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Le défi urbain en Afrique

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(1989)

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  • @hkataka

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  • @jvautey
    9 years ago
    Introduction. Au cours des années 1980, le processus d’urbanisation en Afrique était déjà en marche. Un certain nombre de recherches et de réflexions sur le développement urbain avait été menées par des organismes internationaux ou des universités. Cependant, il semblait que la réflexion sur la scène Africaine était restée insuffisante. Emmanuel Gapyisi, ingénieur civil et économiste de formation, publie son premier livre « Le défi urbain en Afrique » en 1989. Ce livre tire parti de son expérience professionnelle. En effet, entre 1981 et 1986, Mr Gapyisi occupe le poste de secrétaire général du ministère des travaux publics au Rwanda. Ce ministère est chargé du développement urbain et de l’habitat. A la suite de quoi, il intègre Shelter-Afrique ; une institution panafricaine de financement de l’habitat. Ce livre se consacre aux problèmes urbains de l’Afrique contemporaine. Son objectif est de participer à un débat typiquement Africain concernant le développement urbain du continent, ainsi que les contradictions et confrontations qu’il engendre. L’auteur nous fait part des observations, des problèmes rencontrés et des réflexions portant sur ses huit années de pratiques dans le secteur de l’habitat et du développement urbain en Afrique. Le première thématique développée concernera l’importance des interactions entre les villes et les campagnes pour l’évolution économique, ainsi que leurs liaisons avec l’exode rural. Ensuite, nous étudierons l’essor important des bidonvilles et des quartiers précaires dans les villes africaines. Finalement, l’analyse se portera sur la présentation de la participation populaire au cours des projets urbains opposée à un renforcement institutionnel. I. Le développement des villes se relit fortement avec la croissance économique de l’ensemble du pays. En cela, l’urbanisation a des conséquences sur l’ensemble du territoire et voudrait amener des interactions entre les villes et les campagnes. Malheureusement, il semble que le continent africain n’ait pas suivi le modèle qui consiste à dire que les développements économiques et urbains s’enchainent. Comme soulevé dans l’ouvrage, un marché en difficulté influence sur la productivité agricole. En effet, l’absence d’un marché avec des prix rémunérateurs et stables limite fortement la vente et entraine une production plus faible visant uniquement à l’autosuffisance de l’agriculteur. Si le marché s’améliore, alors les producteurs seront plus efficaces et chercheront des technologies pour augmenter leur productivité. A juste titre, l’auteur montre que l’urbanisation peut jouer un rôle positif pour le secteur agricole, en aidant à la mise en place d’un marché stable et efficace. Ce processus engendre des interactions valorisantes entre les centres urbains et les zones rurales visant au développement économique et à l’enrichissement du pays. Cependant, la ville veut aussi développer de nouvelles activités qui demandent des financements. Les prélèvements sur le secteur agricole font partis de ces transferts de la campagne au profit des villes. Ces derniers fragilisent le secteur rural mais sont indispensables pour le développement de la ville. L’auteur propose de revoir le principe de ces transferts. «C’est donc à notre avis l’excès de prélèvements qu’il faut mettre en cause ainsi que la redistribution fortement inégalitaire dans les villes et non le mécanisme de prélèvement et de transfert en soit » Un autre type de transfert entre ville et campagne est celui des populations. En 1989, l’auteur nous donne un niveau d’urbanisation pour l’Afrique à 34% et on sait qu’il se situe aujourd’hui autour des 40%. Une part importante de cet accroissement est du à l’exode rural. Les jeunes gens viennent chercher un emploi ou un salaire plus élevé dans les villes. Cette différence est notamment une conséquence des transferts évoqués précédemment. Cette forte croissance amène son lot de problèmes quant au logement, ou à l’insécurité. Des actions vaines ont été mises en places pour lutter contre ces phénomènes inévitables et naturels. Des mesures répressives au « coup par coup » ont essayé d’annuler le problème au lieu de trouver des solutions. La critique des actions mises en œuvre est justifiée car elles s’opposent aux droits des citoyens, et à une valeur importante qui est le droit à la ville. On lit ici clairement un défi des villes Africaine ; l’exode rural est inévitable, il faut donc trouver des solutions et gérer cette nouvelle concentration urbaine. L’ouvrage présente les différents transferts entre les villes et les campagnes ainsi que leurs problèmes. Cependant, il n’adresse pas de réelles solutions à ces critiques. II. Malgré l ‘indépendance des pays Africains, le modèle colonial de ségrégations résidentiels persiste. De plus, la forte croissance urbaine a entrainé la formation de quartiers précaires et informels. Les financements concernant les logements et infrastructures ont souvent été mal répartis profitant aux classes aisées ou moyennes. Les réglementations liées à l’acquisition foncière sont complexes et très restrictives, de ce fait les populations se tournent simplement vers l’illégalité. En plus de cela, l’obtention d’un permis de construire ne correspond pas aux moyens financiers des classes défavorisées. Le système décrit par l’auteur semble être en décalage avec le niveau de vie et les moyens financiers des plus pauvres ce qui les force à rester dans des situations illégales et précaires. Tous ces problèmes découragent les populations à investir dans l’habitat pour minimiser les pertes en cas d’éviction. « Au lieu de continuer à se rejeter les responsabilités il faut reconnaître les réalités et agir en conséquence. » « S’il fallait reprocher à quelqu’un la prolifération des bidonvilles et des quartiers spontanés, c’est bien aux pouvoirs publics qu’il faudrait s’en prendre. » En effet, les autorités ont souvent détruit les constructions non autorisées. Cependant l’insuffisance de terrains viabilisés empêche les populations de se déplacer. De nouveau l’auteur vient critiquer ces actions qui ne contribuent qu’à exacerber les ménages. On remarque une nouvelle fois qu’on ne cherche pas de solutions aux problèmes mais qu’on veut supprimer la conséquence. De ce fait le problème restera récurent jusqu’à ce que de vrais programmes de structuration et d’assainissement de ces quartiers soient mis en place. L’ouvrage présente l’importance de la participation des habitants dans leurs projets de logements. En effet, il s’est révélé plus efficace de permettre aux habitants de construire eux-mêmes en facilitant les démarches plutôt que de construire pour eux. Il est essentiel que les populations sont impliquées dans les processus. Aujourd’hui, on connaît des exemples de restructurations de quartiers précaires qui ont fonctionnées. Ce qui prouve que les mentalités ont évoluées depuis l’écriture de cet ouvrage, entrainant une nouvelle manière d’appréhender la ville. III. La prochaine thématique concerne une mise en rapport entre la participation populaire aux projets urbains et un renforcement ainsi qu’une adaptation des services institutionnels. Les problèmes liés à l’habitat dans les villes Africaines sont liés à l’insuffisance de l’offre foncière. L’auteur nous dévoile que cette insuffisance découle principalement de causes institutionnelles, comme les chevauchements de statuts