Book,

Dispossessed: Life in Our World's Urban Slums

.
Orbis Books, (January 31, 2006) edition, (2006)

Meta data

Tags

Users

  • @drrkm85.gmail

Comments and Reviewsshow / hide

  • @drrkm85.gmail
    11 years ago
    Note de lecture sur: Dispossessed - Life in our World’s Urban Slums. Mark Kramer, Publisher Orbis Books, New York 2006. A) Renonçant à sa condition de vie privilégiée qu’offre sa culture occidentale natale et généralement considérée pour acquis, Mark Kramer, journaliste et défenseur sociale, se lance dans une randonnée, au cours d’une période de deux ans ; parcours qui l’amène pendant des séjours qui s’étendent entre deux et quatre mois, dans cinq grandes villes (Bangkok, Caire, Mexico , Manille et Nairobi) des pays appartenant à ce qu’il qualifie du « Sud Mondial », terme dont il fait usage avec sensibilité pour s’empêcher d’user le mot « en développement » dont certains milieux utilise sans vergogne de manière condescendante. Il passe des séjours parmi les pauvres des communautés urbaines des « bidonvilles » (terme qu’il résiste à utiliser pour les mêmes raisons) de ces villes du Sud Mondial. Son intention avoue t’il : personnaliser ou mieux encore coller un visage aux statistiques « du milliard –ou un sur chaque trois résidents urbains – qui vivent maintenant dans les bidonvilles urbains, la grande majorité d’entre eux vivant dans les pays en développement ». Le Journaliste veut également, en tant qu’avocat et témoin de l’injustice sociale, partager l’expérience et le sort de ces exclus de la société avec les personnes de bonne volonté pour combattre ensemble ce fléau moderne qu’est devenu l’habitation informel. Il affirme d’entrée de jeu le but poursuivi par de son livre : 1) de « nous présenter nous ses lecteurs non seulement les villes et les habitations informelles mais aussi les personnes qui y vivent et qui luttent pour y élever les enfants…en mettant des noms et des visages sur des questions qui affectent des millions de personnes ». 2) de souligner les problèmes les plus graves que ces personnes doivent encore surmonter y compris notamment l’urbanisation, les droits fonciers, les conditions de vie, l'économie informelle, les expulsions, les démolitions et j’en passe. Sans prétendre de s'étendre sur ces questions pressantes et y apporter des solutions, il en laisse le soin à d'autres auteurs qui en ont une plus grande expertise technique et qui travaillent dans le monde entier afin d’intégrer les quartiers informels dans le secteur formel. Il essaye surtout d’en souligner les causes profondes et les soumettre à la conscience de ses lecteurs. L’auteur montre éloquemment dans son introduction ce que la plupart des gens en occident savent tout en soulignant ce qu’ils ne savent pas de ce monde, particulièrement le Sud Global souvent mal représenté par les medias pour donner un sens à son audience de se faire bonne conscience sur son sort favorable. Il articule le concept « épistémologique » du monde que possèdent les pauvres des habitations informelles du Sud Global: « leur façon de connaitre est si précis à une telle échelle qu’il est impossible à ceux qui voient le monde sous l’angle favorable que leur apportent leurs privilèges en retiennent ». Cette analyse remarquable le pousse donc à tenter, tache dont il reconnait la difficulté d’ailleurs, d’éclairer son audience sur les enjeux de fond qui se joue sur cette question. Au moyen d’entretiens que l’auteur conduit avec les familles dans ces communautés et à travers son témoignage direct, le lecteur apprend à connaître les visages des pauvres: plutôt que des millions sans nom séparés de l’occident par les océans, il le lui présente comme un être cher, un ami, un voisin, une sœur, un frère, un oncle et une tante, comme les enfants. Sans doute, qu’en tant que ressortissants des pays riches occidentaux, qui constitue son audience cible, « nous savons déjà que nous jouissons d'une forte proportion de la richesse du monde dans une petite population », mais Mark Kramer va plus loin en appelant ces lecteurs à « transférer cette connaissance de nos esprits en la plaçant dans nos cœurs, et de surcroit, la placer à nos mains et nos pieds, sous une forme d'action qui produit un changement durable ». B) Afin de m’inscrire dans le contexte des villes africaines, propos de notre cours, je limiterais ma note de lecture aux deux villes Africaines que l’auteur a choisi d’analyser parmi les cinq : Nairobi et Caire. Ayant eu une chance exceptionnelle de visiter personnellement ces deux villes Africaines (en plus de Bangkok, une ville asiatique qui exhibe certaines similarités des problèmes) pour en avoir une petite idée a moi, c’est un plaisir de partager ma note de lecture. 