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Le pire des mondes possibles De l'explosion urbaine au bidonville global

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(2006)

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  • @vincentherve74

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  • @ruhum
    9 years ago
    A) Mike Davis est un ethnologue, sociologue urbain et historien américain né en 1946 dans la banlieue industrielle de Fontana en Californie. Il débuta comme ouvrier des abattoirs, conducteur de camion, puis entreprit des études et s'intéressa au marxisme. Il a pu aborder de nombreux sujets, et notamment la lutte des classes à travers l'étude des problèmes fonciers de Los Angeles, le développement des bidonvilles et la militarisation de la vie sociale à travers les mesures sécuritaires. Il est actuellement professeur d'histoire à l'université de Californie à Irvine. En 2007, Mike Davis a écrit notamment : Le pire des mondes possibles où il dénonce les politiques urbaines et économiques qui ont favorisé le développement de l'habitat informel. Cet ouvrage a eu comme atout de mettre la lumière sur le rapport "The challenge of Slums" publié par ONU habitat en 2003, dont, selon Mike Davies, la publicité n'était pas à la hauteur de l'enjeu. B) Avec Planet of Slums (titre anglais de l’ouvrage), Mike Davis poursuit sa réflexion sur les aspects sombres de la ville contemporaine. Après avoir érigé Los Angeles en « capitale du futur » dans City of Quartz (1990) et montré comment L.A. constitue le prototype des villes structurées par la peur de l’autre dans Ecology of Fear (1998), M. Davis change d’échelle pour dénoncer l’émergence d’une nouvelle forme de pauvreté urbaine massive, qu’il nomme « bidonville global ». En effet, si plus de la moitié de l’humanité vit désormais en ville, accédant ainsi aux possibilités d’émancipation de la modernité sociale, un milliard d’individus (un tiers de la population urbaine mondiale) s’entasse dans les bidonvilles du réseau mondial. L’ouvrage s’organise en huit chapitres abordant chacun un aspect de la vie des pauvres en ville. Les deux premiers présentent un panorama global de la situation ainsi qu’une typologie fine des slums, avec quantité de données statistiques utiles ; c’est aussi dans ce premier chapitre qu’on trouve des généralisations hâtives, des jugements de valeur contestables et des clichés (« une mer » de bidonvilles entourant la ville). Le troisième chapitre est consacré aux responsabilités des États dans l’abandon des quartiers pauvres, dans le contrôle ou non de l’exode rural, tandis que le chapitre 4 fustige le rôle dévastateur des acteurs internationaux que sont tant la Banque mondiale que les grandes ONG, dont l’action bienpensante est ici vigoureusement dénoncée. Dans ces deux chapitres sont longuement traitées la vulnérabilité des locataires et les conditions d’exploitation des habitants (internes, par les pouvoirs publics…). Les pratiques d’expulsion et de violences à l’encontre des slums font l’objet du chapitre 5, dans lequel sont également abordés les motivations et les conséquences d’opérations d’aménagement (éviction pour la tenue des Jeux olympiques par exemple) ; en contrepoint sont évoqués les quartiers sécurisés fermés, ces off worlds qui s’isolent par crainte de la proximité avec les slums. Le chapitre 6 consacré à l’écologie du bidonville frappera sans doute beaucoup le lecteur par la crudité et le réalisme de ses descriptions : surexposition aux aléas naturels, mortalité infantile, évocation des pathologies urbaines, et bien sûr question du devenir des eaux usées et de l’accès aux toilettes, thème qui hante Mike Davis et qui donne lieu à des pages qui restent en mémoire. Le chapitre 7 revient sur les plans d’ajustement structurel et sur leurs conséquences sur les citadins pauvres. Enfin, le chapitre 8 s’attarde longuement sur le thème du secteur informel, tout en soulignant la nécessité de ne pas céder au mythe facile de la débrouillardise. Pour justifier cette position, des pages sont consacrées au travail des enfants. L’ouvrage