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L’Urbanisation en Afrique et ses Perspectives

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(2000)

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  • @lhabibou

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  • @zakaria33
    8 years ago
    Bennani Mohamed Zakaria Semestre d’été 2016 Prof. Jérôme Chenal Lausanne, le 13/05/2016 Villes Africaines : Introduction à la planification Etude d’un ouvrage   Contexte de l’étude : L’ouvrage (l’étude) choisi est l’urbanisation en Afrique et ses perspectives de Philippe Antoine. L’auteur de cet ouvrage est démographe à l’institut de recherche pour le développement et directeur de recherche en démographie à l’UR DIAL à Paris. Lors de la parution de l’ouvrage en 1997, Philippe Antoine est directeur de recherche à l’ORSTOM (Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer) et chercheur affecté au centre d’étude sur la population et le développement (CEPED). Ses domaines de recherche sont l’urbanisme en Afrique, l’évolution de la situation des femmes dans la société et l’étude des dynamiques des ménages en Afrique de l’Ouest. Par ailleurs, il a aussi écrit Les familles dakaroises face à la crise ou encore La ville à guichets fermés. Itinéraires, réseaux et insertion urbaine. Cet ouvrage traite des vagues d’exode rural et d’immigration interne aux pays africains et ses conséquences. En effet, même si le rythme de l’urbanisation diminue en comparaison aux pics liés aux années suivant l’indépendance des pays africains, la croissance démographique amplifie ce phénomène et le développement des villes africaines ne suit pas du fait d’un développement économique trop lent.   Résumé de l’ouvrage et présentation des points importants : D’après le Larousse, l’urbanisation est un « phénomène démographique se traduisant par une tendance à la concentration de la population dans les villes » . L’urbanisation rapide est une caractéristique africaine. En effet, la période d’urbanisation rapide correspond au pic connu dans les années 1950 à 1960 qui correspondent à l’indépendance de la plupart des pays africains. Après ces années, les mouvements internes aux pays restent assez intenses mais les départs vers la campagne compensent plus ou moins les arrivées vers la ville. Aussi, la fin de la seconde guerre mondiale correspond aussi à une période de fort exode vers les villes des populations vivant à la campagne. Pour étudier les degrés d’urbanisation des pays africains, il faut avoir des chiffres précis. Or le degré d’urbanisation exact de ces pays n’est pas connu. Nous possédons uniquement des tendances montrant l’évolution de l’urbanisation en Afrique. Il existe des problèmes liés aux chiffres de l’urbanisation car le degré d’urbanisation est une notion subjective. En effet, il existe des problèmes liés aux chiffres liés à l’urbanisation à cause du manque de précision et de clarté dans l’évaluation des effectifs de population. La cartographie des quartiers étudiés est non exhaustive, la durée des recensements de population est beaucoup trop longue, parfois tellement longue qu’entre le début et la fin du recensement les résultats ne correspondent plus à la réalité. Aussi, il existe un problème de clarté dans la définition même de la ville. A partir de combien d’habitants un village peut être considéré comme une ville ? Les pays africains ne sont pas d’accord avec les standards internationaux ce qui pose des problèmes pour effectuer des études comparatives et pour aider ces pays à trouver des solutions. Les pays africains donnent des chiffres entre 2000 et 5000 habitants, alors que le reste du monde s’accorde autour de 20000 à 50000 habitants pour considérer un village comme une ville. En réduisant ces chiffres par un facteur 10, on remarque clairement la volonté des pays africains à montrer au reste du monde qu’ils sont urbanisés et modernes, ce qui n’est pas vraiment le cas. Ainsi, si l’on ne connait pas les chiffres exactes et si les gouvernements africains jouent sur les chiffres, comment les spécialistes peuvent-ils trouvés des solutions efficaces aux problèmes de ces pays ? On ne peut pas réellement de donner de perspectives à ces pays si le postulat de départ est erroné ! Toutefois, ce qui est sûr, c’est que la tendance générale est que la croissance en milieu urbain est