fonciers, les normes élevées, le monopole étatique sur l’aménagement urbain… A cela s’ajoute un non sens consternant ; les normes instaurées pour les infrastructures sont aussi élevées que celles des pays développés ! Ces éléments éclaircissent la situation et nous prouvent qu’un réel changement a du être mis en place à partir des années 1990 jusqu’à aujourd’hui pour que les villes puissent faire face à leur propre urbanisation. Chaque ville est particulière et doit pouvoir s’adapter aux particularités de son contexte. Un autre phénomène qui traduit la faiblesse des institutions est la corruption et les détournements de fonds publics qui bloquent un système déjà en grandes difficultés. « Renforcer les institutions c’est préparer des instruments efficaces mais l’utilisation de ceux-ci ne dépendra que des intentions et des politiques de ceux qui ont le pouvoir de les manipuler. » Aujourd’hui, nous savons que ces changements de politique institutionnelle couplés à l’adaptation des règlements ont eu lieux, mais sont-ils suffisants ? Le texte présente aussi l’importance de la participation populaire dans les projets urbains. Les populations peuvent assurer le succès de projets d’habitat si ils sont concernés dés la conception. Ainsi les gens ont pris connaissances des intentions et des principes de mises en œuvre, ils peuvent tous (selon leurs moyens) participer aux discutions et aux financements. Ainsi, ils se trouvent dans une situation d’égalité devant l’investissement, ce qui donne une position légitime à toutes les revendications. Ce sont également ces mêmes personnes qui pourraient être amenées à gérer le projet après sa mise en place. En aillant connaissance du projet depuis ses premières phases, la gestion serait plus efficace et la communauté se sentirait concernée par l’entretien. L’auteur insiste sur le fait que les populations les plus pauvres devraient revendiquer une participation plus forte aux projets. On se rend compte qu’un renforcement institutionnel est efficace si il est associé à une participation populaire, ainsi le suivi et la gestion du projet sont assurés. Conclusion. Les trois axes discutés plus haut ; les transferts entre les villes et les campagnes, l’émergences des quartiers précaires et la nécessité d’une renforcement institutionnel et d’une participation populaire, sont des défis évoqués avant les années 1990 et qui sont toujours d’actualités dans les villes africaines. Le dernier point concernant la participation populaire me semble essentiel. Elle assure une bonne communication au cours des projets et elle permet de vérifier la pertinence des projets en les confrontant à l’opinion publique. Les mentalités sont en train de changer, les lois s’adaptent, de nouveaux outils aident à la planification, finalement on commence à relever les défis. Malgré la clarté du propos, on aurait pu s’attendre à trouver plus de solutions ou de pistes de réflexions pour relever ces défis. Avec le recul, on imagine que cet ouvrage a probablement atteint son objectif : aider les différents acteurs à prendre conscience des problèmes existants. Bibliographie : Emmanuel Gapyisi , « Le défi urbain en Afrique », l’Harmattan, 1989.
  • @fltouzain
    10 years ago (last updated 10 years ago)
    NOTE DE LECTURE Le défi urbain en Afrique, Emmanuel Gapyisi, ed. l’Harmattan, 1989, 124 pages L’auteur, ingénieur civil et économiste, est un professionnel de l’urbain : il a notamment été, de 1981 à 1986, secrétaire général du ministère des travaux publics du Rwanda (ministère en charge du développement urbain et de l’habitat). Entre 1986 et la parution de l’ouvrage, il a travaillé à Shelter-Afrique, institution panafricaine de financement de l’habitat, ce qui lui donne une vision plus large des mécanismes de fabrication de la ville sur le continent. Fervent défenseur, dans son ouvrage, des principes démocratiques, il les met en pratique dans un engagement politique militant, et devient présidentiable au Rwanda en 1993. Il sera assassiné le 18 mai 1993, moins d’un an avant le génocide qui allait ravager ce pays. Le défi urbain en Afrique développe une analyse critique de « l’explosion urbaine » que connaît le continent à la fin des années 1980, au travers d’un état des lieux social et économique de la réalité urbaine, pointant au passage les nombreux disfonctionnements du système ; l’auteur expose son analyse de la situation et propose des pistes d’amélioration. En particulier, l’ouvrage explore ces différents sujets selon des axes suivants : • Une explicitation des fonctions des villes (politiques, économiques, sociales) et de leurs relations à la campagne, • La description quantitative du phénomène d’explosion urbaine, • La description de l’informalité (bidonvilles) qui accompagne une croissance non maîtrisée, • La description du « cauchemar » de la gestion urbaine, en particulier dans les quartiers populaires, • L’exposé de solutions développées par les responsables locaux, leurs limites, voire leurs effets contre-productifs, • Un focus sur un instrument facialement adapté mais dont l’usage détourné ruine le bénéfice : les sociétés nationales immobilières, chargées de produire, avec le soutien de bailleurs de fonds locaux et internationaux, les logements nécessaires au développement maîtrisé des villes, • L’analyse, en deux chapitres, des principales causes des disfonctionnements : d’une part la trop forte centralisation de la gestion du foncier, d’autre part des mécanismes de financements de l’habitat engendrant un cercle vicieux d’exclusion et de ségrégation, • L’exposé de pistes de progrès, associées à des processus plus larges de démocratisation, de principes de solidarité et d’équité, • Un dernier chapitre insiste sur la dimension inexorable du fait urbain : le défi consiste à l’accepter et à adapter les politiques publiques de manière à transformer le cauchemar en opportunité. Il ressort, en synthèse, trois grandes conclusions pour l’Afrique des années 1980 : • Le phénomène urbain est une tendance à la fois lourde, rapide et irréversible, qui heurte les traditions sociales et les fonctionnements coutumiers, mais avec laquelle il faut composer, • La situation actuelle est, pour le plus grand nombre, dramatique (économiquement, socialement, sanitairement), • La principale cause des maux de la ville africaine sont l’autocratie et la corruption des différents niveaux de pouvoir, qui entretiennent des situations de pénurie (de terres, de logements…) et dysfonctionnelles, pour maintenir les relations de dominance existantes. Les développements de l’auteur reposent sur des faits observés, ce qui donne à l’ouvrage la force du témoignage. Cette posture est revendiquée, en préambule : « Ce livre n’est pas le résultat d’un travail dans un centre de recherche universitaire. Il n’est pas le fruit d’une étude menée sur commande par un consultant ». Toutefois la sincérité de la démarche marque également ses limites : l’argumentaire est peu étayé de chiffres ou d’exemples localisés (ce qui, à la décharge de l’auteur, constitue une mesure de prudence compréhensible, tant les disfonctionnements mettent en cause les différentes structures et acteurs de pouvoir en place). La dénonciation systématique des lacunes et de l’incurie du système, traduisent un ressentiment et un désir de changement ardents, mais l’affect et le manque de nuances du propos pénalisent sa portée. Au-delà de ces questions d’approche, l’ouvrage, publié il y a environ 25 ans, reste pour une bonne part très actuel : constat de corrélation entre développement économique et développement urbain d’un pays, causes de l’exode rural, vanité des solutions corrigeant les effets (raser les bidonvilles) mais pas les causes (au travers d’une planification stratégique rationnelle, du redéploiement équitable et durable des ressources de chaque pays, et d’une lutte contre la corruption). Les projections quantitatives données dans l’ouvrage en matière d’urbanisation à 30 ans se sont par ailleurs globalement vérifiées, ce qui est à mettre au crédit d’une vision pertinente de l’auteur. Au travers des chapitres de livre, l’auteur dénonce les abus de pouvoir des groupes chargés de d’activer les différents leviers du développement urbain : sociétés immobilières, gestionnaires de foncier (état-aménageur centralisé), institutions chargées de mettre en œuvre les plans d’action subventionnés, et plus largement les différentes politiques de gestion urbaine. Ces élites s’avèrent avant tout soucieuses de leurs seuls intérêts, et de reproduire les conditions de leur domination. Emmanuel Gapyisi défend en revanche les principes de participation populaire, de démocratisation de la gestion urbaine, comme vecteurs incontournables de progrès et de développement durables. Il appelle de ses vœux des changements de gouvernance pour une société plus juste et plus rationnelle, et affirme que le défi urbain en Afrique est d’abord un défi de changement de l’ordre social. Des parallèles pourraient-ils être établis avec les quartiers sensibles européens, même si, à bien des égards, les référentiels ne sont pas les mêmes : de nombreux services publics fonctionnent, une certaine protection sociale est assurée, en termes de logement, de santé, de revenu minimum...?. Oui dans la mesure où le déficit d’engagement et de reconnaissance politiques véritables à l’égard des populations concernées est un des éléments qui favorisent la ghettoïsation. Oui dans la mesure où les fractures urbaines entre quartiers sensibles et quartiers aisés sont aussi importantes qu’en Afrique, en termes de contraste (sur les questions de sécurité, de desserte, d’équipements publics, de commerces…). Oui dans la mesure où les politiques de rénovation urbaine (en France du moins) ne traitent pas suffisamment les causes et omettent d’articuler l’urbain et le social. Oui enfin dans la mesure où une des solutions préconisées pour le renouveau des quartiers relève d’un pouvoir redonné aux habitants (« empowerment »), ce qui rejoint le vœu de démocratisation de la gestion urbaine formulé par l’auteur. En conclusion, un ouvrage d’une grande sincérité et qui développe avec justesse les grandes lignes des enjeux du développement urbain en Afrique dans les années 1980, qui s’avère toujours d’actualité et présenter une certaine parenté avec des situations européennes, ainsi qu'on pourra le constater par la lecture d'ouvrages de sociologues urbains, tels Didier Lapeyronnie (Ghetto urbain. Ségrégation, violence, pauvreté en France aujourd'hui, Paris, Editions Robert Laffont, septembre 2008).
  • @archisafae78
    10 years ago
    Note de lecture de l’ouvrage : « Le défi urbain en Afrique », Emmanuel Gapyisi I. Présentation du contexte de publication de l’ouvrage, de l’auteur et résumé Cet ouvrage est le fruit des expériences et problématiques vécues par l’auteur lors de ses huit années de pratiques et d’interventions dans les secteurs de l’habitat et du développement urbain en Afrique. Il présente une analyse des politiques urbaines en vigueur et propose certaines solutions appropriées à la réalité africaine, fondées sur la participation populaire et la démocratisation tout en visant à stimuler le débat sur les préoccupants problèmes urbains du continent africain. L’auteur de l’ouvrage, Emmanuel Gapyisi, est ingénieur civil et économiste, expert dans le domaine des questions urbaines et ayant travaillé pendant plusieurs années sur une multitude de projets de développement urbain en Afrique. De 1981 à 1986, il a été Secrétaire Général du Ministère des Travaux Publics au Rwanda, en charge du développement urbain et de l’habitat. Depuis 1986, il a travaillé à Shelter-Afrique, institution panafricaine de financement appuyant la promotion de l’habitat et du secteur immobilier en Afrique. Emmanuel Gapyisi est décédé en 1993. L’ouvrage a pour objectif de contribuer au débat sur le développement urbain en Afrique et de mettre l’accent sur les contradictions qu’il engendre à travers un diagnostic des problèmes urbains et une réflexion sur des lignes directrices en matière de politiques urbaines. Ainsi, sur 10 chapitres, l’auteur mène une analyse des enjeux économiques du développement urbain (l’échec des stratégies agro-centristes, l’interaction entre urbanisation et croissance économique, l’importance des transferts villes-campagnes, etc.), des fonctions socioéconomiques des villes et du rôle positif des migrations dans le processus de développement urbain. Les causes des principaux problèmes urbains sont mises en évidence (prolifération des bidonvilles, déficiences des services urbains, etc.), et une analyse des pratiques permet de démontrer les limites des solutions mises en place dans ce contexte par les Gouvernements Africains notamment en termes de financement de l’habitat, d’infrastructures et de sécurité foncière. Finalement, l’auteur propose des lignes directrices pour relever le défi urbain en Afrique, à travers l’acceptation et la maîtrise de la croissance urbaine, la décentralisation, la participation populaire, la démocratisation de la gestion urbaine et la levée des obstacles à la production de logements par les ménages pour remédier au problème de financement de l’habitat urbain. II. Développement de 3 points de raisonnement: 1. L’importance des interactions villes campagnes en Afrique : Les interactions entres les centres urbains et les milieux ruraux, fondamentales pour l’évolution économique, sont délaissées par les pouvoirs publics, dépassés par l’évolution rapide des villes et réagissant de manière dispersée sans maîtriser le processus de développement urbain. Le processus d’urbanisation joue pourtant un rôle positif en termes d’accroissement de la productivité agricole du fait de la place occupée par les centres urbains en matière de création de la demande, de consommation des produits agricoles, d’alimentation en intrants nécessaires, etc. « Les interactions entre les centres urbains et les milieux ruraux sont fondamentales et déterminantes pour l’évolution économique particulièrement dans les pays africains où le processus d’urbanisation est rapide ». On ne peut plus aujourd'hui considérer « en soi» ni la ville ni la campagne, mais dans leurs échanges réciproques étroitement imbriqués. Au-delà des éléments présentés par l’auteur, il paraît constructif de distinguer entre deux grands axes de réflexion concernant ce sujet: celui des acteurs et agents de la mobilité entre ville et campagne (mobilité migratoire individuelle, migrations du travail, rôle de l'Etat, action des associations), et celui des modalités que ces acteurs et agents ont suivies dans les échanges. En effet, il ne faudrait pas négliger le rôle de facilitateur de transfert joué par certains acteurs comme les associations (exemple : associations de ressortissants d’une région donnée regroupés en ville et qui pourvoient le développement de leur zone d’origine, etc.) et les ONG (transmission du modèle urbain-rural et l'action/réaction entre les deux), etc. Quant aux modalités de transfert, elles peuvent être analysées à partir de 3 prismes : les lieux (rôle important des marchés urbains et ruraux, lieux de transfert par excellence, etc.), les flux (les flux de capitaux se font dans les 2 sens alors que les flux culturels sont à sens unique) et les modèles (primat absolu du modèle urbain en matière de consommation et d’identité). Cette analyse des acteurs et des modalités de transfert ville campagne permettrait de dégager les principaux leviers à actionner pour bonifier ces échanges. 