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Lomé. Dynamiques d'une ville africaine

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(2007)

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  • @eyenga

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  • @tsenant
    vor 9 Jahren
    LOME - DYNAMIQUES D’UNE VILLE AFRICAINE Introduction Sous la coordination de Philippe GERVAIS-LAMBONY géographe à l’Université Paris X Nanterre et Gabriel Kwani NYAGBOSSO géographe à l’Université de Lomé, l’ouvrage regroupe les travaux de 13 chercheurs et doctorants autour du programme Corus du ministère des Affaires étrangères et européennes et se base sur des études de terrain effectuées entre 2004 et 2007. Chacun des auteurs apporte sa pierre à l’édifice à travers la rédaction d’un chapitre, qui permet d’aborder le cas de Lomé comme exemple-type d’une ville Africaine, à travers 3 axes : le gouvernement de la ville, ses dynamiques économiques et ses dynamiques socio-spatiales. Ces 3 axes sont alors analysés à travers le prisme des enjeux politiques, sociaux, économiques mais aussi historique qui caractérisent le développement d’une ville. Bien évidemment, ces thématiques ont une forte influence en terme d’urbanisme, l’ouvrage pose alors la problématique suivante : « Qu’ont à nous apprendre les villes d’Afrique de l’Ouest sur la question des processus de territorialisation et de différenciation socio-spatiale ? ». A travers les différentes thèses abordées au cours de l’ouvrage, nous aborderons un premier bilan des modes de gouvernance à Lomé et ses implications, une analyse des dynamiques économiques et enfin les pratiques citadines qui la caractérisent. Les modes de gouvernance : crise de la politique et du politique Lomé s’inscrit dans un contexte historique et politique marqué par la crise des années 90 qui a mis fin au processus de démocratisation et qui a marqué l’avènement de la dynastie Gnassimgbe père et fils, encore au pouvoir aujourd’hui. L’analyse de ces modes de gouvernance fait apparaître une relation conflictuelle entre pouvoir central et administration locale (crise de la politique), qui débouche sur l’impasse des stratégies de gestion urbaine (crise du politique). Pourtant, une certaine autorégulation semble prendre forme. La capitale togolaise est caractérisée par son appartenance à trois collectivités territoriales différentes mais force est de constater que la décentralisation bien que présente dans les textes n’en demeure pas moins une coquille vide. Elle est caractérisée par une absence de volonté politique ainsi qu’un manque de ressources humaines, matérielles et financières. A cela s’ajoute un rapport hiérarchique vis à vis du pouvoir central, dans un souci de garder le contrôle sur les activités clés d’une capitale qui ne lui est pas majoritairement favorable. Un exemple frappant est le principe d’unité de caisse : l’ensemble du budget et du recouvrement des divers administrations locales est géré par le trésor public. Cette mainmise du pouvoir central, qui n’a cessé de se renforcer au cours des années, a entrainé des conséquences tout à fait néfastes en terme de gestion urbaine. D’une part le retrait des bailleurs de fonds internationaux suite à la crise politique a mis fin aux stratégies de développement urbain. D’autre part, les politiques nationales urbaines (plan urbain, schéma directeur etc.) restent lettre morte. A la superposition des services, la multiplicité des acteurs et aux politiques de partage des responsabilités très confuses viennent s’ajouter un découpage territorial inadapté face à l’étalement urbain que connaît Lomé. Comme il peut être constaté dans de nombreuses autres villes africaines, les réseaux d’infrastructures et d’équipements sont largement insuffisant face à une population en constante croissance. Les institutions n’auraient alors d’autre choix que de pallier les retards mais là encore, cette stratégie semble impossible face à l’inefficacité de leur action. Malgré cet immobilisme des pouvoirs publics, la ville trouve des moyens indirects pour s’organiser et se réguler. Se dessine alors un système complexe, basé sur des relations plus ou moins formelles entre les institutions, la société civile et les entreprises privées. Une multitude d’acteurs interviennent pour fournir des services relativement satisfaisant à court terme, mais loin de constituer un environnement viable sur le long terme. Les taxi-motos en sont un exemple frappant : face aux multiples grèves des transports, au chômage et au coût prohibitif du carburant, la population a d’elle-même développé cette alternative face au manque d’infrastructures de transports. Pour autant, les taux d’accidents très élevés, les embouteillages et la très forte pollution qu’ils entrainent n’en font pas une solution durable. Les dynamiques économiques urbaines : une forte adaptation des activités face au manque de régulation étatique A Lomé comme dans de nombreuses villes africaines, le rôle des activités commerciales est de répondre aux besoins d’une ville millionnaire et distribuer des produits vers l’intérieur. De même, il ressort de cette étude une forte interaction entre les divers marchés urbains, centres commerciaux, et petits commerces du secteur informel. Ces activités participent à structurer l’espace urbain selon un découpage en 3 zones : la zone méridionale au cœur du processus marchand, le périphéries qui se développent progressivement et une zone intermédiaire qui sert d’étape de transition. Ce processus inclue l’approvisionnement