité est né dans l'entre deux guerres aux Etats-Unis. Selon l'Ecole américaine de sociologie appelée aussi l'Ecole de Chicago, la marginalité est un phénomène de transition vers un processus d'intégration des nouveaux citadins par la mobilité verticale (statutaire) et horizontale (résidentielle). Cette vision est battue en brèche par les sociologues latino américains qui estiment que la marginalité traduit plutôt la situation permanente des populations chassées des campagnes et rejetées par une société urbaine structurellement incapable de les intégrer. A côté de ces conceptions socio-anthropologiques de la marginalité, les géographes pensent qu'il faut y intégrer une dimension spatiale. Ainsi, Rafestin (1980) oppose la périphérie marginale au centre, dans les sociétés très hiérarchisées. Il précise que ‹‹centralité et marginalité se définissent l'une par rapport à l'autre et elles sont spécifiquement relationnelles, c'est à dire que territorialement elles peuvent s'inverser sans que le mécanisme soit en cause; la centralité peut devenir marginalité et réciproquement en un lieu donné.›› Par delà ces visions de la marginalité, l'on doit retenir que la marginalité est un phénomène durable, structurellement lié au système capitaliste (Lewis, 1969). C'est pourquoi, elle prospère dans la plupart des grandes métropoles, pour s'imposer aux chercheurs de tout bord comme un phénomène qu'il convient d'étudier, en considération de ses effets négatifs sur les équilibres du socio-système urbain (Lewis, ibid.). Thème n°2 ou point de raisonnement proposé par l’auteur de l’ouvrage: choix des matériaux et définition des méthodes de leur mise en œuvre. L'auteur insiste pour dire que dans toute recherche, les sources écrites et la littérature (traitant des concentrations d'activités hors des marchés ou des zones industrielles et artisanales) sont incontournables. Mais ces matériaux (cartes, images, bases de données) consacrés aux milieux marginalisés ne sont pas toujours d'accès aisé au regard du refus de collaboration de certains gestionnaires de la ville avec les chercheurs. Par conséquent, le chercheur intéressé par ce champs d'investigation doit s'efforcer de repérer les objets de recherche et de clarifier les concepts en jeu avant d'aller sur le terrain. Ce chapitre a servi de prétexte à l'auteur pour revenir sur la définition de certains concepts. C'est le cas du secteur informel ‹‹un concept descriptif, empirique, sorte de fourre-tout où se retrouvent regroupées l'ensemble des activités qui ne relèvent ni du secteur capitaliste moderne, ni du secteur agricole›› (A. Marie, 1982); de la ville ‹‹une hiérarchie de systèmes imbriqués les uns dans les autres, fonctionnant plus ou moins en synergie›› (J.P Paulet). Après avoir pris connaissance des matériaux existant, le chercheur doit comprendre qu'ils n'apporteront pas toutes les réponses aux interrogations (les dynamiques de peuplement, la poussée économique, leur transposition dans l'espace, les processus d'accès au sol, la reconstitution de la vie des différents établissements) qui fondent les objectifs de recherche. Il est tenu de recourir à l'enquête de terrain qui est une méthode de collecte des données consistant à interroger des individus qui appartiennent à une population choisie ou à un échantillon représentatif de cette population, au moyen de l'entrevue et du questionnaire. Thème n°3 ou point de raisonnement proposé par l’auteur de l’ouvrage: organisation de la recherche à partir d'une stratégie opérationnelle. La recherche est un processus composé d'étapes interdépendantes dont chacune comporte une fonction bien précise. Dans ce cadre, la stratégie opérationnelle désigne selon l'auteur l'ensemble des étapes nécessaires à la réalisation des objectifs de la recherche considérée: construire un plan de recherche, les objectifs à atteindre, les étapes de la réalisation, un échéancier et les