ONU Habitat, Programme des Nations Unies pour les Établissements Humains (2012). MADAGASCAR : Profil Urbain d’Antananarivo. Nairobi, Kenya. Edition des Nations Unies
Partie I : contexte de publication de l’ouvrage, auteur et résumé
« Le profilage en milieu urbain est une évaluation rapide des besoins, orienté sur les actions à entreprendre pour renforcer les capacités et palier aux défaillances au niveau de la ville. » ONU Habitat, Programme des Nations Unies pour les Établissements Humains (2012). MADAGASCAR : Profil Urbain d’Antananarivo. Nairobi, Kenya. Edition des Nations Unies
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Dans le contexte de la rédaction de l’ouvrage, l’ONU Habitat a effectué un profilage au niveau de 20 pays de l’Afrique et dans les pays arabes, ainsi que dans 30 nouveaux pays d’Afrique et dans les petits pays insulaires du Pacifique. Dans le contexte national, en 2012, Madagascar vit une crise socio-politico-économique cinglante suite à un coup d’état en 2009. Depuis 3 ans, le pays est sous embargo des aides extérieurs, la pauvreté galopante de la population se voit dans le quotidien des villes.
Antananarivo, capitale de Madagascar, source et point de départ de tous les mouvements dits populaires et politiques, est la première victime de la crise.
L’ouvrage d’une trentaine de page brosse d’une manière synthétique par l’approche FFOM l’état des lieux de la ville d’Antananarivo sur plusieurs angles : la gouvernance, les finances municipales, le foncier, les bidonvilles, l’approche genre et le développement, l’environnement, la gestion des risques et catastrophes, le développement de l’économie local, les services urbains de base, la sécurité urbaine, le patrimoine culturel.
Le profilage mené par l’ONU Habitat se veut être une base de réflexion pour les acteurs de l’urbain.
Partie II : développement et discussion :
Comme sus mentionné, l’ouvrage traite plusieurs thématiques. Celles les plus importantes, pour le cas d’Antananarivo sont pour nous la gouvernance, les bidonvilles et l’environnement.
La Gouvernance :
L’ouvrage note l’existence de plusieurs services de planification au niveau de l’administration malgache en général et au sein l’administration de la ville. On mentionne également l’Organisme Public de Coopération Intercommunale qui regroupe la Commune Urbaine d’Antananarivo (Capitale de Madagascar) et ses Communes périphériques. En effet, par un étalement urbain très poussé, la ville dépasse largement ses limites administratives et phagocyte les Communes dites rurales qui lui est adjacentes.
L’inexistence de coordination entre la ville et ces Communes est très remarquable et on constate une planification compartimentée. C'est-à-dire que malgré l’existence d’un soit disant volonté de mettre en place une agence d’urbanisme pour coordonner le « grand Antananarivo » (Antananarivo et ses Communes périphériques) la mise œuvre est handicapée par des intérêts politiques des dirigeants. Ceux de la capitale leadent plus la mise en place de l’agence d’une manière non coopérative et inclusive, et les dirigeants des Communes périphériques tendent à se soustraire de cette logique de planification de peur de voir leur place de maire relégués à des chefs d’Arrondissement. Bref, la logique de la coopération est aliénée pour des profits personnels.
Le document parle également, dans le contexte de la gouvernance de la ville, du cadre légal d’Antananarivo qui classe la ville en Commune urbaine. Etant la Capitale, elle a des prérogatives inscrites dans des textes dont la mise en pratique entraîne des interprétations qui divergent.
Il est tout à fait vrai que les textes sont caducs et leur application prête à confusion, handicapant la mise en place d’une vraie planification, d’une vraie projection. Cette situation de la Commune Urbaine d’Antananarivo représente bien l’état des règlements et textes sur la planification et l’aménagement du territoire à Madagascar. Le nombre de document est énorme mais leur cohérence par rapport à la réalité est décevante. De même, malgré les efforts de mise à jour, la volonté politique de mise en œuvre est trompeuse.
Concernant les différentes responsabilités au sein de la Commune Urbaine, le document mentionne que les membres du conseil municipal se redent sur terrain pour le contrôle du bon fonctionnement des services publiques. Certes, c’est entre autre le travail des membres du conseil municipal, mais dans la réalité on remarque surtout la tournure plutôt politique du poste de conseil municipal. On constate également le faible niveau en matière d’urbanisme et de planification au sein des postes à responsabilité de la Commune. En plus que l’effectif en ressource humaine au sein de l’administration communale en général est en deçà des besoins, les tenants des postes à responsabilités sont très peu familiers aux questions urbaines.