2. Le rôle des pouvoirs publics dans la promotion de l’habitat urbain en Afrique : Selon l’auteur, les pouvoirs publics sont les 1ers responsables de la prolifération des quartiers spontanés et des bidonvilles à cause des difficultés d’acquisition foncière, des ressources limitées des départements en charge de l’Habitat, de l’utilisation non efficiente des ressources disponibles, du recours exagéré aux emprunts extérieurs et à l’endettement pour financer des projets d’habitat et d’infrastructure, des collectivités locales très peu autonomes et disposant de très peu de moyens, des normes de construction trop élevées et, enfin, d’une réglementation urbaine en inadéquation avec la réalité des africains. Par ailleurs, l’Etat a longtemps présenté de faux remèdes aux problèmes d’habitat urbain : destruction des logements non autorisés, imposition de normes de construction élevées, conditions de prêt inadaptées, construction par l’Etat de logements sociaux en nombre insuffisant et de coûts élevés et enfin le rôle trop important accordé aux sociétés de financement privées (privilégiant les couches moyennes et aisées). En complément aux propos de l’auteur, il faut souligner qu’aujourd’hui, la plupart des gouvernements ont renoncé aux politiques consistant à résoudre le problème des bidonvilles simplement en les démolissant : la plupart des villes ont des projets dotés de financements spéciaux pour viabiliser les bidonvilles. Mais rares sont celles qui sont allées jusqu’au bout en planifiant de façon proactive et à l’échelle appropriée pour enrayer la prolifération des bidonvilles. En l’absence de telles stratégies, les gouvernements doivent assumer les coûts d’expansion des bidonvilles, bien qu’il soit beaucoup plus efficace d’en empêcher la création que de les viabiliser ou de les déplacer. Ainsi, une bonne planification axée sur les besoins de logement des pauvres consisterait à anticiper leurs besoins et leur réserver des terrains adéquats dotés de titres fonciers. A titre d’exemple, le Malawi a prévu des terrains décents dans des villes comme Lilongwe pour la construction de logements sociaux. Par ailleurs, et bien que l’auteur affirme que les subventions publiques au logement ne seraient pas une solution appropriée, il est à souligner que, certes des solutions durables nécessitent la participation active de toutes les parties prenantes (secteur privé, société civile, ménages, etc.), cependant, il ne faudrait pas omettre l’importance des aides publiques au logement pour les populations les plus pauvres : ainsi l’Afrique du Sud a mis en place un programme d’aide au logement à laquelle chaque citoyen a droit une fois dans sa vie, ce qui a permis de changer la vie de centaines de milliers de familles depuis le début des années 90. 3. La problématique des bidonvilles et des quartiers spontanés: Comme l’affirme l’auteur, la prolifération des quartiers spontanés et les bidonvilles, bête noire des responsables et planificateurs, est essentiellement due au fait que les ménages ne parviennent pas à accéder à des parcelles viabilisées, aux procédures d’acquisition fastidieuses et à l’insuffisance des infrastructures. Aussi, il est intéressant, à mon sens, de citer l’expérience marocaine en matière de lutte contre les bidonvilles à travers le programme « Villes sans Bidonvilles » qui a permis de déclarer 45 villes marocaines sans bidonvilles et de réduire le poids des démographique de la population habitant dans les bidonvilles (de 8,2% en 2004 à 3,9% en 2010). Ce programme s’est basé sur les principes suivants : Renforcer la convergence des politiques publiques, mettre en place un dispositif de veille (recensement, etc.), systématiser l’accompagnement social, renforcer l’offre logement préventive, adopter des démarches ascendantes et des modes opératoires adaptés, accompagner la politique de lutte contre les bidonvilles par la promotion d’une économie locale inclusive, renforcer les capacités des acteurs locaux, diversification et augmentation des ressources de financement. Ce programme, pensé selon une approche intégrée dans le cadre d’un projet de ville associant tous les acteurs centraux et locaux, a pu atteindre des résultats satisfaisants. Il serait intéressant que les bonnes pratiques tirées de cette expérience puisent profiter à d’autres pays africains. III. Conclusion de la discussion de l’ouvrage et pistes critiques : L’ouvrage a permis de mettre le doigt sur les problématiques urbaines qui rongent la plupart des pays africains, d’en déceler les principales causes et de proposer des pistes de réflexions à même de permettre aux gouvernements africains de relever le défi de l’urbanisation. Certes, certains des éléments critiques soulevés par l’auteur, ont commencé à être pris en considération aujourd’hui, notamment la planification des besoins en logement, les crédits à taux préférentiel pour l’habitat social, les programmes intégrés de lutte contre les bidonvilles, etc. Toutefois, les solutions préconisées par l‘auteur restent le plus souvent corrélées à un bouleversement des modes de gouvernances et des classes dirigeantes en Afrique. Or, cet état de fait n’est pas uniquement propre à ce continent: les intérêts individuels et des groupes dominants ont toujours existé et existeront toujours. Ce serait préjudiciable de trop lier le sort de la croissance urbaine en Afrique à un changement macro de mentalités, mais il serait plus judicieux de proposer des mécanismes concrets, flexibles et adaptables à une transition en douceur. Par ailleurs, bien que le volet habitat ait été appréhendé dans sa globalité, les autres volets du développement urbain : le transport, les équipements de santé et d’éducation, etc., indissociables de la planification urbaine, auraient mérité d’être inscrits dans le scope global de l’analyse faite par l’auteur (la réflexion étant principalement restée axée autour de l’habitat et de la gouvernance), ainsi que le poids de la pression écologique due à l’étalement urbain et les effets environnementaux des dynamiques économiques, formelles et informelles, induits par celui-ci. -Références bibliographiques: *Catherine Coquery-Vidrovitch, Hélène d’Almeida-Topor et Jacques Sénéchal (1996). Interdépendance villes-campagnes en Afrique : mobilité des hommes, circulation des biens et diffusion des modèles depuis les indépendances. Paris, éditions l’Harmattan. *http://www.mhu.gov.ma *http://www.imf.org/external/pubs/ft/fandd/fre/2007/09/pdf/view.pdf
  • @reisch1006
    10 years ago (last updated 10 years ago)
