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L'étalement urbain en Afrique défis et paradoxes

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(2013)

Abstract

On prévoit un triplement des zones urbaines entre 2000 et 2030 dans les pays en voie de développement. Voici un panorama des questions que pose l'étalement des villes camerounaises et congolaises: la question foncière, la survie dans les mangroves, la crise de l'eau potable, les limites des villes nouvelles, la gestion des déchets...

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  • @sidneybatista

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  • @sidneybatista
    9 years ago
    L’ETALEMENT URBAIN EN AFRIQUE Défis et paradoxes Sous la direction d’Emil Tchawe Hatcheu Harmattan 2013 L’étalement urbain en Afrique est un ouvrage collectif présentant les problèmes liés à la forte expansion des villes au Cameroun et en République du Congo, élaboré par des universitaires intervenant au Cameroun et en République du Congo, sous la direction d’Emil Tchawe Hatcheu, université de Dschang au Cameroun. Les thèmes abordés s’appuient sur une approche géographique, les auteurs considérant que la dynamique en œuvre, par exemple, à Brazzaville, est observable dans la plupart des capitales africaines. Les problèmes d’eau, de déchets ou les questions foncières, prévalant également dans la plupart des villes africaines. Les études proposées par les chercheurs peuvent être exposées sous 3 thèmes: ➢ Comment concilier croissance urbaine et développement durable? ➢ Quels sont les enjeux et les défis en terme de gouvernance? ➢ L’aire métropolitaine serait-elle l’antidote à la mégalopolisation? • Croissance urbaine et développement durable L’introduction générale de l’ouvrage propose de se questionner, pour cette première partie, sur les conséquences de l’étalement des villes sur le développement durable, ou plutôt, si étalement urbain et développement durable sont conciliables. Dès l’introduction de cette première partie, les auteurs répondent par la négative à cette question, avant même d’en développer les thèmes: « La croissance continue de l’étalement n’est pas durable sur le long terme ». Il est démontré ici, du fait de la pure ingérence et d’un manque évident de coordination globale de gestion concertée; que l’étalement urbain, est la cause de la précarisation absolue des populations arrivantes et/ou déplacées pour l’accès au foncier et/ou au logement, dès lors qu’il y a une pénurie de disponibilités et peu de terrains viabilisés sur le marché. Les populations étant obligées de se loger sur des terrains inadaptés en centres-villes où s’entassent dans les bidonvilles, les «mangrovilles» (Douala et Abidjan). Et principalement aux périphéries de la ville; l’ensemble échappe totalement au contrôle des pouvoirs étatiques, décentralisés ou non. Dès lors, le lecteur s’attend, au travers des cas étudiés, à obtenir des pistes d’amélioration possible pour garantir le développement durable dans un contexte d’étalement urbain ainsi que des propositions visant à le maintenir. Lesquels? Les auteurs mettent l’accent sur les trois sphères du développement durable social, économique et environnemental liées à l’étalement urbain au travers d’exemples dans des villes camerounaises et congolaises. L’expansion des villes a pour conséquence la disparition d’espaces agricoles et naturels, et avec eux leur faune et leur flore, mais aussi une forte augmentation des coûts énergétiques dus aux déplacements. Cette augmentation des déplacements induit inévitablement une augmentation des nuisances, pollution atmosphérique, pollution sonore, impactant directement la qualité de vie dans les zones urbaines et périphériques. La problématique du foncier et de son appartenance, des rivalités entre ruraux et citadins, est aussi soulevée. A Brazzaville, en République du Congo, la croissance sans précédent de la population précède et dépasse la mise en place d’infrastructures et cause des difficultés d’accès à l’emploi, à l’alimentation ou encore à l’instruction pour les populations. L’étalement urbain grignote les terres agricoles posant des problèmes d’approvisionnement alimentaire. Les populations à faibles revenus s’installent sur des zones à risques soumises à l’incertitude foncière et aux problèmes d’instabilité du sol. Pour l’auteur, l’implantation des services de base devrait précéder l’implantation humaine, et non l’inverse. Cette réflexion est une évidence plus qu’une véritable solution applicable sur le terrain. D’autres pistes sont énoncées comme la densification des quartiers péricentraux, mais elles ne sont pas véritablement développées. Ainsi dans son chapitre sur les conflits fonciers, l’auteur termine par « Cette pratique (la vente de demi-terrain) contribuera sans doute à la densification des espaces bâtis et à la réduction de l’étalement de la ville ». On peut dès lors se questionner sur la densification de ces espaces: qu’en serait-il de leur qualité de vie? Les infrastructures publiques seront-elles adéquates? Le climat se prête-t-il à une forte densification? A Douala, au Cameroun, le manque de terrain pousse les populations les plus pauvres à s’établir dans les mangroves. L’auteur démontre les difficultés des populations et la nécessité pour elles d’adapter leur mode de vie à ce milieu hostile. Les « mangrovilles » diffèrent des quartiers populaires en zone marécageuse et inondable dans la ville, notamment par l’effet de la marée dynamique qui impose son rythme aux habitants. L’auteur expose ensuite les stratégies de construction et leurs résistances, les problèmes sanitaires et les infrastructures disponibles dans ces quartiers, pour conclure que « les populations (qui s’y installent) s’y appauvrissent davantage». Mais quels sont les mécanismes qui poussent ces populations à s’installer sur ces terrains? La ville ne possède-t-elle pas de cadre juridique pour