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Les Villes d’Afrique Tropicale.

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(1991)

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  • @didier
    10 years ago
    L’Afrique ne peut plus être considérée comme un continent à part ; le phénomène mondial d’urbanisation s’y retrouve. Il existe en Afrique de très grandes villes, des métropoles, de même que de petites villes. L’Afrique connait le taux de croissance démographique très élevé, donc une croissance forte. On assiste ainsi à une dynamique spatiale impressionnante reconnue sous le nom d’extension avec pour conséquence la dégradation des conditions de vie des citadins. Ce phénomène de peuplement des villes africaines a pris une allure très alarmante depuis les années des indépendances jusqu’aux 70 avec les vagues de sècheresse qui ont frappé le monde tropical. Les ruraux dans la plupart des pays ont fui la tyrannie du climat pour migrer vers les villes considérées comme des lieux de refuge. Ces migrations ont été intensifiées avec l’adoption des programmes d’ajustement structurel dans les années 80 où les Etats africains ont libéralisé le secteur agricole. La paysannerie sans soutien quitte alors les campagnes pour les villes. C’est donc dans un contexte reconfiguration spatiale des villes africaines qu’apparait l’ouvrage de Pierre VENNETIER intitulé «les villes d’Afrique tropicale » publié aux éditions MASSON en 1991.dans cet ouvrage, l’auteur consacre dix chapitres scindés en trois parties. La première partie traite de l’urbanisation de l’Afrique tropicale avec une rétrospection sur la ville coloniale, la deuxième partie est consacrée à l’étude de la population urbaine avec une mise en exergue de l’exode rural comme moteur principal de croissance des villes. Dans la dernière partie, il se borne à étudier les activités urbaines qui façonnent la vie quotidienne des africains. C’est sur ces thématiques que nous élaborons notre note de lecture. Le fait d’avoir reconnu l’existence des villes précoloniales est tout à fait salutaire. L’auteur a enlevé ainsi l’équivoque sur les conceptions traditionalistes euro-centrées qui nient l’existence des villes avant la période coloniale en Afrique notamment les conceptions de Jean DRESH qui affirme ouvertement que «la ville est une création des blancs ».Pour VENNETIER, l’existence du noyau urbain était liée à la présence du pouvoir politique. Ipso facto, les villes ou cités commerciales médiévales étaient liées aux empires, aux royaumes locaux… Nous reconnaissons néanmoins que c’est à partir de la période coloniale que les villes ont commencé à prendre une forme moderne avec de grandes dimensions. Le vent des indépendances des années 60 qui souffle sur toute l’Afrique caractérise un tournant décisif dans l’urbanisation de ce continent. Partout ailleurs, des masses paysannes se sont déversées dans les grandes villes qui n’étaient pas préparées à recevoir ce trop-plein de ruraux. Ces ruraux qui pensaient trouver une solution à leurs problèmes se rendent vite à l’évidence que leur souffrance s’amplifie davantage. VENNETIER renchérit en disant « l’exode rural est lié aussi aux aspects négatifs du milieu villageois, qui revêtent un caractère répulsif aux yeux de certains ». Ces ruraux, une fois en ville n’ont aucune qualification pour acquérir un emploi ou un loyer décent. Ils ne peuvent ni vendre leurs forces de travail parce que les villes africaines se développent sans liens avec l’industrie , c’est un développement qui se fait sur fond de pauvreté « la majorité des citadins en Afrique tropicale sont des pauvres » de Dakar à Djibouti, de Kinshasa à Windhoek en passant par Abidjan, Lagos…ce sont les même spectacles d’entassement de pauvres. La sécurité foncière en Afrique reste un cauchemar pour beaucoup de citadins. L’Etat ne fait pas grand-chose pour la promotion des logements sociaux dans un contexte d’une augmentation rapide de la population urbaine. L’acquisition d’une parcelle et la construction d’un logement moderne nécessitent d’énormes moyens ; ce que bon nombre de citadins ne peuvent se permettre .VENNETIER reste sans pitié lorsqu’il aborde la question de logement dans son livre. A ce propos, dit-il « pour les migrants arrivant de l’extérieur, comme pour les citadins jusque-là hébergés, ou ceux qui voient leur famille s’agrandir, le problème est de trouver à se loger ». Voilà le point culminant des problèmes urbains en Afrique. Dans les grandes villes comme Lagos, Nairobi, Pointe-Noire …, il se crée des habitats informels, précaires ou s’entasse une population marginalisée ; c’est dire qu’en Afrique il y a une fragmentation de l’espace urbain. Ajégounlé au Nigéria, kibéra à Nairobi, Nima à Accra sont des illustrations parfaites de ces habitats précaires qui sont fait de matériaux de récupérations aisément inflammables et qui peuvent disparaitre à la moindre intempérie tropicale. Acquérir un logement en Afrique n’est pas chose facile. Les prix du loyer de même que celui du foncier sont plus cher au centre-ville qu’en périphérie. De ce fait les populations pauvres n’ont pas d’autres choix que d’élire domicile en périphérie urbaine d’autant plus que les quartiers péricentraux sont très saturés. VENNETIER parle à cet effet de migration «résidentielle dont le moteur principale est la recherche de la sécurité foncière et de meilleures conditions de logement » La croissance horizontale des villes africaines pose d’énormes problèmes d’équipement. VENNETIER pour sa part dresse un diagnostic sans précédent. Ces images contrastées montrent que la pauvreté urbaine en Afrique ne fait l’ombre d’aucun doute. L’accès à un emploi rémunérateur, est un des grands défis de l’Afrique subsaharienne. Le secteur moderne ne peut plus absorber les jeunes, la seule industrie pour les pays africains reste encore la fonction publique. Tous ces jeunes sans emploi trouvent refuges dans l’informalité pour pouvoir survivre ; « il n’y a pas de corrélation directe entre les besoins en main d’œuvre et la venue des migrants en villes ». Pour l’auteur, l’offre est très inférieure à la demande et la proportion des sans-emplois s’élève à 25% voire 30% des actifs potentiels de sexe masculin dans les villes africaines. Il s’agit en réalités des activités illégales auxquels se vouent une bonne partie de la population urbaine africaine. VENNETIER confirme à ce propos « Pour se procurer les ressources nécessaires à la vie quotidienne, tous ceux qui ne disposent pas d’un revenu régulier doivent utiliser des solutions de fortune ». Les activités de toutes sortes s’entrecroisent dans les villes