plus importante que celle en milieu rural. De plus, cette croissance sera de plus en plus due à la croissance démographique avec une baisse conséquente de la mortalité (même si le taux de natalité diminue aussi). En ce qui concerne les différents degrés d’urbanisation des régions au sein même de l’Afrique, le Maghreb est très urbanisé en comparaison avec l’Afrique subsaharienne, même si le rythme de l’urbanisation maghrébine diminue. L’Afrique centrale a le taux d’urbanisation le plus élevé de l’Afrique noire (sauf la République Démocratique du Congo) mais est moins urbanisé que le Maghreb. L’Afrique de l’ouest côtière est assez urbanisée. De manière générale, les pays africains côtiers sont assez voir très urbanisés par rapport aux pays enclavés. Enfin, le Sahel, la face orientale de l’Afrique et la zone australe (sauf Afrique du Sud et Zambie) sont faiblement urbanisés. Un autre point caractéristique de l’urbanisation en Afrique est l’importance des grandes villes. Ces dernières sont anciennes et remontent aux périodes coloniales. Elles ont été fondées sur des considérations purement coloniales, c’est-à-dire que le choix de ces sites s’est fait selon les besoins des colons. Les villes portuaires ont été clairement favorisées de par leurs positions stratégiques et des ressources dont elles disposent comme par exemple Dakar et Abidjan. Ces grandes villes, qui font souvent aussi office de capitale du pays, concentrent la plupart des investissements car l’administration coloniale y résidait. Ce modèle est encore d’actualité après plusieurs décennies qui ont suivi l’indépendance de ces pays. On voit bien que ces pays ont du mal à se détacher de ces systèmes coloniaux et que ces derniers ont empêchés le développement de ces régions. Paradoxalement, même si les colons résidaient dans ces grandes villes, la population majoritairement présente est africaine. Cette dernière a subi une ségrégation au niveau de l’habitat que l’on voit encore aujourd’hui. Ainsi, pour Catherine Coquery-Vidrovitch, « le choc colonial a constitué un élément décisif de l’urbanisme africain contemporain par la juxtaposition et l’inévitable interpénétration de deux modèles apparemment contradictoires : le (ou plutôt les) modèle(s) autochtone(s) ancien(s), et le modèle spécifique colonial/blanc/métropolitain » . Cette ségrégation était principalement due à des questions « d’hygiène » selon les colons. De nos jours, ces grandes villes ont encore pris plus d’ampleur puisqu’elles sont les principales bénéficiaires des flux migratoires du pays et que la croissance migratoire interne de ces grandes villes est supérieure à celle des autres villes, plus petites. L’exode rural vers les capitales africaines ainsi que la croissance démographique dans ces mêmes villes créent de nombreux problèmes. L’essentiel de la population urbaine vit dans les grandes villes de 500000 habitants. Toutefois, certaines de ces villes comptent plus de 1000000 d’habitants et continue d’attirer les migrants, ce qui devient problématique. Ainsi, les villes de plus de 1000000 d’habitants sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus grandes. Mais les villes millionnaires en termes d’habitants sont souvent synonymes de problèmes. En effet, les frais de gestion et d’entretien notamment pour l’assainissement de l’eau, la maintenance de la voie publique, le développement du secteur des transports pour pouvoir desservir tout le territoire, explosent du fait de l’augmentation de l’espace à couvrir. Face à l’augmentation de la croissance démographique et à la venue des migrants ruraux, le développement économique de ces villes et du pays ne tient pas la même cadence. Il faudrait diminuer la taille de ces villes ou les densifier pour diminuer ces coûts d’exploitation. Une solution pour le gouvernement local est de réorienter ces flux de personnes vers des villes secondaires ce qui nécessite une mise en valeur de ces dernières qui sont souvent délaissées mais aussi et surtout une connaissance approfondie des mécanismes complexes qui conduisent à l’acte migratoire, ce qui n’est pas le cas. Un indice qui permet de mesurer le phénomène de ces villes millionnaires est la macrocéphalie d’un pays. On dit qu’un pays est macrocéphale lorsqu’une des villes présentes dans ce pays concentrent population, activités. Cet indice permet de mesurer le rapport de