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La petite ville, un milieu adapté aux paradoxes de l'Afrique de l'Ouest : étude sur le semis, et comparaison du système spatial et social de sept localités (Togo, Ghana, Niger)

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Université de PARIS I PANTHEON-SORBONNE, (fevrier 1994)

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    10 years ago
    Auteur du livre : GIRAUT Frédéric Titre : La petite ville, Un milieu adapté aux paradoxes de l’Afrique de l’Ouest Etudes sur le semis et comparaison du système social et-spatial de sept localités : Badou et Anié (Togo) Jasikan et Kadjebi (Ghana) Torodi, Tamaské et Keïta (Niger) Date de publication : 22 février 1994 Université de PARIS I PANTHEON-SORBONNE - THESE de DOCTORAT en GEOGRAPHIE Eléments biographiques : Frédéric Giraut est spécialiste de Géographie politique et plus particulièrement des territoires contemporains de l'action, de la représentation, de l'encadrement et de l'aménagement dans les contextes européens et africains (Afrique du Sud, de l'Ouest et du Nord). Il est notamment éditeur scientifique de l'ouvrage "Le territoire est mort, Vive les territoires" (Editions de l'IRD, 2005) et a piloté récemment une "Etude comparative des politiques d'aménagement du territoire et de développement régional des Suds" (publication). Agrégé des Universités en France, il a obtenu une Thèse de Doctorat sur les petites villes d'Afrique de l'Ouest à l'Université de Paris I Panthéon-Sorbonne en 1994 et, toujours à Paris I, une "Habilitation à diriger les recherches" en 2005 intitulée "Fabriquer des territoires. Utopies, modèles et projets". Il a été Maître de conférences puis Professeur en géographie politique et aménagement à l'Université Grenoble I-Joseph Fourier (UMR Pacte-Territoires). De 2000 à 2004, basé à l'Université du KwaZulu-Natal (Durban, Afrique du Sud) lors d'un détachement pour l'Institut de Recherche pour le Développement, il a piloté un programme franco-sud-africain de recherche sur les mutations territoriales. Depuis 2007, au département de géographie et environnement (qu'il dirige depuis 2011), il est impliqué dans le pilotage de plusieurs projets de recherche (FNS; DDC; SNIS; Programme ESPON de l'UE) sur les questions de développement territorial dans différents contextes. Résumé : Le sujet de cette thèse de Frédérix Giraut porte sur les petites villes Ouest-africaine. Véritables nœuds pour les économies et territoires locaux, les petites villes sont d’après l’auteur, les organismes de bases des armatures et réseaux urbains. Elles correspondent au lieu de basculement du simple établissement humain vers l’urbain, ce qui en font un objet d’étude privilégié pour l’observation des acteurs. Par ailleurs, le paradoxe des villes africaines, combinant croissance urbaine extrêmement rapide et crise urbaine très forte, rendent ces espaces particulièrement intéressant à observer, notamment à travers la réduction de l’écart ville-campagne. L’objectif de l’auteur est en partant de cas ouest-africains, « d'identifier un éventuel système socio-spatial propre à la petite ville sub-saharienne et de situer sa fonction dans le dispositif spatial des économies contemporaines. » Pour cela, Frédéric Giraut a retenu sept études de cas, aux profils variés : aire francophone et anglophone, zones écologiques, histoires, mises en valeur agricole et économies différentes. Les villes étudiées sont les suivantes : Keïta, Tamaské et Torodi au Niger ; Anié et Badou au Togo ; Jasikan et Kadjebi au Ghana. Les échelles d’observations permettant d’étudier une large variété de villes regroupent - par ordre croissant - l’échelle sous-continentale et nationale (semis et réseaux) ; l’échelle régionale (relations villes/campagnes) ; l’échelle locale (système interne à la petite ville). La structure du texte suit donc cette hiérarchie croissante, de la plus petite la plus grande échelle. Le texte se découpe en deux parties, correspondant chacune à une problématique distincte. Il s’agit dans un premier temps de « mesurer et interpréter le développement et la