se termine sur une vision très pessimiste, fondée sur une analyse de polémologie urbaine qui s’avère sans doute la moins convaincante du livre et la plus discutable (mise en parallèle du terrorisme urbain, de la pauvreté et des nouvelles stratégies militaires américaines). De Manille à Lagos en passant par Sao Paulo, Pékin, Nairobi et Bombay, l’auteur nous entraîne dans cette « catastrophe non naturelle » que constitue « l’écologie du bidonville » : conditions de vie sordides, surpeuplement, accès insuffisant à l’eau potable, niveaux incroyables de mortalité infantile, insécurité généralisée… M. Davis n’hésite pas à écrire que « huit générations après Engels, la merde continue à envelopper de façon abominable la vie des urbains pauvres comme (…) une matérialisation symbolique de leur condition sociale (et) de leur place dans la société ». Mais l’ouvrage ne se contente pas de cette description apocalyptique. M. Davis propose de voir dans la pauvreté urbaine non pas « l’abandon d’une humanité en trop », mais au contraire l’émergence d’un sous-prolétariat mondial créé par la richesse des centres urbains et par les politiques d’ajustement structurels des organisations internationales des pays du Nord, Fonds monétaire international et Banque mondiale en tête. Ainsi, les « cellules fortifiées de la société d’abondance » relèguent et utilisent à la fois cette main-d’œuvre urbaine corvéable à merci. Avec un titre qui n’est en rien une exagération de chalandage et un ton qui, nécessairement, eu égard à l’insoutenable réalité qu’il décrit, relève du pamphlet, l’ouvrage de Mike Davis amène le lecteur à passer, au fil des pages, par la plupart des phases psychologiques du mourant… L’Etat de choc est-il dû à la densité, à la concentration des données, à l’abondance des exemples ? La négation, le refus d’en savoir davantage qui accable parfois le lecteur du fait que le monde entier est passé au crible ? Ou que des évidences, quoique souvent déjà connues, sont revisitées dans le détail, jusqu’au plus sordide ? La colère survient-elle suite à l’effroyable constat que les mécanismes, les logiques sociales, politiques et économiques analysées sont décidément aussi absurdes qu’implacables ?... En prenant les bidonvilles pour sujet, mais aussi comme prétexte, comme nœud de problématiques (urbanisme, politique du logement et des transports, politiques de désengagement de l’Etat, épidémiologie, inégalités de répartition des richesses, exploitation des pays non-industrialisés par les pays industrialisés, etc.), Mike Davis entend dresser un portrait de notre monde – un portrait non pas au vitriol, mais en tôles, en boues, en fèces, en ordures et en mauvaise foi. Dans les quatre premiers chapitres, l’auteur fait le point sur la croissance des villes, la disparition des campagnes ainsi que le développement exponentiel des bidonvilles (200 000 dans le monde) depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Il montre que l’urbanisation s’est découplée de l’industrialisation et de la croissance économique, et que, derechef, la ville n’est plus aujourd’hui nécessairement synonyme d’emplois pour une main d’œuvre rurale victime des programmes de développement libéraux des grandes organisations mondiales (et de leurs sous-traitants nongouvernementaux). Bien entendu, il n’oublie pas de souligner les échecs cuisants des soi-disant alternatives socialistes ainsi que les conséquences des politiques de ségrégation coloniales, parfois accentuées par les gouvernements autochtones. Opérant diverses distinctions entre les habitants de bidonvilles (locataires, squatteurs ou « propriétaires »), il explique avec acuité - et c’est là un point méconnu du problème - comment les classes moyennes, les élites administratives ou les Etats spéculent sur les misérables qui hantent les immenses torchis de banlieues, les utilisent en faveur de leurs calculs fonciers (pour changer le statut des terres, pour « préparer » un terrain, etc.), les ballottent d’un taudis à un autre au gré des fantaisies affairistes des rénovateurs urbanistes de centres-villes, les