Book,

Vers des villes africaines durables, Fédération Nationale des Agences, d'Urbanisme

.
FNAU, 22, Rue Joubert, Paris 9ème, Gallimarrd edition, (Avril 2020)

Meta data

Tags

Users

  • @ilianagoetschy

Comments and Reviewsshow / hide

  • @ilianagoetschy
    3 years ago
    L’ouvrage Vers des villes africaines durables, dont la direction de la rédaction a été mené par Brigitte Bariol-Mathias, a été publié dans la perspective de l’événement « Sommet Afrique-France » et fait parti de la collection « Point FNAU » (Fédération nationale des agences d’urbanisme). Il est composé d’articles rédigés à la suite d’entretien avec des acteurs du développement des villes africaines : en somme, il propose des regards croisés d’acteurs, très diverses, africains et français sur les enjeux de développement urbain et présente des politiques et des solutions originales mises en oeuvre par les acteurs de terrain, c’est-à-dire les pouvoirs locaux, nationaux, les communautés et acteurs privés, organismes de coopération décentralisé ou réseaux internationaux. Le Sommet Afrique-France, événement qui a permis la publication de cet ouvrage, a pour objectif de proposer des solutions pour des villes durables qui constitueraient un terrain privilégié de co-construction. Ces études sont indispensables dans la perspective que d’ici 2030 les aires urbaines auront doublé sur le continent. Il est alors primordial de trouver les clés d’une ville durable ou le « bien-vivre ensemble » sera mis en avant, en ré-envisageant la ville comme un ferment social ou cahoteraient unité et singularité. L’enjeu principal de la mondialisation s’accompagne par une croissance accrue de la population urbaine dans les villes africaines, soulevant alors de nombreuses problématiques comme : « Comment réussir à garantir le service urbain de base aux habitants de villes ayant une croissance de 400 000 à 500 000 habitants par an ? ». La planification des villes africaines sera alors source d’innovations, d’exemples, de réponses à la ville de demain. La croissance de ces villes est couplée avec le mot durabilité. Comment agir vite pour des villes croissantes, dans un souci de développement durable ? En Afrique, bien plus qu’ailleurs, il serait nécessaire de corréler le concept de « ville durable » avec celui de « territoire durable ». Longtemps, les villes africaines avaient adopté la politique du « laisser faire », ayant pour conséquence une urbanisation anarchique, non maitrisée, non planifiée. Tout d’abord, cette croissance urbaine a eu de forts impacts négatifs sur l’environnement par une dégradation des ressources naturelles (la ville de Dakar a perdu 34% de ces espaces verts entre 1998 et 2007), et une pollution de l‘eau et de l’air. Cet empiècement urbain fait courir aux villes africaines des risques climatiques, en particulier les sècheresses et inondations. De plus, on remarque que ce mode d’urbanisation, pose des problèmes économiques : « Par rapport à d’autres régions en développement, le continent s’urbanise en même temps qu’il s’appauvrît »1. Pour assurer leur transition vers un développement durable, les villes africaines partagent 5 priorités stratégiques : maîtriser le foncier urbain et ses transactions, limiter l’étalement spatial et densifier les centres et pôles d’attraction, réussir la viabilisation et l’intégration des périphéries et la gouvernance du continuum urbain-rural (intégration des quartiers précaires à la ville « formelle » pour leur permettre un accès aux pôles d’activité économique), assurer la croissance urbaine verte et développer avec leurs citoyens l’adaptation et la résilience au changement climatique. Les deux premiers aspects ont un caractère de gestion urbaine traditionnelle, mais les trois autres appellent à l’innovation et cristallisent les enjeux du développement durable des villes africaines. Le Cameroun fait face aux mêmes problématiques que les autres pays africains : la population urbaine croissante, une forte concentration de pauvreté, le manque de logements sociaux en centre-ville et de parcelles à construire génèrent des occupations spontanées en périphérie des grandes villes, synonyme d’insalubrité. Le défi principal des politiques, pour palier à ces déficiences croissantes, est d’opérer un changement des mentalités des populations en milieu urbain, et ce à travers l’éducation et la sensibilisation : « il s’agit de transformer notre mode de vie urbain et d’assurer un meilleur avenir aux générations futures »2. Cela passe également par l’émancipation des femmes, et pour cause