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Dynamiques de l'urbanisation africaine 2020 : Africapolis, une nouvelle géographie urbaine

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(2020)

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  • @baseggio

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  • @stephreuse
    2 months ago
    Présentation du contexte de publication et de l’ouvrage L’Afrique se caractérise par la croissance urbaine la plus rapide de la planète avec 950 millions de nouveaux urbains attendus entre 2020 et 2050. Au vu des nombreux défis et enjeux lié au développement urbain et du rôle que les agglomérations africaines auront à jouer pour le développement durable et lutter contre le réchauffement climatique. Cette transition est soutenue par l’OCDE à travers une production de savoirs qualitative et la mise en place d’une base de données unique réalisée par le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO) à travers la plateforme Africapolis.org qui propose une nouvelle géographie urbaine. Lancé en 2008 avec le soutien de l’AFD, le projet Africapolis fait partie de l’association e-Geopolis qui se consacre au développement urbain à l’échelle mondiale. L’ouvrage est placé sous la direction de François Moriconi-Ebrard, Philipp Heinrigs et Marie Trémolières qui ont respectivement travaillé sur la mise en place de la base de données mondiale Geopolis, les dynamiques urbaines en Afrique, et sur les questions de migrations et d’intégration régionale en Afrique. Suite à une introduction mettant en évidence la forte croissance urbaine sur le continent, le premier chapitre « Défis et mesures de l’urbanisation en Afrique » fait ressortir le manque de cohérence en ce qui concerne les définitions de l’urbain, l’hétérogénéité des critères nationaux ainsi qu’au niveau des données statistiques sur les agglomérations. Il présente les apports de l’approche spatiale utilisée par Africapolis, qui permet de mieux appréhender le phénomène urbain en Afrique, avec l’identification d’environ 7.600 agglomérations de plus de 10.000 habitants dans 50 pays. Le deuxième chapitre « Analyse de la géostatistique de l’urbanisation africaine » se base sur des données comparables de 1950 et 2015. Il présente la répartition spatiale des agglomérations (réseau urbain), les rythmes d’urbanisation et les différentes formes d’agglomérations permettant de mieux apprécier l’ampleur du phénomène à l’échelle du continent. Le troisième chapitre « Histoire, Politiques & Environnement et formes urbaines africaines » présente le contexte du développement du réseau urbain en Afrique suivi d’une typologie des agglomérations avec une analyse des attracteurs spatiaux et de leur combinaison qui les influencent leur genèse. Enfin, le quatrième chapitre « Nouvelles dynamiques urbaines africaines » présente les tendances actuelles du développement urbain en mettant notamment en évidence le cas d’agglomérations situées à l’intérieur des terres avec des exemples qui traduisent des modèles typiquement africaines (Kenya, Nigeria…). Des tables d’indicateurs sur les principales agglomérations du continent ainsi que de fiches synoptiques qui présentent le système urbain pour chaque pays sont présentés en annexe. Cette note se penche sur trois éléments de l’ouvrage qui me semblent particulièrement important à discuter. Le premier est l’apport de l’approche spatiale Africapolis pour appréhender le phénomène d’urbanisation sur le continent. Le deuxième est le rôle déterminant joué par les attracteurs spatiaux sur les logiques de peuplement. Le troisième est la nécessité d’une anticipation sur les nouvelles dynamiques d’urbanisation africaines identifiées à l’intérieur du continent. Discussion Apports de l’approche spatiale Africapolis : L’ouvrage met dans un premier temps en évidence la grande hétérogénéité de définitions politico-administratives du phénomène urbain d’un pays à l’autre ce qui rend tout approche comparative des systèmes urbains complexe malgré l’existence de similitudes sur le terrain. Une approche comparative a pourtant l’avantage de pouvoir mieux comprendre le développement du phénomène urbain. Ceci d’autant que les modèles de développement peuvent présenter de grandes similitudes entre différents pays parfois même éloignés sur le plan géographique et ainsi contribuer à la mise en place de politiques de développement plus adaptées aux réalités du