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Eau Potable et Assainissement dans les quartiers périurbains et les petits centres.

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GRET; PS-EAU; COOPERATION FRANCAISE, 211-213 rue la Fayette 75010 Paris (France), Les éditions du GRET edition, (December 1998)

Abstract

Les habitants des quartiers périurbains ou « irréguliers » des grandes villes et des petits centres en Afrique n'ont, le plus souvent, pas accès à une eau en quantité et qualité suffisantes. S'agissant d'un service de base de toute première nécessité, il importe de répondre aux besoins spécifiques et pressants de ces populations démunies. C'est dans cette perspective qu'une initiative pilotée par le Programme Solidarité Eau sur financement de la Coopération française a permis de conduire un ensemble d'opérations de recherche appliquée et d'actions pilotes dans une quinzaine de pays, principalement en Afrique, au Sud du Sahara. Le présent document de synthèse rend compte des divers travaux conduits dans le cadre de ce programme, et partage des réflexions et propositions qui peuvent permettre d'améliorer l'approvisionnement en eau potable des populations de milieux défavorisés en Afrique.

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  • @helfig

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  • @helfig
    10 years ago (last updated 10 years ago)
    (A) Entre 1995 et 1999, 16 opérations de recherche appliquée et actions-pilotes ont été menées, sur financement de la coopération Française, dans une quinzaine de pays d’Afrique sub-saharienne, par diverses institutions de renommée internationale (Ex : GRET, PS-Eau, Universités de France et d’Afrique, Cemagref, AFD, HydroConseil/Burgeap, etc.). Elles traitaient notamment des enjeux de l’Approvisionnement en eau potable et de l’Assainissement dans les quartiers périurbains de grandes agglomérations (irréguliers ou non) et dans les petites et moyennes villes, sujet peu documenté à l’époque (il y a 15 ans). Cet ouvrage collectif propose une synthèse de ces opérations et des grands résultats/leçons tirées de ces expériences, qui, à quelques exceptions près, sont toujours d’actualité. Ces « espaces intermédiaires entre le milieu rural et le milieu urbain strict » sont décrits par les auteurs comme des zones souvent oubliées des politiques nationales de développement, où les services de base (tels que l’alimentation en eau ou l’assainissement) sont nettement moins bien desservis. Leurs habitants, bien qu’ils soient de plus en plus nombreux, vivant dans des conditions sanitaires déplorables, et proches des centres décisionnels, souffrent, encore aujourd’hui, d’un niveau de service bien moindre que dans le reste du territoire urbain ou rural. (B) 1. Chercher des solutions alternatives adaptées au milieu péri-urbain... Nous l’avons vu dans le cours, l’urbanisation en Afrique de l’Ouest est globalement récente et galopante avec un taux d’urbanisation très fort, qui se caractérise souvent par son extrême disparité entre une capitale (dite tentaculaire dans cet ouvrage) et un réseau de petites villes (quelques dizaines, voire centaines d’habitants). Dans ces espaces intermédiaires, les solutions technologiques de l’urbain et du rural ont montré leurs limites : les premières (dites « modernes » : branchements domiciliaires, bornes-fontaines, réseaux collectifs) sont trop chères à étendre et peu rentables à cause des faibles revenus des usagers, et les secondes (pompes à main) sont dépassées par la forte demande des populations riveraines plus nombreuses qu’en milieu rural. Il ne s’agit cependant pas de trouver un réponse en terme technologique (déjà connu) mais plutôt en terme de système de gestion à adapter : trouver le juste milieu entre gestion totalement privatisée recherchant la rentabilité financière et gestion communautaire, basée sur le bénévolat et une cohésion sociale forte. Les modes d’approvisionnement entre les offres de service modernes et les offres de service fournis par des points d’eau traditionnels (puits, mares) sont en réalité complémentaires et concurrentiels. La