parquent dans des immeubles aux bétonnage desquels leur seule espérance de survie (l’économie informelle, l’artisanat, etc.) est rendue impossible ou encore, tout simplement, les exploitent en leur faisant payer - c’est un comble ! - des loyers exorbitants… Le chapitre cinq aborde les rapports entre les logiques sécuritaires et l’urbanisme et le sixième les problèmes posés aux habitants des bidonvilles : le manque d’espace, d’infrastructures de transport permettant de relier les bassins d’activité économique, le manque d’accès à l’eau potable, le manque d’hygiène, la pollution, la plus grande exposition aux catastrophes naturelles, l’installation des industries à risques dont aucune zone de moyenne bourgeoisie ne veut, les épidémies, etc. Et Monsieur Davis de mettre en exergue, à l’encontre de toutes les pudeurs journalistiques, les conséquences de cette situation non pas seulement sur la santé des gens, mais sur leur dignité quotidienne ; par exemple, le manque de lieux où s’isoler pour déféquer amène bien souvent les femmes à se retenir toute la journée (si ce n’est à ne pas manger) pour ne sortir se soulager que la nuit... Le dernier chapitre traite plus précisément des politiques économiques (les fameux plans d’ajustement structurel, qui ajustent les pauvres aux structures des riches) imposées au « tiers monde » ; la conclusion traite pour sa part des enjeux militaires que pose la généralisation des bidonvilles aux bien-pensants qui nous gouvernent. Les références sont impressionnantes, l’appareil de note instructif… C) Le lecteur curieux des questions sociales dans les villes du Sud trouvera dans ce livre une matière extrêmement dense, des réflexions pluridisciplinaires passionnantes (écologie urbaine, économie du foncier, rôle du politique à différentes échelles), des thèmes rarement abordés en géographie urbaine comme celui des accidents de la route ou des contraintes pesant sur tous les aspects de la vie intime, ainsi qu’une quantité impressionnante d’exemples très précis susceptibles de constituer une matière pour illustrer des cours. L’apport est donc à la fois intellectuel et très concret. Le pire des mondes possibles est en fait un ouvrage qui défend passionnément la cause des citadins pauvres, contrairement au présupposé que son titre français laisse entendre. C’est un livre frappant, par moment irritant par son ton excessif, mais dont la lecture s’avère très enrichissante. Même si de nombreux arguments prêtent à discussion et si des thèmes permettant de développer une approche plus optimiste ont été négligés (comme la vie quotidienne dans les slums, ses lieux de loisirs, ses réseaux de sociabilité…), On a bien du mal à reprocher quelque chose à ce livre, si ce n’est, peut-être, sa volonté d’en dire trop, un certain dogmatisme développementaliste et, enfin, comme souvent dans les œuvres critiques, un tendance à sous-estimer les capacités de résistance et l’ingéniosité des victimes, réduites à n’être que de la pulpe de statistique attendant passivement de passer d’une colonne de tableau Excel à une autre, les yeux pleins de larmes… Davis ne laisse jamais son lecteur indifférent. Comme toujours chez M. Davis, la réflexion est radicale, contestable, édifiante et stimulante
  • @enzocoursera
    9 years ago
    Note : Je m'excuse pour mon Français, le cours de Coursera est une occasion d'apprendre ! En arrivant à la fin de « Le Pire des mondes possibles: de l'explosion urbaine au bidonville global » nous réalisons quelque chose qui devrait être évident pour tout les citoyennes, du première, deuxième ou troisième monde, ayant assez heureux pour être en mesure d'accéder aux médias: dans le monde d'aujourd'hui, il y a beaucoup de populations pauvres vivant "empilés" dans de villes , vieux ou nouvelle, petites, moyennes ou géant, alors qu'une petite minorité un peu plus prospère, il va s’isoler progressivement dans leurs enclaves, « bunkers blancs », comme il l'a appelé Edward W. Soja ; et que la solution à ce gigantesque partition n'est plus dans les capacités de médiation de la vieux Polis, mais dans un bureaux