terrain. La méthodologie utilisée par Africapolis, qui consiste en des analyses basées sur le croisement de données démographiques issues de recensements nationaux, l’imagerie satellitaire et l’utilisation de bases de données géoréférencées, apporte une vision nouvelle des dynamiques urbaines en Afrique. En effet, cette démarche met en lumière les avantages d’une approche spatiale du phénomène, qui a travers la morphologie de l’occupation des sols, a permis d’identifier et de décrire des formes urbaines telles que l’étalement spatiale au-delà des limites administratives souvent peu traitées dans la littérature produite qui se consacre plus particulièrement aux grandes villes d’origine coloniale et aux formes d’urbanisation « classiques » très largement basées sur les standards occidentaux. Deux approches intéressantes du phénomène urbain parmi d’autres sont particulièrement mises en valeur dans l’ouvrage à travers certaines cartes et statistiques intégrées dans l’ouvrage. La première concerne les petites localités (à partir de 10.000 jusqu’à 100.000 habitants) qui pour leur très nette majorité se sont développées au-delà de la période coloniale et sont un indicateur géographique des dynamiques de densification de la population propres à chaque pays (systèmes urbains). La seconde concerne le développement de véritables agglomérations (distance < 200m entre les habitations) in-situ dans les zones rurales dont certaines sont plus que millionnaires (p.ex. Onitsha (Nigéria), Bafoussam (Cameroun) ou Mbale (Ouganda)). Ces deux exemples mettent en évidences des formes d’urbanisation « africaines » à la fois dictées par les dynamiques de peuplement/migration locales et les opportunités de développement économiques (commerce, agriculture, autres…). Par ailleurs, ils interpellent sur la nécessité d’élargir les champs de réflexion pour étudier les dynamiques urbaines et surtout de faire appel aux technologies spatiales pour pouvoir suivre plus facilement et avec davantage de précision l’évolution du développement des agglomérations. Ce qui favorise également une meilleure anticipation de leur futur et une aide à la décision. Rôle déterminant des attracteurs spatiaux sur les logiques de peuplement : Dans la présentation du contexte historique, politique et environnemental des formes urbaines africaines (chapitre 3), les auteurs de l’ouvrage font ressortir l’existence d’un fossé entre les politiques urbaines et les réalités fonctionnelles observables sur le terrain. Cette remarque s’avère pertinente au vu de ce qui s’observe à la fois à travers la littérature et des réalités sur le terrain qui portent davantage sur un développement urbain sous forme d’opérations de lotissement successives et la réalisation de grandes infrastructures que par les opportunités offertes par le milieu environnemental. Le contexte environnemental joue pourtant un rôle déterminant dans des sociétés fortement dépendantes de l’agriculture tout comme certains aménagements (retenues d’eau, plaines agricoles aménagées par les Etats ou sociétés privées, organisations de marchés agricoles…) qui sont autant de facteurs attractifs en termes de revenus pour les populations. Des exemples concrets sont présentés dans le document au Rwanda et au Kenya notamment qui montrent une adaptation de l’espace bâti aux caractéristiques géomorphologiques des zones concernées tout comme une utilisation rationnelle de l’environnement pour associer agriculture et habitat. Il en ressort des « modèles » de développement urbain (groupés, linéaires, épars) développés de manière endogène et dont il faut tirer des enseignements dans la perspective d’un développement urbain durable dans les zones où l’agriculture occupe toujours une place dominante mais également au regard du potentiel offert en termes de diversification des activités (p.ex. agro transformation), tout en répondant aux besoins et attentes des populations résidentes. La remarque suivante « L’analyse des leviers des phénomènes urbains et les opportunités de modélisation qu’offrent les attracteurs spatiaux sont autant d’outils à développer au service des structures locales et nationales, des politiques et des partenaires » (p.97) renforce la nécessité de tenir compte des facteurs attractifs qui peuvent être combinés (p.ex topographie, qualité des sols pour l’agriculture, aménagements ) comme déterminants pour la planification urbaine et devrait tirer des leçons