africaines. Le commerce ambulant, l’artisanat de récupération etc. Constituent quelques activités urbaines. La famine, le manque de moyens financiers amène des jeunes à se pervertir. Les villes africaines deviennent de centres ou règnent sans partage l’insécurité. La délinquance, le banditisme, les vols à main armées dont font recours certains jeunes pour pouvoir survivre s’inscrit dans cette logique de pauvreté urbaine généralisée en Afrique. Tant de problème que soulève P. VENNETIER dont on ne pourra en débattre de fond en comble. Quoi qu’il en soit, l’Afrique demeure l’archétype de la région attardée sur tous les aspects qui touchent l’urbanisation. La très grande rapidité de la croissance urbaine, le fait qu’elle ne soit pas directement liée à un véritable développement économique d’ensemble et la formation largement incontrôlée de l’espace urbain expliquent la multiplicité des problèmes qui viennent d’être évoqués surtout dans les plus grandes villes. Longtemps, les structures sociales traditionnelles et les habitudes de solidarité familiale et ethnique ont assuré, dans des conditions acceptables, la prise en charge des ‘’laissés pour compte’’. Pierre VENNETIER a eu le mérite d’avoir diagnostiqué la situation réelle de la ville africaine, ville en crise, où la malnutrition est à son comble, où les maladies, battent leur plein. La situation de crise que connait aujourd’hui les villes africaines vient justifier avec éclat la justesse de ses vues de 1991. Les villes africaines sont des villes de protestation. C’est aspect qui amena ONU-Habitat à faire un rapport sur la Gouvernance, inégalités et marchés fonciers urbains en 2010. Aujourd’hui l’Afrique doit réinventer la transition urbaine pour l’adapter dans son contexte politico-socio-culturel. L’état des villes africaines, rapport proposé par ONU-Habitat en 2014 résume tant bien que mal la situation actuelle des villes africaines. En 1991, les problèmes de transport en communs se posaient déjà avec acuité dans de grandes villes comme Lagos, Abidjan... Et P. VENNETIER aurait pu faire cas dans son ouvrage. Nous aurons souhaité voire des propositions concrètes ; solutions à l’étalement urbain en Afrique plutôt que les mécanismes explicatifs de ce phénomène. Nous ne devons pas voir que l’aspect négatif de l’urbanisation en Afrique, comme le voit VENNETIER. Les auteurs se sont accordés sur la « crise de l’urbanisation » africaine. Ils qualifient les villes africaines de « villes éparpillées », « villes anarchiques », « villes rurales », « bidonvillisées » et « disloquées ». Ces analyses d’une pertinence certaine pèchent pourtant par leur vision catastrophiste et globalisante. Une approche microsociologique et constructiviste montre qu’on peut aussi bien « apprendre de la ville africaine ». En réalité, de véritables processus urbains sont aujourd’hui en construction dans les espaces urbains africains. La ville africaine ne saurait plus être analysée seulement comme « ville disloquée », sans avenir, mais il y a lieu de l’observer aussi comme véritable « laboratoire » des dynamiques urbaines. Ce qui se donne à voir aujourd’hui, c’est une Afrique urbaine dans une période de transition où l’on doit être attentif face aux lieux d’initiatives ou face aux différents champs sociaux où se construisent les nouveaux modes de vie, les dynamiques imprévues, annonciatrices des ruptures politiques, sociales et économiques. Notes bibliographiques : J-L., Piermay, « L’invention de la ville en Afrique sub-saharienne » in Bart, F. et al. Regards sur l’Afrique, (Union Géographique International/Comité National Français de Géographie/IRD, 2002), 59- 66. Lire aussi M., AGIER, L’invention de la ville. Banlieues, townships, invasions et favelas, (Amsterdam, Archives contemporaines, 1999). Y., CHALAS, L’invention de la ville, (Paris, Anthropos, 2000). IGUE J. Les villes précoloniales de l’Afrique noire : éditions carthala 2008. Bertran M. et DUBRESSON Alin Petites et moyennes villes d’Afrique noire. Carthala Paris 328 pages Dubresson A. et Raison Jean-Pierre l’Afrique subsaharienne, une géographie de changement. Armand collin Paris 247 pages
  • @rigobert
    10 years ago
    Note de lecture de l’ouvrage « Les Villes d’Afrique Tropicale » Pierre VENNETIER(1991).. Les éditions MASSON. L’ouvrage dont nous allons faire la note de lecture est titré « Les Villes d’Afrique Tropicale ». Réédité par Pierre VENNETIER, Professeur émérite à l'Université de Bordeaux-III et actuel Directeur de recherche honoraire au C.N.R.S. Il connait très bien l’Afrique pour y avoir été, d’une part, ancien Directeur du Centre d’Etude de Géographie Tropicale (CEGET) à Bordeaux-Talence et d’autre part, pour avoir consacré de nombreux ouvrages et études à l’Afrique tels « Le développement urbain en Afrique Tropicale », « Cadre de vie urbain et problème d’eau en Afrique tropicale », « Pointe-Noire et la façade Maritime du Congo ». L’ouvrage objet de notre note de lecture a été publié pour la première fois en 1976. La deuxième édition que nous tenons entre nos mains a été publiée en 1991, aux éditions MASSON.L’ouvrage comporte Deux Cent Quarante et Une (241) pages, articulé en trois (3) parties et en dix (10) chapitres. La première partie de l’ouvrage est intitulé « l’urbanisation de l’Afrique Tropicale ». L’auteur essaie dans cette partie, de faire un rappel historique sur l’évolution des villes tropicales africaines et sur leur croissance démographique, depuis la période précoloniale jusqu’aux indépendances. La deuxième partie de l’ouvrage qui s’intitule « la population urbaine et la ville ». Elle traite des causes de la croissance démographique des villes tropicales africaines et des raisons de leurs configurations géographiques, juridiques, et sociales. La troisième partie de l’ouvrage qui s’intitule « Activités urbaines et le rôle des villes », traite des activités traditionnelles qui rythme la ville, tout en présentant l’apparition des nouvelles formes d’activités qui participe à la croissance économique des villes et au changement des modes de vie et des habitudes de consommation des habitants. L’auteur à travers cette partie essaie de monter également le pouvoir d’attraction des villes sur leurs hinterlands. Le Professeur Pierre VENNETIER, à travers l’ouvrage sus indiqué, développe plusieurs thèmes, nous avons été marqués par trois thèmes. L’existence de la ville précoloniale africaine, l’exode urbain et l’attractivité des villes. Pour ce qui concerne la ville précoloniale africaine, l’auteur prend une position nette en reconnaissant qu’il a existé des villes africaines avant la période coloniale. L’auteur