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City limits: urbanisation and vulnerability in Sudan, Khartoum case study

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(2011)

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  • @maximea

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  • @maximea
    9 years ago
    [1. Contexte] Cet ouvrage, réalisé par la division Human Policy Group (HPG) de l’institut indépendant Overseas Development Institute (ODS), sur commande du gouvernement britannique, a pour but de présenter les causes de l’urbanisation de Khartoum et ses conséquences sur la qualité de vie des populations locales, afin de proposer des recommandations aux décideurs politiques dans le but d’une action de la communauté internationale pour améliorer la situation dans la capitale Soudanaise. On peut supposer que l’intérêt du gouvernement britannique pour le Soudan découle de l’histoire de l’empire britannique. En effet avant son indépendance en 1956, l’actuel Soudan, qui avait déjà Khartoum comme capitale, n’était autre qu’un condominium Anglo-Egyptien. [2. Constat] Khartoum est caractérisé par une part une importante de la population vivant dans des camps de réfugiés ou des quartiers d’habitat précaires, eux mêmes définis par des conditions de vie difficile, une quasi absence d’infrastructure de services urbains et une insécurité foncière importante. La population pauvre de Khartoum représente 60% de la population totale de la ville. [3. Causes de l’urbanisation et conséquences pour la population] [3.1) Histoire] Depuis sa création en 1821 comme avant poste de l’armée Egyptienne, jusqu’à son accession au statut de capitale du condominium Anglo-Egyptien en 1899, les différentes autorités en charge de Khartoum développèrent la ville selon une logique ségrégative et coloniale, divisant la ville en trois types de parcelles, chacune réservée à un type de population (élites, classes moyennes, populations pauvres). De par son développement économique et les possibilités qu’elle offrait en terme d’éducation, Khartoum attira les populations rurales du Soudan durant toute la première moitié du vingtième siècle. Ces nouvelles populations se répartirent dans la mesure du possible selon la logique ségrégative utilisée à ce moment ou sinon commencèrent à coloniser les terrains vierges, créant ainsi des bidonvilles dans les interstices ou aux périphéries. Si Khartoum a continué d’être le lieu de destination des populations rurales durant la seconde moitié du vingtième siècle, c’est pour des raisons bien plus tragiques. Depuis son indépendance en 1953, le Soudan a été le théâtre de nombreux conflits (guerres civiles) et catastrophes naturelles (famines) forçant les populations rurales du Soudan à se déplacer pour trouver refuge à Khartoum. A cela on peut ajouter l’exode, découlant de conflits dans les pays limitrophes au Soudan (guerre civile d’Erythrée) de nombreux Ethiopiens, Erythréens et Somaliens vers Khartoum durant les années 1960-1970. Les autorités créèrent des camps pour accueillir ces populations, mais nombre de ces nouveaux immigrés choisirent de se loger dans les bidonvilles et quartiers informels. [3.2) Manque de suivi des autorités et politiques défaillantes] La situation actuelle peut aussi s’expliquer par le manque de suivi des autorités dans la planification de la capitale Soudanaise. De tous les plans stratégiques nationaux réalisés durant le vingtième siècle, aucun ne prit en compte la question de l’urbanisation. De tous les plans directeurs commandés à des organismes privés après l’indépendance, aucun ne fut mis en œuvre par les autorités. Les raisons d’une absence de mise en œuvre des plans directeurs peuvent être par exemple l’insuffisance de ressources financières de la part de la ville, la corruption ou encore un MOU pas assez explicite. Le premier plan directeur de Khartoum ne fut mis en oeuvre qu’en 2007 et peut se résumer à une gouvernance chaotique et une absence de coordination entre les différents acteurs impliqués. Comme nous l’avons vu, les immigrés ayant rejoint Khartoum à cause des conflits sévissant sur leurs terres d’origine représentent une part importante de la population et les lois régissant leurs droits peuvent être tenues comme partiellement responsables du chaos régnant à Khartoum. Bien qu’ayant la nationalité Soudanaise ces immigrés ne peuvent pas bénéficier de papiers d’identité officiels, et par conséquent sont dans l’incapacité d’occuper un emploi légal. Ils voient paradoxalement les postes d’ouvriers non qualifiés pris d’assaut par les immigrés étrangers, pour qui le gouvernement central a autorisé le travail. Faute d’adopter une vision stratégique et planificatrice, les autorités ont entrepris des actions « à l’aveugle » de réaménagement des quartiers d’habitat précaires et des camps d’immigrés afin d’attribuer des titres fonciers aux populations. Cependant, du à l’absence de stratégie et de registre (l’allocation du terrain est basé sur une date d’arrivé à Khartoum), les autorités ne garantissent pas l’attribution systématique de terrain une fois les baraquements démolis lors de l’opération de réaménagement. Il est donc souvent