d’études comparatives entre pays qui pourraient être rendues possibles avec l’approche spatiale Africapolis. Anticipation sur les nouvelles dynamiques d’urbanisation africaines : Le chapitre 4 de l’ouvrage cherche à mettre en évidence l’apparition de nouvelles dynamiques d’urbanisation en Afrique malgré la primacie (prédominance) des métropoles par rapport aux villes secondaires dans la nette majorité des systèmes urbains nationaux. Il se penche notamment sur l’extension rapide d’agglomérations secondaires à l’intérieur du continent avec en particulier le développement spontané de centres importants dans des zones considérées comme rurales mais très denses. La remarque suivante « La distinction entre agglomérations « métropolitaines » et « intermédiaires » et leur documentation est cruciale pour les stratégies et politiques urbaines et pour la mise en œuvre d’un aménagement du territoire adapté ». (p.105) interpelle également sur les enjeux et défis autour de localités dont les logiques de développement sont davantage dictées par les logiques et besoins des populations africaines que par les stratégies d’aménagement du territoire au niveau central étant-donné leur position en périphérie. Si ces modèles présentent des caractéristiques très intéressantes plus particulièrement au sein de sociétés fortement dépendantes de l’agriculture par le rapprochement des zones d’habitat de celles de productions, la question de la densification de ces agglomérations au regard de la croissance démographique interne et de la préservation des espaces naturels se pose. L’approche spatiale Africapolis est ici très pertinente en ce sens qu’elle permet d’assurer un suivi de l’évolution des formes des agglomérations et de mieux comprendre les logiques qui sont derrières tout comme de mieux pouvoir anticiper le futur. Un travail de terrain auprès des différents acteurs locaux est toutefois nécessaire en complément pour mieux comprendre le phénomène et rechercher des solutions durables en matière d’organisation de l’espace et de gestion durable des ressources naturelles. Conclusion La présente note de lecture fait très clairement ressortir les avantages d’une approche spatiale pour apprécier l’évolution du phénomène urbain en Afrique. Il a notamment permis de mieux comprendre certaines logiques de développement urbain encore peu étudiées dans les zones rurales tout comme l’importance de considérer les petites agglomérations notamment au regard des attracteurs spatiaux. Dès son introduction, l’ouvrage énonce clairement la nécessité de rendre en compte les dynamiques rurales dans l’anticipation du futur urbain en Afrique, ce qui nécessite en particulier de se pencher sur les nouvelles formes d’urbanisation en cours. De manière générale, on ne peut qu’apprécier l’approche Africapolis pour mieux comprendre le phénomène urbain en Afrique et avoir une vision objective des facteurs qui le favorisent. Si l’approche spatiale est très riche d’enseignement, il reste toutefois primordial d’avoir une vision des logiques de développement des agglomérations par les populations elles-mêmes. Ce qui nécessite une approche terrain pour des études thématiques où les acteurs locaux sont en mesure de nous donner leur vision du développement de leur milieu de vie tout comme leur perception des différents enjeux et défis directement liés à leur milieu. Avant tout, le développement urbain doit chercher à répondre aux mieux à leurs besoins tout comme leur assurer un bien-être durable. Eléments bibliographiques DE LATTE-GASQUET Marie. Le développement des espaces ruraux en Afrique de l’Ouest. Futuribles, 2021, pp.1-31. FÖRSTER Till & AMMANN Carole. Les villes africaines et le casse-tête du développement : Acteurs et capacités d’agir dans une zone grise urbaine. Revue internationale de politique de développement 10/2018, 21p. OBIADA Bons & Al. Onitsa, Anambra State Urbanization and the Housing Challenges : The Cage of Poor implementation of the Onitsha Urban Development Laws. African Journal of Educational Management, Teaching and Entrepreneurship Studies VOL.9 July 2023, 16p. PRIETO CURIEL Rafael & Al. Detecting Cities with high intermediacy in the african urban network. October 2021, 25p. TANGMOUO Francis Tsoata. Caractérisation de l’étalement urbain à Bafoussam : Examen du rôle des industries et des équipements structurants. Journal de Recherche Scientifique de l’Université de Lomé, Décembre 2022, 31p.
