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L'état des villes africaines 2014 réinventer la transition urbaine

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(2014)

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  • @delphinebv

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  • @sifsafm
    9 years ago
    Note de lecture sur le rapport: "L'état des villes africaines 2014 : réinventer la transition urbaine", ONU - HABITAT 2014, Safa ABRACHE. « L’état des villes africaines, 2014. Réinventer la transition urbaine », est la suite de deux publications sur l’Afrique parues en 2008, « un cadre pour aborder les défis de l’urbanisation » et en 2010, « gouvernances, inégalités et marchés fonciers urbains ». Ces premières publications ont préparé une bonne assise pour le présent rapport et sont, avec ce dernier, le résultat d’une collaboration entre l’ONU-HABITAT, Cités et Gouvernances Locaux Unis d’Afrique (CGLU-A) et ICLEI - les collectivités locales pour la durabilité. Ce rapport, d’une grande richesse bibliographique, se veut un récapitulatif de l’état des villes africaines sur plusieurs niveaux dont les plus importants sont le développement urbain et économique, l’environnement, la gestion des ressources ainsi que les difficultés que rencontrent ces villes à asseoir un climat équitable et durable dans les périmètres urbains. L’étude est menée par secteur : Afrique du Nord, de l’Est, de l’Ouest, Afrique Centrale et Australe et traite des mêmes thématiques pour chaque région du continent : population et urbanisation, la mondialisation et son impact sur le développement économique, les vulnérabilités sociales et environnementales, l’urbanisme et la gestion des ressources et les nouvelles problématiques des villes. Il est bien évident que chaque région de l’Afrique connait ses propres phénomènes urbains et sociaux. Si la région Nord connait une transformation politique avec le « printemps arabe » et toutes les conséquences qu’a engendrées cette transformation, notamment au niveau économique et sécuritaire, l’Afrique de l’Ouest elle, connait une urbanisation accélérée et un développement économique informel causant une inégalité flagrante au niveau social ainsi qu’une expansion des sous-régions qui abritent généralement l’habitat et l’activité informelle. L’Afrique de l’Est, quant à elle, abrite des villes dont les taux de pauvreté sont très élevés, mais dont l’urbanisation est aussi forte, dotée de conditions climatiques très difficiles, cette région est en pleins changements qui devraient être accompagnés par des gestes responsables. La région centrale est la moins urbanisée de l’Afrique, les villes de cette région connaissent néanmoins une croissance économique importante grâce au commerce international. Le futur de cette région est prometteur et ce, grâce à la richesse de son environnement et la diversité de ses atouts naturels et malgré le taux de pauvreté et d’inégalité élevés. L’Afrique australe est la région la plus urbanisée du continent avec des villes très actives économiquement. Cependant, cette région est la plus affectée par les changements climatiques. Le rapport étale par la suite la situation générale du continent africain en pleine transition urbaine accompagnée d’une pauvreté massive et de plusieurs problèmes sociaux dus aux tensions, à la violence et à la ségrégation. La démographie est en hausse, malgré la stabilité des taux de croissance dans certaines régions. La transition économique est marquée par l’apparition de la classe moyenne et des économies émergentes ainsi que par des de forts taux d’exode rurale. L’énorme manque en infrastructures est aussi un obstacle à l’urbanisation en Afrique. Les nouvelles technologies et les économies vertes sont encore peu présentes. Les régions africaines connaissent aussi une transition politique majeure marquée par la fragilité des institutions et des systèmes de gouvernance. Le rapport insiste beaucoup sur la position de l’Afrique dans la croisée des chemins. Actuellement les régions africaines doivent être conscientes que les modèles préfabriqués et les mauvaises politiques de gestions ne sont plus à adopter. Tous les indicateurs sont en faveur d’un développement urbain qui respecte le contexte africain et qui projette de nouvelles perspectives au niveau politique et socioéconomique. C’est alors là où la conscience collective devrait intervenir pour mieux accompagner ces perspectives. Cette note va se concentrer sur la deuxième partie du rapport « l’état des villes d’Afrique du Nord », une région à laquelle moi-même j’appartiens. La population urbaine est actuellement à 51,5% avec un taux de croissance « modérés » (2% par an) qui peut être expliqué par la croissance naturelle en milieu urbain et qui est prévu à la baisse pour les prochaines décennies. Il est à noter que les prévisions pour cette région ne sont pas fixes, les changements stratégiques et l’instabilité politique qu’elle connait sont très importants et peuvent chambouler les chiffres. Le développement économique a été influencé par la crise économique mondiale. La majorité des pays de l’Afrique de Nord sont en étroites relations d’échanges économiques avec l’Union Européenne, leur économie dépend beaucoup de celle des partenaires européens et s’est exprimée dernièrement par des restrictions budgétaires et une hausse du chômage dans les grandes villes. De nouveaux partenaires économiques sont donc les bienvenus afin d’ouvrir un climat d’investissement international libéral. Bien que le secteur économique des pays d’Afrique du Nord est en relation étroite avec l’économie mondiale, d’autres facteurs tels que les troubles politiques qu’ont connus des pays comme la Tunisie, l’Egypte et la Libye en 2011, et qui sont toujours d’actualité, ont beaucoup contribué dans l’instabilité économique et sociale de ces pays mais aussi des pays avoisinants. Les inégalités sociales sont dans le cœur des protestations et la discussion sur un développement urbain durable se perd dans un climat toujours aussi violent. Les défis pour les villes sont grands : L’urbanisation accompagnée d’un développement économique et d’une amélioration des conditions de vie des populations. Le changement climatique, qui n’est toujours pas un sujet d’une aussi grande importance, malgré son impact palpable sur la région Nord-Africaine, la consommation des ressources naturelles et de l’énergie, l’accès aux services de base et aux nouvelles technologies, mais surtout la situation du facteur humain, notamment de la jeunesse qui exprime haut et fort ses soucis. C’est ainsi que le rapport présente une situation bien détaillée des cinq régions africaine, tout en proposant des pistes de réflexion et de discussion relatives au développement urbain et aux modèles de planification à établir pour des villes très jeunes. Quels sont donc les modèles à proposer pour cette urbanisation ? Comment réussir à assurer un équilibre entre la situation actuelle, les caractéristiques spécifiques de chaque ville et les enjeux et défis à surmonter ? Il est évident qu’il existe plus d’un modèle à adopter, l’essentiel est de respecter le contexte local et de proposer une vision à long et moyen termes en concertation avec les pouvoirs publics et la société civile tout en réagissant efficacement dans l’espace et le temps.