fonctionnels et aseptique de l'Army War College américain! Scénario de catastrophe ? Sans doute, mais serait suffisante pour un touriste occidental d'ouvrir les yeux parmi les 30 km allant de l'aéroport de Mumbai au centre de la ville victorienne, ou s'arrêtent tout simplement dans une ville minière chinoise alors qu'il tentait de rejoindre les belles grottes bouddhiste de Yungang pour commencer à se rendre compte de la réalité. Mike Davis parle de cette situation dans son livre de façon rigoureuse, avec beaucoup de données et une lecture fortement engagée. L'urbanisation n'est évidemment pas un phénomène nouveau : la migration des campagnes vers la ville est un des phénomènes plus discutés dans l'histoire du monde occidental du XIXe et du XXe siècle : "Entre 1770 et 1850, Manchester (avec le voisin Salford) a été transformé en la première métropole et dans la première usine capitaliste entièrement industrielle «cheminée du monde », une agglomération régionale de 400 000 habitants, la deuxième en taille après Londres, à son tour pour devenir la plus grande ville dans l'histoire... Vers 1830 était déjà à Manchester environ 100 usines à vapeur, situés principalement le long des rivières Irwell et Irk, le centre de la ville était située près de la confluence. Alors que la majorité des usines employait environ 100 travailleurs, dans certains rares cas atteint 1 000..." Avec l’absence d'institutions civiques (la ville aura le statut de municipalité qu'en 1838) pour "la nouvelle bourgeoisie industrielle, il est relativement facile d'établir son contrôle sur la ville et sa population de commerçants, vendeurs, tisserands et fileurs indépendants. Nouvelles usines ferment, bien que pas spécialement regroupés autour du centre de la ville, le centre-ville a été transformé en maison de la classe ouvrière et l'autre composante essentielle du capitalisme industriel, ce que Marx et Engels appellerait « armée de réserve » de travailleurs temporaires ou des chômeurs". Les conséquences des décennies de laisser-faire aura bientôt son impact: « dans les années 1840, la moitié des enfants nés dans les régions les plus pauvres de Manchester est décédé avant l'âge de six ans, et la durée de vie moyenne était âgé de dix-sept ans. La pauvreté… a poussé des milliers de migrants pauvres vers les centres des villes industrielles, enclaves comme la « petite Irlande », où pourraient subir les pires conditions d'habitation de Manchester. »(E.W.Soja, Postmetropolis, 2000). Industrialisme continuer à croître en parallèle avec l'urbanisation; l’ usine sera l'élément de base de le nouvelle organisme urbain; en d'autres termes l'organisation de l'espace urbain sera déterminé par le système de la production industrielle et la relation capital-travail. Si nous oublions ce qui va se passer à partir du milieu du XIXe siècle jusqu'en 1945 (période dans lequel joue un rôle fondamental pour le monde occidental l'émigration vers des nouvelles terres d'occasion, comme rappelé Davis) arrivent au moment de l'engagement keynésien-fordien de l'après-guerre: grande échelle de production et consommation, urbanisation massive, « contrat social » entre grandes entreprises et le monde syndical et une intervention décisive de gouvernement à grande échelle dans l'économie pour stimuler la croissance et permettre l'extension de la protection sociale. Quelle est la raison de ce déplacement de personnes d'abandonner le champ et les zones géographiques les plus pauvres à se rapprocher des villes ? L'existence d'une réelle possibilité d'accéder, même avec des efforts et de sacrifices, a tous les avantages du développement: travail, sécurité sociale, accès aux services publics, logement, consommation, etc.. Attentes dans de nombreux aspects remplies pour presque une génération et entrent en crise dans les années 70. Dans les décennies du ' 50 et ' 60 commence l'urbanisation massive dans le tiers-monde ; mais ici la dynamique est différente et il n'est pas facile d'identifier un seul point en commun (fin de la politique coloniale, les nouveaux États-nations, etc..). De nombreux espoirs et