  • @toquins
    3 years ago (last updated 3 years ago)
    Note de lecture : Dynamiques de l’urbanisation africaine 2020 Cahiers de l’Afrique de l’Ouest Cet ouvrage, rédigé sous la direction de François Moriconi-Ebrard, agrégé de géographie au CNRS, Philipp Heinrig, économiste principal au secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest de l’OCDE et Marie Tremolières, analyste politique à l’OCDE a été publié sous la responsabilité de l’OCDE. Depuis 1950, le nombre d’agglomérations a été multiplié par 13, induisant une transformation majeure des sociétés africaines notamment avec une frontière entre urbain et rural qui fait de plus en plus débat. L’objet de cet ouvrage repose sur l’analyse des différentes approches du phénomène urbain qu’il est nécessaire d’étudier dans sa globalité à l’échelle continentale, pour mieux appréhender et gérer l’urbanisation. C’est là qu’intervient Africapolis qui apporte une vision géospatiale et statistique de ce phénomène complexe permettant d’analyser les spécificités africaines de l’urbanisation et de l’établissement des populations avec l’utilisation grandissante de données diverses (images satellites, recensements, archives…). L’une des idées majeures développées dans l’ouvrage prend source dans la nécessité de comprendre comment les africains peuplent leur continent, comment cela impacte leurs modes de vie, et cela en s’abrogeant des règles et des définitions propres à chaque pays. Africapolis nous expose des outils et un système d’information géographique (SIG) pour mieux connaître les raisons de la répartition de la population sur le sol, notamment grâce à la télédétection du bâti, des zones humides, désertes etc… Leur propos prend rapidement des dimensions géostatistique et géospatiale et nous présente des algorithmes, des images satellites et une définition globale qu’ils ont des villes afin de combler les nombreux phénomènes ignorés par les statistiques internationales comme l’urbanisation In Situ, les conurbations ou les flux humains intercontinentaux. En toute logique, cette différente approche ne tient pas compte des limites physiques, administratives ou fonctionnelles classiques qui influent sur les statistiques urbaines mais se base à la place sur des données concrètes, observables, et temporelles. Le découpage national devient alors presque une information secondaire puisque qu’il dépend de choix politiques souvent unilatéraux appartenant à un temps souvent révolu où l’Afrique n’avait que 30 millions d’urbains et une petite part de pays indépendants. Plus leurs données et leur analyse nous sont dévoilées, plus il semble que la légitimité d’Africapolis de prendre une place importante parmi les bases de données et d’études référentes (ONU, WUP…) dans le monde ne fait plus débat. En effet, à l’heure où les frontières des pays se floutent, et où les mouvements de personnes s’intensifient au niveau continental, il est primordial pour les pays de se baser sur des définitions et des données communes pour mettre en place des politiques urbaines pragmatiques et préparer l’avenir du peuplement africain. Une deuxième grande idée se plongent dans la complexité des systèmes urbains, bien différents de ce que l’on connaît en occident. Cette complexité tient en plusieurs points. Tout d’abord en Afrique, la primatie urbaine est dominante, ce qui signifie que le poids des villes secondaires est dérisoire par rapport aux métropoles, en termes de concentration de la population mais aussi de pouvoirs, de médias et d’emplois. On parle d’ailleurs d’une discontinuité entre métropoles et agglomérations plutôt qu’entre urbain et rural plus commune en Europe. Ensuite le communautarisme est nettement plus marqué, selon la religion et surtout selon les ethnies (Oromo en Ethiopie, Yoruba au Nigéria…) créant des centres économiques et culturels bien différents, impulsant de surcroit des dynamiques propres à chaque pays ou même régions. En Afrique aussi, les migrations sont principalement dues au manque de place et favorisent la densification des zones rurales, les reclassifications (lorsque le seuil de l’urbain est atteint), et les coalescences censées redistribuer les forces économiques et décisionnelles. Mais la présence ou non d’une politique urbaine résulte dans les deux cas d’une décision politique, et sans réelles politiques nationales, dû à une forte bureaucratie, à un manque de moyens et à la présence de