va jusqu’à montrer à la page 15, le lieu où ces ville se sont implantées et les raisons de leur implantation. Il s’agit notamment de « la zone soudano-sahélienne, position d’intérimaires entre l’Afrique méditerranéenne et l’Afrique guinéenne et sur les côtes orientale du continent ». Pour l’auteur, elles doivent « leur naissance et leur croissance à l’existence de courants commerciaux entre régions à productions complémentaires. ». Nous considérons que l’auteur fait bien de le dire car en le disant, il fait mentir les tenants de la thèse nihiliste qui dénie toute existence à la ville précoloniale. Sans vouloir polémiquer, nous soutenons l’auteur dans ses propos. En effet, la ville ou « polis », telle qu’elle était perçue chez les grecs est avant tout un lieu de concentration d’homme, qui vivent ensemble en respectant un certain ordre préétabli. La situation que nous venons de présenter a bel et bien exister en Afrique avant la colonisation. Nous pensons qu’il ne faut pas seulement analyser une ville sur la base des infrastructures et des matériaux de construction mais également sous d’autres angles, à savoir le social, l’économie car comme l’affirmait Planton dans son ouvrage, la République « Ce ne sont pas les murs qui font la cité mais les hommes ».Le deuxième thème qui a attiré notre attention dans cet ouvrage c’est ce que l’auteur a appelé à la page 69, « l’exode urbain ». Il s’agit d’une situation contraire à l’exode rural. L’exode urbain est donc le retour de citadin vers le village pour plusieurs raison. La situation décrite par l’auteur est une situation assez originale et en constante évolution dans les pays africain. Toutefois, nous constatons que pour expliquer cette situation, l’auteur met l’accent sur les raisons économiques et sociales au détriment de l’instabilité politique de nombreux Etat Africain. Il est certes vrai que l’ouvrage a été publié en 1991, mais il ne faut pas oublier que même à cette époque, de nombreux Etats souffraient de crise politiques qui ont conduit à de nombreuses guerres. L’instabilité politique a poussé de nombreux citadins à regagner la campagne pour des raisons de sécurité, même si dans la réalité il n’est pas évident que la campagne soit plus sécurisée que la ville. Le troisième thème, a trait à l’attractivité des villes. L’auteur a donné plusieurs à cet état de fait. Nous ne les citerons pas ici puisque nous sommes en partie d’accord avec l’auteur .Toutefois, nous pensons que l’auteur aurait dû nuancer ces propos en affirmant que « les avantages matériels ne sont pas moins évident ; et d’abord ceux d’une nourriture plus varié (…) offre de produits nouveaux tels que le pain, sardines, sauce tomate, corned-beef (…) qui rompt la monotonie de la boule de manioc ou de la bouillie de mil ». Nous pensons que même si les écrits de l’auteur datent de 1991, il aurait pu nuancer ces propos, car dans certains pays, les villages sont profondément ancrés dans le paysage urbain. Et les habitudes des populations dans ces villages n’ont rien de différents de ceux des citadins, pour ce qui est des habitudes alimentaires. Pour conclure, nous noterons que trois thèmes dans cet ouvrage ont retenu notre attention. Il s’agit de la reconnaissance de l’existence de villes précoloniales, de l’exode urbain et de l’attractivité exercé par les villes africaines sur les populations. Pour le première cité, nous pensons que la reconnaissance de l’existence de villes précoloniales ne fait l’objet d’aucun doute. Cependant, nous pensons que l’auteur a simplement rappelé les lieux d’implantation de ces villes précoloniales africaines. Il aurait pu traiter de l’organisation spatiale de ces villes. Sur ce point, on pourrait noter l’ouvrage du Professeur Massoudi Fassudi intitulé « Architecture d’Afrique noire, essai de cosmo architecture » (1999, Edition L’harmattan) qui fait autorité sur les questions d’urbanisme traditionnel africain. Pour le deuxième, qui traite de l’exode « l’exode urbain », nous rappelons qu’il s’agit d’une situation assez originale en Afrique. Toutefois nous disons que l’auteur met l’accent sur des raisons économiques et sociales, ce qui est d’ailleurs juste mais il aurait pu s’intéresser à la question de l’instabilité politique de nombreux états africains qui poussent de nombreuses personnes à retourner vers la campagne, qu’il considère plus sécurisé que la ville. Pour le troisième thème qui s’intéresse à l’attractivité des villes, nous pensons que l’auteur aurait pu nuancer ces propos, car dans certains pays, les villages sont profondément ancrés dans le paysage urbain. Il est donc clair que ces habitants ont des habitudes qui ne diffèrent pas des citadins. L’auteur aurait pu nuancer ses propos en montrant les zones ou « l’offre de produits nouveaux tels que le pain, sardines, sauce tomate, corned-beef (…) rompt la monotonie de la boule de manioc ou de la bouillie de mil ». Bibliographie : Altersial-CERED-MSA, Nourrir les villes en Afrique sub-saharienne, Paris, Harmattan, 1985, 421 p. BERRON H., Tradition et modernisme en pays lagunaire de basse Côte d’Ivoire, Gap, Orphys, 1981, 386 p. BRASSEUR G., Les établissements au Mali, Dakar, IFAn, 1968, 550p. CHAMPAUD J., Villes et campagnes du Cameroun de l’Ouset, Paris, ORSTOM, 1983, Mémoire n°98, 508 p. DUBRESSON A., Villes et industries en Côte d’Ivoire. Pour une géographie de l’accumulation urbaine, Paris, ORSTOM-Karthala, 1989, 845p. DRESCH J., « Villes d’Afrique occidentale », cah.d’Outre –Mer, 1950, n°3, PP 200-230. OUEDRAOGO M.M- Urbanisation, Organisation de l’espace et developpement au Burkina-Faso, Bordeaux, Univ. Bordereaux III, thèse d’Etat, 1988, 857 P. FRANQUEVILLE A, Une Afrique entre le village et la ville. Les migrations dans le sud du Cameroun, Paris, ORSTOM., 1987, mémoire N°109, 646. HAERINGER P., la dynamique de l’espace urbain, rapport général au colloque sur la croissance urbaine en Afrique noire et Madagascar, Paris, CNRS, 1972, pp 177-185. HAUMONT N. et Marie A., Politiques et pratiques urbaines dans les PV.D., Paris, L’Harmattan, 1987, 2 vol, 342 et 327 P. KAY G., A social Geography of Zambia, Londres, 1967, 160 p. KNAEBEL G., et al., Que faire des villes sans égouts ?, Paris, SEDES, 1986. DENIS J., Le phénomène urbain en Afrique centrale, Bruxelles, 1968, Duculot édit., 401p ROCHEFORT M., « Typologie fonctionnelle des villes en Afriquenoire et à Madagascar », Paris, CNRS, 1972, pp 139-144. VENNETIER P., « le développement urbain en Afrique tropicale. », Cah d’outre-mer, 1969, n°85, pp 5-62. VENNETIER P., « Cadre de vie urbain et problèmes de l’eau en afrique noire. », Ann. Géogr Mer, 1988, n°85, 540 171-194.
