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Services d'eau en Afrique subsaharienne: La fragmentation urbaine en question

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(2014)

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  • @dgraignic
    9 years ago
    Jaglin Sylvie, CNRS Editions via OpenEdition ed. (2005), « Services d’eau en Afrique subsaharienne : la fragmentation urbaine en question », CNRS, Nantes 1 – Introduction Présentation du contexte de publication de l’ouvrage Le sujet de l’eau devient de plus en plus prépondérant dans le contexte de changement climatique, d’appréhension de plus en plus forte de la notion de développement rural mais surtout dans le contexte de l’augmentation exponentielle de la population dans un continent en développement, et pour lequel doit être assuré l’accès à cette ressource vitale. Dans le cas de l’Afrique, continent en développement, contrairement à des modèles industrialisés comme l’Europe, la notion d’universalité du service n’a pas été complétée. Le livre dresse un portrait très complet de l’évolution des services de réseau d’eau depuis les années 1980 à nos jours dans la plupart des pays d’Afrique avec de nombreux exemples. Il analyse en profondeur les différents modèles de changement et leurs conséquences dans l’accès des différentes populations au service, tout comme la relation qu’entretiennent la mutation du service et l’évolution urbaine. Le document dresse une synthèse très complète, dont la bibliographie montrerait l’absence de nouveaux ouvrages dans les 5-10 dernières années. Finalement, l’auteur émet certaines hypothèses pouvant permettre d’appréhender une évolution future pouvant mener à la notion d’universalité en Afrique. Elle émet tout de même des réserves sur la réalité de cet objectif sans un développement économique parallèle qui porterait le coût de cette évolution. Présentation de l’auteur : Nous avons pu retrouver sur internet les suivantes informations sur l’auteur : Sylvie Jaglin, agrégée de géographie et ancienne élève de l’école normale supérieure de Sèvres, est professeur à l’université de Nantes. Elle est membre du LATTS (laboratoire des Techniques Territoires et Sociétés) et de l’IJMR ESO(Espaces géographiques et sociétés), où elle anime des recherches sur la gestion urbaine dans le monde en développement. Ses travaux récents portent sur la gouvernance des services en réseaux et les enjeux socio spatiaux de leurs réformes dans les villes d’Afrique australe. Résumé du propos général de l’ouvrage La thèse s’appuie sur l’idée du rôle stratégique qu’occupent les servies d’eau dans les relations qu’entretiennent infrastructure, développement économique et lutte contre la pauvreté ; et explore les conséquences qu’ont les modernisations en cours sur l’aggravation des inégalités. Les évolutions actuelles pourraient débloquer la situation et améliorer la desserte notamment dans les quartiers pauvres. Mais la différenciation accrue que nécessite l’offre bouleverse la notion d’équité sociale dans les services de distribution et l’engagement public dans ce sens, et pose le problème de la méthode de régulation d’une diversité qui répond à des attentes contrastées pour préserver les liens de solidarité existants et contribuer à l’universalisation de l’accès à l’eau potable. Les propos s’articulent dans 5 grands chapitres, une introduction et une conclusion. Introduction : Grandes définitions des termes concernant les réseaux d’eau. Chap. 1 - La marchandisation des services d’eau : les réformes des années 1980-1990 Chap. 2 - La fragmentation par les réseaux Chap. 3 – Géographies des nouveaux assemblages en Afrique subsaharienne Chap. 4 – Le pluralisme sans l’équité ? L’écartèlement des territoires nationaux Chap. 5 – Spatialisation et territorialisation des services d’eau : une inégale fragmentation Conclusion : Synthèse des propos de l’auteur. 2 - Développement o Relation entre systèmes importés du nord et prise en compte de la dimension et culture locales : Certains cas d’évolution des services d’eau décrits dans l’ouvrage font référence à l’intervention d’acteurs extérieurs aux gouvernements, qui se substituent à l’action de ceux-ci. Il s’agit notamment d’entreprises privées internationales ou d’organismes internationaux (ONG) qui interviennent là où les services de l’état sont incapables d’assurer leur mission de service public. Cependant ces organismes extérieurs n’ont pas toujours une profonde connaissance des réalités locales. Ils s’appuient en partie sur une idée des réseaux qui est adaptée aux pays industriels, qui sont arrivés à une universalisation du service. Le cas de l’Afrique est bien différent car l’universalisation n’a pas été complétée. Cependant ces organismes apportent aussi avec eux un savoir-faire et des solutions qui sont parfois très utiles sur le terrain. Il s’agirait néanmoins de croiser ces enseignements avec les pratiques locales, souvent informelles, qui