Abstract
L’« accompagnement », qui se développe rapidement dans la plupart
des champs de la
société française (éducation, social, santé, travail…), semble aujourd’hui
constituer un
phénomène social total. Dans ses formes générales, il est le reflet
d’une culture obnubilée
par l’objectif (avec l’adhésion du sujet), le résultat (avec l’obsession
des projets et des
projections), et le « faire » (avec la survalorisation de la compétence).
Il ressort, de la
sorte, que l’accompagnement tend paradoxalement à produire de la solitude
dans le
contexte général d’une société de la performance.
L’accompagnement des personnes en fin de vie, à l’inverse, s’en distingue
radicalement.
La culture spécifique qu’il véhicule repose sur la place déterminante
de la « souffrance
spirituelle », au coeur de la souffrance globale. Sur ce fondement
« spirituel »,
l’accompagnement en fin de vie promeut une approche essentiellement
subjective (par
l’adaptation au sujet), préconise un certain détachement du résultat
(par l’attention au
présent), et invite plutôt à une profondeur d’être (par l’accent mis
sur la présence dans la
relation), dans un contexte où la notion de performance est peu signifiante.
Pourtant, dans sa manière d’associer science médicale et « science
» humaine, la
« culture palliative » se révèle porteuse d’une ambition synthétique
majeure : celle de
tracer à grande échelle une voie qui conjugue la compétence professionnelle
et la qualité
de présence (le « geste habité »), l’objectif et le subjectif, le
projet et le détachement, la
performance et la simplicité... La culture palliative révèle ainsi
une modernité saisissante
en ce qu’elle invite à penser autrement l’action et le rapport à l’autre.
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