  • @nchebihi
    10 years ago
    I- Présentation du contexte, de l’auteur et du résumé de l’ouvrage. L’évolution et les changements qu’a connus l’Afrique tropicale entre les années 40 et 70 suite à la colonisation a suscité l’intérêt de nombreux chercheurs qui ont donné lieu à plusieurs articles et publications. L’auteur a donc voulu, à travers cet ouvrage, faire le point sur l’état actuel (années 70) des villes africaines ainsi que sur les questionnements et problématiques posés par ces villes. Né en 1928, Pierre Vennetier est professeur à l’université de Bordeaux, Directeur de recherche au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) et auteur de nombreux ouvrages traitant des villes africaines, leur contexte et leur problématique. L’ouvrage « les villes d’Afrique tropicale » est scindé en 3 parties principales, à savoir, la première partie qui traite de la naissance des villes au courant du XIème siècle, d’un bref aperçu sur les ascensions et les déclins des empires d’Afrique mais également le déclenchement de l’urbanisation, ses causes et son évolution durant la période pré-coloniale et coloniale. La seconde partie, traite d’une part, le volet de la population urbaine, ses origines, ses caractéristiques, sa croissance et son impact sur l’équilibre démographique entre le rural et l’urbain, et d’autre part, les structures et paysages urbains qui peuvent être très influencés par le choix du site d’une ville, son droit foncier et l’organisation de ses quartiers. La troisième et dernière partie de l’ouvrage est relative aux différents secteurs d’activités urbaines et au rôle que peuvent avoir les villes dans le développement des régions. II- Thèmes et points de raisonnements : 1. Exode rural et urbanisation: malgré l’existence de quelques villes depuis plusieurs siècles, l’urbanisation s’est vu naître avec la colonisation européenne qui s’est installée en Afrique pour profiter des échanges commerciaux inter-régionaux de l’époque. Dans un premier temps, les européens exportaient les matières premières africaines, les transformaient dans les grandes métropoles et les importaient à nouveau pour les vendre au prix fort à la clientèle africaine. Pour cela, les pays colonisateurs exerçaient une certaine pression sur les ruraux en leur imposant les types de culture les moins rentables et des niveaux de rendement importants. C’est donc à partir de là qu’est né « l’exode rural », essentiellement pour fuir cette pression et chercher un emploi à revenu fixe. Viennent ensuite d’autres facteurs d’ordre psycho-social (fuite de contraintes de mariage, fuite de sanctions du village, recherche de scolarisation…) et d’ordre psycho- politique (guerres civiles poussant les ruraux à fuir). Le souci dans le processus de l’exode est que le paysan ne s’attarde généralement pas sur l’évaluation des avantages et des inconvénients qui peuvent survenir suite à cette migration. Ce n’est qu’après coup qu’il se rend compte qu’une fois parti de son village, il ne peut plus revenir s’y installer : c’est une question d’image car quel que soit son évolution au niveau de la ville ( réussite ou échec de l’expérience), il est obligé, par fierté, d’afficher une image positive de la ville. Comme le dit l’auteur dans son ouvrage : «le paysan compare les chiffres, sans prendre conscience qu’il vit en auto-subsistance, grâce aux cultures vivrières faites dans le cadre familial, tandis que le citadin doit se procurer contre argent : nourriture, vêtement, logement, transport, etc. Il est en outre impressionné par l’attitude et les propos de ceux qui, selon une expression si courante, reviennent « crâner » au village, jouer les affranchis et les « évolués, et donnent à ceux qui les écoutent l’envie de partager à leur tour les avantages de ce monde de mieux –être ». Ceci étant, les migrants continuent généralement à souffrir en silence, en cas d’échec, et se débattent au quotidien pour pouvoir, au moins, construire dans leur village une maison où ils pourront, le moment venu s’y retirer pour passer les dernières années de leur vie. 2. Le paysage urbain : avec l’avènement des européens et la migration des ruraux les villes africaines se sont vues croître de manière hétérogène étant donné la différence de la culture et des traditions de ses occupants : d’une part, les européens et les élites africains vivent dans des « quartiers modernes » planifiés, structurés par zones fonctionnelles (résidentielle, administrative, commerciale…) avec les équipements d’accompagnement nécessaires et, d’autre part, les migrants résidents dans les « quartiers africains » qui ont avec une structure sociale fondée sur le regroupement traditionnel des citadins autour de leur chef et qui sont en grande partie improvisés étant donné le nombre de migrant qui reste toujours supérieur aux prévisions des autorités. « … on comprend mal pourquoi l’Afrique Tropicale ne verrait pas se modeler un type original de villes où coexisteraient