La décentralisation politique qui a lieu au Sahel depuis quelques années a engendré une prise de responsabilité de la part des différentes communes de cette région d’Afrique. Les administrations locales peuvent s’appuyer sur le plan de développement communal comme outil d’élaboration et de gestion de la planification. Ce plan est conçu par les acteurs locaux, doublés des bénéficiaires, afin d’améliorer les conditions de vie des communautés. Le plan de développement communal (PDC) doit également inclure un suivi et une évaluation qui permettent par la suite de tirer les forces et faiblesses de chaque projet pour en assurer la pérennité et l’éventuel renouvellement. Au Sahel, les communes possèdent généralement une large superficie ainsi qu’une population importante. Les PDC ont donc souvent un coût financier important, nécessitant l’aide de différents partenaires bilatéraux (allemande, hollandaise, francaise, suisse, italienne, etc.) ou multilatéraux (Banque Mondiale, UNICEF). De 2007 à 2010, la commune de Téra au Niger a établi un plan de développement local de première génération. La collaboration italo-nigérienne, avec la province de Turin, le Politecnico di Torino, la ville de de Chieri et la région Piémont d’une part et l’administration locale d’autre part, avait pour objectif de définir la méthode d’évaluation de ce plan. Dans ce cadre, cet ouvrage traite tout d’abord des plans de développement communal de différents pays saheliens (notamment au Burkina Faso, au Mali, en Mauritanie, au Niger et au Sénégal) dans les grandes lignes pour en exprimer le contexte, la situation actuelle, et déterminer l’utilisation de cet outil. Par la suite, ce livre dépeint les étapes qui ont précédé et suivi le PDC dans la commune de Téra et analyse les résultats obtenus et les impacts réalisés. Maurizio Tiepolo, l’auteur de ce livre et qui a participé à l’évaluation de l’utilisation du PDC, travaille au Politecnico di Torino en tant que professeur associé en « Planification urbaine et régionale » et également en tant que responsable du Centre « Città del Terzo Mondo » et du Mastère international « Plans et Projets ». Moumouni Wankoye, ancien maire de la ville de Téra, a participé à l’élaboration de ce livre, notamment à l’écriture du chapitre 3 décrivant la commune de Téra et son plan de développement. Nous parlerons dans un premier temps comment l’auteur décrit et aborde le sujet. Dans un second temps, nous verrons l’importance, soutenue par Maurizio Tiepolo, du suivi et de l’évaluation. Finalement, nous débattrons le choix de la personne qui a réalisé l’evaluation. En premier lieu, Maurizio Tiepolo aborde la composition générale du plan de développement communal. Il définit le contenu (avec ses trois principales composantes : le diagnostic, les strategies et les actions, et la planification temporelle des actions), les différents acteurs sollicités (conseils communaux, agences nationales, fonds internatinaux, etc.), la méthodologie à appliquer et surtout, le suivi et l’évaluation de ce plan (nécessaire pour tirer des conclusions durables sur les projets). Tout au long de cette premiere partie et de manière très pertinente, l’auteur renvoie aux situations actuelles dans les pays du Sahel et les compare entre elles lorsque les procédés sont similaires ou va même les décrire au cas par cas lorsqu’ils diffèrent. Ceci permet au lecteur d’avoir une connaissance plus approfondie du contexte dans ces pays d’Afrique et une meilleure compréhension du plan et des défis à relever. Dans un second temps, Maurizio Tiepolo souligne particulièrement l’importance du suivi et de l’évaluation du plan de développement communal. « Ces activités évoluent ensemble car toutes les deux s’avèrent cruciales dans l’atteinte des objectifs du plan ». En effet, le suivi et l’évaluation essayent respectivement de produire et d’interpréter les résultats (les effets générés par les actions) pour agir sur les PDC futurs, pour peu que les lecons tirées soient prises en compte. Les forces et les faiblesses de cette première planification sont relevées de manière judicieuse. Le lecteur est alors en possession des ressources nécessaires pour estimer et comprendre l’impact et l’intérêt d’un tel plan dans ces pays du Sahel, mais il peut aussi se poser la question du rôle de cet outil de planification. D’après cette évaluation, un premier plan de développement « satisfaisant » comme celui-ci facilite et légitimise la mise en place d’un PDC de deuxième génération dans la commune de Téra. L’auteur parle ensuite des acteurs sollicités dans ces deux processus («L’évaluation du plan de développement local est confiée à la responsabilité du maire. […] Suite à l’affirmation de l’approche participée, les parties prenantes mêmes développent leur évaluation »). Après la description de la commune de Téra et de la mise en place du plan par l’ancien maire Moumouni Wankoye, Maurizio Tiepolo applique la méthode d’évaluation au plan de développement. Malheureusement, il ne mentionne pas s’il existe d’autres évaluations parallèles, dans quel cas la comparaison entre les rapports aurait été intéressante. D’autre part, nous ne sommes pas en mesure de savoir dans quelle mesure la collaboration italo-nigérienne a contribué à la conception du plan de développement (contrairement à la méthode de suivi et d’évaluation). Ceci aurait peut-être permis de comprendre les différents choix d’actions qui, sans être forcément surprenants, peuvent être non triviaux. De même, cela aurait pu également justifier si la conception, le suivi et l’évaluation du plan ont été fait dans un souci de continuité par les mêmes autorités, les mêmes personnes ou si cela s’est fait de manière segmentée. De plus, il aurait été intéressant, même si compliqué pour l’actuel plan, de recueillir les retours des habitants concernés par les actions de cette planification. Pour conclure, le travail de Maurizio Tiepolo, de Moumouni Wankoye et de la collaboration italo-nigérienne en général, a permis la mise en place d’une méthode de suivi et d’évaluation du plan de développement communal. Ceci légitime, ou non, les choix effectués lors de la conception de ce PDC pour mettre en valeur les efforts et la route a continué pour persévérer dans l’amélioration des conditions de vies des communautés. Par curiosité du lecteur, et sans jugement de valeurs, l’auteur aurait peut-être pu compléter cet ouvrage, car ce n’est pas un rapport à proprement parler, d’éventuelles pistes à suivre pour une amélioration des efforts ou en approfondissant la conclusion générale et la comparaison avec les plans locaux des régions voisines.