    INTRODUCTION Ce livre n’est pas le résultat d’un travail dans le centre de recherche universitaire. Il n’est pas le fruit d’une étude menée sur commande par un consultant. Il contient tout simplement quelques observations et réflexions de Monsieur Emmanuel GAPYISI sur ses années de pratiques et d’interventions dans le secteur de l’habitat et du développement urbain en Afrique. Ce livre tire des leçons des problèmes rencontrés, des expériences vécues, de quelques succès mais surtout de beaucoup d’échecs et de désillusions. Il synthétise aussi en partie les discutions menée avec plusieurs acteurs du développement urbain au sien des villes africaines.il se base sur le vécu, les frustrations et les espoirs nourris. Cet ouvrage analyse les politiques urbaines et stimule de débat sur les préoccupants problèmes urbains du continent africain. Il ne formule pas des solutions ; il appelle à un large débat en Afrique pour trouver des solutions appropriés. Il invite à renoncer à importer des modèles « prêt à porter » et à réfléchir sur des solutions appropriées aux réalités africaines. Qu’on le veuille ou non, une Afrique urbaine est en train de se bâtir et se s’imposer. Elle constitue déjà le siège du pouvoir et influe de manière prépondérante sur l’évolution du continent dans son ensemble. La maitrise du développement urbain est dès lors un défi énorme pour le présent et l’avenir du continent africain. La rapidité et la violence des mutations urbaines sont telles qu’il faudra agir rapidement pour relever ce défi qui ne s’adresse pas seulement aux planificateurs urbains mais à l’ensemble de la population. 1. Les faux remèdes aux problèmes d’habitat urbain Face à la gravité des problèmes d’habitat en Afrique, les pouvoirs publics sont intervenus de manière diversifiée. Dans certains cas des résultats appréciables ont été enregistrés au niveau de projets individuels mais ils restaient insuffisants par rapport aux besoins élevés d’habitat, d’où la naissance de plusieurs quartier sous intégré. Face à la prolifération des logements non autorisés dans les quartiers spontanés et dans les bidonvilles, les pouvoirs publics ont réagi en détruisant les constructions non autorisées. Les pouvoirs publics exigeaient que les constructions se réalisent suivant les procédures officiellement imposées. Il faut noter, qu’il était difficile à la population d’entrer en possession des terrains, car le secteur du foncier n’était pas encore règlementé par les pouvoirs publics. Les ventes étaient informelles. Comme l’informel est l’apanage des riches, les pauvres ne pouvaient pas avoir accès au sol, ainsi ils continuaient de développer les quartiers spontanés. Même si une règlementation existait, les procédures étaient trop complexes et long, ce qui ne motivait pas la population. Les bidonvilles sont les conséquences de l’insuffisance de l’offre de terrains viabilisés et du caractère inapproprié des normes et des réglementations en matière de construction de logement et d’infrastructures. L’Absence d’une planification stratégique d’accès au foncier est le barycentre des bidonvilles au sien des villes africaines. Détruire les logements ainsi construits ne résout pas le fond du problème. Au contraire cela ne fait que l’exacerber puisque les pouvoirs publics n’arrivent pas toujours à combler les déficits en logements, avec une procédure d’acquisition des sols toujours complexe. Les ménages, ne parvenant toujours pas à acquérir des terrains suivant les procédures officielles, sont obligés d’occuper d’autres sites, voir des zones non aedificandi. Si les pouvoirs publics veulent régler les problèmes des quartiers sous intégrés et des bidonvilles, ils doivent revoir les conditions et les procédures d’accès au sol, de réglementés ce secteur afin d’éviter des couts exorbitants des terrains et aussi augmenter les offres au logement sociaux à des prix raisonnables. Toutes en sachant, que le but est que les plus pauvres démunis puissent avec accès, donc il faut peut-être calculer la quotité cessible en fonction du smic du pays. 2. Les cauchemars des villes africaines Dans plusieurs villes africaines les réseaux d’évacuation des eaux usées n’existent que dans le centre moderne, administratif et commercial et dans les quartiers résidentiels habités par les ménages aisés. Dans les quartiers populaires les eaux usées sont déversées à même le sol sur les cours des parcelles, les fosses septiques sont vidangées sous la pluie dans les rues, un véritable cauchemar pour ces quartiers populaire. Les pouvoirs publics font semblant d’ignorer cette situation des quartiers populaires. Les immondices ne sont pas ramassées régulière surtout dans les quartiers populaires et les lieux publics très fréquentés tels que les marchés et les gares. Les ordures sont enfouis ou incinérer sans contrôle au sien des ménages. D’ordre ménages abandonnent leurs déchets afin que la nature puisse trouver une solution. La majorité des villes africaines ne possèdent pas de décharge contrôlée, des centres de recyclage des déchets. Plusieurs décharges sauvages étaient utilisées par les ménages et par des entreprises à d’autres endroits de la ville. L’insuffisante et l’irrégularité d’approvisionnement en eau et électricité est le quotidien des plusieurs habitants des villes africaines, cette circonstances engendre des dépenses supplémentaires pour les ménages, les entreprises et décourage de nouveaux investisseurs. Plusieurs villes ne disposent de bornes incendies même dans les quartiers densément habités. Sans oubliés le problème de la mobilité urbaine, des inondations, d’insuffisance équipement de base (santé, éducation…). Pour des autorités la raison n’est que l’insuffisance des financements. C’est vrai que les villes africaines ne disposent pas d’assez de financement mais il est aussi vrai que l’état n’intervient que dans les quartiers modernes, bien planifié ou administratifs .il faut aussi noter une mauvaise utilisation des ressources disponibles, la corruption et les détournements des fonds publics. Les villes devrait se pencher dans les planifications stratégiques afin de prendre en compte l’ensemble des problèmes urbains, planifier stratégiques avec les gestionnaires urbains afin d’améliorer l’accès à des services et équipements de base. Il faut aussi faire une participation communautaire active afin bénéficiaires puissent prendre en main la résolus des problèmes de leur environnement et sensibiliser la population dans leur rôles et cette approche permettra un bon recouvrement des couts d’infrastructures pour la gestion des services urbains. 3. Urbanisation un processus inévitable L’urbanisation est en effet on processus en expansion an Afrique. L’échec des mesures visant à renverser ou à freiner les flux migratoires vers les villes devrait amener la croissance urbaine. Selon les autorités cette situation traduit le niveau très bas de la production agricole et engendre l’insuffisance alimentaire. Ils oublient plusieurs facteurs sont à la base de cette faible productivité agricole, on peut citer l’absence d’un marché suffisant offrant des prix rémunérateurs et stables au producteurs. Lorsque les telles conditions environnementales sont favorables, les agriculteurs motivés, quel que soit leur niveau de formation, adoptent des techniques plus productives. Loin d’être un facteur négatif pour le secteur agricole ; le processus d’urbanisation est appelé à jouer un rôle positif d’entrainement pour l’accroissement de la productivité agricole. La question ne se pose pas en termes de l’accepter ou de refuser mais plutôt en termes d’organiser et de faciliter son déroulement dans les meilleurs conditions, car l’urbanisation est indispensable dans un processus de développement. Les états doivent se préparer afin de mieux orienter et organiser leur processus d’urbanisation. Planifier stratégiquement les zones d’extension de villes, démocratiser la gestion urbaine afin de mieux contrôler le processus de développement au sien de chaque collectivité territoriale. Au-delà des considérations macro-économiques à long terme évoquées ci-dessus, les répressions exercées à l’encontre des jeunes émigrants de la campagne vers les villes soulèvent aussi un problème du droit des citoyens à s’installer sur le territoire national là où ils espèrent s’épanouir le mieux : c’est violé le droit d’émigrer en ville. Conclusion Au sien des villes africaines, la situation est préoccupante. Les bidonvilles prolifèrent et croissent plus rapidement que les quartiers planifiés. Les immondices non ramassée…il faudra penser à des planifications stratégiques de la ville.