des quartiers de conception européenne, siège des activités liées au monde moderne, et des quartiers plus proches des conceptions africaines où les citadins trouveraient un cadre de vie répondant à leur existence et à leur traditions propres ». Ces deux types de quartiers cités ne sont pas seulement dus à la différence de culture mais sont également l’image d’une ségrégation sociale. Or cette ségrégation, et malgré tous les efforts de planification fournis par les autorités dans le monde entier d’avoir une certaine mixité urbaine, reste jusqu’à aujourd’hui persistante. Ceci étant l’un des aspects qui influencent le paysage urbain. D’autres facteurs, non moins importants ont un effet direct sur le paysage urbain, à savoir, (i) le choix du site d’implantation des villes qui, parfois, ne s’apprête pas au développement à long terme ou encore (ii) le droit foncier qui est resté pendant longtemps coutumier avec interdiction à l’Etat de se constituer un domaine sans expropriation ni indemnisation des occupants ce qui handicapait fortement l’évolution des villes et les réalisations des équipements parfois nécessaires à la vie quotidienne. 3. Les secteurs d’activités : Dans le secteur primaire, l’agriculture et la pêche occupent une place importante. Les villes africaines se distinguent par une agriculture urbaine sous forme de culture vivrière dans des jardins de quelques dizaines de mètres carrés, de manière à ce que les familles migrantes continuent leur auto-subsistance alimentaire assurée généralement par les femmes pendant que les hommes travaillent dans d’autres secteurs d’activités. Cela a aussi bien un effet d’économie pour le foyer qu’un rôle social dû aux rencontres et échanges des femmes durant leur activité. Ce qui explique et confirme que malgré leur migration, les ruraux gardent toujours leurs habitudes et leurs traditions qui vont ancrer cette hétérogénéité de la ville. Parmi les autres activités du secteur, on retrouve la pêche artisanale et même celle industrielle (autre atout de la colonisation) ainsi que les activités de cueillette, d’élevage… Les activités du secteur primaire portent toujours à confusion et donnent l’impression que ce sont des solutions de survivance, or au contraire, ce sont plutôt des solutions à des situations particulières qui apportent un équilibre que ni l’industrie ni le secteur tertiaire ne peuvent assurer. III- Conclusion : Pour tous les thèmes abordés ou non abordés dans ce travail, on retrouve toujours une forte interaction entre la ville et la campagne. Avec toutes les discriminations, les ségrégations ou autres comportements possibles il faut se rendre à l’évidence que ni la ville ni la campagne ne peut survivre seule : le monde rural a besoin de la ville car les ruraux y trouvent du travail, des produits industrialisés, des services (scolarité, administration, équipement de santé…) et la ville a besoin de la campagne car source de main d’œuvre, de matière première et de savoir-faire artisanal, agricole… Pour ce qui est de la critique de l’ouvrage, je trouve que ce dernier est fait de manière à donner un constat des villes d’Afrique tropicale en abordant des thématiques précises tout en comparant différentes villes et régions, cela bien sûr avec des données chiffrées et détaillées. Je souhaiterai néanmoins relever certains points, peut être dû à l’élaboration de l’ouvrage en 1976, créent une certaine contradiction avec la situation d’aujourd’hui, à savoir l’agriculture qui, d’après l’ouvrage, est un secteur bien portant grâce auquel les ruraux ont une auto-subsistance et les migrants une auto-subsistance en plus de leur apport en denrées alimentaires aux citadins. Or aujourd’hui, on ne parle que de famine en Afrique et de plan pour arriver à l’auto-suffisance du continent. Pour ce qui est du volet logement, aucune problématique n’est soulevée au moment de la rédaction du livre, sauf une référence à la réalisation de maisons individuelles appelée « cases » et que dans les grandes villes on retrouve dans les quartiers modernes certains immeubles. Certes il y a référence au droit foncier mais tout ce qui est lié à l’accès à la propriété et son importance n’est pas abordé. Autres points qui n’étaient peut-être pas d’actualités durant les années 70 mais que j’ai trouvé important de signaler : le transport, pas de détails relatifs aux transports urbains de quelque nature que ce soit (public ou privé) et le volet santé qui a seulement été cité comme un service proposé par la ville, or les maladies et épidémies sont depuis plusieurs années l’un des points sensibles de l’Afrique. Bibliographie : •« Les problèmes d’une urbanisation galopante » article écrit par Pierre Vennetier pour le Bulletin de la Société géographique de Liège (1990) ; www.bsglg.be •« Interdépendances villes-campagnes en Afrique » ; ouvrage coordonné par Catherine Coquery-Vidrovitch, Hélène d’Almeida-Topor et Jacques Sénéchal ; édition l’Harmattan, 1996.
