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La situation foncière en Afrique à l'horizon 2050

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(Januar 2012)

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  • @denis.cadoret

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  • @denis.cadoret
    vor 11 Jahren
    INTRODUCTION Cet ouvrage a été publié par la collection « A savoir » dans le cadre d’un projet de recherche de 2009 à 2012, porté par la Banque Africaine de Développement et l’Agence Française de Développement. Les auteurs ; Alain DURAND-LASSERVE (responsable scientifique au CNRS) et Etienne Le ROY (directeur du diplôme d’études approfondies en Études africaines de 1988 à 2005) faisaient partie du comité technique « foncier & développement » de ce projet qui a eu notamment pour but d’étudier les enjeux déterminants de la thématique foncière pour l’avenir des pays africains d’ici à 2050. Tout au long de ces 135 pages, les auteurs tentent d’apporter une vision des problématiques et enjeux liées au foncier en Afrique subsaharienne. Leur démarche, très intéressante, consiste, non pas à dire : « telle sera la situation en 2050 en Afrique » mais plutôt « voici les facteurs qui joueront un rôle dans l’évolution de la situation foncière ». Cette démarche aboutit à l’esquisse de différents scénarios qui ont surtout le mérite d’éclairer sur les conséquences possibles à long terme de nos choix d’aujourd’hui. Dans la suite de ce propos, j’interpréterai les messages présents dans cet ouvrage en analysant dans un premier temps la situation foncière à aujourd’hui en Afrique dépeinte par les auteurs. La deuxième partie me permettra enfin de présenter ce qu’il faut retenir des scénarios d’évolution proposés par les auteurs en apportant un regard critique sur ces différents scénarios. DEVELOPPEMENT A travers l’ensemble de l’ouvrage, les auteurs dressent un constat plutôt alarmant de la situation en Afrique aujourd’hui. Ils montrent que la situation actuelle est le résultat d’une évolution qui s’inscrit dans la durée et que cette évolution est entrée dans une phase d’accélération ces trois dernières décennies. Les facteurs décrivant cette évolution sont une forte croissance de la population, l’intégration à l’économie mondiale, une augmentation significative des surfaces mises en culture, la fragilisation des milieux naturels, une tendance à l’épuisement des sols et des ressources en eau et, enfin, l’extension des superficies occupées par les villes. L’effet conjugué de l’explosion démographique et l’intégration à l’économie mondiale a pour conséquence un accroissement de la demande de terres agricoles qui se traduit par une pression générale sur le foncier. Trois acteurs interviennent dans le cadre de cette pression : le premier est la paysannerie locale, exploitants traditionnels des terres qui, de par l’augmentation de son nombre, a des besoins en nourriture plus importants. Le deuxième type d’acteurs est l’investisseur national représentant l’ensemble des acteurs du pays qui ont fait un premier pas vers l’ouverture à l’économie mondiale et acquièrent des terres pour augmenter la quantité de matières premières produites. Le troisième type d’acteurs regroupe l’ensemble des investisseurs étrangers. Ces investisseurs étrangers ont trois types de motivations : assurer la sécurité alimentaire de leur population (Chine, Inde, Corée du Sud), avoir d’importants retours sur investissements liés à la hausse du prix (groupes financiers, fonds de pension) ou encore tout simplement exercer leur activité en baissant les coûts de production et de foncier (groupes agro-industriels mondiaux, commerçants). Pour comprendre les enjeux liés au foncier en Afrique, un point parmi d’autres est développé et me parait très intéressant, il s’agit de l’informel. Une forte dualité est soulignée par les auteurs entre l’économie dite « moderne » minoritaire en termes d’emplois mais majoritaire en termes de valeur ajoutée et l’économie « informelle » qui ne rentre dans aucun moule de comptes nationaux et de modèles macroéconomiques. Cette économie, numériquement majoritaire, permet de procurer des activités, des revenus, des biens et des services à un maximum de personnes mais avec un minimum de capital (93% des emplois seraient informels pour 42% du PNB dans 22 pays africains étudiés en 1999 par l’ONU). Ce phénomène est à mettre en relation avec le droit coutumier s’opposant aux règles imposées par les Etats. Ce droit correspond aux « propriétés » sur les terres accordées depuis des générations de fait à des familles ou villages sans justification au sens légal moderne et donc sans