  • @vmeilhaud
    10 years ago (last updated 10 years ago)
    "Le Défi Urbain en Afrique" est le fruit des huit années de travail d’Emmanuel GAPYISI au sein d'un ministère national chargé de l'habitat et du développement urbain puis dans une institution panafricaine de financement de l'habitat. L'auteur analyse les causes de l'explosion urbaine en Afrique, ses conséquences problématiques en termes de gestion des services et de qualité de vie pour les habitants, mais également ses opportunités en termes de développement économique. Tirant les leçons des projets auxquels il a participé, il considère que, sans changements politiques profonds, les solutions pratiques pour accepter, orienter et maîtriser un développement urbain inévitable sont vouées à l’échec. Exode rural et développement urbain Déjà en 1989, le phénomène d'urbanisation était en pleine expansion partout en Afrique. Souvent crées lors de la colonisation, comme centre administratif et d'habitat pour la haute société, les villes ont continué à se développer de manière non planifiée suite à l’arrivée massive de déshérités souvent jeunes, venus des campagnes. Elles sont également considérées comme un gouffre pour les finances publiques, accroissant l'endettement extérieur: les besoins en infrastructures sont énormes et les habitants urbains, les principaux consommateurs des produits d'importation. Pourtant les villes peuvent être considérées comme des centres d'échanges dynamiques, facteurs de développement. Leur population constitue un marché stable en croissance constante pour les produits des agriculteurs. Elles regroupent les services dont les campagnes ont besoin pour évoluer et se développer : exportation, matériel, formation, organisme de crédits… A ce jour, les prélèvements financiers et humains des villes sur les campagnes sont excessifs et non équilibrés. Certaines villes capitales grossissent démesurément au détriment des villes moyennes. Pourtant, la majeure partie de l'accroissement démographique en ville sera bientôt naturelle plutôt que liée a l'exode rural. De plus, Emmanuel GAPYISI considère que le "droit d'émigrer en ville" devrait être respecté par les autorités qui ont pourtant tendance à employer la manière forte pour réduire le nombre des nouveaux urbains (expulsion, démolition, freins administratifs). Problèmes d'habitat urbain : Vrais problèmes, Faux remèdes La ségrégation urbaine coloniale continue désormais entre classes dirigeantes ou pauvres, zones calmes et bien équipées ou surpeuplées et insalubres, croissance démographique faible ou rapide …De 50 a 90 % de la population urbaine africaine vit dans ces quartiers dit " spontanés" ou le "provisoire" et le "précaire" sont la norme. Mais l'existence des bidonvilles est due à l'incapacité des autorités à proposer suffisamment de parcelles viabilisées aux occupants potentiels. La gestion du foncier (terrain et habitat) et des infrastructures/services (création et entretien) sont les deux problèmes pratiques essentiels. Le manque de financement est toujours mis en avant par les autorités responsables mais d'autres facteurs interviennent largement : mauvaise utilisation des subventions, centralisation excessive, faiblesse des institutions, complexité des règlements, normes trop élevées … Le mauvais fonctionnement des " Sociétés Civiles Immobilières", conduit à une paralysie du système publique de construction de logements, peu productif et grand consommateur de subventions. Le taux de rentabilité pour des logements est à long terme, peu intéressant et peu fiable pour des investisseurs privés. De plus, l'État, devenu propriétaire en lieu et place des communautés (système coutumier foncier), assume seul le rôle d’aménageur au détriment des collectivités locales. Le recours systématique aux subventions étatiques plutôt qu'a la création d'un système de recouvrement des coûts (ainsi que la volonté de respecter des normes élevées) a conduit à ne satisfaire la demande que pour une minorité nantie, souvent proche du pouvoir, plutôt que de subvenir aux besoins minimums de la majorité. Pour financer l'habitat urbain en grand nombre, Emmanuel GAPYISI propose d’utiliser la vitalité du secteur informel, capable des mobiliser des ressources a court terme (habitat évolutif sur terrain informel), et d’utiliser l'épargne locale pour garantir des crédits à plus long terme pour un foncier garanti et une meilleure qualité de logement. Décentralisation et démocratisation Afin de maximiser l'impact de ces projets, la Banque Mondiale a constaté qu'il est nécessaire de renforcer les institutions en charge : les collectivités locales et leurs services fonciers, financiers et techniques. Emmanuel GAPYISI considère que sans changement politique, ces idées ne seront acceptées que pour obtenir les financements prévus et n'auront pas les résultats escomptes. L'augmentation des recettes pour améliorer les services est une condition nécessaire mais pas suffisante. La situation actuelle (utilisation des fonds) bénéficie au final aux gouvernants (contrôle des finances, accès aux logements viabilisés et aux services subventionnés). Pour obtenir une amélioration concrète, les habitants doivent être impliqués par la participation au contrôle des processus mais aussi aux coûts: Si on paye, on a le droit d'exiger le service. Mais le renforcement des collectivités locales et la création d'organisations collectives locales va souvent a l'encontre de la volonté des gouvernements souvent centralises et autocratiques dans la gestion des ressources disponibles. Emmanuel GAPYISI conclut que le vrai challenge de l’urbanisation est là : mettre les institutions au service des populations. Emmanuel GAPYISI a une connaissance approfondie et vécue des problèmes qu’il analyse. De plus, il a su élargir son propos établi sur son expérience « habitat » à l’ensemble des challenges urbains incluant les approches économiques et politiques. Il rend visible les frustrations vécues lors de son travail technique au contact d’autorités politiques peu motivées par l’intérêt général et peu enclines à partager leur pouvoir. Depuis la rédaction de ce livre, les problématiques urbaines continuent à se complexifier et se sont souvent amplifiées: émigration hors du pays, violence urbaine, mise en danger de l’environnement, catastrophes naturelles … A ce jour, le développement de la société civile, des collectivités locales ainsi que la démocratisation a été beaucoup moins rapide que la démographie et les crises récurrentes (catastrophes naturelles, conflits ou crise économique). 25 ans après, les conclusions et propositions d’Emmanuel GAPYISI restent d’actualité.