  • @jefpinet
    10 years ago
    Fiche de lecture de l’ouvrage Pierre VENNETIER (1976). Les Villes d’Afrique Tropicale. Paris. Éditions Masson. A) Contexte de publication L'ouvrage de Pierre Vennetier est publié en 1976, dans une période marquée par la tension latente de la guerre froide, la montée en puissance du conflit israélo-arabe avec en particulier la guerre du Kippour opposant Israël à une coalition menée par l'Egypte et la Syrie entre le 6 et le 25 octobre 1973. En Europe, en avril 1974, la Révolution des Oeillets signe la fin du régime de Salazar au Portugal. Alors que la majorité des pays Africains ont pris leur indépendance entre les années 1950 et les années 1970, la décolonisation tardive du Mozambique et de l'Angola qui s'ensuit est marquée par une guerre civile débutant en 1975 entre trois mouvements de libération qui rivalisent pour le se disputer le pouvoir politique. En Afrique du Sud, l'apartheid est encore d'actualité en 1976 et les émeutes de Soweto qui se propagent dans tout le pays sont sévèrement réprimées par le pouvoir. Il en découlera une prise de conscience internationale et l'ONU décrétera en 1977 un embargo sur les ventes d'armes à destination de l'Afrique du Sud. Les années 1970 sont aussi marquées par le premier choc pétrolier en 1973 (un second suivra en 1979), la fin du « Gold exchange standard » et l'effondrement du système monétaire mis en place depuis 1944 avec les accords de Bretton Woods, le scandale du Watergate aux Etats-Unis aboutissant à la démission de Nixon en 1974, mais aussi la reconnaissance de l'épidémie de VIH et la commercialisation de la première imprimante laser par IBM en 1976. En 1976, Pierre Vennetier est un spécialiste reconnu de la question urbaine en Afrique tropicale. Il est alors directeur de Recherche au CNRS et Sous-directeur du Centre d’Études de Géographie tropicale de Bordeaux-Talence. Il a publié un certain nombre d'ouvrages, dont : - Pierre VENNETIER (1959). La Navigation intérieure en Afrique noire : le réseau français Congo-Oubangui, Bordeaux : Les Cahiers d'Outre-Mer - Pierre VENNETIER (1965). Les hommes et leurs activités dans le nord du Congo-Brazzaville, Paris : ORSTOM - Pierre VENNETIER, Préface de Guy Lasserre ; Introduction de Renaud Paulian, (1966) Géographie du Congo-Brazzaville, Paris : Gauthier-Villars - Pierre VENNETIER (1968). Pointe-Noire et la façade maritime du Congo-Brazzaville, Paris : ORSTOM - Pierre VENNETIER (1969). Le développement urbain en Afrique tropicale, Talence : Centre d'études de géographie tropicale - Jacques DENIS, Pierre VENNETIER, Jules WILMET (1971). L’Afrique centrale et orientale, Paris : Presses universitaires de France - Pierre VENNETIER (1972). L'Afrique équatoriale, Paris : Presses universitaires de France. Pierre Vennetier sera directeur de Recherche au CNRS jusqu'en 1991, date de la seconde publication, revue et complétée de son livre Les Villes d’Afrique Tropicale par les éditions Masson. B) Thèmes et concepts abordés La première édition des Villes d'Afrique Tropicale possède 192 pages. Il est organisé en triptyque où chacune des trois parties est elle même divisée en différents chapitres. En tout, le livre comporte dix chapitres. La première partie traite de l'urbanisation de l'Afrique tropicale. Cette partie est organisée en deux chapitres qui mettent en évidence l'ancienneté du phénomène urbain en Afrique sub-saharienne qu'il divise en différents grands ensembles. Parmi ceux-ci, il cite les capitales des grands empires de la bande sahélo-soudanaise (Koumbi Saleh pour l'empire du Ghana, Niani et Djenné pour le Mali, Gao pour l'empire Songhay, les différentes cités-états haoussas, les cités fortifiées Kotoko...). Le second ensemble concerne principalement les cités Yoroubas du « domaine guinéen ». Puis Vennetier traite des villes d'Afrique de l'ouest issues d'un métissage entre africains, arabes, asiatiques et européens ainsi que des « villes fragiles » d'Afrique centrales (p18), remarquables par leur caractère temporaire et leur côté « diffus ». Avec la période coloniale, toute une série de petits établissement urbains (forts et comptoirs coloniaux) apparaissent de manière subite dans des terrains liés à une logique de protection mais parfois peu favorables à un développement futur (îles, collines escarpées, marais) et vont tout d'abord accueillir une population assez réduite. La rapide croissance des villes africaines à partir de la seconde moitié du 20° siècle semble être plus liée à des facilités de transport (voies ferrées, navigables, pistes) et l'établissement de centres de pouvoir politique (capitales, chefs lieux) qu'à une industrialisation qui, finalement, a été très relative du fait que la vision coloniale tend à considérer l'Afrique comme une source de matière première et non pas de produits finis. Pour Vennetier, le véritable déclenchement de l'urbanisation date des années 1945-1955 (p32). Dans le second chapitre de la première partie, consacré principalement à une analyse statistique de la croissance des villes d'Afrique tropicale, Vennetier analyse étape par étape les disparités de l'urbanisation et ses éventuelles causes, tout en admettant dès le départ la difficulté d'une telle analyse de part le manque de données fiables. Dans la seconde partie, divisée en quatre chapitres, Vennetier analyse le processus de peuplement des villes d’Afrique tropicale à travers les causes et les aspects des migrations urbaines qu'il divise en trois facteurs : économiques, psycho-sociologiques (avec l'idée du village comme centre répulsif de part le poids que pourraient faire peser la tradition sur les individus et de la ville attractive par la liberté sociale qu'elle évoquerait) et les facteurs socio-politiques. Toujours suivant une méthode statistique, Vennetier essaye d'estimer l'origine des migrants africains (issus principalement d'un exode rural) et non africains (européens, libano-syriens, arabes et asiatiques) puis les structures démographiques des différentes villes et leurs aspects particuliers (le fait que beaucoup de villes africaines aient été tout d'abord des villes « d'hommes » (p62) jusqu'à ce que les familles de ceux-ci s'y installent) Enfin, sur un plan plus géographique, Vennetier caractérise les différentes villes en fonction de la morphologie des sites sur lesquelles elles s'implantent. Les conditions de formation du paysage urbain sont analysées à partir de l'influence du site, des droits fonciers et de l'influence des pouvoirs publics, des héritages historiques accumulés (quartiers pré-européens, « villes assoupies » p91, liens entre droit « romain » et droit coutumier) et des structures des différents types de quartiers (au travers d'une division