  • @jau
    9 years ago
    Notes de lecture : « L’état des villes africaines 2014 : Réinventer la transition urbaine », ONU-Habitat 2014 John Aubert L’état des villes africaines 2014 : Réinventer la transition urbaine est la troisième édition consacrée à l’Afrique dans la série des rapports régionaux sur l’état des villes d’ONU-Habitat (Programme des Nations Unies pour les Etablissements Humains). Ce rapport met fortement l’accent sur la nécessité de passer à des visions de développement/aménagement radicalement différentes en vue de conduire des transitions urbaines et durables en Afrique pour le XXIe siècle. C’est donc l’opportunité pour les villes africaines d’inventer des politiques qui intègrent la durabilité à long terme, mieux que les systèmes urbains importés ne l’ont fait à ce jour. L’objectif est à la fois de renforcer les effets bénéfiques de la transition urbaine en cours à travers le continent, et d’améliorer les conditions de vie et de travail en ville. Cet ouvrage est collectif et rassemble une très abondante bibliographie. Il a été conçu en 2011 par un triple partenariat entre ONU-Habitat, les collectivités locales pour la durabilité (ICLEI-Africa) et Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLUA), ainsi que diverses autres entités. Il traite successivement de l’état des villes d’Afrique du Nord, d’Afrique de l’Ouest, d’Afrique de l’Est, d’Afrique centrale et d’Afrique australe. La présente note se concentre géographiquement sur l’Afrique de l’Ouest (AO) et thématiquement sur l’agriculture urbaine/périurbaine, ainsi que plus largement sur les espaces « ouverts » – donc non construits – utiles aux villes africaines. Le chapitre consacré à l’AO a été rédigé et coordonné par Camaren Peter (auteur principal, Sustainability Institute), avec les contributions de Joseph Maseland (ONU-Habitat). Des renvois aux pages du rapport figurent entre parenthèses, permettant de se reporter à sa bibliographie. L’AO se compose de 17 pays : Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Togo et Sainte-Hélène. Son urbanisation est la plus rapide de tout le continent après l’Afrique de l’Est : sa population urbaine devrait passer de 44.9% en 2011 à 49.9% en 2020, et à 65.7% en 2050. (p. 98) En AO, la population des villes augmente davantage par croissance naturelle que du fait de l’exode rural. En 2025, on s’attend à ce que le nombre de villes de plus d’un million d’habitants se monte à 27 (contre 14 en l’an 2000), dont 12 de plus de trois millions, Lagos en comptant alors 18.8 millions. (p. 101) Cette dernière, capitale économique du Nigeria, deviendra la plus importante agglomération de tout le continent. Le développement urbain en AO se caractérise d’une part par l’expansion rapide des villes de la ceinture côtière, qui constitue 10% de la surface de la région, et d’autre part par l’expansion des villes secondaires, et non plus seulement des plus grandes. Le développement du réseau routier et la création de nouvelles villes dans l’intérieur des terres changent toutefois ce schéma, avec l’apparition de corridors de développement. (p. 99) Ces derniers donnent l’occasion d’améliorer les flux avec les zones périurbaines et rurales, ce qui passe par la création de grands axes routiers internes à l’AO, tels la route côtière Lagos-Nouakchott ou l’axe trans-sahélien Dakar-Ndjamena. Les corridors Banjul-Dakar-Touba, Abidjan-Ouagadougou et celui qui relie le Grand Ibadan à Accra en passant par Lagos, le Bénin et le Togo jouent également des rôles majeurs dans l’expansion urbaine. Le développement de corridors le long du littoral ouest africain se fait donc aussi désormais perpendiculairement à ce dernier, vers l’intérieur. (p. 107) Si les liaisons d’une ville à l’autre sont essentielles, le manque d’interconnections routières et ferroviaires en AO entrave aussi les activités portuaires. (projets ferroviaires : p. 107) Enfin, les transports publics internes aux agglomérations sont à développer parallèlement, mais doivent être accessibles aux plus pauvres. (ex. autobus rapides à Lagos p. 109, p. 120) La croissance économique récente de l’AO est dans une large mesure tirée par l’augmentation de la production de pétrole et de gaz, mais l’agriculture n’en constitue pas moins 33% de son économie, la plupart des pays étant lourdement dépendants de ce secteur. (p. 104) Cette croissance économique n’a toutefois pas automatiquement conduit à la réduction de la pauvreté, puisque, dans les villes, les taudis prolifèrent et que la majorité de la main-d’œuvre est absorbée par la sphère informelle. Le Ghana est le seul pays d’AO dont moins de 50% de la population vit dans un état de pauvreté multidimensionnelle. (p. 105) Ainsi, les difficultés d’accès au foncier « formel » rejettent la plupart des citadins pauvres dans le marché « informel » sur des terres impropres à la construction : les bidonvilles s’étalent jusque dans les zones humides, les plaines inondables et les estuaires, menaçant l’intégrité des écosystèmes qui assurent la protection contre les inondations et le filtrage des nutriments. Or le caractère « durable » des villes ouest africaines dépend de l’entretien et de la préservation des services que rendent des écosystèmes comme les cours d’eau, les zones humides, les estuaires, le littoral, les forêts et les mangroves ou les récifs coralliens. La dégradation de ces espaces fait perdre le bénéfice de fonctions et de services qui sont essentiels pour la sécurité alimentaire, les ressources en eau et autres. (p. 110, p. 116) Par ailleurs, les effets du changement climatique sur les températures et la pluviosité risquent d’exacerber encore la vulnérabilité écologique des villes d’AO. (p. 111) Par exemple, le littoral atlantique entre Dakar et Douala abrite une douzaine de peuplements de