Article,

Aspirations des jeunes issus de l’immigration: quel rôle joue un «choix contrarié»?

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Les transitions professionnelles tout au long de la vie. Nouveaux regards, nouveaux sens, nouvelles temporalités?, (2016)

Abstract

L’orientation professionnelle représente un défi majeur pour les jeunes à la fin de leur scolarité : les jeunes prennent des décisions importantes pour leur avenir professionnel et privé. Le choix d’un parcours éducatif, d’une filière de formation professionnelle ou d’une carrière est essentiel dans la perspective d’une vie professionnelle. Les jeunes en Allemagne sont confrontés assez tôt à ce choix, car contrairement à la France, en Allemagne seulement 40 % des jeunes d’une classe d’âge suivent une filière scolaire qui mène au baccalauréat. Environ 60 % des élèves du premier cycle du niveau secondaire fréquentent des filières d’un enseignement général, où ils obtiennent, en moyenne à l’âge de 15 à 16 ans, des diplômes scolaires en dessous du niveau du baccalauréat (Delautre, 2014). Bien qu’il existe en Allemagne à la fin du secondaire I des passerelles susceptibles d’amener les jeunes au baccalauréat, pour la majorité la formation professionnelle initiale en dessous du niveau universitaire est un chemin fortement fréquenté (Dionisius et al. 2015). La formation professionnelle initiale par la voie de l’alternance, appelée de façon synonyme « apprentissage » ou formation en « système dual », est la filière la plus importante proposée aux jeunes à la fin du premier cycle du niveau secondaire en Allemagne (Delautre, 2014). Environ la moitié des jeunes d’une classe d’âge parcourt une formation en alternance (Autorengruppe Bildungsberichterstattung, 2014). Vu le déficit persistant des places d’apprentissage et le déséquilibre sur le plan professionnel et régional sur le marché de l’apprentissage, le nombre des jeunes à la recherche d’une place en alternance est en 2015 largement plus élevé que le nombre de places en alternance encore disponibles dans les entreprises à la fin de l’année (Matthes et al., 2016). Dans ce contexte, il existe en Allemagne des débats controversés. Les uns considèrent que le nombre de jeunes ayant terminé leur scolarité d’enseignement général et qui sont intéressés par une formation en alternance diminue, étant donné que les jeunes s’orientent de plus en plus vers d’autres parcours éducatifs. Les autres supposent que les jeunes craignent de s’orienter immédiatement à la fin de la 9ème classe, c’est-à-dire à la fin de leur scolarité obligatoire, vers une formation en alternance à cause du déficit des places d’apprentissage dans les entreprises et le grand nombre de candidatures sans succès, rapportés dans les médias. Mais lequel des deux points de vue touche le plus la réalité des jeunes ? Existe-t-il des différences entre les jeunes, par exemple entre ceux issus de l’immigration et ceux qui ne le sont pas ? Environ 28 % des jeunes en Allemagne sont des jeunes immigrés ou des descendants d’immigrés (2ème ou 3ème génération). Dans les lycées, les élèves issus de l’immigration sont sous-représentés, dans les écoles du secondaire I, qui ne mènent pas à un baccalauréat, ils sont par contre surreprésentés (Beicht & Walden, 2014). Les aspirations éducatives des jeunes issus de l’immigration et de leurs familles sont connues pour être élevées, notamment chez ceux d’origine du Maghreb en France (Brinbaum & Guégnard, 2012) et ceux d’origine turque en Allemagne (Relikowski et al., 2012). Mais quels sont de nos jours les projets d’orientation des jeunes issus de l’immigration, comparés aux jeunes « nationaux » en Allemagne ? Cette question se pose notamment vue la différence de succès lors d’une transition vers une place en alternance au détriment des jeunes issus de l’immigration : même ceux dotés de bons résultats scolaires rencontrent des difficultés plus élevées à trouver une place d’apprentissage sous contrôle d’autres facteurs d’influence sur le plan individuel, social et institutionnel (Beicht, 2012, 2015) .

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