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Développement urbain et insécurité à Dakar : état des lieux et perspectives

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(2016)

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  • @idrissa_niane1

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  • @idrissa_niane1
    @idrissa_niane1 7 years ago (last updated 7 years ago)
    A. Les villes africaines connaissent une urbanisation galopante sans précédent. Dakar, capitale du Sénégal, n’est pas en reste. La ville est confrontée à un essor démographique sans cesse croissant car la population métropolitaine passe « de 940 920 habitants en 1976 à 3 822 890 en 2012 » et à une transition urbaine problématique. Dr Djibril Diop est chargé de cours à l’Université de Montréal. Il enseigne aussi à l’ESEA (ex ENEA). Depuis 2015, il est PCA de l’ANIDA au Sénégal. Il est aussi l’auteur de l’Urbanisation et gestion du foncier urbain à Dakar. Défis et perspectives. La mal urbanisation de Dakar s’accompagne d’effets corollaires telle que la criminalité. Le présent document décortique ses manifestations et son ampleur, les principales causes de l’insécurité à Dakar. Il s’interroge sur les moyens déficients de la police et présente les solutions face à la criminalité qui gangrène le quotidien des dakarois. B. Le thème de la démographie constitue une étape cruciale dans l’urbanisation de Dakar. Il faut dire que depuis les années de sécheresse qui ont déstructuré la vie des ruraux dans tout le Sahel, la capitale sénégalaise s’accroît de façon « exponentielle, galopante». En effet, en 2011, « Dakar (…) concentre plus de la moitié des citadins du pays (53,7%). Ce qui fait de la région de Dakar, la plus peuplée du pays avec près du quart de sa population (page 2)». Cette macrocéphalie de Dakar se confirme déjà avec les estimations de 2017 car elle abrite plus de 23,0% de la population du Sénégal soit 3 630 324 habitants sur 0,3 % du territoire national. Cette situation s’explique par la forte fécondité et par l’apport migratoire (les flux nationaux et internationaux). Cependant, « cette croissance démographique exponentielle s’est faite le plus souvent en déphasage avec les politiques et les plans de développement conçus au préalable pour l’aménagement de l’espace urbain (Diop, 2012) (page 4). Ce qui a pour conséquence la mal urbanisation avec une pléthore de quartiers populaires (Grand Yoff, Pikine, Guédiawaye (voir carte 2)). Les populations dakaroises anticipent plus vite que les décideurs (les gouvernants). Elles créent ainsi des ilots infréquentables ou difficiles d’accès qui n’obéissent aucune règle de planification. SUN YAT SEN disait que « dans la construction d'un pays, ce ne sont pas les travailleurs manuels qui manquent, mais bien les idéalistes et les planificateurs». Pis, la forte croissance de la population dakaroise majoritairement jeune crée des phénomènes sociaux comme la violence urbaine. Ceci nous amène à étudier le thème de la violence. Elle est devenue une monnaie courante. Les jeunes dakarois sont frappés par un chômage endémique notamment dans les quartiers populaires. Pour preuve « le chômage est la principale cause de l’insécurité qui sévit à Grand-Yoff » (page 8). Nombreux sont ces jeunes dakarois diplômés ou non et en âge de travailler qui peinent à trouver à un emploi. En effet, « la zone urbaine de Dakar, avec ses 14,1 %, affiche le taux de chômage le plus élevé du pays, soit un peu plus de 14 actifs sur 100 en situation de chômage, en particulier les jeunes (16,8 %) (page 9) ». Cette importante frange de la population fait alors recours aux vols, braquages, agressions pour survivre. Ils commettent des crimes odieux contre toutes les populations même les plus hautes autorités de l’Etat ne sont pas épargnées. A titre illustratif, il y a l’assassinat de Fatoumata Mactar Ndiaye, vice-présidente du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), dans son propre domicile à Pikine. Désemparés, ces jeunes se livrent à tout-va aux produits addictifs (drogue, alcool). Ce qui entraine des agressions, des viols dans les rues de Dakar. Par conséquent, « la criminalité a pris un coup de genre. Si les femmes sont le plus souvent les premières victimes des crimes de sang (viol suivi d’assassinat et infanticide