plus d’un million d’habitants. Or la montée prévue, d’un demi-mètre, du niveau des mers d’ici 2100, va y causer d’importantes pertes de terres du fait de l’érosion et de la submersion. La dégradation des écosystèmes, telles les mangroves, va encore aggraver la vulnérabilité du littoral aux pluies comme aux ondes océaniques et de tempête. Le changement climatique, les inondations et la sécheresse, vont aussi affecter la production vivrière de l’AO, qui devrait baisser de 2 à 4% d’ici 2100. (p. 113) Les flux d’échanges agricoles sont importants en AO, et ils ont lieu avant tout entre les villes du littoral et celles de l’intérieur. Les villes dépendent donc fortement de denrées alimentaires importées (des campagnes ou de l’étranger) et se trouvent de ce fait exposées à des chocs externes. Actuellement, les plus pauvres dépensent 50 à 80% de leur budget en alimentation. C’est pourquoi la résilience alimentaire à l’échelle locale est désormais un enjeu majeur des villes ouest africaines. Il s’agit en effet de réduire la vulnérabilité des populations, notamment des plus pauvres, aux fluctuations des prix. (p. 51, pp. 121-122) Or, l’agriculture urbaine et périurbaine, et avant tout les petites exploitations mixtes culture/élevage, forme un maillon essentiel dans la chaîne de distribution qui aboutit aux citadins. Les transports sont réduits et la fraîcheur comme la diversité garanties. Les cultivateurs urbains tendent à gagner davantage que les non-cultivateurs et les ménages, en produisant leur propre consommation, réduisent leurs achats de produits alimentaires externes. (p. 33) À la lecture du rapport, les conditions au développement et au maintien à long terme de l’agriculture urbaine et périurbaine dépendent d’au moins 5 actions complémentaires : 1. Boucler les cycles de nutriments à travers des systèmes intégrés en matière d’eau, de déchets et autres. En effet, la mauvaise gestion des sols épuise rapidement les éléments nourriciers qu’ils renferment. Il s’agit donc de récupérer les rejets d’azote, de phosphore et de potassium urbains pour les réutiliser comme engrais et pour rétablir l’intégrité du milieu naturel. (p. 123) L’utilisation des eaux « grises » est fréquente en agriculture urbaine, mais n’est pas sans risque (présence de coliformes fécaux dans les produits). À Tamale (Nord du Ghana), où 52% des cultivateurs dépendent d’eaux polluées, des techniques d’irrigation salubres sont désormais utilisées. (p. 114) Les fournisseurs indépendants d’eau et d’assainissement sont des partenaires potentiels, qu’il faudrait tirer vers un système hybride de services mieux réglementés et mieux contrôlés. À l’échelle locale, le développement de systèmes décentralisés de captage des eaux pluviales serait un bon complément, à rendre accessible aux plus pauvres. (ex. Lagos p. 121) Le compostage des déchets organiques offre également un énorme potentiel pour le recyclage et la réutilisation de la biomasse. Ce marché doit toutefois être officialisé et structuré pour garantir de bonnes conditions d’emploi, ainsi que les bonnes pratiques. (p. 127) 2. Sécuriser le foncier cultivé en combinant des systèmes officiels aujourd’hui marginaux avec ceux, informels, qui sont prédominants. En effet, nombreux sont les cultivateurs urbains confrontés à l’insécurité d’accès ou de tenure, ce qui les empêche d’investir dans l’amélioration de leur terre, de leurs intrants ou de l’infrastructure. (p. 166) A Harare (Afrique australe), les « jardins de bouche » sont désormais encouragés par les autorités locales qui mettent à disposition des terrains publics vacants. (p. 231) 3. Intégrer l’agriculture urbaine et périurbaine aux plans d’urbanisme au même titre que les zones à bâtir. À Dar es Salaam (Afrique de l’Est), les agriculteurs urbains ont créé le Réseau des maraîchers de Tanzanie pour parler d’une seule voix et mettre en place les partenariats nécessaires à ce secteur. Après 3 ans de pourparlers, l’agriculture urbaine a été acceptée dans le Schéma directeur par un zonage spécialisé. (p. 166) La sécurité alimentaire en ville passe immanquablement par d’importants changements dans le zonage et par la protection des terres arables en milieu urbain. (p. 126) 4. Soutenir la sphère agricole informelle. Les agriculteurs de la sphère informelle jouent des rôles majeurs en tant que producteurs et employeurs dans les villes d’AO. L’esprit d’invention s’y manifeste à travers les diverses manières dont ils cherchent et trouvent des solutions à leur activité. Les autorités municipales disposent là d’une énergie à mobiliser par exemple en améliorant le crédit et le financement, tout en mettant en place des organismes d’incitation et de soutien (coopératives, centres de conseil et de formation) ainsi que des infrastructures (marchés, canalisations d’eau). (p. 126, p. 133) Le contrôle des prix des denrées à l’échelle locale est un moyen fréquemment utilisé par les responsables publics, mais aux dépens de la résilience et de la diversité des marchés. (p. 126) 5. Former les jeunes à l’agriculture urbaine et périurbaine. La jeunesse est un puissant agent de transformation dont le potentiel gagnerait à être davantage reconnu. (p. 130) Les jeunes aspirent à vivre en ville et en constituent la majorité des habitants. Or l’agriculture urbaine peut offrir un avenir à nombre d’entre eux. Il s’agit de former les jeunes pour qu’ils lancent leur propres entreprises. À Porto-Novo (Bénin), le Centre Songhai propose de tels programmes. (p. 39, p. 131) Selon le rapport, on estimerait un peu partout en Afrique que les considérations relatives à l’environnement représentent les intérêts des élites – un luxe que l’on ne peut se permettre jusqu’à ce que les problèmes prioritaires de la pauvreté et du chômage soient résolus. Ce point de vue traduirait