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Le travail émotionnel qui sous-tend les soins infirmiers: une analyse évolutionnaire de concept

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Recherche en soins infirmiers, (juin 2009)Article publié initialement dans "Journal Advanced Nursing" n°64 (2) 195-208 2008, sous le titre Emotionnal labour an evolutionary concept analysis.

Abstract

Même s'il ne le reconnaît pas toujours, le personnel infirmier a recours au travail émotionnel dans le cadre de ses rapports avec les patients. Le travail émotionnel qui sous-tend les soins infirmiers est invisible. Il est quelquefois associé à l'épuisement professionnel et à la dépersonnalisation. La documentation des secteurs de la psychologie et de la gestion traite abondamment du concept du travail émotionnel alors que ce dernier demeure peu abordé dans les écrits en sciences infirmières. Le présent article tend à remédier à cette situation en présentant une analyse dudit concept sous l'angle de la théorie évolutionnaire de Rodgers. Une recherche documentaire fut effectuée dans les banques de données CINAHL, PsycINFO et REPERE afin de repérer les écrits publiés entre 1990 et 2008 et comportant les mots-clés « emotional labour », « emotional work », « émotions », « travail émotionnel » et « émotions ». La démarche a permis de sélectionner 72 articles. L'information se rapportant au concept de travail émotionnel fut analysée au moyen de la méthode évolutionnaire d'analyse de concept de Rodgers. Il ressort de l'analyse que le travail émotionnel est un processus d'adoption par l'infirmière d'un « personnage de travail » dans le but de réguler et d'exprimer ses émotions (profondes ou superficielles) durant ses rapports avec les patients. Le «personnage de travail » adoptée dépend d'événements survenus précédemment lors des rapports avec le patient et a trait à l'une de trois dimensions suivantes: l'organisation (c.-à-d. les normes sociales, le soutien social), le personnel infirmier (c.-à-d. l'identification du rôle, l'engagement professionnel, l'expérience de travail et les aptitudes à la communication interpersonnelle) et l'emploi (c.-à-d. autonomie, routines, exigence sur le plan émotionnel, fréquence des rapports, complexité du travail). Les attributs du travail émotionnel ont deux dimensions: réaction autonome de l'infirmière et stratégies d'adoption d'un personnage de travail (c.-à-d. travail émotionnel de surface ou en profondeur). Les conséquences du travail émotionnel touchent l'organisation (c.-à-d. productivité, « climat joyeux ») et le personnel infirmier (c.-à-d. aspects négatifs ou positifs). L'article conclut qu'il importe que le personnel infirmier dispose du temps et du soutien nécessaires pour réfléchir au travail émotionnel requis pour soigner des patients dits « difficiles », comprendre ce travail et en discuter de façon à contrer le discours dominant sur les patients « problématiques ».

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  • @cdifsinarbonne

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