  • @al_m
    10 years ago (last updated 10 years ago)
    FICHE DE LECTURE : « LE DEFI URBAIN EN AFRIQUE », EMMANUEL GAPYISI INTRODUCTION Le processus rapide d’urbanisation en Afrique et son caractère non maîtrisé a amené l’auteur à écrire « Le défi urbain en Afrique ». Comme annoncé dans le préambule, cet ouvrage est un recueil d’observations et de réflexions. L’auteur, Emmanuel Gapyisi, nous livre un aperçu des problématiques quotidiennes de ses huit années d’exercice. En effet, Gapyisi a servi dans un Ministère chargé de l’Habitat et du Développement Urbain, ensuite, dans une Institution Panafricaine de Financement de l’Habitat et il a été actif dans des villes africaines. Cette autocritique, l’auteur l’a destinée aux décideurs, aux professionnels du domaine et à tous ceux qui cherchent à comprendre la problématique urbaine africaine et qui veulent améliorer le quotidien des habitants des villes. L’auteur fait le diagnostic de la situation des centres urbains. Il brosse le tableau d’une situation complexe, dramatique voire catastrophique. Gapyisi commence par expliquer les fondements, les causes et les aspects du développement urbain. Ensuite, l’auteur décrit la gestion des centres urbains par les pouvoirs publics ; où les infrastructures et les logements décents sont insuffisants et où l’insécurité règne et menace. Gapyisi explique les interactions et les enchevêtrements entre l’urbanisation et ses environnements, notamment économique. Mais plus particulièrement, l’auteur rapporte l’état d’un continent dont le système est défaillant et où les pouvoirs publics sont dépassés. Néanmoins, l’auteur encourage à accepter et à maîtriser la croissance urbaine, tout en décentralisant et démocratisant la gestion des centres urbains. Pour essayer de cerner le défi urbain en Afrique, nous nous positionnerons en 1989, année de parution de l’ouvrage, et nous allons discuter les causes de la croissance urbaine, détaillées par l’auteur. Ensuite, nous allons voir comment les gestionnaires réagissent et gèrent cette croissance urbaine non maîtrisée. Enfin, nous évoquerons les ressources de financement et leur problématique. Les causes de la croissance urbaine : Conscient de l’importance de l’impact de la période coloniale sur l’ADN même du continent africain, l’auteur explique comment les habitants du continent essaient de s’adapter aux mutations provoquées par la colonisation. L’une de ces mutations est bien l’urbanisation. Pour l’auteur, la croissance urbaine trouve son origine dans deux facteurs que sont la croissance naturelle de la population urbaine. L’auteur ne considère pas cette cause comme problématique. Ceci dit, les pays africains gagneraient à maîtriser et à réguler la croissance naturelle de la population urbaine, notamment, par des campagnes de sensibilisation à la contraception. Le deuxième facteur est l’exode rural qui contribue à près de 50% de la croissance urbaine dans beaucoup de pays africains. Il touche souvent les jeunes âgés de moins de 30 ans. Ces derniers s’installent dans les villes en quête d’emploi, d’un revenu plus élevé ou de mariage (pour les jeunes filles). Mais il existe aussi d’autres facteurs plus graves, plus ou moins incontrôlables, tels que la désertification, les famines, les guerres civiles ou les catastrophes naturelles. Face à cette situation, nous nous posons la question : comment peut-on limiter l’exode rural ? De premier abord, pour freiner l’exode rural, il me paraît indispensable d’améliorer la situation des agriculteurs africains, et ce, en accroissant leurs productions et leur productivité et donc leurs revenus. Tout d’abord, l’auteur statue que même si l’Etat réussit à améliorer les techniques et les investissements agricoles, la production et la productivité agricoles resteront inchangées. Le problème réside dans l’absence de consommateurs et de demande dans les centres urbains. En effet, la majorité des urbains n’ont pas les moyens de se procurer les produits alimentaires. Cette absence de « marché suffisant offrant des prix rémunérateurs et stables aux producteurs » amène les agriculteurs à produire uniquement pour s’auto-suffire et pousse donc les jeunes à émigrer vers les villes en quête de meilleurs revenus. Cependant, l’auteur rapporte que les Etats recourent à l’importation de produits alimentaires provenant des pays « industrialisés », et ce, pour combler les niveaux bas de production agricole nationale dans les pays sous-développés. Or, de mon point de vue, s’il y a absence de marché consommateur, pourquoi recourir aux importations ? Elles seraient confrontées au même problème que les productions agricoles nationales et donc non consommées. En parallèle, l’auteur affirme que l’accroissement de la productivité agricole signifie que « de moins en moins de gens produisent de plus en plus de nourriture, ce qui se traduit par l’émigration d’une partie de la main d’œuvre rurale ». Cela signifie que si la productivité agricole est améliorée, le secteur aurait besoin de moins de main d’œuvre qui se tournera alors vers les centres urbains. Par conséquent, le problème de l’exode rural n’en sera pas pour autant résolu. Les réflexions de l’auteur nous amènent à croire que quelques soit la situation du secteur agricole, l’exode rural persistera et que la croissance urbaine est une fatalité. La solution de la croissance urbaine se trouve donc dans les centres urbains eux-mêmes et non pas dans la campagne. A mon sens, il faut agir sur les deux fronts, à la campagne comme à la ville pour obtenir des résultats optimums. Améliorer le secteur agricole et les revenus de ses producteurs et œuvrer à améliorer le niveau de vie et le pouvoir d’achat des urbains. Cela ne limitera pas forcément l’exode rural mais en atténuera certainement les effets. La gestion urbaine : Comme précité, les centres urbains connaissent une affluence massive des émigrants ruraux. Face à l’explosion urbaine, les pouvoirs publics sont dépassés, et les défaillances de la gestion urbaine deviennent flagrantes. Ainsi, les infrastructures et les logements décents sont insuffisants ; et quand ils existent, ils se détériorent rapidement par manque d’entretien. Alors les pouvoirs publics se tournent vers des solutions de facilité. Ils pensent freiner l’exode rural par des mesures administratives et répressives. L’auteur affirme, que même sans migration, les pouvoirs publics seraient incapables de répondre aux besoins de la population urbaine. A travers les propos de l’auteur, la mauvaise gestion des centres urbains est claire. En effet, « les immondices ne sont pas ramassés régulièrement surtout dans les quartiers populaires et les lieux publics très fréquentés tels que les marchés et les gares », « dans plusieurs villes