la conviction que le développement et l’environnement sont mutuellement incompatibles. Or, l’expérience prouve le contraire en Afrique comme ailleurs. (p. 255) Le changement climatique met désormais en lumière l’importance de préserver les écosystèmes dans et autour des villes, pour leur rôle à la fois régulateur et social. J’ajoute donc 2 actions complémentaires aux précédentes, qui s’appliquent non seulement à l’agriculture urbaine et périurbaine, mais aussi à tous les espaces « ouverts » destinés à constituer l’infrastructure écologique des villes africaines : 6. Faire comprendre au public l’apport des écosystèmes à la résilience des villes. L’utilisation polyvalente des espaces « ouverts », bien protégés par des règlements et bien administrés, fait partie d’une stratégie à long terme de préservation. (p. 127) Par effet « collatéral », ces espaces dont le rôle est bien accepté, qu’il soit productif, de loisirs ou de gestion des ressources ou tout cela à la fois, trouveront des défenseurs « naturels » contre la spéculation et constitueront une limite possible à l’extension urbaine diffuse. En réaction, la préservation de ces espaces peut conduire à la densification des espaces déjà construits. L’African Center for Cities de l’Université du Cap a établi une série de laboratoires urbains (city labs), qui pourraient faire école ailleurs en Afrique, comme espaces de tests et de diffusion des connaissances. (p. 253) 7. Étendre les enjeux de l’urbanisme aux espaces libres indispensables à la résilience des villes. Le changement climatique se fait déjà sentir dans certains espaces urbains. À Bobo-Dioulasso (800'000 habitants en 2012, Burkina-Faso), la saison des cultures commence plus tardivement et la saison des pluies s’est raccourcie tandis que les températures ont augmenté. Pour contribuer à l’adaptation du territoire au changement climatique, la municipalité a développé un Projet d’agriculture urbaine et périurbaine (PAUP). Dès 2012, 60 ha de trames vertes ont été déployées, raccordant la ville aux forêts voisines. Elles ont pour objet de préserver et bien gérer la biodiversité. Des fonctions leur sont attribuées : sylviculture, maraîchage, espaces de loisirs et d’éveil au milieu naturel, etc. L’agriculture urbaine occupe 7% de la population locale et constitue 15% de la production agricole totale du Burkina-Faso. (p. 124) À eThekwini (Durban), la municipalité dispose d’une Direction de la planification de l’environnement et de protection contre le climat, chargée de mettre en œuvre un Schéma intégré d’aménagement afin d’intégrer les démarches d’atténuation et d’adaptation dans toute la ville et à diverses échelles. Ces démarches s’accompagnent d’une participation véritable de la population à l’élaboration de mesures bien adaptées aux besoins et conditions locales. Il s’agit de créer des emplois « verts » pour les pauvres et les chômeurs en restaurant les écosystèmes qui contribuent à leur bien-être, tout en réduisant la vulnérabilité collective au changement climatique. Formellement, le Système métropolitain d’espaces ouverts rassemble 74'000 ha, cours d’eau compris, et dispose de l’autorité réglementaire : tout aménagement dans cet espace est soumis à l’autorisation de la Direction. (p. 234) Des municipalités d’Afrique de l’Est, dont Temeke (Dar es Salaam) et Port Louis, se sont dotées de Manuels de résistance au climat, qui comportent notamment une modélisation du climat local et des instruments pratiques participatifs. Les manuels privilégient l’interconnectivité – les liens de dépendance entre les systèmes sociaux, économiques et écologiques affectés par le changement climatique – la continuité – la cohésion entre les processus de planification, d’exécution et de suivi des stratégies d’adaptation – et la bonne adaptation aux conditions propres à chaque ville – la prise en compte des expériences des habitants et des schémas d’aménagement territorial. À Temeke, les problématiques spécifiques sont notamment la préservation des forêts côtières de palétuviers, la pêche à la dynamite et ses effets sur les récifs coralliens, ainsi que les inondations. (p. 162) En conclusion, il apparaît que le découplage entre croissance urbaine et raréfaction des ressources/dégradation de l’environnement s’impose si l’on veut des villes « durables » en AO. Cela passe notamment, lorsque c’est adapté, par des systèmes en « boucle fermée » résilients et décentralisés, ainsi que par une meilleure compréhension des flux matériels qui traversent les systèmes urbains, pour permettre à l’urbanisme de s’appuyer sur des analyses empiriques. (p. 123) Le rapport brosse un portrait passionnant des villes africaines, avec leurs défis et potentiels. À travers des cas pratiques, il donne aussi des pistes innovantes et enthousiasmantes. Personnellement, j’aurais souhaité aussi en savoir plus sur : L’agriculture urbaine durable : comment assurer la qualité des produits, la santé des sols et l’utilisation d’intrants organiques ou neutres pour l’environnement ? L’agroforesterie en milieu urbain et périurbain : l’agroforesterie est-elle une réponse à la question précédente, en permettant pratiquement un système en « boucle fermée » ? Le World Agroforestry Center (ICRAF ; www.worldagroforestry.org) a son siège à Nairobi et possède un programme pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, basé à Yaoundé (Cameroun). Les espaces libres urbains à l’échelle du quartier (échelle micro), qui participent également à l’adaptation au changement climatique et à la résilience alimentaire : comment intégrer dans les restructurations ou les nouveaux lotissements, des jardins privés ou communautaires, des espaces publics et des plantations adaptés au climat et aux usages, la restauration et la gestion des écosystèmes attenants ?