taille entre la première et la deuxième ville du pays. Plus ce rapport est élevé, plus le pays est macrocéphale et plus les problèmes cités ci-dessus sont importants. Ce phénomène est surtout présent dans les pays ou une grande ville était présente lors de l’indépendance, comme par exemple au Gabon ou cet indice est passé de 1.8 à 4.3 en 50 ans. Enfin, un des problèmes les plus importants dans ces grandes villes est le problème d’accès au logement pour les plus pauvres. La politique de logement social (parfois il n’y en a pas) de ces villes est mauvaise. L’offre est très faible alors que la demande explose, ce qui conduit à des prix plus importants. Ces logements ne sont plus vraiment sociaux et ce sont les classes moyennes voir aisées qui s’approprient ces habitations. Les différentes politiques publiques menées ne changent rien et conduisent au même résultat. Les conséquences sont alors désastreuses. Une ségrégation sociale flagrante apparaît et aucune mixité sociale n’existe. Il existe des différences de taux de mortalités entre les quartiers, entre les catégories sociales, les hommes et les femmes urbains les plus pauvres se marient plus tardivement… Intéressons-nous maintenant aux problèmes économiques qu’a rencontrés l’urbanisation galopante africaine. L’Afrique a connu une crise économique dans les années 1980 liés à l’augmentation des dépenses publiques ainsi qu’à l’augmentation du secteur des services dans l’économie africaine. Cette crise a freiné le processus d’urbanisation des pays africains. Toutefois, les populations vivant dans les campagnes avaient une certaine vision de la ville. En effet, les ruraux voyaient la ville comme un eldorado. Certes, la ville propose beaucoup plus de services et de loisirs que la campagne mais la ville est attrayante uniquement pour ceux disposant de ressources financières. Autrement dit, ces services étaient accessibles uniquement pour ceux dont les revenus étaient assez élevés (classes moyennes et aisées). Aussi, la crise a tiré les salaires vers le bas. Les revenus des classes populaires ont encore diminué car ce sont eux qui sont les premiers touchés par cette crise. Cette vision des populations rurales était donc erronée. Par ailleurs, l’insertion sociale des populations rurales est particulièrement difficile surtout pour trouver du travail. Ces populations sont peu ou pas qualifiées car le niveau de scolarisation à la campagne est faible. Toutefois, ces populations ont une grosse volonté et un sens du sacrifice énorme pour trouver du travail. La majorité s’engage dans le secteur de l’informel qui ne nécessite que très peu de qualifications. Ce secteur est demandeur d’emplois mais la demande est très importante et elle est supérieure à l’offre, ce qui favorise les employeurs. Ainsi, les salaires déjà faibles, diminuent davantage. Les populations urbaines des grandes villes qui ont les moyens d’aller à l’école sont avantagées car le niveau de scolarisation est bien meilleur que dans le reste du pays. Pour les femmes, leur niveau de scolarisation est beaucoup plus faible que celui des hommes. Même si la migration féminine vers les villes tend à devenir égale à celle des hommes, leur niveau de scolarisation ne leur permet pas de bénéficier de travail plus attractif. Une solution trouvée par les familles s’exilant en ville pour limiter leur train de vie est la multi-résidence des conjoints. En effet, le coût du logement étant beaucoup moins élevé à la campagne par rapport à la ville, la femme et les enfants reste en milieu rural et le mari travaille en ville. Une conséquence positive de ce phénomène est le flux d’argent entre la ville et la campagne, ce qui permet de développer cette dernière. Toutefois, selon moi, cette solution est une solution de court terme. En effet, elle conduit à l’entretien d’un cercle vicieux. Si les enfants vivent à la campagne ou dans des villages reculés, ils ne peuvent pas profiter des écoles présentes dans les grandes villes ou travaille leur père. Ainsi, pour vivre plus tard, ils seront à leur tour obligés de faire la même chose que leur père. Ils ne font que survivre et ne peuvent pas s’épanouir et préparer l’avenir. L’urbanisation africaine s’est donc faite dans un contexte de crise chronique. Cette crise économique a conduit à des politiques de rigueur. Ces politiques ont conduit alors à des