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Le centre-ville de Lomé : Evolution de la situation foncière et de la trame urbaine

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(1983)

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  • @abdoul

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  • @abdoul
    10 years ago
    L’étude à partir de laquelle cette note de lecture est rédigée a été effectuée dans le cadre de l’enseignement de deuxième année de l’Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-mer (ORSTOM), en vue de l’obtention du diplôme ORSTOM de Géographie. L’étude a été faite dans le centre-ville de Lomé de janvier à août 1983 sur la période de 1884 à 1983 par El Hadji Mohamed DIOP urbaniste de formation. Lomé, la capitale du Togo à l’instar des autres grandes villes africaines a connu un taux de croissance élevé. Le centre-ville est le noyau originel de la ville et où se concentre l'essentiel des activités commerciales et bancaires. Son occupation date de la décennie 1890 - 1900 au cours de laquelle Lomé a été promue capitale. Les premières installations sont surtout le fait des vieilles familles de la bourgeoisie côtière. L’acquisition des terres se faisait par voie d’héritage. La formation de la trame urbaine a été faite à partir de trois principales phases : l’époque allemande (1884 – 1914) avec la mise en place des éléments essentiels de l’armature urbaine, l’époque française (1914-1945), avec la mise en œuvre d’une nouvelle politique d’urbanisme et enfin de 1945 à 1983 où on assiste à un renforcement de la fonction commerciale et à un recul de l’habitat avec une diversité de densité selon les secteurs. L’acquisition du foncier : de la disparition de la voie d’héritage à l’apparition de la voie d’achat La terre revêt d’une importance capitale dans les croyances traditionnelles africaine en générale et loméenne en particulier. Ce qui explique le caractère inaliénable de ce bien qui jadis s’acquiert par voie d’héritage. Chaque héritier reste attaché à ce dernier et c’est à juste titre que l’auteur qualifie d’homme accompli toute personne qui possède son "chez soi". Si cette tradition s’est transmise au fil de plusieurs générations, l'arrivée du colonisateur a bouleversé cette forme d’inaliénation foncière. En effet, l'introduction du foncier européen a permis de légaliser les appropriations individuelles du sol. On en veut pour preuve, la presque disparition au fil du temps du caractère inaliénable de la terre. Aujourd’hui l’acquisition des terres au centre-ville de Lomé et de ses environs se fait par voie d’achat et non plus d’héritage. Ce qui constitue une entorse aux principes du mode de gestion collective fondé sur l'inaliénabilité des terres. Mais il ne faut pas perdre de vue qu’autant ces nouvelles dispositions ont contribué au bouleversement des formes d’inaliénation foncière, autant elles ont contribué à une bonne maîtrise de l’occupation du sol et à l’élaboration des plans de ville. Le colonisateur a donc fait de la gestion foncière un élément clé dans la maitrise de l'occupation du sol et dans l'extension du territoire. Les acteurs engagés dans le système de promotion foncière au centre-ville sont les grandes familles, les premières installées dans la ville, ensuite les sociétés commerciales européennes et enfin l’Etat qui à présent n’intervient presque plus dans les transactions foncières. Il faut noter que les premières appropriations individuelles du sol sont légalisées par l’institution de "Grundbuch", le livre foncier allemand. La situation s’est poursuivie avec l’arrivée de l’administration française en 1914 qui a institué sa réglementation réglant l’immatriculation des biens déjà inscrits au "Grundbuch" et consolidant les droits que l’individu a acquis sur les terres. Un centre-ville aux visages multiples Comme toutes les villes coloniales africaines, la ville de Lomé a été construite sur une base ségrégationniste. En effet, le premier tracé en 1898 divise la capitale en deux. A l’ouest le quartier administratif et à l’est un quartier commercial tous deux séparés par une ligne de chemin de fer. D’un côté de larges espaces bordés de grands arbres ombrageux et de bâtiments majestueux où règne une atmosphère de calme et de dignité et de l’autre un milieu beaucoup plus grouillant de vie. L’évolution de la trame foncière lors de l’étude relève une disparité entre quatre zones dans l’espace urbain. On remarque une première zone des grandes compagnies commerciales, des banques, du commerce de gros… caractérisée par de très grandes parcelles. Une seconde zone typiquement résidentielle, où résident la plupart des grands propriétaires acteurs principaux du jeu foncier. Elle abrite des parcelles relativement grandes mais plus petites que celle de la première zone. Une troisième zone constituée de parcelles de dimensions réduites sur lesquelles se trouvent des implantations scolaires et des équipements religieux. Enfin, une quatrième zone, constituée de parcelles de petite taille aménagées pour répondre aux besoins nouveaux en espace suite à l’augmentation de la population. D’une manière générale, le sud du centre-ville de Lomé qui abrite les grandes implantations commerciales est caractérisé par une faible densification et l’existence de bâtiments de plus d’un niveau. Le nord quant à lui est fortement dense et abrite des bâtiments d’un niveau. Un centre-ville marqué par une croissance à triple vitesse La croissance de la ville de Lomé a débuté a été marquée par trois principales étapes. Tout d’abord dès le transfèrement de la capitale d’Aného à 1914, période caractérisée l’avancé du front urbain par la création de nouveaux quartiers le long de grands axes de communication. Déjà en 1896 on remarque une occupation qui va au delà de la limite nord de la ville, un secteur non encore structuré. Preuve d’un étalement urbain aussi vieux que la capitale elle-même. Ensuite, l’entre deux guerre est caractérisé par une lenteur du développement urbain, malgré la mise en œuvre par l’administration française d’une politique d’urbanisation dans le cadre des mesures générales aux territoires d’Outre-mer. La croissance urbaine a repris après la guerre de 1945. On a assisté à la formation de nouveaux quartiers à la faveur de l’aménagement des axes routiers. La ville s’étendant dans toutes les directions. L’étalement a été favorisé par la réalisation d’équipements collectifs tels que le centre hospitalier, le lycée et les collèges, l’aéroport, le port autonome… Les poches vides existant à l’intérieur de l’espace déjà urbanisé, se remplissent rapidement. Dans cette dynamique urbaine, il faut noter une confusion dans la délimitation des différents quartiers. Conclusion Le centre-ville de Lomé a connu une extension fulgurante. Sa physionomie caractérisée par une diversité sur plusieurs plans n’a cessé de changer par l’implantation régulière de nouveaux bâtiments à usage de commerce, de bureaux et d’habitation... Les questions foncières actuelles trouvent leur réponse dans les faits historiques, le sol passant d’un bien inaliénable dans le temps à un objet de spéculation aujourd’hui. L’intervention de l’Etat ne se limite actuellement qu’à l’édition des règles qui dans la plupart des cas ne sont pas respectées. On constate à ce niveau un problème de l’ensemble des villes africaines dans lesquelles il n’y a pas de suivi des règles. Ce qui conduit à de nombreux problèmes dus aux constructions anarchiques dont il faille nécessairement résoudre.
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