Mastersthesis,

Pratiques foncières et dynamiques des paysages périurbains de Mbouda: une contribution à l’étude des mutations spatiales autour des villes moyennes de l’Ouest-Cameroun

.
Université de Dschang - Cameroun, FLSH, BP 49 Dschang Cameroun, Thèse de Doctorat Ph.D, (Février 2007)

Abstract

Cette thèse de Doctorat Ph.D questionne l’urbanisation dans les Hautes Terres de l’Ouest à travers la périurbanisation La dynamique des paysages, les pratiques foncières et la résultante spatiale du jeu périurbain sont les aspects analysés et qui ont conduit à l'identification des changements intervenus dans le cadre de la périurbanisation

Tags

Users

  • @tatsabong

Comments and Reviewsshow / hide

  • @tatsabong
    @tatsabong 10 years ago
    NOTE DE LECTURE DE LA THESE DE DOCTORAT Ph.D DE YEMMAFOUO Aristide PAR TATSABONG Basile La thèse de doctorat/Ph.D, faisant l’objet de notre note de lecture est celle de YEMMAFOUO Aristide, intitulée «Pratiques foncières et dynamiques des paysages périurbains de Mbouda: une contribution à l’étude des mutations spatiales autour des villes moyennes de l’Ouest-Cameroun ». Elle a été soutenue, en février 2007 au Département de Géographie, Aménagement et Environnement de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLSH) de l’Université de Dschang (UDS) au Cameroun. Cette thèse de 400 pages comporte 34 tableaux, 84 figures et 7 planches photographiques. Elle est également agrémentée par 8 figures et 3 planches photographiques hors texte ainsi que de 3 annexes portant sur le questionnaire ayant permis de collecter les données et 2 textes législatifs portant sur le foncier. Cette soutenance était l’étape décisive dans la démarche scientifique de l’auteur eu égard à son mémoire de maîtrise présenté en 2000 et son mémoire de Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA) soutenu en 2002. Ces deux recherches avaient pour socle la crise caféière qui était la problématique majeure de la recherche à l’université au moment où l’auteur faisait ses premiers pas dans la recherche. Le basculement vers l’urbain et plus précisément le périurbain en thèse s’explique par la mauvaise appréciation du jury à l’issue de la présentation du mémoire de DEA selon l’auteur ajouté à l’incertitude après le DEA. L’auteur a alors choisi de changer le cadre d’analyse tout en gardant le fil conducteur – le foncier – aidé en cela par l’importante masse de données collectées lors des études précédentes. Le contexte scientifique est marqué par l’attention particulière accordée aux petites villes telles que mentionnées par les autres auteurs cités par l’auteur à l’instar de [J. Champaud (1990), F. Giraut (1994), M. Bertrand (1998), R. Pourtier (2001), J.L. Piermay (1993, 2003)]. En Afrique, Le débat sur le périurbain et la croissance accélérée des villes secondaires est récent et l’auteur a choisi de se questionner sur les formes, les processus et les interprétations afin d’apporter sa contribution à la maîtrise du développement urbain en Afrique. Auteur ou Co-auteur de plusieurs articles scientifiques parus et/ou présentés lors des rencontres scientifiques, l’auteur de cette thèse fait graduellement son chemin dans le monde de la recherche géographique. Il est actuellement Chargé de Cours à l’Université de Dschang et prépare une Habilitation à Diriger des Recherches à l’Université de Toulouse le Mirail. Dans l’ensemble, sa thèse questionne l’urbanisation dans les Hautes Terres de l’Ouest à travers la périurbanisation. Il analyse d’abord les processus en cours à l’interface milieu urbain – milieu rural en croisant les dynamiques urbaines avec les dynamiques foncières périurbaines pour ressortir les paysages dérivés afin de permettre une prise en compte dans la planification urbaine et la gestion des agro-systèmes périurbains. Ensuite, il démontre les stratégies des différents acteurs fonciers pour s’accaparer les terres en profitant de la précarité juridique selon l’auteur. Nous préférons parler de l’absence d’application et de contrôle de la multitude des lois et règlements régissant l’urbanisation et le foncier en particulier. Enfin, il aborde les diverses