la part réservées aux femmes dans les instances ces politiques a augmenté significativement au cours des 20 dernières années. Maitrise du foncier urbain et ses transactions On remarque en Afrique un déficit d’accès au foncier sécurisé par la diversité des statuts juridiques et de marché foncier non-transparents (pouvoir discrétionnaire des administrations pour modifier le statut juridique des terrains et leur valeur). Cette situation constitue un frein socio-économique des villes, car elle favorise l’informel, et donc le non-recueil des taxes liées à la propriété : « Les villes africaines pâtissent d’une fiscalité inexistante ou insuffisantes »3. Faute de ressources budgétaires, elles ne peuvent donc pas investir, et développer des administrations techniques pour palier à ces difficultés. Assurer la croissance urbaine verte et développer avec leurs citoyens l’adaptation et la résilience au changement climatique Cette amélioration viserait à un contrôle de l’étalement urbain supprimant les zones d’agriculture, alors qu’elles pourraient être intégrées à la ville. C’est le cas de la ville de Bamako située au Mali. En effet, on constate que l’avenir de l’agriculture en Afrique repose aujourd’hui essentiellement sur l’agriculture familiale produisant 80 % des besoins alimentaires du continent. Néanmoins, elle est extrêmement peu productive, car elle génère entre 20 à 60 % de pertes en fonction des secteurs, la moyenne d’âge de ses principaux acteurs atteint 55 ans, et plongerait donc l’Afrique dans une crise alimentaire dans les années futures. C’est pourquoi l’agriculture urbaine est un sujet central dans l’urbanisation des villes africaines. De plus, elle demeure un véritable modèle d’économie circulaire viable, créer des emplois au sein de la ville, et joue un rôle fondamental dans le changement climatique. Limiter l’étalement urbain et régularisation Pour arriver à ce résultat, on doit d’abord atteindre une régularisation des quartiers informels et éviter leur agrandissement. Au Ghana, afin d’éviter une explosion par la force, qui n’est pas une solution durable, les habitants sont devenus eux-mêmes acteurs du changement. En effet, les habitants ont une connaissance très précise de leur quartier, et peuvent devenir des partenaires actifs pour planifier le développement, et défendre leurs besoins. Cela permet de faire une enquête de terrain très précise nommée le profilage, qui génère une conscience du soi aux populations les plus pauvres, et permettent d’obtenir des fonds pour améliorer leurs conditions de vie. Intégration des périphéries par la mobilité L’accroissement des villes est couplé à des questions de mobilité croissance. En effet, les ménages les plus pauvres situés à l’extérieur de la ville, doivent accéder à son centre par le biais d’engins motorisés pour travailler. Les infrastructures routières, souvent inefficaces, sont de plus en plus surchargées, et accroît considérablement le niveau de pollution et d’accidents. C’est pourquoi, les ville africaines doivent mettre en place un plan de mobilité urbaine durable : c’est le cas de la ville de Yaoundé située au Cameroun. Ici, le plan de mobilité prend en compte tous les modes de transports : transport collectif formel comme artisanal, voitures particulières, marche, vélo. La communauté urbaine a piloté l’élaboration d’un plan de mobilité en lien avec développement urbain au sens plus large, en convoquant tous ses acteurs, et garantissant ici la réussite de sa mise en oeuvre. Grace à ce procédé, il répond à des problématiques et besoins locaux, en proposant des actions vis-à-vis des modes de transports principaux qui sont la marche et le transport collectif artisanal. En conclusion, les villes africaines connaissent et connaîtront une croissance urbaine sans précédent à laquelle elles devront faire face dans un souci de développement durable. Les outils de planifications sont indispensables dans ce contexte pour trouver des stratégies d’amélioration des conditions actuelles : limiter l’étalement urbain, améliorer les conditions de vie des habitants des quartiers informels, créer des emplois pour favoriser le développement économique tout en renforçant le réseau de transports et en protégeant la nature. 1. United Nations Economic Commission for Africa (Uneca), 2017 2. Citation de Célestine Ketcha-Courtes, ministre de l’habitat et du développement urbain du Cameroun 3. Alain Durand-Lasserve, ancien directeur de recherches émérite au CNRS
Please log in to take part in the discussion (add own reviews or comments).