des commerces, leur hiérarchisation et leur développement progressif. Ces phénomènes suivent la progression de l’étalement urbain, du centre vers les périphéries. Les périphéries semblent alors en mesure de constituer de nouveaux pôles à la fois politiques et économiques de plus en plus influents sur la capitale. Cette perspective établie par l’étude de 2007 semble en effet prendre forme aujourd’hui avec le projet du Grand Lomé, qui vise à en faire une véritable métropole. Par ailleurs et comme précédemment évoqué, l’informel joue un rôle essentiel dans les dynamiques urbaines. Ce secteur emploi 80 % de la population active à Lomé et intervient en compensation d’une situation de crise devenue structurelle. Il participe à pallier le décalage chronologique entre la croissance de la ville et sa formalisation. Outre le cas particulier de la zone franche qui présente un bilan positif suite à un cadre bien pensé, l’implication de l’Etat dans les activités économiques reste très faible, ce qui participe au marasme économique et social que connaissait la ville en 2007. Bien que la situation se soit quelque peu améliorée depuis, ce constat reste assez vrai, Lomé demeure la capitale d’un pays classé parmi les PMA. Une capitale aux pratiques et représentations citadines spécifiques De manière globale sur l’échelle de la capitale, un certain schéma se dégage dans l’évolution des habitants liée à leur habitat. Ils sont le plus souvent d’abord hébergés par la famille, puis locataires et enfin propriétaires. Le passage d’un habitat traditionnel, puis semi-traditionnel et enfin moderne peut être constaté un peu partout, et plus particulièrement en périphéries. Pour autant, une grande majorité des quartiers de Lomé présentent ces 3 types d’habitats entremêlés, ce qui va à l’encontre de l’image répandue d’une ville africaine fortement ségréguée. Les disparités entre habitants sont réelles, mais elles ne prennent pas une forme délimitée dans l’espace (sauf cas particulier de la Cité du Bénin). D’autre part, le quartier se dégage comme un échelon essentiel dans le processus d’appropriation de la ville par ses habitants. L’ouvrage consacre deux chapitres aux cas particuliers des quartiers de Kodjoviakopé et d’Adidogomé. Ces quartiers font apparaître des processus contradictoires, l’un est un quartier historique et chef lieu de l’opposition qui a su développer une véritable identité et un sentiment d’appartenance par ses habitants, l’autre étant situé en périphérie où l’arrivée des immigrés a pris le pas sur les autochtones (ethnie des Aflao), ce qui participe à une dilution de l’identité originelle du quartier. Au cours des études menées sur le terrain, les chercheurs ont progressivement invalidé l’hypothèse de départ selon laquelle Lomé serait sujette à une ségrégation ethnique progressive qui prendrait forme dans l’espace. Les résultats des diverses études sur la ville et les quartiers montre qu’en réalité l’ensemble des quartiers est homogène, composés à la fois d’autochtones et d’immigrés qui se côtoient dans une certaine harmonie. La représentation d’un Lomé en proie à une ségrégation Nord/Sud selon les opinions politiques et les origines ethniques ne serait finalement due qu’au message véhiculé par le pouvoir en place afin d’accentuer les clivages. Les problématiques de tradition et de modernité sont ensuite développées à travers les pratiques religieuses (exemple des enterrements). Les citadins semblent s’adapter à leur nouveau mode de vie, les pratiques changent et l’on assiste à leur homogénéisation. Les Loméens prendraient donc entièrement part au processus d’urbanisation de la ville, jusqu’à compenser l’absence des pouvoirs publics dans ce domaine. Les auteurs de l’ouvrage en déduisent une possible appropriation de la vie urbaine et de sa régulation par les citoyens qui pourraient prendre part à long terme aux processus décisionnels sur la commune. Pourtant dix ans plus tard, rien ne permet de conclure à une quelconque progression dans ce sens. Conclusion Pour reprendre les très nombreux éléments développés dans l’ouvrage, si Lomé s’inscrit dans un cadre commun aux villes d’Afrique de l’Ouest, elle n’en demeure pas moins une ville avec une identité propre. Certes elle est frappée d’une crise politique, sociale et économique, une croissance démographique incontrôlée et une gestion urbaine totalement désuète. Pour autant, Lomé semble développer des dynamiques caractéristiques d’une capitale frontalière quasi-unique au monde, où se créent entre migrants et autochtones, populations riches et pauvres une cohabitation réussie à travers une certaine forme de mixité sociale et des coutumes et pratiques qui semblent convergées vers une nouvelle forme de modernité propre à la capitale togolaise. Il est intéressant de constater que les études qui ont permis d’appuyer les problématiques abordées dans cet ouvrage sont particulièrement pertinentes, d’autant que les réalités décrites sont toujours d’actualité près d’une décennie plus tard. En outre et dans une certaine mesure, il peut être déduit des ces divers développements que Lomé serait une ville de l’entre-deux : cité millionnaire mais de taille moyenne dans la sous-région, entre grand village et métropole, à la fois dans la course à la mondialisation et très pauvre, subissant une forte crise mais jouissant d’une certaine stabilité retrouvée et présentant à la fois de fortes disparités et des schémas de cohésion identitaires tout à fait frappants.
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