utilisations du sol par les différents acteurs pour donner « la résultante spatiale du jeu des acteurs ». Partant d’une série de questionnement, l’auteur s’est fixé deux objectifs généraux, déroulés en sept objectifs spécifiques, trois hypothèses principales et trois hypothèses secondaires. La vérification des ces hypothèses s’est appuyée sur la combinaison de plusieurs méthodes des sciences sociales en l’occurrence les observations, les enquêtes, les entretiens sans oublier l’apport de l’imagerie satellitaire et le traitement automatique des données. Le premier thème développé par l’auteur est celui de la dynamique des paysages périurbains caractérisée par des nouvelles pratiques foncières de la part de la population. Il parle d’une urbanisation par le bas car en l’absence de l’extension du périmètre urbain par les pouvoirs publics malgré l’augmentation de la population d’une part et l’appauvrissement de cette population d’une part – c’est nous qui soulignons cet aspect - les populations et les promoteurs privés ont pris le relais. Ici, il met en relief et analyse les changements de paysage en rapport avec les processus de périurbanisation. Le paysage périurbain a été délimité en s’appuyant sur des indicateurs précis tels que le type de marqueur foncier (le cyprès, l’arbre de paix et le Ficus), l’hétérogénéité de la population découlant du changement du propriétaire terrien, la toponymie et la dénomination des quartiers ainsi que la perception de l’espace par la population. Quelle différence y-a-t-il entre le périurbain d’une ville et sa zone périphérique ? Ce deuxième concept a été très vite écarté par l’auteur (p. 28) malgré la similitude qui existe entre les deux du moins au début du processus d’urbanisation de la zone extra urbaine. Le périurbain ainsi délimité, l’auteur, compte tenu des réponses aux questions, des similitudes et des chevauchements se demande s’il faut parler de « l’espace périurbain » ou des « espaces périurbains ». Après analyse, il penche pour les espaces périurbains car les réalités sont différentes d’un point à l’autre même si elles participent toutes à l’étalement urbain avec ses avantages et ses conséquences. Quant à la dynamique du paysage, l’on passe d’un paysage arbustive ou de caféier à un paysage où l’agriculture vivrière, les bananerais (quelques plantes), et de plus en plus les maisons d’habitation, les chantiers et l’ouverture des voies d’accès prennent le relais. Il convient également de signaler que la forme, les matériaux de construction, le design des nouvelles maisons d’habitation sont sans commune mesure avec les anciennes. Malgré l’étalement urbain, l’allure de savane boisée reste conservée. Par rapport à ce premier thème, il convient de signaler que les mutations en cours dans les zones périurbaines montrent un périurbain qui s’intègre à la ville dans un contexte d’urbanisation par le « bas » qui ne s’identifie pas aux scénarios catastrophiques de développement urbain par le « bas » tel que vécu sous d’autres cieux. Ceci n’est-il pas juste un satisfecit de l’auteur ? Comment comprendre que ces populations se disent en ville et pourtant, c’est l’offre foncière qui est le seul fondement de leur action ? A la présentation, cette population, pauvre pour la majorité, ne bénéficie pas des infrastructures et des équipements propres à la ville. Elles doivent parcourir des longues distances chaque jour pour rejoindre le centre urbain où la majorité des emplois s’y trouvent sans commodités de transport en relation avec leurs revenus. On retient du développement de ce thème que la mise en relation des pratiques foncières avec les paysages de l’étalement urbain permet de caractériser les trajectoires foncières et paysagères dans les périphéries « saturées » et sécurisées des villes de l’Ouest Le deuxième thème de cette thèse concerne les pratiques foncières mises en exergue par l’analyse des acteurs et de leurs perceptions. Il s’agissait pour l’auteur de retracer le chemin qui mène à l’acquisition de la propriété foncière par des citadins à l’origine de l’étalement urbain, créant la périurbanisation. Selon l’auteur, les pratiques en cours