changements dans les comportements démographiques et dans l’évolution des structures familiales. Ces politiques de rigueur n’ont pas permis aux politiques d’urbanisme et de logement notamment de faire leurs preuves. Surtout, elles ont conduit à une nette diminution des revenus, pas seulement pour les classes populaires mais aussi pour les classes moyennes. Ceci est catastrophique car les inégalités sociales se creusent mais aussi parce que les classes moyennes celle qui permettent le plus la redistribution des richesses d’un pays. Elles cotisent et paient des impôts qui permettent le fonctionnement des systèmes sociaux du pays, c’est-à-dire les logements sociaux, les services publics tels que les hôpitaux, les universités mais aussi les systèmes de retraites. Or, l’éducation constitue l’unique moyen pour ces populations de sortir de cette situation de pauvreté. Malheureusement, les écoles et universités sont touchées par la crise : l’éducation ne constitue donc plus le levier social qu’elle devrait être et condamne ces populations. C’est ainsi que ces populations se tournent vers le secteur davantage vers le secteur de l’informel car la ville est demandeuse dans ce secteur. Paradoxalement, les migrants vivant en ville subissent de plein fouet cette crise mais participe à atténuer celle-ci pour leur famille qui est restée à la campagne par l’envoi de cash. Le secteur de l’informel ainsi que les organisations humanitaires leurs permettent de survivre un peu mieux, d’amoindrir leurs difficultés. Face à cette crise, les migrants s’adaptent. La ville leur permet d’adopter une nouvelle culture, en quelque sorte une culture urbaine. Ainsi, la ville leur permet d’acquérir de nouvelles valeurs, de se remettre en question, et remettre en question les valeurs héritées de leur lieu d’origine. La culture urbaine va donc favoriser le processus d’individualisation et d’ouverture à autrui. Ces nouvelles valeurs doivent permettre dans le futur à ces populations d’avancer et de surmonter ces difficultés. Conclusion : La ville africaine a gardé le modèle colonial français et occidental. Cela implique une trop grande centralisation dans les villes principales au détriment des villes secondaires. Cela se ressent notamment dans les vagues d’immigration des campagnes vers les villes, surtout vers les capitales. Cela montre que les gouvernements locaux n’ont pas réussi à comprendre le phénomène complexe de ces migrations. Aussi, les nouveaux arrivants dans les villes sont pour la plupart pauvres. L’eldorado que constituait cette dernière relève alors plus du doux rêve. La ville est attractive uniquement pour ceux qui ont les moyens financiers. De plus, la crise chronique est venue compliquée davantage la situation de ces populations car elle conduit à une paupérisation de ces populations. Les migrants ne trouvent pas de travail ou alors ils en trouvent dans le secteur de l’informel avec un salaire très faible. Ces populations essayent de trouver malgré tous des solutions et la ville participe à faire évoluer les mentalités et d’acquérir de nouvelles valeurs, qui peut-être leurs permettront de sortir dans le futur de cette situation désastreuse. Pour ma part, je pense que le modèle colonial a certes servi lors des premières années où il a été instauré, mais que ce dernier n’est pas une solution viable à long terme. En effet, les villes africaines doivent trouvées par eux même leur propre modèle de développement et éviter la centralisation des villes qui conduit à des phénomènes de macrocéphalie. L’auteur de l’ouvrage ne propose pas de solution à ce problème, comment concilier le modèle occidental d’urbanisme instauré et le modèle voulu par les populations africaines, ou bien détruire le modèle occidental et instaurer un nouveau modèle. Aussi, il ne propose pas de solutions face à la crise pour ces pays. Si un pays n’investit pas dans l’éducation pour permettre aux migrants venus de la campagne de gravir l’échelle sociale, alors ces derniers n’auront pas d’avenir et un cercle vicieux se met en place pour les enfants de ces migrants.   Bibliographie : Urbanisation et urbanisme en Afrique noire, centre djoliba L'espace et ses représentations en Afrique, Louis Dioungoun Dioh Aménagement foncier urbain et gouvernance loacale en Afrique, Alain Durand-Lasserve  
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