  • @habib_bouatay
    9 years ago
    Titre de l’ouvrage: L’ETAT DES VILLES AFRICAINES 2014 – Réinventer la Transition Urbaine Publié par: ONU – Habitat Le présent document est une troisième édition d’une série d’études publiées par l’ONU-Habitat, qui a commencé par une première publication en 2008 qui a porté sur « Un cadre pour aborder les défis de l'urbanisation », puis une seconde publication en 2010 sur le thème de la Gouvernance et les inégalités et marchés fonciers urbains. Ce troisième rapport sur l’état des villes africaines a été réalisé en étroite collaboration avec Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLU-A) et ICLEI – Les collectivités locales pour la durabilité. Il tente de pousser l’analyse à un niveau supérieur dans le contexte de l'évolution des conditions d’environnement dans le monde. L’auteur principal de ce livre est Marlene Laros, Directrice de MLA-Sustainability Matters, avec l’aide de Freda Jones sur le volet contenu et technique. Ce document comprend un premier chapitre principal de synthèse sur l’état des villes Africaines ainsi que cinq autres chapitres qui sont consacrés chacun à une sous-région du continent Africain, en l’occurrence : - L’état des villes d’Afrique du Nord, - L’état des villes d’Afrique de l’Ouest, - L’état des villes d’Afrique de l’Est, - L’état des villes d’Afrique Centrale, - L’état des villes d’Afrique Centrale. Divers auteurs et institutions ont participés à la rédaction de ces divers chapitres en fonction de la région d’appartenance ou d’expertise. Ci-dessous les thèmes développés dans chaque chapitre : • Population et urbanisation, • Les évolutions mondiales – conséquences pour le développement économique, • Les défis sociaux et environnementaux, • Urbanisme et gestion des ressources, • Culture urbaine et agents de transformation, • Les problématiques nouvelles Le premier chapitre traite les volets de tendances générales en termes de transitions urbaine, politique, économique, démographique et autres dans les villes Africaines en général. J’ai choisi de consacrer plus mon résumé sur la région de l’Afrique du Nord, étant moi-même d’origine Tunisienne et de par la nature de mon parcours professionnelle, j’ai une connaissance plus de cette partie de l’Afrique. Afrique du Nord : Population et urbanisation La majeure partie de la population nord-africaine vit désormais en milieu urbain (+50%) à l’exception de l’Egypte (43,4%) et du Soudan (33,1%). Le Caire demeure, et de loin, la plus grande ville d’Afrique du Nord et la seule considérée comme « méga ». Les évolutions mondiales – conséquences pour le développement économique L’avenir des Etats d’Afrique du Nord dépend d’un certain nombre de variables difficiles à quantifier, y compris la tendance des cours de l’énergie. Des pays exportateurs de pétrole comme l’Algérie, la Libye et le Soudan vont être touchés très différemment par comparaison avec des pays importateurs comme le Maroc et la Tunisie. ‘Le printemps arabe’ a été évoqué dans cet ouvrage à plusieurs reprises étant donné l’impact incertain sur l’avenir des pays d’Afrique du Nord ; A titre d’exemple, la Tunisie montre des signes positifs pour la transition politique vers une réelle démocratie. Entre autres analyses, les auteurs et experts ont mis l’accent sur les problématiques nouvelles auxquels doivent faire face les pays du grand Maghreb arabe, tels que les problèmes de l’eau, du chômage de plus en plus galopant et surtout chez les jeunes ainsi que la pollution. En conclusion générale, ce document peut constituer une référence surtout en termes de données statistiques sur l’état des villes d’Afrique. On y trouve aussi des projections sur les 10 voire 20 prochaines années. Comme spécifié par Joan Clos, Sous-Secrétaire Général des Nations Unies et Directeur Exécutif de ONU-Habitat, Ce rapport n’apporte pas de solutions toutes faites car les villes sont trop singulières et spécifiques dans leurs besoins et vulnérabilités pour qu’on leur administre des solutions standardisées. Le présent rapport analyse les nouveaux défis et les risques auxquels l’Afrique rurale et urbaine est exposée en vue de faciliter les discussions aux niveaux régional, national et local sur la meilleure façon d'aborder les défis à venir et d'appliquer des solutions innovantes, efficaces et spécifiques pour chaque localité. Aucune ville africaine n’est aujourd'hui à l’abri des vulnérabilités distinctes et souvent multiples.