ne sont pas nouvelles mais ont connu une accélération due au déséquilibre entre l’offre et la demande. L’incapacité de l’Etat et de la municipalité à poursuivre leur mission de production et d’aménagement des nouveaux espaces pour la ville est à l’origine des nouvelles pratiques. Profitant de l’inadaptation de la législation foncière – l’auteur a parlé de la précarité juridique – les promoteurs privés, les citadins en quête de propriété foncière et les détenteurs fonciers se livrent à un jeu où chacun y trouve son compte. Quelque soit les acteurs en présence, les modes d’acquisition foncière sont l’héritage, l’achat et dans une moindre mesure le don. L’héritage concerne la progéniture des propriétaires alors que l’achat concerne le reste des acteurs d’où l’hétérogénéité de la population évoquée dans le premier thème. Selon l’étude, l’achat participe pour 54,94% dans l’acquisition des terrains contre 17,68% pour l’héritage, ce qui constitue un renversement de la situation telle que évoquée ci-dessus. La location représente 16,16% contre 11,22% pour le logement gratuit. L’auteur estime que la location est une phase transitoire vers l’accès définitif à la terre (P. 117). On peut aussi pensé qu’elle est un subterfuge pour le propriétaire qui n’a pas le temps pour la mise en valeur de marquer sa présence indirectement tout en se faisant un peu d’argent. D’un côté, les promoteurs privés, avides de faire des profits à travers l’extension urbaine (P. 315) approchent les locaux et procèdent à l’achat des parcelles. Celles-ci sont immédiatement mises en valeur ou quelques voies d’accès sont tracées avec la contribution financière et/ou physique de tous les bénéficiaires. Ces parcelles et la plupart des héritages sont immatriculés en mode indivis ce qui permet de monter les enchères lors de la vente par morcellement. Les données du terrain montrent une tendance à la baisse de cette pratique, preuve que les vastes étendues ne sont plus disponibles. Les citadins isolés quant eux procèdent à l’achat et la sécurisation immédiate consiste à y bâtir une maison avant de recourir à l’immatriculation si possible. L’arbre de paix planté aux angles est le marqueur incontestable des limites. Ces pratiques foncières conduisent à trois types de changements : changement du contenu de l’héritage, de l’achat/vente et des droits délégués ; changement dans les pratiques de construction des maisons et de l’agriculture périurbaine et changement dans les pratiques de gestion des conflits et des espaces périurbains. Ainsi, chaque acteur du foncier mène le jeu à sa manière dans ce processus des changements. L’Etat et la collectivité territoriale mènent une occupation formelle et discrète à travers la création de quelques infrastructures alors que les propriétaires fonciers éveillés réalisent des lotissements privés formels et informels pour tirer le meilleur parti de la vente des terres. Les autres acteurs se livrent à des ventes plus ou moins anarchiques sous la pression des besoins irréductibles et des citadins. Ceci entraîne un morcellement intense des terres et une multiplication des conflits souvent causés par la double-vente. La particularité des ces pratiques à Mbouda est le contexte car elles se font dans une zone déjà densément peuplée au départ. Ceci complique le jeu par rapport aux zones périurbaines des villes dans la zone forestière. Cependant, il convient de signaler ici - et l’auteur semble ne l’avoir pas fait – que le coût, à côté des modes d’accès plaident en faveur des acteurs. En effet, il s’agit la plupart de temps des exclus du centre urbain qui bénéficie déjà des commodités de base et par conséquent le prix du mètre carré à l’achat ou de location d’un studio est hors de portée pour la masse des actuels habitants de la zone périurbaine. Le troisième thème abordé est celui de l’utilisation des sols acquis et de la résultante spatiale du jeu foncier périurbain. L’utilisation première est la construction de l’habitat avec ou pas du tout les commodités de base. Les parties restantes sont occupées par l’agriculture ou les arbres fruitiers à l’instar de l’avocatier, du manguier, du