fonctionnelle de l'espace en zones : administratives, commerciale, industrielle, résidentielle). Ce tout dernier chapitre de la seconde partie est illustré par un certain nombre d'exemples concrets. Dans la troisième et dernière partie, portant sur les activités urbaines et le rôle des villes, Vennetier oppose la ville « lieu ou triomphe l'économie monétaire » au monde rural « où grâce à l’auto-subsistance, l'argent ne joue pas un rôle vraiment primordial » (p121). Il détaille les différents types d'activités en milieu urbain : agriculture à but vivrier et commercial, pêche, artisanat, industries, services, commerce et développe dans son ultime chapitre, les relations entre villes et « arrière-pays » (p170) que l'on qualifierait aujourd'hui « d'hinterland » C) Conclusion 1 - Discussion de l'ouvrage et pistes de réflexion L'ouvrage de Pierre Vennetier est globalement très plaisant à lire et reste pertinent sur bien des points. L'approche historique développée dans la première partie semble tout à fait nécessaire et donne une véritable profondeur au propos de Vennetier. A une époque où déjà, « les ouvrages et les articles se rapportant aux villes d'Afrique tropicale se comptent aujourd'hui par milliers (...) » (préface de Vennetier par lui même, p7), Vennetier évite un écueil euro-centriste en appuyant sa réflexion sur cette approche historique et non pas sur une comparaison entre les villes africaines et les villes européennes. Il ne cite d'ailleurs aucune ville européenne comme « modèle » La seconde partie prolonge l'étude historique par une étude statistique de manière assez logique, même si Vennetier est conscient des difficultés de la méthode statistique de part le peu de fiabilité des données dans certains cas. Là encore, Vennetier reste focalisé sur son sujet et développe toute une série d'arguments très intéressants accompagnés d'une bonne étude géographique, fouillée, bien documentée, appuyée sur une vraie analyse du contexte. Vennetier insiste sur une macrocéphalie des villes africaines. Nous l'avons vu, c'est une vision que l'on peut actuellement remettre en question mais qui ressort de manière assez claire et intéressante dans son étude à son époque, lorsqu'il oppose milieux ruraux et centre urbains, peu nombreux, à la croissance fulgurante. Le contexte, depuis lors, a changé. Enfin, la troisième partie semble un peu datée dans le propos et ne parait pas vraiment correspondre à une réalité actuelle où l'économie rurale africaine fait partie intégrante de l'économie mondiale (et monétaire). Effectivement, comme le souligne Vennetier, le monde rural africain, dans toute sa diversité, est encore de manière très globale faiblement industrialisé. L'économie principale est une économie agricole à but commercial (avec le développement de cultures d’exportations et de cultures maraîchères). L'artisanat y existe encore, et les traditions sociales, les héritages culturels sont très forts. (voir les travaux récents d'Olivier Gosselain et Lucie Smolderen à l'ULB, ainsi que les livres de Christian Seignobos). Cependant, la séparation et l'opposition entre ville et campagne semble très relative. Vennetier évoque pourtant dans les premiers chapitres et dans le dernier la mobilité de la population entre ville et campagne et les relations très étroites entre les deux. Des villages entiers peuvent partir de manière saisonnière de la ville à la campagne et inversement en fonction des nécessités. Dans les villes, cela se traduit souvent par le développement exponentiel de périphéries que l'on qualifie d'informelles ou de « bidonvilles ». Une même personne peut être a la fois un « urbain » et « rural » en fonction des périodes de l'année. Cette idée d'imbrication très forte et de mobilité qui fait peut être partie des spécificités des villes africaines trouve tout son sens dans la dernière phrase de la conclusion de Vennetier « L'urbanisation est nécessaire mais elle n'est pas un but en soi : c'est dans la perspective d'une association entre monde rural et monde urbain, naturellement complémentaires, qu'elle doit être jugée, et dans toute la mesure du possible, orientée. » (p186)
  • @vamsey
    10 years ago
    Fiche de lecture de l’ouvrage Pierre VENNETIER (1991). Les Villes d’Afrique Tropicale. Les éditions MASSON. L’ouvrage dont nous nous attèlerons à faire la fiche de lecture a pour titre « Les Villes d’Afrique Tropicale ». L’ouvrage a été rédigé par Pierre VENNETIER, Professeur émérite à l'Université de Bordeaux-III et actuel Directeur de recherche honoraire au C.N.R.S. L’auteur de l’ouvrage connait très bien l’Afrique pour avoir été, d’une part, ancien Directeur du Centre d’Etude de Géographie Tropicale (CEGET) à Bordeaux-Talence et d’autre part, pour avoir consacré de nombreux ouvrages et études à l’Afrique. Nous pouvons citer entre autre « Le développement urbain en Afrique Tropicale », « Cadre de vie urbain et problème d’eau en Afrique tropicale », « Pointe-Noire et la façade Maritime du Congo ». L’ouvrage que nous étudions dans le cadre de la présente note de lecture a été publié pour la première fois en 1976. La deuxième édition que nous tenons entre nos mains a été publiée en 1991, aux éditions MASSON. L’ouvrage comporte Deux Cent Quarante et Une (241) pages, articulé en trois (3) parties et en dix (10) chapitres. La première partie de l’ouvrage est intitulé « l’urbanisation de l’Afrique Tropicale ». L’auteur essaie dans cette partie, de faire un rappel historique sur l’évolution des villes tropicales africaines et sur leur croissance démographique, depuis la période précoloniale jusqu’aux indépendances. La deuxième partie de l’ouvrage qui s’intitule « la population urbaine et la ville ». Elle traite des causes de la croissance démographique des villes tropicales africaines et des raisons de leurs configurations géographiques, juridiques, et sociales. La troisième partie de l’ouvrage qui s’intitule « Activités urbaines et le rôle des villes », traite des activités traditionnelles qui rythme la ville, tout en présentant l’apparition des nouvelles formes d’activités qui participe à la croissance économique des villes et au changement des modes de vie et des habitudes de consommation des habitants. L’auteur à travers cette partie essaie de monter également le pouvoir d’attraction des villes sur leurs hinterlands. Le Professeur Pierre VENNETIER, à travers l’ouvrage sus indiqué, développe plusieurs thèmes, nous avons été marqués par trois thèmes. L’existence de la ville précoloniale africaine, l’exode urbain et l’attractivité des villes. Pour ce qui concerne la ville précoloniale africaine, l’auteur prend une position nette en reconnaissant qu’il a existé des villes africaines avant la période