corruption, la planification est difficile à mettre en œuvre et il se crée d’immenses régions métropolisées congestionnées parfois à cheval sur plusieurs pays où il devient de plus en plus dur de planifier quoi que ce soit. Cette même complexité a aussi beaucoup à voir avec le passé colonial des pays africains qui a joué un grand rôle dans le développement du continent, surtout depuis le milieu du 19ème siècle. Il y a en effet de grandes différences avec l’Europe, tournée vers le littoral, avec son modèle de ville coloniale ségrégué, notamment en Afrique Australe, qui ont contribué à l’ouverture du continent, à une plus grande exploitation de leurs ressources mais aussi à brouiller certaines traditions de peuplement, de culture et de subsistance. Cette présence internationale se retrouve aujourd’hui sous forme d’investissements, pour créer des réseaux urbains, des infrastructures et des services, indispensables pour avoir une croissance pérenne du continent mais qu’il faut savoir intelligemment balancer avec une implication d’acteurs locaux afin de ne pas calquer à tort le modèle occidental ou asiatique sur la ville africaine. Enfin, comment parler d’urbanisation aujourd’hui sans évoquer le contexte environnemental si spécifique en Afrique et l’impact des catastrophes naturelles sur le peuplement ? Le couloir du Sahel ou la jungle d’Afrique centrale par exemple ne seront pas mis en valeur de la même manière. On croisera donc des hauts plateaux fertiles, des zones de traditions pastorales millénaires et des métropoles surpeuplées, certaines autour d’éléments structurants comme un fleuve, d’autres s’étendant à travers le désert. Chaque zone aura des schémas migratoires et une structure d’occupation des sols différents impulsant un peuplement épars, linéaire, groupé ou planifié. Il faut aussi prendre en compte des facteurs exogènes comme l’insécurité ou l’instabilité politique de ces mêmes zones. Toutes ces variables vivent et s’adaptent alors que l’urgence climatique est prépondérante. Le constat de Malthus est d’autant plus retentissant aujourd’hui en Afrique avec la croissance démographique : la population d’un pays croit toujours plus vite que ses ressources et entraine la destruction de ses espaces naturels. L’on connait l’exemple rwandais pour la préservation de ses espaces naturels malgré l’extrême densité du pays mais en retard sur les progrès technologiques et en besoin grandissant de terres arables, l’Afrique aura du mal à multiplier ces initiatives écologiques et privilégiera aussi l’énergie bon marché en majorité polluante. Voilà en quelques lignes, brossés les principaux enjeux de l’urbanisation africaine, en commençant par son besoin de définitions statistiques claires et globalisées au continent, afin de planifier efficacement les zones d’habitation de demain. Ensuite la mise en avant de la complexité des systèmes urbains : sociale, politique et économique qui rend la mission planificatrice plus ardue car un schéma gagnant de marchera pas dans toutes les villes. Enfin le contexte environnemental unique qui doit faire face à des aléas fréquents mais aussi à un réchauffement climatique qu’il faut limiter. L’ouvrage était en résumé très intéressant car il apporte une vision globale et objective de la situation de l’urbain sur le continent en nous partageant des données statistiques fiables si bien que chaque propos ou définition est appuyé par une image satellite ou par des chiffres concrets. Leur analyse inclut aussi une dimension historique avec nombreuses références à l’époque coloniale et ethnologique pour relier les peuplements passés et présents. En revanche l’ouvrage ne traite pas de la bonne gouvernance à adopter pour ces pays, si elle doit reposer sur la sphère étatique ou plutôt sur la décentralisation des pouvoirs vers les collectivités. Plus de détails sur les acteurs extérieurs appelés à guider ces dynamiques urbaines, investisseurs privés ou organismes internationaux aurait été intéressant. L’année dernière la lecture du très enrichissant « Richesses de la nature et pauvreté des nations. Essai sur la malédiction de la rente minière et pétrolière en Afrique » m’a permis, non pas de connaître les dynamiques urbaines du continent mais de mieux comprendre le levier principal de la croissance africaine : l’exploitation des ressources et la redistribution de ses richesses. Les différents propos développés complètent bien cet ouvrage.