attentes également déplacent des millions d'africains, asiatiques et latino-américains : espoir favorisée, comme le rappelle Davis, par des leaders tels que Nasser, Nehru, Sukarno, Nyerere, qui, dans une part et d'autre du rideau de fer, sur les piliers mêmes d'engagement keynésienne, y compris dans une politique du logement basée sur une forte intervention de l'État. Et c'est là où finissent les espoirs (promesses et volé des rêves p.88): les politiques de logement social finissent par favoriser exclusivement les élites politiques et militaires et les classes moyennes laissant exclus les masses, que commencé à « écraser » les périphéries urbaines. « Inondation », comme l’appele Davis, ou « débordement populaire » selon Matos Mar, qui c’est définitivement consolidé dans les années 1970 avec la démission définitive de les réformes structurelle de l'État, conformément au modèle de la social-démocratie européenne après la guerre, avec l'explosion du problème de la dette, la crise de l'énergie, le prix de les matières premières et les politiques de l’ FMI et de les PAS. Laissant un sujet controversée (la rare "convergence" des idées de John Turner et les politiques de la Banque mondiale), nous sommes arrivés à un thème central : le résultat final du processus à ce moment-là a été une énorme augmentation de l'urbanisation dans le tiers monde, urbanisation sans progrès technologique et changement des relations production-travail, sans industrialisation, sans emploi et sans croissance économique. Comment survivre les gens dans ce scénario ? Avec l'informalité de l'habitat et de l'économie. Avant de l'abdication de l'Etat, les gens développent leurs propres formes d'urbanisation et de construction. Sans des politiques de l'emploi et de travail, les gens regardent travail précaire, généraliste, occasionnel, sans aucune forme de protection ou de sécurité. Une fragmentation du travail et de l'inévitable darwinisme, qui également empêche l'apparition d'une conscience de classe. Si on comprend l'intérêt dans ces formes d'auto-organisation d'en bas, (aujourd'hui plus que jamais, puisque le modèle de développement de l'ouest est en train de mourir si ce n'est définitivement terminé) Davis est très critique avec une vision romantique du squatting et l'économie informelle. Il n'est pas par hasard que la Banque mondiale a appuyé le nouveau paradigme de la disparition de l'État et de la capacité extraordinaire des pauvres et ce « savoir-faire » . Les partisans du libéralisme pur et dur comme Hernando de Soto considèrent ces formes d'organisation comme la meilleure stratégie pour vaincre la pauvreté ; des milliers de travailleurs dans le secteur informel sont des entrepreneurs potentiels qui se voient refuser l'accès au crédit. D'après Hernando de Soto avec la légalisation des entreprises informelles et des logements illégaux (la capitale morte) les pauvres aurait un bien économique qui permettrait l'accès aux prêts bancaires et ainsi miraculeusement sortir de l'insécurité. Davis apporte sa critique à les simplifications De Soto ; selon Edésio Fernandes "la reconnaissance des droits du régime foncier urbain doivent prendre place dans un cadre de planification de la ville et de l'utilisation du sol et non comme une politique isolée, pour éviter des distorsions sur le marché des terres conduisant à l'expulsion des occupants traditionnels, plus large et intégrée".... Plutôt que de s’interroger sur la nature du système juridique qui génère l’illégalité urbaine, plusieurs pays ont proposé la légalisation totale et inconditionnelle de titres de propriété aux citadins de certains quartiers informels tels que "radicale" méthode pour transformer les économies urbaines. ». Je termine en rappelant ma ville, Naples, la grande ville du XIXe siècle sans développement industriel « meilleur exemple de ce qui est un secteur informel urbain » selon Davis: ville échappe au modèle classique illustré à Manchester et beaucoup plus proche du tiers monde actuel. « Actuellement, il y a des centaines, voire des milliers, des villes comme Naples », se souvient Davis.