goyavier, … Dans l’immédiat de la ville, un semblant d’habitat structuré est mis en place mais au fur et à mesure qu’on s’en éloigne, la spontanéité et l’anarchie prennent le relais et l’on se retrouve dans « un modèle de paysage mi-urbain – mi-rural » où la qualité de l’environnement est douteuse. Malgré ceci, l’auteur pense que « La création, l’utilisation et la gestion des espaces urbanisés en l’absence de contrôle directe des structures de l’Etat ne condamnent pas toujours à des résultats négatifs comme on le croirait » (P. 13). L’auteur va plus loin dans sa pensée quand il déclare que « les logiques des acteurs urbains de niveau de base ne sont pas toujours des logiques irrationnelles, elles sont un savant mélange d’ici et d’ailleurs, plus proches de leurs préoccupations ». Connaissant bien la ville de Mbouda et comme on peut l’observer partout, les zones périurbaines structurées sont l’œuvre de quelques riches isolés dans la société qu’il ne convient pas de généraliser parce que la planification doit se faire pour le bénéfice de la majorité sans ignorer le contexte local surtout en matière foncier. En le généralisant, cette majorité se trouvera exclue de la politique urbaine. D’autre part, ceci est-il de nature à conduire à une urbanisation maîtrisée et à la formation d’un modèle d’urbanisation original comme se questionnait l’auteur. Nous répondons par la négative du moment où ces pratiques dans les fronts périurbains ne font pas partie d’une politique foncière ou du logement bien pensée et menée. Les relations entre l’extension urbaine, les mutations foncières et la dynamique des paysages sur le « territoire de l’entre-deux » de Mbouda ont été le fil conducteur des travaux de cette thèse. On retient qu’en l’absence des pouvoirs publics et/ou d’une réglementation appliquée et contrôlée, les acteurs de base, prennent le contrôle de l’extension urbaine « dans un espace de gestion illicite implicitement reconnu par la loi foncière » (p. 19) avec les conséquences que cela comporte. Les thèmes développés ont mis en évidence ces relations à travers une méthodologie à la fois descriptive et systémique faisant recours à l’imagerie satellitaire. Ce travail a le mérite d’avoir démontré qu’il est temps en Afrique de ne plus se limiter à la recherche des espaces planifiés pour caractériser les processus urbains car la majorité de la population urbaine vit dans les espaces non planifiés (P. 15) sans toutefois présentées des scénarios catastrophiques de développement urbain par le « bas » connus sous d’autres cieux. L’on devra de plus en plus intégrer la diversité des paysages construits par les acteurs de « l’urbanisation par le bas ». L’urbanisation « top – down » de la plupart des villes africaines a été un échec. Si rien n’est fait, la périurbanisation, conséquence ou cause de cet échec sera plus catastrophique pour les villes qui veulent se vendre et pour la population qui sera exposée à plusieurs risques. Ceci nous suggère cette question. Comment cette mise en place du périurbain intègre la globalisation pour tirer partie des parts du marché offert ? Il est évident que la périurbanisation est un problème de plus à l’urbanisation sans croissance économique surtout qu’il est affirmé que « L’offre foncière est plus que la mobilité et les transports le facteur structurant de la périurbanisation. » Références bibliographiques : Champaud J. (1990), « A la recherche des villes moyennes », in Tropiques : lieux et liens, pp.362‐374. Giraut F. (1994), La petite ville, un milieu adapté aux paradoxes de l’Afrique de l’Ouest, thèse de Doctorat de géographie, Université de Paris 1, 443p. Bertrand M. (1998), Villes secondaires d’Afrique noire, 1970‐1997 : bibliographie analytique commentée, CEAN Piermay J.L. (1993), Citadins et quête du sol dans les villes d’Afrique Centrale, Paris, l’Harmattan, 579p. Piermay J.L. (2003), « L’invention de la ville en Afrique sud‐saharienne », in Regards sur l’Afrique, UGI‐CNFG, Historiens et Géographes N°379, pp.59‐65. Pourtier R. (2001), Les Afriques noires, Paris, Hachette, 256 p.
Please log in to take part in the discussion (add own reviews or comments).