permettent d’assurer une solidarité entre les différentes strates de la société, et permettre un accès à la ressource. L’émergence d’un savoir-faire et de pratiques locales, pourrait permettre de trouver de nouvelles approches pour le développement du réseau et des services d’accès à l’eau qui soient adaptés aux différents cas, notamment les cas de pauvreté extrême. o Comment arriver à l’Universalisation en Afrique ? Cette question n’a pas de réponse dans cet ouvrage, mais du moins la synthèse et l’analyse des pratiques observées sur le terrain dans bon nombre de pays permettent d’identifier des voies, parfois hybrides entre une marchandisation et l’intervention d’acteurs extérieurs couplés à des services découlant de l’économie informelle. L’auteur indique ces solutions hybrides comme une direction dans laquelle explorer de nouvelles approches. Mais l’universalisation du service dont ont bénéficié les pays industrialisés s’est faite en parallèle d’un développement économique qui a porté le coût de ce développement. Quelles voies sont possibles pour un continent en développement, qui voit une population urbaine en continuelle progression et dont les moyens restent dans l’ensemble inadaptés ou inefficaces face à une évolution trop rapide de la situation ? L’universalisation est-elle possible et dans quelles conditions ? o Quels enseignements retenir pour une planification différente de la ville ? L’auteur dresse un tableau très complet de situations très diverses rencontrées dans différents pays d’Afrique. La mention à une planification de l’accès à la ressource qui prenne en compte les acteurs, le niveau de développement du réseau, la nécessaire marchandisation de cet accès et les différentes options proposées à des populations dont le niveau économique est très différent, se limite cependant souvent à la planification d’un accès privé dans une parcelle ou l’implantation de bornes d’accès collectives. Le livre ne parle pas non plus de la gestion de la captation des ressources à des fins de distribution aux populations. Y aurait-il d’autres solutions pour assurer l’approvisionnement qui permettraient de développer une nouvelle approche de la planification urbaine en Afrique ? 3 - Conclusion L’étude est exhaustive, et présente une intéressante synthèse d’études antérieures sur l’évolution des services d’eau en Afrique et la relation de cette évolution avec les phénomènes de fragmentation urbaine et de disparition des systèmes de solidarité. Il s’appuie sur de nombreux exemples dans différents pays d’Afrique. Cependant, l’étude s’appuie surtout sur des exemples Sud-Africains, peut-être parce que les données, résultats et comparatifs des politiques pour ce pays sont disponibles contrairement au reste des états africains. Il serait intéressant de pouvoir recueillir des exemples similaires dans d’autres parties du continent, car les conditions physiques locales et structurelles (climat, ressources hydriques, modèles économiques et sociaux, modèles de gestion) de chaque pays sont bien différentes. Mais il s’agit là d’un problème d’accès à une information qui manque pour de bien nombreux domaines sur l’ensemble du continent. Vis-à-vis de la thèse de la fragmentation urbaine, l’auteur cite de nombreux exemples d’approches en cours ou réalisées et semble dire que des solutions durables sont possibles en Afrique dans un souci de recherche de l’universalité de l’accès à l’eau sans tout de même arriver à vraiment identifier une solution. L’ouvrage n’aborde pas non plus la question de l’eau dans une optique de planification. Il serait intéressant d’en identifier les points qui pourraient servir à améliorer les optiques de planification urbaine actuellement utilisées sur le terrain. Enfin, l’articulation avec le développement durable et l’analyse de l’amélioration des conditions de captation et de mise à disposition de l’eau ne sont pas abordées. L’investissement dans des infrastructures de captation et distribution autres que l’extension du réseau existant ne sont pas non plus traitées. Ce sujet est complexe car étroitement lié aux conditions locales et économiques de chaque pays. Le sujet est dans ce sens bien vaste, mais pourrait permettre d’identifier des actions pouvant être utilisées à l’échelle du continent et allant dans le sens d’une universalisation de l’accès à cette ressource vitale. Bibliographie sélective L’ouvrage comporte une bibliographie étendue très complète. La thèse de l’auteur est en partie fondée sur le travail de Stephen Graham et Simon Marvin qu’il me paraît intéressant de retenir et de consulter : « Splinterring urbanism : Networked infrastructures, technological mobilities and urban condition », Londres et New York, Routledge, 2001. J’ai aussi relevé un exemple cité dans l’ouvrage sur l’action menée dans la ville de Windhoek qui est particulièrement louée par l’auteur et qu’il est intéressant d’étudier.
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