variété du «phénomène petite ville», que l’auteur traduit par le questionnement suivant : “ Comment se constituent et évoluent les armatures urbaines par le bas ? ” La seconde partie cherche à « isoler l’éventuelle spécificité d'un milieu propre aux petites agglomérations », et se retrouve à travers la question “ Y a-t-il une spécificité spatiale et sociale des petites villes ? ” L’objectif commun à ces deux parties est de tester la pertinence d’une catégorie « petite ville », pas encore totalement définie, mais qu’on retrouve malgré tout dans de nombreuses observations. Le bilan des relations entre les petites villes et leurs arrière-pays et la question de l’autonomie réelle des acteurs locaux sont également soulevées de manière transversale dans le texte. LIVRE PREMIER : LE PHENOMENE PETITE VILLE EN EXPANSION A TRAVERS L'AFRIQUE DE L'OUEST Dans cette première partie, l’auteur fait le constat que les petites villes de 5 000 à 20 000 habitants sont majoritaires sur l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest. Ces dernières regroupent une part de la population qui ne cesse d’augmenter. De plus en plus nombreuses, elles ont cependant des profils très variés selon leur implantation et le rôle qu’elles occupent au sein du territoire local. On distingue ainsi plusieurs générations de petites villes : étape routière, centre frontalier, satellite. La question des centres ruraux est abordée à travers plusieurs critères plus ou moins pertinents, tels que la richesse paysanne, la densité rurale et le poids économique (marchés). Pour conclure, l’auteur rappelle que c’est le profil macro céphalique commun à plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, qui justifie l’émergence d’un semis de petites villes, les métropoles freinant la croissance des villes secondaires. Le fonctionnement de ce réseau urbain post-colonial, reposant sur des métropoles, des petites villes et une population urbaine toujours plus nombreuse, semble adapté aux sociétés de l’Afrique contemporaine. Cette évolution s’est faite sur la base d’un réseau embryonnaire de petites villes, attaquant aujourd’hui en pleine transition urbaine et qui forment l’armature urbaine de demain. Les sept études de cas permettent d’analyser des conditions d’émergence variées :  Deux centres implantés au cœur de l'isolement sahélien : Keïta, une petite sous-préfecture isolée ; Tamaské, une commune rurale, berceau d'une diaspora commerçante  Deux grands marchés en position d'étape routière : Torodi, un marché frontalier cosmopolite ; Anié, un grand marché dans une agglomération dynamique non reconnue  Trois places centrales en région de plantation transfrontalière : Badou, capitale d’une enclave frontalière ; Jasikan, centre de service d’un ancien front pionnier ; Kadjebi, tête de pont d’une économie de plantation en crise En conclusion, Frédéric Giraut estime que le développement des petites villes constitue un espoir de développement. Appréhendée à la fois comme un élément constitutif du monde rural et comme un point de contact avec l’urbain (en tant que centre de modernisation), la petite ville permet la promotion de la société civile par la pratique de la démocratie locale, passant ainsi du statut d'instrument de domination des périphéries rurales à celui de pôle local. LIVRE SECOND : LE MILIEU PETITE VILLE : UN SYSTEME A L'INTERFACE VILLE/CAMPAGNE La taille, les pratiques urbaines et les caractéristiques propres aux petites agglomérations Ouest-africaines leurs confèrent une structure urbaine particulière, alimentée par des processus socio-spatiaux spécifiques. En partant de la morphologie urbaine des petites villes (identification des tissus urbains agencés en quartiers), l’auteur a cherché à travers ses sept études de cas à identifier les rapports dynamiques qui s’inscrivent dans le milieu social caractéristique de la petite ville, afin de dégager une modélisation. Les sept études de cas permettent d’identifier des problèmes de fonctionnement spécifiques, qui se traduisent notamment par un milieu d’avantage subit que maîtrisé. Il est cependant difficile de ressortir un