arrivé que des familles aient leur habitation détruite sans pour autant devenir propriétaire de la parcelle. Dans ce cas ils doivent déménager vers d’autres quartiers d’habitat précaire. C’est un cercle vicieux qui est directement une conséquence du manque de planification, elle même causée par des politiques publiques défaillantes. Concernant le développement d’infrastructures de services urbains, on constate d’importantes lacunes. Certains quartiers d’habitat précaires ne sont toujours pas équipés en station d’épuration des eaux, contraignant les populations à acheter l’eau à des vendeurs d’eau en barils. L’achat d’eau représente 40% des dépenses journalières des ménages. En ce qui concerne les eaux usées, seulement 28% de la population de Khartoum est raccordée aux installations de traitement. Le gouvernement de local prévoit l’expansion des réseaux d’eaux usées à certains quartiers, mais en aucun cas n’y incluent les quartiers d’habitat précaire. Ici encore la planification de développement des réseaux urbains laisse à désirer. L’organisation de la collecte des déchets a aussi été débordée par l’urbanisation fulgurante de la capitale soudanaise. Sans parler de la collecte, on ne trouve même pas de poubelle dans les quartiers les plus pauvres de Khartoum, qui ont là encore été oubliés du plan de gestion des déchets développé par le gouvernement local en 2002. [4. Conclusion] Comme nous l’avons vu le pattern d’urbanisation date de l’époque coloniale. Rien n’a été fait par les autorités pour changer ce mode d’urbanisation. De plus, a cause de nombreux conflits au Soudan et dans les pays limitrophes, Khartoum a hérité de nombreux immigrants fuyant la guerre sur leurs terres d’origine. Parce que rien n’a été mis a disposition de ces immigrants, ces derniers se sont massés alors dans des camps sans infrastructures leur étant destinés ou ont choisi de rejoindre les quartiers informels d’habitat précaire. Les autorités continuent de planifier la ville sans prendre en compte ces quartiers, sans adopter de vision long terme ou plan stratégique et sans suivre un model de gouvernance bien établi. Bien que la colonisation soit une des causes de la situation actuelle, le manque de réactivité des autorités a changer le système (car occupées a faire face a la guerre civile), y est également pour beaucoup. Par exemple l’environnement n’est jamais pris e compte lors des opérations d’aménagement. Ceci illustre un manque de planification à l’échelle locale mais également à l’échelle nationale et le manque de coopération entre les différents échelons. La prise en compte de l’environnement se doit d’être chapeautée par des politiques nationales, des agendas 21, ainsi que des directives locales. On peut se douter que rien de cela n’a été fait dans le cadre de Khartoum. On peut par cet ouvrage également comprendre l’effet domino qui sévit lors de l’absence de planification. Par exemple si le plan local des déchets n’inclut pas les quartiers les plus pauvres, c’est parce que ceux la ne sont pas équipés de routes goudronnées. La mauvaise planification sur une infrastructure en amont (route) provoque ainsi l’impossibilité de planifier le développement d’infrastructures en aval. Le manque de planification a également bénéficié au développement de l’informel. C’est par ce biais que les populations les plus pauvres survivent, en consultant la « native administration » en bénéficiant d’aides des ONG qui s’appuient sur des réseaux informels ou encore via ceux ci directement (vente de produits périmés, réseaux religieux, réception d’argent par les membres de la famille ayant fui Khartoum pour des pays plus prospères). Le réseau informel est responsable de minimum 45% des emplois à Khartoum et n’est pas contrôlé par les autorités. C’est ainsi un cercle vicieux qui pénalise les autorités comme l’informel. Du a ces nouveaux patterns d’urbanisation (quartier informels souvent densément peuplés) de nouvelles pratiques sociales (monogamie, divorce, préférence pour la médecine occidentale) apparaissent, transformant ainsi en profondeur la société soudanaise. Plus généralement il a été montré que l’urbanisation a été responsable de changement sociétaux en Afrique (Epstein , Gugler , Little ). Cet ouvrage montre parfaitement que l’absence de planification peut être tenue comme responsable des mutations opérant dans une société. Les populations ne sont absolument pas impliquées dans le design et développement des nouveaux plans d’urbanisme. En d’autres termes, elles ne sont pas impliquées dans la gouvernance. Pour Friedman , ne pas inclure les populations locales dans la gouvernance urbaine est une erreur couteuse [Bibliography] L. Epstein, Urbanization and Social Change in Africa, Current Anthropology Vol. 8, No. 4 (Oct., 1967), pp. 275-295 Gugler, J., (1978) Urbanization and Social Change in West Africa, Cambridge University Press Little, K., (1965), West African Urbanization: A Study of Voluntary Associations in Social Change, Cambridge University Press Friedmann, J. (2012) The Planning Review The Governance of City-Regions in East and Southeast Asia, (December 2014), 37–41
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