1. Le poids de l’héritage colonial de Kibera, Nairobi au Kenya: L’auteur nous introduit à Nairobi, accompagné d’un guide et hôte, le Révérend Imbumi Makuku, à travers son quartier populaire Kibera, zone d’habitation informelle (bidonville) abritant une population de 600 milles personnes sur une superficie de 121 hectare (1.2 Km carrée). Ironiquement, l’origine de ce nom de langue Nubienne Kibra qui signifie désert illustre éloquemment le concept même de ce mot qui se traduit par abandon, délaissement, oubli, reniement, éloignement, renonciation, etc. A travers l’expérience personnelle et les notes prises lors de ses entretiens, il en décrit les caractéristiques principales communes à tous les quartiers d’habitations informels, entre autres l’informalité de l’emploi, les mauvaises conditions hygiéniques par manque d’infrastructures et de services, les maladies et autres symptômes des « bidonvilles ». Ce qui est le plus remarquable cependant c’est le lien qu’il établit entre la colonisation et surtout l’héritage colonial marqué par un manque de planification visionnaire des colons dont les conséquences sont tombées sur les nouveaux dirigeants mal outillés pour s’adapter au rythme vertigineux des changements. Les medias en occident ou je vis depuis plus de 20 ans ont une tendance à simplifier les problèmes du Sud (pays en développement) et d’en faire porter la responsabilité à leurs dirigeants si pas à leur populations toutes entières. Rare sont ceux qui en souligne la gravité du poids l’héritage colonial et les règles du marché contemporain en jeu toujours défavorables aux pays pauvres rendant incapable les planifications urbaines de nombreux pays du Sud. Sans d’ailleurs compter les politiques internationaux tels que l’ajustement structurel et autres. Je pense que l’accent du rôle majeur qu’il apporte dans le cas de la planification de Nairobi et l’extension de Kibera mérite une attention particulière et je lui en fais des éloges. 2. Dignité des populations de la Vallée de Mathare Nairobi (Kenya), Colonialisme Economique hier et aujourd’hui. Après avoir décrit les conditions héroïques dans lesquelles les femmes de Mathare, une autre zone d’habitations informelle, scolarisent leurs enfants en dépit des obstacles liées à l’informalité, il soulève ensuite de le problème des droits de terres qui s’y posent avant d’évoquer enfin les problèmes actuels de « colonialisme économique » qui se traduisent par les termes d’échanges défavorables sur le marché mondial qui privent le Kenya (à l’instar d’autres pays du Sud Mondial) des revenues tant nécessaires provenant de certains de ses ressources les plus précieux à savoir le thé et le café. En rappelant que : « la création de Nairobi a débouché sur Kibera et la Vallée de Mathare et autres communautés informels d’exclusion et de la pauvreté pour le bénéfice du British Commonwealth. Par conséquent le Kenya a perdu le control de leurs matières premières et de leur terre » il pointe du doigt les majeurs obstacles des pays pauvres. Ca me rappelle une citation que j’ai entendu d’un Kenyan lors d’une de mes visite à Nairobi attribuée à un ancien dirigeant qui disait « A l’arrivée du Colon, il avait la Bible et nous avions des terres ; il nous a appris à prier les yeux fermés. Quand nous avons ouvert les yeux à la fin de la prière, il avait la terre et nous la Bible ». Pour finir son propos, il soulève la question que d’aucun pourrais se posez : Qu’est-ce que l’habitation informel a à affaire avec le prix du thé au Kenya ? Et bien conclue-il « les conditions générales de sévères pauvreté et d’inégalité emmènent les gens à créer leur propres habitations et leurs propres emploies au-delà des limites des structures formelles ». 3. Vivre avec les ordures, par les ordures et grâce aux ordures: bidonvilles du Caire (Egypte) L’auteur nous amène enfin à Mokattan un sous quartier Manshiet Nasser une zone massive d’habitation informel Sud Est de la ville de Caire. En nous introduisant à quelques familles vivant dans ce bidonville, il nous en présente la principale activité de survie auxquelles elle s’adonne, les ordures. Non seulement que les populations de ces quartiers marginalisés - qui a pris naissance au flanc des collines de sables dans une zone désertique - reçoivent leur revenus de la collection de ces ordures dans la ville de Caire, mais aussi ce sont ces ordures qui constitue la ressource principale de leur économie informelle le Zabaleen. Ils vivent par les ordures, ils vivent parmi les ordures et ironiquement ils vivent grâce aux ordures. Si la description des conditions de vie de ses habitants est en elle-même choquante, ce qui l’est de surcroit c’est cette nouvelle tendance des compagnies étrangères –saisissant l’opportunité que cette nouvelle industrie peut rapporter comme profit - à venir investir dans l’évacuation des ordures, avec la complicité des autorités gouvernementales, menaçant par le fait même la sécurité de travail que représente le Zabaleen. C) Reconnaissant l’énormité et la complexité des problèmes qui ont conduits à la pauvreté urbaine avec la conséquence sous-jacentes qu’en est l’habitation informel, problèmes se rageant de la bureaucratie gouvernementale qui ne parviennent pas à rivaliser avec les besoins des villes en pleine croissance en passant par le manque des infrastructures et services, l’héritage de la colonisation, la privatisation et l'économie mondiale poussant les prix des terres au-delà de la portée de la population locale entraînant la marginalisation apparemment insurmontable des pauvres, particulièrement les jeunes, et les femmes, l’auteur Mark Kramer amène le lecteur a une prise de conscience plus profonde appelant son engagement de manière plus concrètes. Il soutient à juste titre que si cette mobilisation se fait en masse, on pourrait atténuer, voire éradiquer ce fléau. Sans donner une prescription précise sur la façon d’éliminer les bidonvilles, comme la plupart des auteurs en font, il démontre que ce qui manque n’est pas le savoir-faire, mais le vouloir-faire. Quant à moi, j’ajouterais que sans participation active des habitants des quartiers informelles (bidonvilles) à tout processus de planification ou d’extension, tout effort est d’emblée vouée à l’échec.
Please log in to take part in the discussion (add own reviews or comments).