fréquence d’utilisation de ces points d’eau et le volume prélevé à chacun varie beaucoup d’un usage à l’autre (soit pour une question de distance, soit pour une question de prix), et dans l’année (saison sèche /saison pluvieuse). Même si un réseau est étendu ou construit jusque dans ces quartiers, rien ne prouve qu’ils seront utilisés à temps plein et au maximum de leur capacité. Bien évaluer la demande et la volonté à payer est donc primordial pour choisir les systèmes de gestion à adopter, les investissements à réaliser et les tarifs à adopter. Mais ces études comportent beaucoup de biais méthodologiques, elles sont très chères à réaliser et peu de budget leur est consacré. Elles sont souvent remplacées par une planification participative, permettant de répondre au besoin « exprimé » par les usagers, mais qui elle aussi comporte des limites (primauté de l’intérêt individuel sur l’intérêt collectif et sur la cohérence de l’aménagement cohérent de la ville). 2. L’émergence de nouveaux acteurs : les municipalités et les opérateurs privés.. Depuis la fin des années 1980, le paysage des acteurs a vite évolué : émergence des collectivités locales, des associations de base, des exploitants privés sous délégation, des ONG/BE qui jouent le rôle d’intermédiation, etc.. Aujourd’hui, la décentralisation, permettant une meilleure cohérence à l’échelle de la ville, est en cours dans quasiment tous les pays d’Afrique de l’Ouest, mais sans transfert de ressources, le transfert de compétences ressemble à un lâchage de responsabilités par l’Etat qui n’a plus les moyens de couvrir les coûts du service. En outre, le service rendu par les opérateurs informels est souvent mal connu et souvent attribué à une défaillance du développement des réseaux (par exemple : les revendeurs d’eau), alors qu’en réalité « ils ne viennent pas seulement combler l’absence d’une desserte […] mais forment un véritable système cohérent, dynamique et doté de rationalités propres ». En outre, la recherche confirme que les opérateurs évoluent toujours dans l’informel mais la formalisation (par signature de contrats notamment) s’est développée depuis de nombreuses années. Les principales recommandations de l’époque édictaient donc la nécessité d’asseoir la promotion et l’intégration des petits opérateurs privés qui créent plus d’emplois que les entreprises nationales concessionnaires, qui réalisent entre 21 et 84% de la valeur ajoutée de la filière et qui assurent un service public plus réactif et plus proche des usagers (notamment pour les petites et moyennes villes). Aujourd’hui, de nombreux projets qui vont dans ce sens pour combler les « interstices » du service public, dans lesquels les sociétés publiques ou les collectivités font défaut. Cela se discute et dépend du dynamisme économique propre à chaque pays. Au Burkina Faso, la délégation de la gestion à des opérateurs privés dans les petites villes et les quartiers périphériques des grandes agglomérations montre beaucoup de limites, en terme de qualité de service rendu (manque de régulation) et de partage du risque (investissements lourds toujours assurés par l’Etat ou les bailleurs de fond). Alors qu’au Kenya ou au Mozambique, ces opérateurs gagnent de plus en plus la confiance des structures de l’Etat et des consommateurs, et investissent eux-mêmes pour sans cesse améliorer le service et augmenter leurs chiffres d’affaires. Dans ce contexte de décentralisation et de montée en puissance des opérateurs privés, les fonctionnaires de l’Etat craignent une perte de leur pouvoir. Tout l’enjeu consiste (et consistera) alors, non seulement à renforcer la maîtrise d’ouvrage communale afin que les collectivités deviennent des points de convergence et de concertation pour un développement durable des villes, mais aussi à appuyer le repositionnement des administrations centrales et déconcentrées vers l’appui technique aux collectivités. 