  • @verodonofrio
    9 years ago
    NOTE DE LECTURE - RAPPORT ONU-HABITAT:« L’Etat des villes africaines: Réinventer la transition urbaine », Veronica D'Onofrio En 2008, ONU-Habitat publie le premier rapport de la série consacrée à l’Afrique : « Un cadre pour aborder les défis de l'urbanisation » pour nous donner un cadre général des conditions de logement et de gestion dans les villes africaines. Deux ans plus tard, en 2010, la deuxième publication « Gouvernance, inégalités et marchés fonciers urbains »), analyse les modalités de la gouvernance urbaine par rapport aux nouvelles configurations spatiales urbaines, en soulignant les conditions d’inégalité et la modalité d’accès au foncier des villes africaines. Le présent rapport, sorti en 2014, soutien la thèse selon laquelle en Afrique il faut et, au même temps, il y a des possibilités réelles de créer des nouvelles formes développement/aménagement qui puissent conduire ses transitions urbaines et durables au cours décennies à venir. L’urbanisme occidental, les conditions des sociétés industrialisées au cours du 20e siècle et le modèle de ville en sorti ni sont plus les mêmes dans le monde d'aujourd'hui, ni, surtout, peuvent continuer à être le seule modèle pour aborder la question de l’urbanisation africaine. En plus les bouleversement climatiques et environnementaux en cours qui touchent le monde entière, vont s’ajouter aux risques déjà sérieux, de nature sociale, économique et politique, liés à la pauvreté des villes africaines. Il faut « réinventer » l’urbanisme africain en proposant des solutions ad hoc qui, même si inévitablement inspirées au «modèle urbain occidental», donnent à l’Afrique l’opportunité d’adopter des orientations stratégiques et politique qui intègrent la durabilité à long terme pour le développement social, environnemental et économique. Le rapport est structuré en plusieurs sections. La première section fait un excursus général du Continent africain et des ses transitions, qu’il faut regarder comme le point de départ pour repenser entièrement les trajectoires de développement en cours, afin de faciliter et repositionner le rôle de l’Afrique dans le monde. La transition démographique. L’Afrique traverse une phase de croissance démographique sans précédent. On prévoit un doublement de la population entre 2010 et 2040, lorsqu’elle friserait les deux milliards en 2070. C'est à dire que le continent, déjà le plus peuplé du monde après l’Asie, va devoir encore faire face à d’énormes surcroîts démographiques dans les décennies à venir. En plus, étant sa population éparse, il faudra que les politiques publiques favorisent une répartition moins asymétrique tant des gens que des moyens de subsistance. La transition économique. Ces dernières années, la production africaine de biens et service s’est accrue à un rythme deux fois plus rapide que dans le années 1980 et 1990. En 2020, 128 millions de ménages africains auront rejoint la classe moyenne, ce qui va augmenter le potentiel de consommation et la propension à dépenser. Lorsque il s’agit d’une prévision et donnée le taux d’inégalité qui caractérise le contexte africain, le but sera celui de fournir aussi aux catégories économiquement plus faibles des sources de revenus plus avantageuses, en suscitant de possibilités de gagner sa vie en dehors des grandes villes. Face au contexte africain, il faut se demander si c’est l’urbanisation qui cause la croissance économique, ou est-ce le contraire? Une analyse récente de la Banque asiatique de développement montre que même si croissance économique et urbanisation se nourrissent l’une l’autre, le lien de causalité le plus solide est probablement celui qui va de l’industrialisation à l’urbanisation, plutôt que l’inverse. C’est pour ça qu’il faut encourager un développement qui vient de l’intérieur, car on peut pas « attendre l’arriver du premier dollar en provenance de l’étranger ». Favoriser les flux commerciaux et financiers, tant au sein de l’Afrique elle-même qu’entre elle et le reste du monde et tout sans trop exploiter les ressources naturelles ni risquer la dégradation de l’environnement. La transition technologique et des infrastructures. Les pays et les villes d’Afrique sont victimes de leur énorme manque d’infrastructures et de leur accès trop limité aux technologies et aux services. Investir dans les infrastructures et faire ça en suivant une vision durable (transport ferré, transport en commun,…) permettra le développement des économies urbaines africaines, tout en désenclavant non seulement des pays entiers mais aussi des zones largement inhabitées pour en permettre le peuplement ainsi que la création d’industries agro-alimentaires et manufacturières. La transition urbaine. Le taux de croissance urbaine d’Afrique est aujourd’hui l’un des plus élevés du monde. Malgré ça, la capacité des villes africaines de faire face à cette croissance rapide et continue va être mise à l’épreuve, vu la faiblesse généralisée de leurs institutions et de leurs infrastructures. Les deux grands éléments qui vont décider de la réussite ou de l’échec du continent sont la compétitivité de ses villes et la mise en place de capacités d’adaptation et de résilience face à un avenir caractérisé par l’accès toujours plus restreint aux ressources naturelles ainsi que par la fréquence et l’intensité accrues d’événements catastrophiques. En plus, en considérant que ce ne sont pas les plus grandes villes qui absorbent le plus gros de l’actuelle la croissance démographique, mais plutôt les villes intermédiaires et autres, il faudra poser l’attention surtout sur ces deux catégories, car les besoins se font le plus sentir en matière de gestion urbaine, de renforcement des capacités et de mise en place de services. La transition vers le développement durable. On s’attend qu’en 2050, le nombre de citadins en Afrique passe de 400 millions à 1,2 milliard. Le niveau d’urbanisation (40 pour cent en 2010) attendra 50 pour cent vers 2035 et 58 pour cent en 2050. Puisque d’une manière générale et comme déjà noté les villes africaines manquent des moyens institutionnels et des infrastructures capable d’absorber cette croissance démographique, il est donc vraisemblable que la majorité de ces nouveaux