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Development and Dreams: The Urban Legacy of the 2010 Football World Cup

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www.hsrcpress.ac.za HSRC Press, Cape Town, 8000, South Africa, (2009)

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  • @yanns
    9 years ago
    L’organisation de grands événements sportifs tels que la Coupe du Monde de Football et les Jeux Olympiques représente aujourd’hui une conquête de tous les espoirs pour de nombreuses villes et pays. Cette opportunité est convoitée comme s’il s’agissait du remède à tous les maux dont la ville souffre. La promesse d’une extraordinaire couverture médiatique ou l’accès à de nouvelles sources de financement sont autant d’arguments employés afin de miroiter un héritage considérable pour le pays et les villes hôtes. L’Afrique du Sud a hébergé la Coupe du Monde de Football en 2010 et s’est vu touché, dès sa nomination, par tourbillon de grandes expectations. « Development and Dreams : The Urban Legacy of the 2010 Football World Cup » traite de cette période aussi excitante qu’incertaine et nous donne quelques réponses sur cette dynamique complexe. Ce livre est le fruit d’une étude urbaine dirigée par le Human Sciences Research Council (HSRC), en collaboration avec des institutions nationales, régionales et internationales. Initiée en 2005, cette recherche tente d’éclairer les débats sur l’impact et l’héritage de l’événement sportif sur le développement urbain en Afrique du Sud. Cette étude de cas permet d’apprécier dans quelle mesure l’organisation de tels « méga-événements » offre de réels bénéfices au pays hôte, en tentant de transcender l’image ostentatoire promue par les organisateurs et en cherchant à aborder une large palette thématique. Les auteurs, Udesh Pillay, docteur en géographie urbaine et économique et directeur adjoint du HSRC ; Richard Tomlinson, directeur de l’unité de planification urbaine de la faculté d’architecture de l’université de Melbourne ; et Orli Bass, chercheuse pour le Centre for Critical Research on Race and Identity de l’université de KwaZulu-Natal à Durban ont dirigé la recherche et édité le livre. Celui-ci se présente sous la forme d’une collection d’articles scientifiques ayant trait à l’urbain sous l’égide de grands événements, non seulement en tant que catalyseur de transformation spatiale et formelle mais également comme moteur de développement social et économique. Les articles sont regroupés en trois grands chapitres : l’organisation (c.à.d. la préparation) de l’évènement, une analyse de l’impact en matière de développement (urbain, social, touristique, réduction de la pauvreté) ainsi qu’un débat sur l’héritage potentiel (ou promis) pour l’Afrique. L’approche sous-jacente développée par les auteurs consiste à catégoriser l’héritage de la Coupe du Monde selon sa nature, d’une part tangible (développement du réseau d’infrastructure sportive, de transport et de communication, comblement de lacunes en matière d’habitat, création d’emploi), et d’autre part intangible (meilleure image du pays et des villes, renforcement de la cohésion nationale, lutte contre « l’Afro-pessimisme »). Dans le cadre de cette note de lecture, nous nous concentrerons plutôt sur l’héritage tangible, sans perdre de vue la complexité du contexte dans lequel les interventions urbaines ont eues lieu. En matière d’héritage tangible, il est évident que l’une des perspectives les plus alléchantes est l’impact économique. Quelques données chiffrées peuvent aider à mieux comprendre les paramètres de l’équation : le budget pour la construction et la rénovation des stades et des infrastructures sportives s’est chiffré à 1,35 milliard de dollars, alors qu’il était estimé à 105 millions en 2004 lors de la candidature. Ces montants sont à la charge exclusive du gouvernement, alors que pour la Coupe du Monde de Football tenue en Allemagne en 2006, plus du 60% des coûts de constructions ont été pris en charge par les clubs et autres institutions privées. Quant aux bénéfices projetés pour l’économie Sud-Africaine, les auteurs mentionnent un bénéfice net de 3,9 milliards de dollars avancé par l’organisation privée chargée de la partie économique du dossier de candidature. Ces chiffres n’ont pas pu être vérifiés mais l’analyse de la littérature faite par Stan du Plessis and Wolfgang Maennig dans le chapitre 4 montre bien que seuls les projections tendent à être positives, les rapports postérieurs à l’événement n’ont que très rarement de réels bénéfices à mentionner. Reste à savoir si les lourds investissements ont eu ou pas l’impact escompté à long terme. Bien sûr, cette recherche ne saurait en donner la réponse par manque de recul, toutefois elle permet d’apprécier certains points importants. L’un des défis majeurs est de garantir une utilisation durable des nouvelles installations sportives et infrastructures. Or, trois des dix stades construits ou rénové sont voué à une dégradation rapide, car leur coût de maintenance est bien trop élevé et ils n’offrent de siège à aucun club de football, de cricket ou de rugby. Un autre domaine que les auteurs questionnent est de savoir dans quelle mesure l’événement contribue-t-il à une réduction de la pauvreté, notamment l’amélioration des conditions de vie des populations les plus pauvres. Sur ce point, Pillay