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Gestion durable des eaux pluviales dans les villes africaines. Un enjeu de développement de masse.

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(2015)

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  • @sabinette

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  • anonymous
    9 years ago
    Cet ouvrage de 350 pages a été rédigé pour les acteurs de la politique urbaine en Afrique afin d'être utilisé comme outil dans les choix de gestion des eaux pluviales et de leurs extrêmes, à savoir la sécheresse et les inondations. Son auteur, Sylvestre Dasylva, est docteur en hydrologie à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne et porte ses recherches sur la gestion durable des eaux pluviales en milieu urbanisé, incluant les notions de risque, ressource et gouvernance. La thèse défendue par l’auteur est que les eaux pluviales sont gérées comme risque météorologique alors qu'elles peuvent être valorisées comme ressource avec la participation des population locales en gestion participative. Cette amélioration dans l'utilisation de la ressource naturelle qu'est l'eau permettrait l'amélioration de nombreux facteurs qui participeraient, directement ou indirectement, à une croissance économique des pays et à l’amélioration des conditions de vie des populations. L'auteur illustre son propos en s'appuyant sur différents secteurs institutionnels. Trois en seront présentés ci-après : l'agriculture, la santé, l'hydraulique et l'assainissement. L'agriculture L’auteur décrit le rôle majeur joué par les précipitations en agriculture (95% de l’approvisionnement en eau), la faible modernisation des pratiques agricoles dans la fluctuation des rendements des cultures, mais aussi l’importance de ce secteur qui emploie 70% de la population africaine et représente ¼ du PIB continental. Or, aujourd’hui, les aménagements de gestion de l'eau, tels que les barrages ou les transferts géographiques d'eau, nécessitent de forts investissements financiers et favorisent les maladies et pollutions. Le faible usage des engrais et des engins mécaniques, l’absence d’irrigation, la petite taille des parcelles, la féminisation du travail à cause de l'exode rural finissent par faire de l'agriculture plus un moyen de subsistance familial qu'un moyen de générer des revenus. Les pratiques actuelles n’empêchent pas l'avancée de la désertification à cause du défrichement, du surpâturage et de l'érosion. L'ensemble des surfaces agricoles du continent serait suffisant pour assurer l'autosuffisance du continent, mais les productions mises en culture visent l'exportation et sont à faible valeur ajoutée et peu diversifiées (cacao, thé, tabac, sucre). En cas de crise alimentaire, les populations n'ont pas assez d'argent pour acheter de la nourriture. Il s'agit ainsi selon l'auteur d’une des raisons principales de l'exode rural. Pour autant, la situation agricole de l’Afrique ne semble pas obligatoirement devoir évoluer de la même façon que celle de l’Europe, en tous les cas tel qu’elle a pu le faire après guerre en choisissant une agriculture intensive. L’irrigation lorsqu’elle pallie au retard dans la saison des pluies peut paraître justifiée, mais si elle est utilisée uniquement pour l’augmentation des rendements, et sans nuances, les résultats escomptés seront contraires à la préservation et au renouvellement des réserves hydriques. Les dégâts causés par l’agriculture intensive en Europe ou aux Etats Unis sont connus aussi bien de manière environnementale que sociale ou paysagère. Les alternatives à ces modes de culture que sont les cultures biologiques ou la permaculture permettent de réfléchir à une agriculture raisonnée et efficace. La permaculture fonctionne justement sur les principes de petites parcelles, l’absence de mécanisation, une faible consommation d’énergie et un production à échelle individuelle mais dont les rendements dépassent ceux des modes de cultures « classiques ». Quant aux culture biologiques, c’est l’absence d’engrais, donc de sources de pollution, qui fait sa caractéristique et son attrait. Une autre piste qui pourrait être explorée mais que l'auteur n'évoque pas serait l’utilisation de semences indigènes et non importées car elles seraient obligatoirement mieux adaptées aux conditions de culture du pays d’origine. La politique agricole est en effet un point important dans l’orientation des choix de productions et donc de consommation en eau. Mais ce qui est vu par l’auteur comme un frein au développement agricole du continent pourraient constituer au contraire la richesse dont il faudrait tirer parti. Certains point importants tels que le tableau n°16 p.142 sur « Les techniques traditionnelles de gestion et de conservation de l’eau et des sols en milieu africain » sont au coeur du sujet mais ne sont pas traités directement ou approfondis dans le texte de l’ouvrage. La santé En ce qui concerne la santé, l’auteur souligne le rôle prépondérant que la présence ou l’absence d’eau joue dans l’état sanitaire des populations. Les eaux pluviales stagnantes jouent un rôle dans l'émergence des maladies liées à l'eau tel que le paludisme. 