  • @vincentherve74
    10 years ago
    L'ouvrage "le pire des mondes possibles" de Mike Davis est un livre plus connu sous son nom anglais "planet of slums". La traduction n'est pas littéral mais marque la volonté de l'auteur d'attirer le lecteur par un titre "choc". Ce livre est un ouvrage référence dans le processus de prise en compte global de la misère dans laquelle vivent nombre d'urbains. Cet ouvrage a eu comme atout de mettre la lumière sur le rapport "The challenge of Slums" publié par ONU habitat, dont, selon Mike Davies, la publicité n'était pas à la hauteur de l'enjeu. L'ouvrage propose une réflexion au lecteur sur les bidonvilles, marque des disfonctionnement de la ville moderne. Ce thème est un biais pour mettre en avant la pauvreté des villes, l'importance de la population concernée et les drames que cela engendre. Comme Villes Africaines, l'auteur utilise comme cas d'étude les Villes de Lagos, Nairobi, Le Caire, Hararé. Son approche est d'établir un constat avec des tournures littéraires et un vocabulaire ayant pour finalité de toucher l'émotion du lecteur. L'intérêt de cette fiche de lecture est de pouvoir avoir un analyse critique de cet ouvrage en parallèle du MOOC de l'EPFL (Ecole polytechnique fédérale de Lausanne) sur la planification des Villes africaines. Cela va permettre de voir, avec 8 années de reculs, à quel point la vision de l'auteur est adapté au contexte des Villes Africaines. En effet, au delà du constat alarmiste, l'auteur pointe les enjeux de l'économie globale, mondialisée et la place des pauvres dans ce système qui facilite peut être l'émergence de cette pauvreté. Pour reprendre la vie de l'auteur, Mike Davies est un auteur américain qui s'est durant ses études intéressés au Marxisme, ce qui lui a permis d'aborder avec un œil d'économiste la lutte des classes ouvrière à Los Angeles et les problèmes fonciers résultant, la militarisation de la vie sociale et le développement des bidonvilles. Mike Davies a donc une approche "engagée" et aime a se confronter à des sujets polémiques. Comme spécialiste de l'urbain, ses domaines de prédilection sont la ségrégation spatiale et du droit à la Ville. "Pour mortels et dangereux qu'ils soient, les bidonvilles ont devant eux un avenir resplendissant" (p 156). Cette phrase résume bien le style de l'ouvrage entre alarmisme et ironie. Cette fiche de lecture ne va chercher à remettre en cause les données factuelles indiquées par Mike Davis de croissance des bidonvilles. La limite de cet ouvrage est, selon la presse, la généralisation du "système bidonville" dans une thématique où les cas de figures sont aussi nombreux qu'il y a de Villes. En effet, le vocabulaire aujourd'hui utilisé par les urbanistes permet de préciser la notion de bidonvilles avec tout un panel allant de l'habitat informel, indigne, précaire, illégal... Derrière se vocabulaire se cache une diversité de réalités en matière de sécurité foncière, d'immobilier ou encore d'économie. Le diagnostic "global" des bidonvilles est donc limité par la diversité des études de cas. Ainsi, l'enjeu de la lecture de cet ouvrage est d'adapter les constats, les enjeux aux spécificités de Villes non incluses dans les exemples de Mike Davies. " Les locataires invisibles" p 45. Cette partie est particulièrement intéressante pour la problématique des Villes Africaines. Elle pointe l'importance du système locatif dans un bidonville qui n'est au final pas seulement un grand squat. Dans les bidonvilles, une réelle économie immobilière existe, avec un marché de l'immobilier souvent "tendu" avec des loyers élevés. Les populations pauvres ne pouvant intégrer le marché formel, n'ont d'autre solution que ce marché informel. La dépendance face au propriétaire, les menaces d'exclusion, l'insécurité foncière est la cause première des drames dans les quartiers informels. Comme indiqué dans l'ouvrage, plusieurs situations coexistent à savoir le terrain peut appartenir à un propriétaire, il peut être "piraté" par une personne qui se l'approprie et l'habitat peut se développer sur des terrains communaux que la municipalité, par manque de moyens, ne peut défendre. Nous sommes dans le cas ici des "marchands de sommeil" qui sont, encore aujourd'hui des acteurs importants des Bidonvilles. En Afrique, à cela s'ajoutent "des