and Bass se basent sur l’analyse des processus de planification de l’événement (les structures de gouvernance, les impératifs de la FIFA, les stratégies nationales) couplés aux principes de planification urbaine (notamment le fait de lier les projets et plans d’aménagement existant aux cadre d’action de la Coupe du Monde). Ils constatent qu’aucun des principes promulgués par la stratégie événementielle Sud-Africaine n’a été matérialisé, et que les projets de développement urbain dans les zones périphériques n’ont été que très limités. D’autres facteurs viennent noircir le tableau, notons ici l’inflation foncière de certains quartiers populaires qui forcent les habitants à s’éloigner du centre, ou encore la construction de nouveaux logements de qualité, hors de portée de la population dans le besoin. La création d’emploi ou l’augmentation du tourisme ne sont reconnu qu’en tant que bénéfices passagers sans aucun effet durable sur l’économie du pays. Il aurait été désirable, selon les auteurs, de chercher un large consensus capable d’allier les projections de croissance économique avec des valeurs d’équité. Le manque de représentation des populations pauvres dans les processus de prise de décisions, l’absence de débat public et la priorité clairement donnée aux impératifs de la FIFA et du gouvernement ont été autant occasions manquées de s’approprier l’événement pour le bien de tous. La légendaire notion d’héritage devrait donc être remise en question dans le cadre d’un débat public et doit faire l’objet d’avantage de recherches scientifiques. Le manque de transparence tout au long du processus de préparation a sensiblement entravé les recherches et rend l’analyse de l’impact difficile à évaluer. De plus, il démontre la suprématie des organisateurs (la Fédération Internationale de Football Association (FIFA), les Comité Local d’Organisation et les organes gouvernementaux et municipaux) face aux défis complexes et variés que la tenue de l’événement suppose. L’alliance « sport-média-économie » est présentée par les auteurs comme la structure infaillible de la FIFA pour générer de colossaux bénéfices grâces à la vente de droit de diffusions de télévision, de marketing, d’hébergement et vente de billets, ou autres droits de licences. Ces projections de gains sont partagées avec l’élite que composent les comités d’organisation, le gouvernement et les acteurs internationaux. Nous avons vu que la tenue d’un tel événement est autant prometteuse de bénéfices pour les villes hôtes qu’elle est opaque quant à ses retombées effectives. Bien que l’intention des auteurs soit de peindre une image plus réaliste que la brillante promotion diffusée par les médias, cet ouvrage ne fournit pas les outils nécessaires à une critique objective et argumentée. Difficile de savoir si ce déficit trahit une impartialité du groupe de recherche (liens trop marqués entre le groupe et le comité d’organisation), ou s’il n’est dû qu’au manque de recul chronologique. Il paraît bien ingénu de prétendre à une analyse critique de l’impact d’un événement sur le développement d’une ville avant même que l’événement ait eu lieu. Il convient donc de considérer l’ouvrage davantage comme une recherche pluridisciplinaire sur les enjeux et défis auxquels les villes ont dû faire face dans cette phase préparatoire de l’événement. Cette recherche met clairement en évidence le climat d’euphorie dans lequel l’Afrique du Sud était plongée à la veille de l’événement. Toutes les villes ayant un tel défi à relever se retrouve dans une situation similaire, avec la particularité que l’Afrique du Sud compte parmi les pays émergents et est donc dans une situation de départ bien différente d’une ville d’Europe ou d’Amérique du Nord. Pour une vision critique plus étayée de la question des grands événements et de l’héritage urbain, il conviendrait de mettre en parallèle ce livre avec d’autres publications. Il existe par exemple un rapport du HSRC datant de 2010 sur l’héritage de la Coupe du Monde en Afrique du Sud. Notons également la publication d’articles tels que Cottle 2010 (évaluation préliminaire de l’impact de la Coupe du Monde FIFA 2010 sur l’Afrique du Sud), ou encore Newton 2009, dans son analyse de l’embellissement de la N2 à la ville du Cap. Ces articles, ainsi que la littérature récente sur le sujet, devraient faire l’objet davantage d’études systématiques afin de mettre en évidence, et ce au niveau mondial, l’évidente disparité entre le discours excessivement optimiste promu par les groupes d’élites et la réalité des conséquences vécues par les couches les plus touchées de la population. Enfin, il serait intéressant d’inclure dans les dossiers de candidatures une série de principes d’inclusion sociale, de pérennité des interventions urbaines sur le moyen et le long terme doublé de mécanismes de rendement de compte. Cela dit, les récents retraits des candidatures de Stockholm, Cracovie, Lviv et Olso à l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver de 2022, seraient-ils des précurseurs d’une nouvelle aire pour les grands événements ? Saurons-nous mieux mesurer les conséquences réelles et de dépasser le marketing féroce ? La FIFA a dû faire face à de sérieuses accusations de corruption dans la nomination de Qatar pour la Coupe du Monde de football 2022.
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