citadins va résider dans des taudis ou bidonvilles, des pratiques d’urbanisation qui accroissent l’exposition aux risques environnementaux. Les villes africaines sont exposées à plusieurs facteurs de vulnérabilité, qu’on peut classer en deux grandes catégories : ceux qui sont de nature sociale (les interactions entre individus) et auxquelles on peut reconduire les conditions d’inégalité, les épisodes de violence et autres conditions sociales qui, malheureusement, caractérisent le contexte, et ceux qui sont liés à l’environnement (c’est-à-dire les interactions avec les populations). A ce propos, lorsque l’immensité de son extension, les effets des bouleversements climatiques sur l’Afrique sont plutôt différent et à cause des conditions des ses villes, on peut parler d’une vrai menace. Pour exemple, la majorité des agglomérations est du type « littorale » et donc particulièrement exposées à la montée du niveau des mers, à la pénétration des eaux salines, aux ondes de tempête, aux inondations, etc. De l’autre coté, malgré la proximité à une masse d’eau, on retrouve aussi des problèmes lié à la sécheresse. Sécurité alimentaire, sécurité d’approvisionnement en eau, approvisionnement en énergie, gestion des déchets sont des autres enjeux qui s’imposent et face auxquels les autorités ne peuvent plus être indifférentes. Réinventer l’urbanisme africain pour faire face à ces défis, permettre aux villes africaines, et la partie plus faible de leur population, de résister aux chocs externes, mais comment ? Quels schémas territoriaux pour les villes africaines ? Quelle est-elle la trajectoire vers une croissance « verte » et durable ? Voilà les questions qui se posent pour les urbanistes. Malgré ses difficulté, l’Afrique et ses villes ont des grandes opportunités pour adapter des configurations, des infrastructures, des technologies et des services « durables » et ainsi de créer une économie « verte », c'est-à-dire qui  « débouche sur une amélioration du bien-être et de l’équité sociale, tout en réduisant notablement les risques pour l’environnement et les pénuries écologiques ». Après l’analyse générale, le rapport présente un cadre détaillé des différentes régions africaines ( l'Afrique du Nord, de l'Ouest, de l'Est, Centrale et Australe) dont considère compte plusieurs critères (population et urbanisation, relations économiques entre les villes et les implications pour le développement urbain des évolutions mondiales, vulnérabilités sociales et environnementales,...). Lire ce rapport en cherchant des solutions toutes faites ou des schémas rigoureux à suivre pour aménager la ville durable ça serait inutile, car chaque région, chaque pays, chaque ville diffère des autres, et les innovations qu’impose le développement durable doivent s’accorder avec les particularités locales. C’est plutôt un outil essentiel pour ceux qui s’intéressent aux villes africaines et aux question d’urbanisme en Afrique, en cherchant une stimulation pour essayer de penser une «approche durable ».
  • @delphinebv
    9 years ago
    NOTE DE LECTURE DE L’ETAT DES VILLES AFRICAINES 2014 – Réinventer la transition urbaine – 16.12.14 – Delphine Baldé-Villemard Introduction L’ouvrage est un rapport sur l’état des villes africaines en 2014, 3e édition d’une série d’ONU-HABITAT sur l’état des villes africaines par région. A partir de 2011, à travers un partenariat entre ONU-Habitat, ICLEI-Africa et Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique et l’apport d’universités notamment d’Afrique du Sud, des contributeurs ont livré un chapitre sur chaque région d’Afrique et une synthèse pour aboutir à la production et la coordination de ce rapport « réinventer la transition urbaine ». Etant donné le contexte environnemental mondial et ses risques de dégradation et d’insécurité alimentaire ou énergique qui pèsent notamment sur les pays africains, ce rapport interroge les méthodes classiques de développement urbain. Plutôt que d’adopter un modèle des sociétés industrialisées du 20e siècle, il s’agit de changer radicalement de process de l’aménagement de ces villes en pleine croissance. Le contexte est nécessairement à prendre en compte et le modèle est à réinventer. Par ailleurs, il y a urgence à faire ce changement pour réduire les vulnérabilités des populations concernées et les menaces qui sont générées par la croissance massive de la population en Afrique. Ce défi est fortement lié à une adaptation aux changements climatiques, et repose sur une stratégie qui intègre réellement la durabilité pour répondre aux enjeux de développement social, économique et environnemental. Saisir l’opportunité de développer un urbanisme plus durable et donc innovant en intégrant les contextes politiques est un levier important pour renforcer ou créer la coopération locale, régionale et locale et développer une approche partagée, assurée à court, moyen et long terme. Les révoltes sociales pour la réduction de l’inégalité sociale et le changement de modèle de gouvernance. Le printemps arabe fin 2010 en Afrique du nord a exprimé fortement aux gouvernements africains la frustration des populations urbaines qui ne supportent plus les inégales sociales, les difficultés d'accès aux services et à l'emploi, les hausses des prix des produits alimentaires ou du carburant. Cette mobilisation massive a révélé un manque de participation politique, un besoin d'une gouvernance plus locale et par conséquent d'un partage plus équitable. Des modèles plus participatifs sont à inventer et à intégrer pour un réel débat public et éviter le détachement des populations qui se tournent vers un mode d'expression plus radicale. Par ailleurs, c'est la non-anticipation des pouvoirs politiques à répondre aux besoins croissants en milieu urbain, qui a été sanctionnée. Des interventions concertées permettraient un meilleur diagnostic et des projets plus adaptés aux contextes tous différents les uns des autres. Cette concertation avec l'ensemble des acteurs appelle à plus de transparence et donc moins de corruptions ou de conflits politiques. Le changement "indispensable" pour que les pays africains de demain accèdent à plus de stabilité, à une sécurité alimentaire et à l'amélioration des conditions de vie, est souvent