type commun aux petites villes, ces dernières apparaissant sous forme d’organismes complexes où les contrastes sont omniprésents. Pour les localités dont les fonctions d’encadrement administratif sont anciennes, ces contrastes sont le fruit d’interventions extérieures successives et de leurs réappropriations, tandis que pour les petites villes émergentes, les contrastes proviennent des différentes dynamiques à l’œuvre sur le territoire local. L’analyse de l’agencement de villes étudiées permet d’isoler certaines composantes structurelles, qui découlent de l’environnement et de l’histoire des sites. Ces réalités morphologiques reflètent les enjeux et conflits liés au niveau d’équipement et à la mise en valeur foncière et immobilière de ces milieux en voie d’urbanisation. Il apparaît également que les petites villes, du fait de leur situation transitoire, n’ont pas le même statut dans le milieu coutumier (au sommet) qu’au niveau administratif (en bas de l’échelle). Le pouvoir local y est partagé entre trois niveaux d’acteurs : les « administrateurs » - présents dans chaque centre d'une collectivité territoriale, aux positions diverses selon la nature de la collectivité ; les « notables » - autorités coutumières et familles autochtones traditionnellement dominantes ; les « bourgeois » - entrepreneurs détenteurs de capitaux. Les pouvoirs externes sont quant à eux Les pouvoirs externes sont nombreux et de nature différente. L’auteur tente d’en faire un inventaire, regroupant : les administrations et institutions - portant une attention relative, parfois intéressée ; les ressortissants émigrés – qui gardent toujours un lien avec leur localité d’origine. Un des points communs qui apparait de l’analyse des petites villes est la volonté forte d’autonomie, qui passe par l’affranchissement des tutelles et dont l’objectif est la création de ressources. Pour cela, les pouvoirs locaux passent par : la fiscalisation - notamment l’ensemble des activités relevant de la petite production marchande et du commerce ; la verbalisation - soit la volonté de faire respecter des normes "d'hygiène urbaine" à une population considérée comme majoritairement rurale, qui se traduit par la perception d’amende de la part de l’autorité locale ; la production de revenus – définis par des critère de choix dans la sélection des investissements ; la mobilisation - c'est-à-dire l’utilisation pour l'instigation de travaux d'intérêt général des ressources humaines disponibles dans l'agglomération et de partenaires extérieurs. En conclusion, Frédéric Giraut rappelle les points communs aux petites villes d’Afrique de l’Ouest, notamment un double mouvement allant de l'émancipation et vers l'éclatement des pouvoirs. L’aspiration à l’autonomie administrative en fait également partie. L’auteur souligne la légitimité de cette obsession mais note cependant une certaine dérive quant à l’utilisation des faibles budgets d'investissement, la réussite des politiques de décentralisation passant selon lui par l'émergence d'équipes municipales contrôlées démocratiquement et capables d'organiser et d'accompagner la croissance urbaine sans exclusion. Suite à l’étude de « l’évolution concrète de la société et de l’espace des petites villes » à partir de l’échantillon proposé, l’auteur propose également une modélisation du système social et spatial de la petite ville Ouest-africaine. ANALYSE Bien que rédigée il y a vingt ans, cette thèse permet d’avoir un bon aperçu de la structure territoriale des pays d’Afrique de l’Ouest de l’époque, que l’on retrouve aujourd’hui des certains schémas urbains. Force est de constaté que la dynamique des acteurs est sensiblement la même aujourd’hui. Toutefois, la spécificité des cas étudiés rend difficile la mise en place d’une modélisation, l’analyse poussée étant suffisante pour faire émerger des points communs aux petites villes Ouest-africaines. Enfin, il est toujours périlleux de généraliser sur un territoire aussi vaste que l’Afrique de l’Ouest une typologie intitulée « petites villes d’Afrique de l’Ouest ».
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