Finalement, le document marque plusieurs pratiques qui sont positives mais qui pour nous soulèvent des questionnements. Par exemple, le document loue la diversité des organismes intervenant dans le processus de développement (organismes ONUsines, la Banque Mondiale, l’Union Européenne, les ONGs nationaux et internationaux). Effectivement, ces acteurs sont nombreux, mais à l’état de délabrement où se trouve la ville, nous percevons plus le manque totale de coordination des actions de ces partenaires qui fait que les efforts sont diffus et passent plus pour du « maquillage urbain » sans apporter des solutions à long terme. Si une certaine coordination est faite, les efforts convergeant, on arriverait à une vraie planification.
Les bidonvilles :
A la lecture du document, la notion d’habitat est réduite au logement. Il n’y est nullement penser que l’habitat doit (impérativement) dépasser l’idée de « là où on loge ».
La question de bidonvilisation est ahurissante pour la Capitale de Madagascar. 70% des constructions en 2010 sont illicites et 25% des logements sont classés précaires et se trouvent dans les bidonvilles. Notons qu’à Antananarivo, quand nous parlons de bidonvilles il s’agit vraiment de « logement » fait à partir de matériaux de récupération, le plus souvent pris dans les poubelles.
Cette situation est créée par plusieurs facteurs dont la lenteur administrative sur deux principaux points : l’octroi de permis de construire et la planification urbaine elle-même. En effet, comme le mentionne le document, l’installation de la population précède la planification. De ces faits, l’informalité est généralisée : les riches comme la classe moyenne construisent sans permis et deviendront formel faute d’organe et de pouvoir de sanction. Les pauvres s’installent et deviennent partie intégrante de l’image de la ville. Tout cela est fortifié par une corruption généralisée au détriment de la ville.
Question logement, les offres de l’Etat sont presque inexistantes depuis les années soixante dix. Les projets de logements ont plus des attraits de manœuvre politique que de vraies réponses à de réels besoins urbains. Les offres de logement actuel par les opérateurs privés de l’immobilier sont plus destinées à la classe aisée. Notons en passant l’accaparation des points stratégiques de la ville par ces opérateurs, une certaine « privatisation » de la ville repoussant dans les périphéries de plus en plus lointaines la classe moyenne et les défavorisés. Seuls, les œuvres caritatives et ONGs œuvrent pour les classes défavorisée en matière de logement. Mais ces actions sont insignifiantes face à la réalité urbaine.
L’environnement :
La forte pollution d’Antananarivo est ahurissante. Le document mentionne qu’elle fait partie des villes des plus polluées du monde. Le PUDi de 2004 note qu’en 2015, 72 ha d’espace vert seront nécessaires alors qu’actuellement il n’existe qu’environs 13 ha.
L’inexistence de mise en application des textes, des services de répréhension ainsi que volonté politique claire font également que les zones sensibles (marécages, zones tampons) sont remblayées alors qu’elles constituent également des espaces verts.
Afin de soutenir une expansion soucieuse d’une harmonie entre l’environnement et le bien être des habitant, il est primordial de penser au « poumon vert et espace de loisir ».
La question des changements climatiques affectent grandement la capitale.
Les problèmes de déchets sont également récurrents dans la capitale. Seul, 37% des déchets ménagers sont ramassés. Les conséquences sur la santé de la population est palpable surtout depuis la crise de 2009 car le fonctionnement des institutions est déréglé.
Partie III : Conclusion
L’ouvrage apporte une vision détaillée de la situation urbaine de la capitale de Madagascar Antananarivo. Pour les trois thématiques : gouvernance, bidonvilles et environnement, la situation est critique. Pour la gouvernance, les textes ne sont plus à jour et ne permettent plus une gestion de la ville. L’étalement de la ville sur ses Communes périphériques nécessite une coordination élargie de la planification sur les années à venir. Seulement, la volonté politique des dirigeants entravent la réalisation d’une approche transparente et gagnant-gagnant.
Au sujet de la bidonvilisation, il est surtout question du manque de planification qui fait que la mise en place de la population est incontrôlée et incontrôlable. La question de l’habitat est réduite à tort comme un problème du logement. Les offres étatiques sont inexistantes et l’accaparement de la ville par les opérateurs privés devient un réel danger pour la « publicité » de la capitale.
Concernant l’environnement, Antananarivo est sous la pression de la pollution. Parmi les villes les plus polluées du monde, elle n’a pas de « poumon vert » et les endroits stratégiques comme les marécages qui peuvent contribuer à un équilibre sont sujets de remblais sauvages. L’inexistence d’une planification écologique affecte d’une manière dangereuse le devenir de la ville.
Plusieurs pistes sont à voir d’urgence :
- coordination effective de tous les acteurs pour une planification réfléchie de la ville
- clarification des textes et mise en application
- renforcement des capacités des responsables au sein de la ville sur la question de l’urbanisme
- incitation des volontés politiques à réfléchir sur le devenir de la ville par une collaboration franche de tous les acteurs
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