notamment), elles sont aussi impliquées, de plus en plus, dans des cas de violences urbaines (page 6)». Les dakaroises s’illustrent dans la violence urbaine : vols dans les marchés urbains (surtout au marché HLM, réputé féminin), agressions (les font parties des bandes organisées en jouant sur la sensualité), et commettent des infanticides à outrance (« en 2012, environ 200 femmes ont été emprisonnées au Sénégal dont 30 % pour infanticide » page 6). Elles subissent aussi au quotidien les rackets orchestrés par les bodybuildeurs entraînant des pertes de téléphones portables, des sacs à main, colliers et bracelets. Par ailleurs si les malfaiteurs utilisaient « des armes blanches » pour agresser, de plus en plus, ils font « usage d’armes à feu » (page 7). Il faut dire que l’instabilité de la sous-région favorise la circulation des armes. La bande sahélienne subit le diktat des terroristes. C’est le cas au Nord du Mali, à Ouagadougou, à N’Djamena. Donc la menace terroriste reste potentielle et constitue une psychose générale à Dakar. En ce moment, l'imam Alioune Badara Ndao et ses co-prévenus sont jugés pour des faits liés au terrorisme à la Chambre criminelle de Dakar. Ils sont arrêtés depuis 02 ans par les forces de sécurité. Ceci nous permet de se pencher sur le rôle des forces de sécurité et de défense dans la violence urbaine. D’emblée, il faut préciser que « le ratio policier/nombre habitants est largement en deçà des normes internationales, alors que les moyens logistiques sont très souvent inexistants ou obsolètes » (page 2). Nous affirmons qu’en 2014, le ratio était de d’un (01) policier pour 1 426 habitants alors que la norme est de 1 policier pour 1 000 habitants en temps normal et 1 policier pour 500 habitants en temps de troubles. Malgré le nombre réduit des agents de sécurité et des moyens d’intervention limités, les dakarois ont le sentiment d’être en sécurité et sont fiers des forces de sécurité, de la police et de la gendarmerie nationales (surtout avec l’arrestation de présumés terroristes dont le procès est en cours). En effet, ces dernières « de jour comme de nuit pour traquent les agresseurs qui transforment la capitale sénégalaise en un foyer de criminalité (page 12)». Par conséquent, cette criminalité baisse d’années en années. « En 2007, 121 crimes ont été constatés au niveau de la gendarmerie. En 2008, ce chiffre passe à 77 dont 38 meurtres, soit une baisse de 36 %. (…) De même, les statistiques de la police constatent une tendance baissière dans les agressions et les vols (17,69 %), et les cambriolages (30,14 %) entre 2011 et 2012 (page 13).» Pour contenir les malfaiteurs, l’Etat et la Ville d Dakar procèdent à la généralisation des caméras de surveillance. L’Etat renforce aussi les effectifs de la police et de la gendarmerie avec « la création de l’Agence Nationale de sécurité de proximité (ANSP) (page 20)». Il annonce la construction de nouveaux commissariats urbains à Rufisque pour faire face aux rapts d’enfants en ces temps qui courent. C. L’insécurité à Dakar reste directement liée à son surpeuplement. Les jeunes sans emploi constituent la locomotive de la violence qui gangrène le quotidien des populations. Cette violence exacerbe et prend des tournures inquiétantes. De ce fait, les agents de sécurité réduisent considérablement les crimes malgré leurs moyens déficients. Il urge de traiter la violence à Dakar dans une approche transversale (sociale, spatiale, économique). Il faut également une prise en considération des jeunes dans les politiques publiques. Bibliographie : 1. ANSD (2013). Deuxième enquête de suivi de la pauvreté au Sénégal (ESPS-II) 2011. Rapport définitif, mai 2013. Dakar, 191 pages 2. « Recrudescence des lynchages à Dakar : quand la foule dicte sa loi », in Le Soleil du 02 avril. https://www.xibar.net/RECRUDESCENCE-DES-LYNCHAGES-A-DAKAR-Quand-la-foule-dicte-sa-loi_a8805.html 3. Marc-Antoine Pérouse de Montclos (2004). Violence urbaine et criminalité en Afrique subsaharienne : un état des lieux. 16 pages https://www.researchgate.net/publication/32967582 4. Insécurité à Dakar et dans la banlieue : les populations dans la tourmente. (2013) http://www.sen24heures.com/?Insecurite-a-Dakar-et-dans-la
  • @idrissa_niane1
    7 years ago
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