patchworks complexes de réseaux familiaux, de systèmes d'usufruit et de relations de locations". Par exemple, un village périphérique de Nairobi, Korogocho, comprends plusieurs villages avec des modes de logements et de locations différents. Un village, le plus indigne, regroupe, dans des logements en cartons, des familles de mères célibataires expulsées du bidonville du centre ville. A côté, un autre village a été construit dans un but purement spéculatif. Un autre village avoisinant regroupe des lotissements. Ce cas montre à la fois la diversité des systèmes locatifs mais indique aussi que le marché de l'achat-location est aussi un moyen utilisé par les pauvres pour s'enrichir, les leviers pouvant être importants. La diversité des situations et l'enchevêtrement des situations complexifient de fait l'action publique sur l'habitat. Les profits tirés des bidonvilles sont importants et malgré l'étalement, le marché de logement reste souvent tendu et inflationniste. Dans la partie "les profits de la pauvreté" p. 87, Mike Davies prend l'exemple du Caire, où l'agglomération a doublé sa superficie en 5 ans, s'étendant même jusqu'au désert. La tension immobilière reste forte car les pauvres, nombreux, n'ont pas les moyens d'habiter les nouveaux logements. Ces nouveaux logements sont achetés à des fins de placements financiers par des Egyptiens travaillant au Moyen Orient, ils restent vides... La construction est, dans ce cas, une solution inadaptée pour diminuer la spéculation foncière. La société n'a pas développée les outils pour accompagner les foyers pauvres vers des logements en locatifs ou en accession. Ainsi, voici un facteur qui renchérit la complexité du foncier des Villes Africaines. Ces cas montrent que les investisseurs intègrent rapidement les profits à faire sur un marché. Ils sont très réactifs et, comme à Lagos, trouve un produit adapté à leur capacité d'investissement, accessibles pour des pauvres et réactif en cas de modification de la politique foncières. Ainsi, les produits logements peuvent être simplement la location d'une parcelle, d'un habitat mou (bois, cartons, tôles) ou d'un habitat en dur lorsque la sécurité foncière est importante pour le propriétaire comme par exemple à Lagos ou les pouvoirs publics sont faibles. Le système peut être bloqué du fait de la plus faible rentabilité d'un lotissement en dur face à des cartons empilés. Ces situations montrent que les pauvres sont au final des produits financiers et sont de surcroit criminalisés ("criminaliser le bidonville" p104) par la société. Ils sont tenus pour responsable dans la mauvaise image que leur quartier renvoie vers l'extérieur. C'est un point important de l'ouvrage de Mike Davies, il place les pauvres comme produits des ségrégations sociales et territoriales. Ceux ci ne peuvent être incriminés comme ils le sont aujourd'hui dans bien des villes. Au Zimbabwe, suite aux élections de 2005, le président Mugabe, non satisfait des résultats, a mené une campagne d'éradication des marchés des rues et des bidonvilles, qui sont les plaies de "sa" société. La stratégie choisie a été l'éradication manu militari des "déchets". Les pauvres ont été pillés et expulsés. A Hararé, 700 000 résidents ont été expulsés pour préparer la visite de la reine Elizabeth II. Le drame social a été immense par la non-considération du tissu social. Ces 700 000 personnes devront se reloger et ainsi simplement déplacer le problème des bidonvilles sur le territoire, avec de plus des conséquences sociales graves. L'atout premier de cet ouvrage de Mike Davies est la mise en avant de problématiques urbaines et la possibilité de pouvoir donner un vocabulaire aux bidonvilles. "Planet of Slums" a donné une importance à l'enjeu et aux politiques des organisations internationales. Celles-ci ont aujourd'hui comme doctrine la relocalisation in situ des populations dans des quartiers réaménagés et restructurés. Toute politique de déplacement est un sujet hautement sensible quand à l'attribution de fonds. Cet ouvrage est une référence pour la gestion des bidonvilles. Le rôle des spécialistes est d'utiliser les références de ce livre pour analyser et comprendre leur territoire, sachant qu'aucune situation n'est semblable. Vincent Hervé
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