protection contre des expulsions. Le dernier point à mettre en exergue parmi l’argumentation des auteurs est celui du lien de causalité entre les ressources en terres, la population, la pauvreté et la dégradation de la terre. L’augmentation de la population rurale et les ressources en terres limitées entrainent en effet une pénurie de terres qui agrave le phénomène de pauvreté globale et limite les possibilités pour les exploitants locaux d’investir durablement dans leur terre. La conséquence en est une gestion non durable de la terre et donc sa dégradation ce qui renforce la pénurie de terre. La deuxième partie développée ici dans cette analyse de l’ouvrage concerne les scénarios qui peuvent être esquissés aujourd’hui et qui sont présentées par les auteurs dans l’ensemble de leur discussion. Le premier scénario envisagé par les auteurs est celui d’une poursuite des dynamiques observées au cours des dernières décennies : évolutions démographiques conformes aux prévisions des Nations Unies, taux d’urbanisation atteignant 50% en Afrique subsaharienne au début de la décennie 2030, diminution des précipitations et des ressources en eau dans de nombreux pays, multiplication des accidents climatiques. Le contexte économique mondial est marqué par une demande de produits alimentaires en augmentation régulière. Ce scénario présuppose une intervention régulatrice des Etats, une amélioration significative de la régularisation foncière. Des inégalités devraient se creuser avec des migrations de populations dues à la pression foncière. Le scénario 2 mise sur une amélioration des conditions d’accès au foncier plus favorable que les estimations les plus optimistes des institutions internationales. La mise en valeur agricole s’améliore tandis que des mouvements migratoires intrarégionaux de grande ampleur ont lieu pour rendre cohérent les lieux d’habitation avec les potentiels et affectations optimales des terres. Ce scénario est possible à la condition d’une dynamique économique sans précédent et une transformation de la gouvernance foncière. Le troisième scénario possible est un accroissement des déséquilibres et la perte de la maîtrise foncière. Radicalement différent, ce scénario anticipe un accroissement des déséquilibres au plan environnemental, une faible croissance économique et une gestion inappropriée des flues migratoires et du peuplement. Cette situation entrainerait une déstabilisation des Etats et une situation de désordres civils voire de conflits à l’échelle de la région accentués par la pression sur les terres, la pénurie alimentaire, les enjeux d’approvisionnement en eau. CONCLUSION A travers cet ouvrage, les auteurs montrent que la terre est au cœur des enjeux d’hier, d’aujourd’hui et de demain en Afrique subsaharienne. La maitrise foncière sera finalement la réponse aux problématiques liées au climat, à l’explosion démographique, à l’intégration dans l’économie mondialisée et au rapprochement entre la culture africaine coutumière et informelle avec le monde moderne formel international qui enserre le continent et menace de le faire imploser. Les différents scénarios ont le mérite de montrer les extrêmes sur l’avenir de l’Afrique subsaharienne. Le futur est cependant difficilement prévisible et se situera probablement quelque part entre ces trois images de 2050. Il faut également nuancer les propos avec des évolutions qui seront contrastées selon les pays et les régions avec une façade Ouest de l’Afrique déjà en avance dans son intégration à l’économie mondiale, une fragilité en ressources en eau dans le bassin du Niger, les pressions foncières énormes dans les pays du bassin du Congo, la raréfaction des terres cultivables en Afrique de l’Est et enfin la constitution de grandes exploitations à forte intensité de capital en Afrique australe. Ces évolutions créeront probablement des tensions et des risques de conflits et la maitrise ou non de ces risques par les Etats fragilisés par ce contexte foncier sera la clé du devenir des africains. La réponse qu’ils pourront apporter à la question centrale de la gouvernance foncière écrira l’histoire des trente années à venir. Cette histoire sera racontée également au niveau mondial tant les problèmes sont accentués par les autres continents de la Terre. Une histoire universelle autour d’une responsabilité à assumer. Pour poursuivre cette discussion : Arezki (2010) La course aux terres : quelques éclairages empiriques, Banque Mondiale, Wasington, DC. Fao (2007) Gestion alternative des conflits fonciers ONU pour l’alimentation et l’agriculture, Rome Denis CADORET – Consultant Algoé.
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