appelé par les classes sociales les moins favorisées pour une stratégie de haut en bas. Locomotive des évolutions politiques et socioculturelles, le monde urbain doit encourager initiatives civiles et devenir le lieu de l'expérimentation d'un modèle de projet plus proche des habitants. Il faut néanmoins donner les moyens aux habitants de participer, et donc diffuser l'information, sensibiliser les populations aux enjeux, notamment sur la formation ou l'environnement. Dans la plupart des régions africaines, même si une classe moyenne est émergente, l'écart entre les populations majoritairement pauvres et les élites est trop important. Il faut réduire ces inégalités en s'appuyant sur la croissance économique et favoriser la mixité sociale, thème peu présent dans les analyses, une ville hétérogène, capable d'accueillir tous les profils. Planifier des quartiers spacialement déconnectés pour les plus aisés d'un côté de la ville et des secteurs de relogement pour les plus défavorisés de l'autre, ne constituera pas la ville durable innovante africaine. Développement économique versus développement durable, un préjugé à combattre. La stratégie durable sur les enjeux environnementaux est souvent reléguée en brandissant l’urgence de traiter des besoins d’accès à l’emploi et au logement. C’est une logique sectorielle d’interventions qui conduit à cette hiérarchisation. Au contraire, les villes africaines ont besoin de se diversifier sur tous les plans, économiques mais aussi sur l’utilisation des ressources, les politiques publiques, les mobilités, etc. La définition de l’économie verte comme « celle qui débouche sur une amélioration du bien-être et de l’équité sociale, tout en réduisant notablement les risques pour l’environnement et les pénuries écologiques » devrait fortement inciter les gouvernements africains à l’adopter comme fer de lance de leur stratégie de développement. Par ailleurs, le caractère exemplaire d’un développement dit « vert » peut permettre d’attirer des fonds d’investissement internationaux. Cependant, le changement de paradigme du développement économique proposé par l’auteur nécessite également un changement de gouvernance. Le besoin de transversalité sur l’ensemble des démarches est possible si une réelle coopération à toutes les échelles est engagée. De nombreux projets sont uniquement orientés sur la production de logements pour répondre à la crise du logement en Afrique et n’intègrent pas la dimension de créations d’emplois et d’innovations économiques potentielles au travers d’une économie verte. Ce qui pose également la question de la sensibilisation des décideurs à cette stratégie plurielle. Adaptation ou atténuation ? L’auteur de cette 1ère partie plus générale, affirme que « les villes africaines ont de quoi montrer la voie au reste du monde, celle du passage à des trajectoires de croissance économique « durable ». Cette position de précurseur est valable sur de nombreux thèmes. Aujourd’hui les pays africains contribuent peu aux émissions de gaz à effets de serre. Sachant que « les villes sont responsables à 80% des émissions dans le monde entier », et que l’Afrique de demain sera plus urbaine, un certain de nombres de choix doivent être fait aujourd’hui pour infléchir cette tendance. Prenons la question de la mobilité. Le besoin criant d’infrastructures n’est pas souvent associé à la recherche de modes de mobilité moins polluants. Un certain nombre d’initiatives de Bus en site propre comme à Lagos ou à Johannesburg devrait faire référence pour qu’on ne développe plus de voies majeures, voies rapides sans y associer transports publics ou collectifs. Tandis qu’en occident, on transforme les autoroutes pour diversifier les offres de mobilités et fluidifier la circulation, en Afrique, on pourrait développer un système mixte sur un même financement. Sur un autre thème lié à la sécurité alimentaire, l’agriculture urbaine, développée notamment en Afrique du Sud, est un levier important pour l’autosuffisance des urbains les plus pauvres. Au-delà de cette production de proximité et de création d’emplois et de circuit court, c’est aussi un potentiel pour réutiliser les déchets alimentaires, garder des sols perméables. Ce sujet de l’agriculture urbain absent ou traité à la marge dans les « grands projets d’aménagement » fait partie des dispositifs à effort réduit capable d’effets importants, comme le lien social dans les métropoles en devenir. La transition urbaine pour une réelle adaptation du modèle actuelle doit s’opérer en utilisant des outils à toutes les échelles, de la grande infrastructure à la micro-intervention, et devenir ainsi exemplaire. En conclusion, l’ouvrage présente les spécificités de chaque région africaine qui compose l’ensemble de continent qui, selon les observateurs est à un vrai tournant dans l’histoire de son développement. Les indicateurs témoignent des nouvelles perspectives politiques et socioéconomiques de ce continent en mouvement. Des choix politiques doivent être rapidement fait pour inverser des tendances, par exemple transformer le poids de la croissance démographique et sa part écrasante de la population des plus jeunes en point positif ou réintégrer l’agriculture urbaine dans l’urbanisme des villes africaines pour répondre aux besoins des populations les plus fragiles. Même si la volonté de ne pas proposer des solutions est clairement affichée, on aimerait avoir un éclairage sur des méthodes et des outils à disposition pour accélérer cette transition de positionnement stratégique du continent africain, en présentant des études de cas plus nombreuses. En revanche, il est très intéressant de noter les convergences dans les analyses des différents contributeurs selon les régions observées, que ce soit sur les problématiques nouvelles ou les difficultés historiques rencontrées. La richesse de cet ouvrage très complet doit impérativement être diffusée au plus grand nombre des acteurs de l’urbanisme, à l’œuvre dans les opérations ou en devenir dans les universités. Bibliographie L’ouvrage propose des listes très complètes de références que l’on retrouve p55 / p93 / p138 / p184 / p219 / p257. Une majorité d’ouvrages en anglais.
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