  • @amadeussamba
    @amadeussamba 3 years ago
    C’est un ouvrage réalisé par le CLub du Sahel et de lAfrique de l’Ouest qui vise l’amélioration socio-économique inclusive de ces régions. A l’horizon 2050, le taux de croissance urbaine de l’Afrique sera des plus élevé au monde et les villes du continent hébergeront 950 millions d’habitants supplémentaires. Certaines de ces viles ne se sont pas encore créées. Le coefficient démographique urbain constitue une opportunité à saisir et d’innombrables défis sont à relever dont les investissements responsables. Cela est un sérieux problème et la Planification urbaine devra s’adapter aux enjeux actuels. Les dynamiques des villes subsahariennes nécessitent une agilité et des politiques de développement territoriaux Ces données obtenues depuis la base de données géospatiale Africapolis (www.africapolis.org) couvrant des agglomérations urbaines africaines. Les exploitations et analyses sous différents points de vue (politiques, historiques et environnementaux) traitent de toutes les catégories de villes. .Grosso modo, des orientations sont proposées pour des politiques urbaines adaptées et devant permettre de mieux vivre en ville dans l’avenir, en considérant davantage la dimension culturelle.
  • @baseggio
    3 years ago (last updated 3 years ago)
    Dynamiques de l’urbanisation africaine 2020 : Africapolis, une nouvelle géographie urbaine. A) Cet ouvrage a été rédigé par le CSAO, au sein de l’OCDE, sous la direction de François Moriconi-Ebrard, Philipp Heinrigs et Marie Trémolières. « Le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO) est une plateforme internationale indépendante. Son Secrétariat est hébergé au sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Sa mission est de promouvoir des politiques régionales à même d’améliorer le bien-être économique et social des populations ouest-africaines. Ses objectifs spécifiques sont d’améliorer la gouvernance régionale de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, et d’analyser les transformations en cours dans la région dont l’urbanisation et leurs implications en matière de politiques publiques. »1 B) L’Afrique est déjà principalement urbaine et plus de 50% de la population vit actuellement dans des agglomérations. Et sa croissance ne cesse de progresser. En effet, il est estimé que la population africaine va doubler entre aujourd’hui et 2050, dont les deux tiers iront en ville. Cela représente une augmentation de près de 2000% ! A titre d’exemple : « En 2015, le Kenya compte plus de citadins que l’ensemble du continent en 1950 »2 . Cette forte urbanisation du continent est entre autre la résultante d’une absence ou faible migration rurale, particulièrement dans les zones denses. A travers cet ouvrage, Africapolis nous partage ses recherches en terme d’analyse de la situation actuelle en Afrique. En effet, il faut se méfier des statistiques et des sources. Elles varient d’un pays à l’autre, ne sont pas toujours rendues disponibles et ne sont pas forcément à jour. De la même manière que les statistiques, la notion d’urbain varie d’un pays à l’autre. C’est pourquoi Africapolis a mis au point son propre système d’analyse afin de pas dépendre des pays, avec toutes les précautions que cela nécessite, et d’obtenir des données uniformes et durables sur l’ensemble du continent. Ainsi, leur analyse est faite grâce à deux types de sources : les données statistiques de population et les images satellites pour identifier les limites de l’extension des agglomérations. Une agglomération est considérée comme urbaine si sa population est supérieure à 10000 habitants et si son extension physique ne présente pas de rupture de l’espace bâti de plus de 200m. Et finalement, Africapolis combine trois types d’informations : la liste des localités d’un pays, la population par localité, ainsi que le bâti continu formant une zone urbanisée. Mais revenons à l’urbain. L’Afrique est d’avantage urbanisée au nord, mais également lorsque le niveau de revenu est élevé. Les chiffres indiquent que la quantité de personnes habitant dans des agglomérations diminue. Mais comme la population est en augmentation, la taille des agglomérations augmente, et ces dernières ne sont donc plus considérées comme agglomérations. En d’autres termes, la population ne se déplace pas, mais son augmentation change de catégorie ce qui était autrefois une agglomération. Ceci est confirmé par la distance moyenne mesurée entre deux agglomérations qui a diminué de 60% en 65 ans. L’augmentation démographie pousse à redessiner les villes, et de manière générale à planifier (autrement). Les sociétés africaines dépendent particulièrement de l’agriculture, et par conséquent de l’environnement. Les différentes