dépenses afférentes à la recherche à conduire. Mais la fiabilité des résultats de ces enquêtes dépend essentiellement de la qualité de l'échantillon. Thème n°4 ou point de raisonnement proposé par l’auteur de l’ouvrage: présentation et analyse des complicités et des coups qui meublent l'univers des milieux marginalisés dans la ville. Les matériaux les plus pertinents ou les stratégies les plus affinées ne suffisent pas à assurer à la recherche et au chercheur les résultats les plus prometteurs. Selon l'auteur, pour réussir sa recherche, le chercheur doit créer un climat de confiance entre lui et ses interlocuteurs qui vivent dans la hantise du racket et du déguerpissement pour certains (habitants, artisans, commerçants, notables des quartiers d'habitat précaire) et dans la peur "des grands déballages" pour d'autres (les municipalités, l'administration et les agences de coopération). CONCLUSION La lecture de l'ouvrage de Yapi-Diahou a permis de mettre en évidence trois axes de discussion; la définition du concept de la marginalité urbaine et sa caractérisation; les matériaux, les outils de la recherche et les conditions de leur utilisation; l'attitude du chercheur dans ces milieux marginalisés en milieu urbain. Parlant des établissements marginalisés, de leurs habitants ainsi que des activités informelles en milieu urbain, l'auteur recommande aux chercheurs de ne pas les occulter même si l'accès aux sources les concernant n'est pas aisé. Car dit-il, ce sont les résultats issus des travaux de la recherche qui aideront l'Etat et les agences de développement à leur apporter des solutions idoines. Nous sommes d'avis avec l'auteur sur ce point car nous estimons que toutes les composantes de la ville méritent l'intérêt des chercheurs et de l'Etat. Mieux, au non du principe du droit à la ville, les pouvoirs publics ne devraient-ils pas aller plus loin dans le sens de promouvoir des politiques de logements sociaux au profit des pauvres qui forment la majorité des habitants des villes africaines? On y éviterait ainsi la prolifération des quartiers illégaux et insalubres qui enlaidissent leur paysage. Cette remarque est aussi valable pour les activités informelles. Nous pensons que l'Etat et les gestionnaires des villes devraient se saisir des résultats de la recherche pour les encadrer et les intégrer dans l'économie urbaine. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES Brunet R et al. 1993- Les mots de la géographie: dictionnaire critique, Montpellier, Reclus, 518p. Charmes J., 2000- Flexibilité du travail, pluralité des normes, accumulation du capital économique et du capital social, In Winter G (dir): inégalités et politiques publiques en Afrique, Paris, IRD-KARTHALA, pp 243-262. Courade G., 1983- Jalon pour une géographie de la marginalité, In ‹‹profession géographe: pratique de la recherche tropicale››, Ed. Orstom, Paris, pp 107-121. Durand-Lasserve A., 1986- L'exclusion des pauvres dans les villes du tiers-monde, Paris, l'Harmattan, 198p. Granotier B., 1980- La planète des bidonvilles, Paris, Seuil, 381p. Haeringer Ph., 1999- ‹‹L'économie invertie: mégapolisation, pauvreté majoritaire et nouvelle économie urbaine››. Centre de Prospective et de veille Scientifique, Synthèses et recherches, n°50, Paris, 55p. Piermay J.L., 1986- Le détournement d'espace: corruption et stratégie de détournement dans les pratiques foncières urbaines en Afrique centrale, Politique Africaine, n° 21, pp 22-36. Yapi-Diahou A., 2000- Baraques et pouvoirs dans l'agglomération abidjanaise, Paris, l'Harmattan, 456p. Yapi-­Diahou A.; Yassi G.A.; Doho Bi T.A., 2014- ‹‹Les classes moyennes dans les périphéries d’Abidjan : La clientèle des promoteurs dans des espaces en recomposition››, in Chaléard J.L. (dir), Métropoles aux Suds, Le défi des périphéries?, Paris, Karthala, pp. 115-132.
  • @yassiga
    9 years ago
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