africaines les réseaux d’évacuation des eaux usées n’existent que dans le centre moderne administratif et commercial et dans les quartiers résidentiels habités par les ménages aisés », ceci, sans parler de l’insuffisance et l’irrégularité d’approvisionnement en eau, électricité et réseaux de communication, des problèmes de transport, des voiries insuffisantes, des villes construites sur des sites accidentés, des eaux pluviales non drainées, des déficiences au niveau des services de santé et d’éducation … Bien au-delà de ces graves défaillances de gestion urbaine, l’auteur dénonce des inégalités et des injustices sociales quotidiennes, cristallisées par cette dichotomie injuste : d’une part, la ville planifiée destinée aux hauts et moyens revenus, et d’autre part, la ville spontanée et anarchique destinée au plus pauvres. Ces derniers qui constituent la majorité de la population urbaine sont contraints d’acheter et construire illégalement car les parcelles assainies sont inabordables. En outre, les lotisseurs se servent de ces mêmes pauvres pour négocier des subventions. Mais les petits salaires ne bénéficient jamais des subventions pour acquérir les parcelles, car ils sont considérés comme non solvables. Par conséquent, ce sont les hauts et moyens revenus qui en profitent. Ceci conduit à une situation dramatique où 50 à 90% de la population urbaine vit dans les bidonvilles. Et devant la prolifération des bidonvilles, les pouvoirs publics agissent au coup par coup, en rasant ces quartiers populaires sans essayer de trouver de réelles solutions aux problèmes urbains. Malgré tout, les pouvoirs publics font preuve de bonne volonté. Par exemple, ils imposent des normes de construction élevées pour de meilleures conditions d’habitat. Or, il convient mieux d’adapter les normes à la réalité et aux capacités de la majorité des habitants. L’auteur a raison de dire que malgré les bonnes intentions de certains, les interventions des Etats dans ce domaine pénalisent encore plus les pauvres et favorisent les couches sociales aisées. Au vu de ce qui précède, il me paraît que la situation actuelle sert les intérêts des couches dirigeantes. Les hauts et moyens salaires y trouvent leur compte aux dépens de la majorité qui est pauvre. Cela dit, comment changer les mentalités, comment convaincre ces bénéficiaires du système qu’il est dans leur intérêt que les plus pauvres aient accès aux infrastructures, à l’habitat mais surtout à l’éducation et à l’emploi. Il faut encourager la production et les investissements, améliorer les salaires la population et leur donner le moyen de consommer. Cela ne pourra que faire de ces pays, des pays prospères pour la majorité et non pour la minorité. Les ressources financières : Les interventions des Etats dans les centres urbains nécessitent des investissements conséquents. Ces ressources financières proviennent soit des prélèvements internes soit de la dette extérieure et elles sont insuffisantes par rapport aux besoins. Au fil des chapitres, il m’est apparu que l’insuffisance des fonds pourrait être expliquée, en partie, par le fait que l’Etat soit le seul aménageur du pays, et qu’il soit aussi chargé de financer les infrastructures et de les entretenir. Un monopole qui ne profite à personne vu que les fonds sont insuffisants et que la production d’infrastructures en pâtit. Néanmoins, des propositions d’amélioration d’utilisation des ressources ont été faites : « […] les ressources de l’Etat soient utilisées essentiellement pour financer les infrastructures primaires. Les collectivités locales mobiliseraient, grâce à diverses taxes et redevances locales, des ressources pour financer la réalisation des infrastructures secondaires tandis que les infrastructures tertiaires seraient directement prises en charge par les habitants eux-mêmes ». A mon sens, il s’agit là d’une proposition intéressante. Mais au vu de toutes les inégalités quotidiennes relatées par l’auteur, le risque que les habitants pauvres supportent toute la charge de financement est probable et aggraverait ainsi leur situation. Notons que ces injustices et inégalités sont omniprésentes. En effet, nous avons parlé plus haut des prélèvements en interne : il s’agit, en fait, des prélèvements effectués sur les secteurs économiques existants et surtout du secteur agricole ; car il a été démontré que les ménages ruraux épargnent plus que les ménages urbains. Les prélèvements servant aux investissements urbains sont donc puisés dans les épargnes des ménages ruraux. Cependant, non seulement les ménages ruraux ne profitent pas de ces prélèvements mais les investissements ne profitent qu’aux castes sociales privilégiées des villes ou encore sont dépensés de manière non optimisée et engloutis sans en voir le moindre effet… De mon point de vue, le problème de financement est un point noir dans la problématique de l’urbanisation. Même si les ressources financières étaient suffisantes, c’est l’optimisation de ces ressources et leur utilisation pour l’intérêt général qui est un défi pour les gestionnaires africains. CONCLUSION La problématique urbaine est compliquée même quand on veut faire simple. L’auteur a essayé de cerner les causes, d’en décrire les aspects et de comprendre la complexité des interactions avec les autres réseaux et systèmes de l’Etat, en somme il a réussi le pari d’ouvrir le débat de façon objective. Ceci dit, dans cet ouvrage, l’auteur discute du droit au logement décent, à l’émigration, au transport, à l’eau potable et à l’électricité … qui sont considérés comme acquis dans d’autres pays ou continents. Par ailleurs, les injustices et les inégalités sont une constante dans le récit de l’auteur. Au jour d’aujourd’hui, il ne suffit plus de dénoncer, il faut agir. Par contre, il m’est paru regrettable que l’auteur aborde le sujet de l’urbanisation du point de vue du gestionnaire et des pouvoirs publics uniquement. Qu’en est-il des habitants urbains ?quel est leur point de vue ?comment vivent-ils cette ségrégation des temps modernes ?que peuvent-ils apporter et faire pour améliorer la situation ? Enfin, de mon point de vue, toute la question s’articule autour d’un développement économique qu’il faut mettre en place et encourager, ce dernier engendrera graduellement une meilleure planification urbaine. Les investissements devraient servir notamment à mettre en place des infrastructures suffisantes, des logements décents, une gestion urbaine améliorée qui profiteraient aux plus riches comme au plus pauvres. Et plus particulièrement elles doivent être destinées à encourager l’éducation et à la création de pôles d’activité aptes à créer de l’emploi et à améliorer le niveau de vie des habitants.
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