coloniale. L’auteur va jusqu’à montrer à la page 15, le lieu où ces ville se sont implantées et les raisons de leur implantation. Il s’agit notamment de « la zone soudano-sahélienne, position d’intérimaires entre l’Afrique méditerranéenne et l’Afrique guinéenne et sur les côtes orientale du continent ». Pour l’auteur, elles doivent « leur naissance et leur croissance à l’existence de courants commerciaux entre régions à productions complémentaires. ». Nous considérons que l’auteur fait bien de le dire car en le disant, il fait mentir les tenants de la thèse nihiliste qui dénie toute existence à la ville précoloniale. Sans vouloir polémiquer, nous soutenons l’auteur dans ses propos. En effet, la ville ou « polis », telle qu’elle était perçue chez les grecs est avant tout un lieu de concentration d’homme, qui vivent ensemble en respectant un certain ordre préétabli. La situation que nous venons de présenter a bel et bien exister en Afrique avant la colonisation. Nous pensons qu’il ne faut pas seulement analyser une ville sur la base des infrastructures et des matériaux de construction mais également sous d’autres angles, à savoir le social, l’économie car comme l’affirmait Planton dans son ouvrage, la République « Ce ne sont pas les murs qui font la cité mais les hommes ». Le deuxième thème qui a attiré notre attention dans cet ouvrage c’est ce que l’auteur a appelé à la page 69, « l’exode urbain ». Il s’agit d’une situation contraire à l’exode rural. L’exode urbain est donc le retour de citadin vers le village pour plusieurs raison. La situation décrite par l’auteur est une situation assez originale et en constante évolution dans les pays africain. Toutefois, nous constatons que pour expliquer cette situation, l’auteur met l’accent sur les raisons économiques et sociales au détriment de l’instabilité politique de nombreux Etat Africain. Il est certes vrai que l’ouvrage a été publié en 1991, mais il ne faut pas oublier que même à cette époque, de nombreux Etats souffraient de crise politiques qui ont conduit à de nombreuses guerres. L’instabilité politique a poussé de nombreux citadins à regagner la campagne pour des raisons de sécurité, même si dans la réalité il n’est pas évident que la campagne soit plus sécurisée que la ville. Le troisième thème, a trait à l’attractivité des villes. L’auteur a donné plusieurs à cet état de fait. Nous ne les citerons pas ici puisque nous sommes en partie d’accord avec l’auteur .Toutefois, nous pensons que l’auteur aurait dû nuancer ces propos en affirmant que « les avantages matériels ne sont pas moins évident ; et d’abord ceux d’une nourriture plus varié (…) offre de produits nouveaux tels que le pain, sardines, sauce tomate, corned-beef (…) qui rompt la monotonie de la boule de manioc ou de la bouillie de mil ». Nous pensons que même si les écrits de l’auteur datent de 1991, il aurait pu nuancer ces propos, car dans certains pays, les villages sont profondément ancrés dans le paysage urbain. Et les habitudes des populations dans ces villages n’ont rien de différents de ceux des citadins, pour ce qui est des habitudes alimentaires. Pour conclure, nous noterons que trois thèmes dans cet ouvrage ont retenu notre attention. Il s’agit de la reconnaissance de l’existence de villes précoloniales, de l’exode urbain et de l’attractivité exercé par les villes africaines sur les populations. Pour le première cité, nous pensons que la reconnaissance de l’existence de villes précoloniales ne fait l’objet d’aucun doute. Cependant, nous pensons que l’auteur a simplement rappelé les lieux d’implantation de ces villes précoloniales africaines. Il aurait pu traiter de l’organisation spatiale de ces villes. Sur ce point, on pourrait noter l’ouvrage du Professeur Massoudi Fassudi intitulé « Architecture d’Afrique noire, essai de cosmo architecture » (1999, Edition L’harmattan) qui fait autorité sur les questions d’urbanisme traditionnel africain. Pour le deuxième, qui traite de l’exode « l’exode urbain », nous rappelons qu’il s’agit d’une situation assez originale en Afrique. Toutefois nous disons que l’auteur met l’accent sur des raisons économiques et sociales, ce qui est d’ailleurs juste mais il aurait pu s’intéresser à la question de l’instabilité politique de nombreux états africains qui poussent de nombreuses personnes à retourner vers la campagne, qu’il considère plus sécurisé que la ville. Pour le troisième thème qui s’intéresse à l’attractivité des villes, nous pensons que l’auteur aurait pu nuancer ces propos, car dans certains pays, les villages sont profondément ancrés dans le paysage urbain. Il est donc clair que ces habitants ont des habitudes qui ne diffèrent pas des citadins. L’auteur aurait pu nuancer ses propos en montrant les zones ou « l’offre de produits nouveaux tels que le pain, sardines, sauce tomate, corned-beef (…) rompt la monotonie de la boule de manioc ou de la bouillie de mil ». Bibliographie : Altersial-CERED-MSA, Nourrir les villes en Afrique sub-saharienne, Paris, Harmattan, 1985, 421 p. BERRON H., Tradition et modernisme en pays lagunaire de basse Côte d’Ivoire, Gap, Orphys, 1981, 386 p. BRASSEUR G., Les établissements au Mali, Dakar, IFAn, 1968, 550p. CHAMPAUD J., Villes et campagnes du Cameroun de l’Ouset, Paris, ORSTOM, 1983, Mémoire n°98, 508 p. DUBRESSON A., Villes et industries en Côte d’Ivoire. Pour une géographie de l’accumulation urbaine, Paris, ORSTOM-Karthala, 1989, 845p. DRESCH J., « Villes d’Afrique occidentale », cah.d’Outre –Mer, 1950, n°3, PP 200-230. OUEDRAOGO M.M- Urbanisation, Organisation de l’espace et developpement au Burkina-Faso, Bordeaux, Univ. Bordereaux III, thèse d’Etat, 1988, 857 P. FRANQUEVILLE A, Une Afrique entre le village et la ville. Les migrations dans le sud du Cameroun, Paris, ORSTOM., 1987, mémoire N°109, 646. HAERINGER P., la dynamique de l’espace urbain, rapport général au colloque sur la croissance urbaine en Afrique noire et Madagascar, Paris, CNRS, 1972, pp 177-185. HAUMONT N. et Marie A., Politiques et pratiques urbaines dans les PV.D., Paris, L’Harmattan, 1987, 2 vol, 342 et 327 P. KAY G., A social Geography of Zambia, Londres, 1967, 160 p. KNAEBEL G., et al., Que faire des villes sans égouts ?, Paris, SEDES, 1986. DENIS J., Le phénomène urbain en Afrique centrale, Bruxelles, 1968, Duculot édit., 401p ROCHEFORT M., « Typologie fonctionnelle des villes en Afrique noire et à Madagascar », Paris, CNRS, 1972, pp 139-144. VENNETIER P., « le développement urbain en Afrique tropicale. », Cah d’outre-mer, 1969, n°85, pp 5-62. VENNETIER P., « Cadre de vie urbain et problèmes de l’eau en afrique noire. », Ann. Géogr Mer, 1988, n°85, 540 171-194.
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