10% des maladies sont liées au manque d'assainissement, d'eau potable ou d’hygiène. Les causes en sont néanmoins différentes en milieu urbain (absence d'assainissement) ou rural (présence d'eau stagnante et partage des lieux d’aisance). Il est indéniable que l’état de raccordement en eau potable des populations est très largement à développer car il est majoritairement collectif, voire inexistant, tout autant que la gestion des eaux usées. Mais il paraitrait plus logique que l’état de santé des populations soit une conséquence du bon ou du mauvais fonctionnement du point suivant, c’est à dire de l’état des réseaux. De plus, l’éradication des zones d’eaux stagnantes, à visée sanitaire défendue ailleurs dans le livre, rentre en contradiction avec le maintien et la conservation des zones humides, à visée écologique. L'hydraulique et l'assainissement S'agissant enfin de l’hydraulique, l’auteur souligne la faiblesse du niveau d’équipement pour approvisionnement en eau des populations. La recherche de ressources alternatives est présentée comme permettant aux zones saharo-sahéliennes de palier à un stress hydrique. Le faible accès à l'eau potable et le recul des écosystèmes humides favorisent cette situation. Certaines solutions pourraient même être trouvées dans l'adoption de pratiques de gestion et de stockage durable. L’auteur décrit longuement la présence de richesse aquifère sur le continent et sa répartition, les moyens d’extraction ou d’accès à ces ressources et la variabilité des réponses techniques de puisage à apporter en fonction de la zone géographique: équatoriale, saharo-sahélienne ou australe. Pour la question de l’assainissement, qui regroupe l'évacuation des eaux pluviales et des eaux usées , on peut s'interroger sur le choix de scinder l'hydraulique et l'assainissement dont la problématique est la même, à savoir l'équipement en réseau, l’auteur souligne la faiblesse du taux d’équipement ainsi que la difficulté de maintenance du réseau, donc de son maintien en bon état de fonctionnement. L’accès aux toilettes et la gestion des eaux usées est très faible. Les programmes d’installation de latrines existent mais sont insuffisants et une partie du budget doit servir à la maintenance de l’existant. Par conséquent, les problèmes d’hygiène et environnementaux sont importants et nécessitent de nombreux et couteux investissements. Se posent toutefois le problème de la gouvernance de ces projets et de leur financement (jusqu’à 97% de financement étranger). Aujourd’hui, ce sont principalement les familles qui assurent les dépenses d’acquisition et d’entretien des dispositifs autonomes. Sur le point du financement, le problème reste en effet posé et peut être difficilement résolu. Peut être les futurs aménagements peuvent ils prendre en compte cette donnée afin de l'intégrer dès la conception, pour cela, il est important que les acteurs de l'aménagement soient informés des concepts de gestion des eaux pluviales. En conclusion, cette note de lecture est volontairement axée sur la partie qui, au sein de l’ouvrage, répond à la problématique de la gestion des eaux pluviales en milieu urbain. Le sujet de ce livre est primordial dans la recherche de nouvelles solutions à la gestion de l’eau dans son absence ou son excès. La nécessité d’une gestion intelligente des ressources naturelles n’est plus à démontrer même dans les zones du globe où la problématique de l’eau n’est pas aussi forte. Pourtant il apparaît que l’auteur veut absolument nous convaincre de la nécessité de ces modifications dans la gestion des eaux de pluies et donc démontre des liens et interactions qui brouillent le propos et empêchent d’aller directement au fait. Cet ouvrage est extrêmement riche en informations et instructif. Il est toutefois très difficile, dans ce 1er tome, pour un livre qui se veut être une aide aux gestionnaires à la mise en place de solutions appropriées, de devoir accumuler la lecture de savoirs théoriques, dans des domaines aussi divers que le climat ou la nature des exportations agricoles du continent ou d’autres aspects pendant les 3/4 du livre. Cette lecture reste abstraite, malgré de nombreuses données chiffrées et fournies. Même si très instructive, elle est peu exploitable directement. Il aurait été plus clair à chaque problème évoqué de faire correspondre une proposition de solution concrète avec l’analyse des causes et des conséquences. Une forme plus synthétique et pragmatique aurait permis de gérer le sujet de la gestion des eaux pluviales comme un cas pratique.
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