colonisations ont fondé des villes avec un fonctionnement qui leur était propre. Mais une fois l’indépendance retrouvée, la population s’est réorganisée comme elle a pu. Mais la forte croissance actuelle est difficile à combiner efficacement avec les structures en place. Les agglomérations s’agrandissent de manière quelque peu sauvage, ce qui ne peut pas fonctionner sur le long terme. En effet, les terres cultivables à proximité des habitations sont utilisées pour de nouvelles constructions, reculant et réduisant les surfaces cultivables. Les terres sont mises en concurrence entre le rural et l’urbain, par exemple pour profiter d’un emplacement avantageux pour profiter des eaux pluviales. Et tout cela tend à densifier la population. Nous pouvons noter ces difficultés au Rwanda et au Burundi. « Partout, la croissance urbaine est fortement liée à la disponibilité en eau et en terres, ainsi qu’à la productivité agricole. Le continent africain dispose globalement d’un potentiel de ressources considérable dont l’exploitation dépend de la volonté politique et de la capacité des sociétés à s’organiser. Les principales stratégies d’adaptation sont gérées à trois échelles territoriales, depuis de vastes projets d’aménagement nationaux jusqu’au savoir-faire local, en passant par des projets communautaires. Chacune de ces stratégies engendre l’émergence de nouvelles agglomérations urbaines, dans des conditions variées et termes de migrations, de coûts financiers et environnementaux. Ces formes d’urbanisation différenciées en termes de volume de population, de superficie des villes ou de densité urbaine appellent à l’articulation entre les intérêts nationaux et locaux. »3 A travers ces quelques lignes transparait l’importance d’une organisation à grande échelle incluant les besoins et savoir-faire locaux. De la lecture de cet ouvrage il ressort que l’urbanisation croit sans être assez contrôlée. Mais ajoutons également que la gestion des ressources est importante. Si elle n’est pas planifiée, l’organisation peut rapidement mettre en avant des problèmes de production et/ou de distribution. Et bien que les nouvelles technologies permettent une meilleure production et une bonification de nouvelles terres désertiques, une main d’œuvre est spécifique. Ainsi, l’agriculture dite traditionnelle est encore bien présente. Certes planifier d’avantage est important, mais la tâche délicate. Le continent africain ne présente pas un seul et unique modèle d’urbanisation. Nous pouvons citer l’urbanisation par groupement, le peuplement linéaire, la dispersion, le peuplement épars, l’habitat groupé étoilé… Il n’est donc pas envisageable d’appliquer un modèle unique à l’ensemble du territoire. La tâche n’est pas aisée bien qu’utile à long terme. Aujourd’hui il est important de contrôler la manière dont les agglomérations grandissent, ainsi que mettre en place une gestion des ressources durable pour anticiper au mieux l’accroissement de la population. La croissance urbaine a lieu principalement sur les terres, loin des littoraux. L’Afrique est le continent le plus élevé de tous les continents en termes d’altitude moyenne. Et c’est dans les hauteurs que les terres sont les mieux arrosées (car plus de précipitations et moins d’évaporations que sur les terres en basse altitude). Et c’est par les conditions météorologiques sont favorables que le potentiel de croissance urbaine est le plus fort en ces endroits. C) « Ces dernières décennies, la protection des milieux naturels s’est développée ainsi que de nouvelles politiques d’urbanisme corrélées. Les premières réalisations de type cités jardins émergent au début du XXe siècle et influencent l’urbanisme colonial, notamment en Afrique du Sud, en Rhodésie et au Kenya. Au XXIe siècle, l’idée de conserver la nature en ville est part de nombreux projets d’urbanisme dans les pays développés du nord. »4 . Aujourd’hui, avec le réchauffement climatique et l’accroissement de la population à nourrir, la question environnementale prend de plus en plus d’importance. Et c’est certainement en ces points que se trouvent les enjeux à intégrer à la planification. L’urbain prend du terrain sur le rural, et il est important de réussir une bonne transition entre ces deux milieux. 1 Dynamiques de l’urbanisation africaine 2020, p.3 2 Dynamiques de l’urbanisation africaine 2020, p.16 3 Dynamiques de l’urbanisation africaine 2020, p.78 4 Dynamiques de l’urbanisation africaine 2020, p.128 Bibliographie OCDE/CSAO (2020), Dynamiques de l’urbanisation africaine 2020 : Africapolis, une nouvelle géographie urbaine, Cahiers de l’Afrique de l’Ouest, Editions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/481c7f49-fr.
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