3. L’assainissement : toute première importance pour la santé publique.. L’approvisionnement en eau potable est depuis longtemps considéré comme la pratique qui permet de réduire la morbidité (on parle de maladies d’origine hydrique). Or, il est quasiment impossible de mesurer l’impact de l’eau potable sur la réduction de la morbidité, face aux multiples autres modes de contamination fécale. Aujourd’hui, ce constat est accepté et de nombreuses études ont montré que l’urgence est en réalité le développement de l’assainissement pour la santé publique (Fewtrell et al. 2005). Dans les quartiers défavorisés, denses, les conditions sanitaires sont déplorables et « la demande est forte et les populations sont prêtes à y consacrer des moyens, pour peu que le résultat soit durable ». Cependant, ils souffrent là aussi de leur situation intermédiaire. Que ce soit en terme de partage de responsabilité (Société nationales pour le milieu urbain VS administrations pour le milieu rural) ou en terme de technologies (réseau collectif VS latrines autonomes individuelles) qui ne sont pas adaptées à ces zones (densité de population à faibles revenus, pression foncière énorme, etc.), elles sont là encore oubliées des politiques publiques d’assainissement, lorsque celles-ci existent. Egalement, les mesures d’éducation sanitaires pour le changement des comportements viennent seulement en complément de projets d’infrastructures, surtout pour faire la promotion des équipements tels que l’utilisation de l’eau à la borne-fontaine ou l'équipement en latrines, et s’arrêtent dès que les infrastructures sont terminées. Or, si on repartait dans ces ménages "équipés" quelques mois après la fin des travaux, on se rendrait compte que, d’une part la latrine est mal entretenue (mauvaises odeurs, mouches, fosse pleine non vidangée) et que, d’autre part, l’eau prélevée à la borne-fontaine est transportée et conservée dans de mauvaises conditions. Ces deux conditions réunies font que l’eau, consommée in fine par les ménages, contient une part de germes fécaux pathogènes (E-Coli par exemple) plus importante que les normes recommandées par l’OMS.. (C) Ces trois thématiques développées dans l’ouvrage, apparaissent aujourd’hui encore comme majeures dans les discussions sectorielles en Afrique de l’Ouest. Nonobstant, le fait qu’entre temps, la décentralisation a pris de l’ampleur, avec d’importantes responsabilités dévolues aux communes, tout comme la conscientisation de la problématique de l’assainissement, reconnu comme enjeu majeur de cette décennie, la situation dans ces quartiers mal desservis à l’époque s’est peu améliorée. Pourtant, si une épidémie de choléra se déclenche dans ces quartiers, c'est toute la ville qui sera touchée, y compris les beaux quartiers.. La recherche a fait de grands pas mais n’a été que très tardivement traduite en actions réelles et en politiques publiques dédiées. Au Burkina Faso, bien que l’Office National de l’Eau et de l’Assainissement (ONEA) soit en charge de l’assainissement depuis 1992, ce n’est qu’en 2013 qu’il s’est doté d’une stratégie d’assainissement spécifique aux zones non-loties (irréguliers) des grandes villes et elle n’est appliquée que depuis le début de l’année 2014 à Ouagadougou. De plus, globalement, l’Etat n’est pas prêt à confier la gestion de ces espaces à des opérateurs privés locaux, certainement à cause des enjeux socio-politiques forts qui résultent de l’accès à l’eau et à l’assainissement. Ces opérateurs sont pourtant, porteurs des principaux espoirs, face à la lenteur (au renoncement ?) des administrations publiques à résoudre les problèmes de ces populations. Bibliographie supplémentaire : • Fewtrell, L., R. B. Kaufmann, D. Kay, W. Enanoria, L. Haller et J. M. Colford, Jr. « Water, Sanitation, and Hygiene Interventions to Reduce Diarrhoea in Less Developed Countries: A Systematic Review and Meta-Analysis.” Lancet Infectious Diseases, Vol. 5, issue 1, janvier 2005, p. 42-52. • Madio Fall (dir.), Pierre Boulenger, Sylvain Adokpo Migan, Taibou Adamou Maiga, Bruno Mbwanafunzi, Seydou Traoré, Serigne Mbaye Seye, Christophe Prévost, Annie Savina and Etienne Bialais. « Bilan sur sept pays africains : Délégation de gestion du service d’eau en milieu semi urbain ». 2010. Nairobi. WSP/Banque Mondiale. 28p.
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