son urbanisme, ou n’a-t-elle pas la capacité de le faire appliquer? Véritable état des lieux de la situation dans les mangroves, l’auteur n’apporte aucune piste pour améliorer les conditions de vie de ces populations. En conclusion, cette première partie de l’ouvrage se veut un état des lieux concernant l’étalement urbain face au développement durable dans les villes en République du Congo et du Cameroun. Pour chaque ville, l’analyse est faite sur une situation particulière ne traitant pas systématiquement les trois aspects du développement durable économique, social et environnemental mis en avant par les auteurs. • Les enjeux et les défis en terme de gouvernance L’accès au foncier en centre-ville est inabordable pour les populations migratoires souvent pauvres; comme on l’a vu précédemment, c’est la raison pour laquelle elles s’installent en périphérie des villes; comme on le voit à Dschang (Cameroun), il y a aussi un conflit concernant l’utilisation de ces espaces transitoires, péri-urbains; ce sont en effet des espaces cultivables, appartenant aux ruraux, rachetés petit à petit par les nouveaux urbains. Ce sont principalement les femmes qui cultivent ces parcelles, afin de compléter le salaire de la famille. L’accès à ces parcelles est extrêmement difficile, car il est géré par les chefs coutumiers; il est souvent nécessaire d’être «parrainé» ou d’être de la famille pour accéder à celles-ci; c’est un moyen d’interdire l’occupation de ces espaces aux étrangers et de garder le monopole du foncier. Cela permet à ces chefs coutumiers de gérer aussi le développement urbain, afin d’éviter la favorisation de la ville. Leur volonté est d’éviter l’accélération de l’emprise de la ville sur ces espaces, cependant les décisions de gouvernance de l’Etat aboutissent tôt ou tard à l’occupation du territoire péri-urbain; ainsi lorsque l’Etat décide de délocaliser les gares routières en bordure de la ville de Baffousam (Cameroun) afin de décongestionner, cela bouleverse l’organisation des quartiers entiers; les conséquences sont l’augmentation du prix du foncier, la création d’une zone de dynamisme économique, mais aussi de l’insécurité, de la pollution; les lieux de gares ainsi désertées dans le centre sont de nouveau «maîtrisable» en terme d’urbanisme. De fait, ces chefs coutumiers qui se battent pour la préservation des terres en périphéries des villes, héritées de leurs ancêtres et qui doivent se transmettre aux générations futures, changent de comportement et souhaitent vendre à l’Etat à des prix exorbitants ou même parfois à plusieurs personnes la même parcelle, ce qui entraine des conflits importants. Il est donc évident qu’une concertation entre les détenteurs du droit coutumier et ceux du droit administratif doive se mettre en place afin de pouvoir développer la ville de manière plus organisée, au service de ses habitants. • L’aire métropolitaine et la mégalopolisation Les mesures consistant à inscrire le développement de la ville, non pas à l’intérieur de son périmètre initial (périmètre administratif?), mais dans ça zone d’influence, sont examinées par les auteurs, qui s’interrogent sur cette éventuelle solution pour maitriser l’étalement urbain. Les auteurs constatent que le développement des villes du Cameroun s’est déroulé en dehors du contrôle des décideurs, et en ignorant les lois qui régissent l’urbanisme. Cet échec des politiques publiques, s’est complexifié avec la décentralisation et l’implication de nouveaux acteurs dans la gouvernance locale. Le cas de Yaoundé (population de 2,3 millions d’habitants actuellement) est examiné sous le titre : «de la métropole à la mégalopole». Ainsi page 204: «faute de moyens adéquats, la communauté urbaine de Yaoundé, avec la bénédiction de l’Etat, a littéralement abdiqué de ses missions de service public». L’auteur précise qu’un nouveau plan d’urbanisme a été adopté en 2008, et affirme (page 206): «ce document d’orientation de l’aménagement et de la construction de la ville touche tous les domaines clé du cadre de vie; les prévisions font de Yaoundé une MEGALOPOLE où il fera bon vivre»! Cette affirmation est par ailleurs contredite, page 208: «plus de 70% de la population de Yaoundé vit dans des quartiers à habitat spontané»! L’optimisme de l’auteur est pour le moins contredit par la réalité, l’incapacité des pouvoirs publics, les conflits entre le droit et la coutume, etc. Sous ce thème de la mégalopole, est abordée par ailleurs, la gestion des déchets (ville de Bafang, Cameroun) qui ne me parait pas avoir de relation avec la problématique de la mégalopolisation. Une mégalopole peut être caractérisée par une urbanisation en continu, sur plusieurs centaines de kilomètres, structurée par un système de transport; il est généralement admis que la population de cette aire urbaine s’inscrit au dessus de 20 millions d’habitants. Les caractéristiques des villes examinées (y compris Yaoundé) dans ce chapitre ne me paraissent pas correspondre à la définition habituelle de la mégalopole, les thèmes abordés par les auteurs étant par ailleurs très éloignés de ce concept. Tout en constatant l’incapacité des pouvoirs publics à maitriser l’étalement urbain principal constat récurent pour tous les auteurs cet ouvrage n’aborde pas le nécessaire contrôle qui doit être effectué sur tout territoire urbain, en mettant en œuvre des dispositifs juridiques appropriés (PDU, SDAU, POS, et autre document de planification urbaine). La question relative au financement de l’habitat, qui devrait être abordée comme une des composantes des actions à mettre en œuvre, est par ailleurs totalement absente de l’ouvrage. Pour l’ensemble des thèmes abordés, les auteurs limitent leur propos à un simple état de lieux. Les propositions visant à solutionner (au moins en partie) l’étalement urbain - objectif de cet ouvrage - me paraissent très peu présentes.
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