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La ville à guichets fermés? Itinéraires, réseaux et insertion urbaine

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(1995)

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  • @fribault-ruiz
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  • @fribault-ruiz
    10 years ago
    Le titre du livre , “La Ville à guichets fermés” est complété par les trois mots clés qui structurent cet ouvrage : itinéraires, réseaux et insertion urbaine. C’est un recueil de 18 articles faisant suite à un séminaire au Sénégal sur le thème de l’insertion urbaine en 1991. Les auteurs sont des chercheurs dans des domaines divers : démographie, statistique, anthropologique ou sociologie. Cet ouvrage est le fruit du partenariat qui lie deux organismes : l’IFAN (Institut Fondamental d’Afrique Noire) et l’ORSTOM (Institut français de recherche scientifique pour le développement en coopération) et qui travaillent, avec d’autres entités à étudier le phénomène de la migration dans les grands centres urbains et pas seulement en Afrique. Le constat de base à cette époque est le suivant : la croissance urbaine en Afrique est 2 à 3 fois plus élevée que la croissance naturelle. Il s’agit de mettre en évidence le processus d’installation en ville d’un nouvel arrivant : comment les migrants accèdent au travail et au logement, les relations qu’ils entretiennent ou non avec leur entourage du lieu de résidence initiale, les réseaux sociaux humains qu’ils développent ou non dans leur nouveau lieu de résidence, les pratiques culturelles antérieures qu’ils maintiennent ou non dans leur nouvelle vie. Les premiers articles du livre présentent la méthodologie utilisée pour mesurer de la manière la plus précise possible les phénomènes de migration et les changements sociétaux que cela peut induire. Les méthodes sont rigoureuses : analyse statistique des données de recensement pour avoir les pistes principales, choix de secteurs à étudier en fonction des caractéristiques de la ville, enquête ménage sur ces secteurs à l’issue de laquelle un grand nombre de données quantitatives sont collectées, puis tirage aléatoire d’un échantillon spécifique de personnes en relation avec le domaine que l’on veut mettre en valeur. Pour cette dernière étape, des questionnaires biographiques sont confectionnés, permettant de connaître le parcours migratoire, les conditions d’accueil du migrant, ses expériences professionnelles, son niveau scolaire, son régime matrimonial, sa religion, les liens qu’il garde avec sa famille restée au lieu de résidence initial, etc… Il apparait que les divers outils fournis par la méthodologie ci-dessus permettent de cerner des points singuliers (comment les femmes migrantes développent une économie informelle ou comment les migrants ont des emplois d’ouvriers non enregistrés et peu qualifiés en opposition avec les « urbains » du même àge, qui ont eux été scolarisés, par exemple). Pour appliquer une telle méthodologie il faut en tous les cas une équipe qui ait une connaissance approfondie de la ville à étudier et qui puisse préparer des questionnaires et assurer les interviews de façon non intrusive, c'est-à-dire en connaissant bien les us et coutumes des personnes à enquêter. Il semble que le phénomène de migration se soit amplifié depuis la parution de ces études, mais les outils présentés ici semblent assez robustes pour être utilisés dans d’autres lieux ou d’autres temps. Il serait certainement intéressant de quantifier à nouveau les caractéristiques des parcours migratoires des habitants des mêmes quartiers de Dakar-Pikine vingt ans après, par exemple, et d’étudier non pas l’insertion urbaine mais la pérennité urbaine. Les migrants d’alors se sont-ils intégrés ? Sont-ils repartis vers d’autres villes, d’autres continents ou sont-ils revenus chez eux (lieu d'avant la migration) ? Quelles sont les conditions de vie actuelles de ceux qui sont restés ? Quel sort la ville propose-t-elle à ces humains qui ont été attirés par elle ? L’homme migrant est le facteur fondamental de l’explosion des villes africaines. Un migrant est quelqu’un qui change de lieu de résidence. Il peut changer de façon saisonnière ou définitive, être originaire de la campagne ou bien d’une autre ville, migrer ou seul ou en famille, vouloir retourner à terme dans son lieu d’origine, ou bien vouloir se sédentariser dans sa nouvelle résidence, ou encore continuer sa migration vers d’autres lieux. Il peut migrer vers la ville ( le plus probable) ou vers la campagne (cas du retour). Le migrant peut avoir décidé seul de partir ou être vivement encouragé par sa famille, surtout si le migrant est une migrante. Néanmoins un facteur prépondérant dans tous ces cas de figure est le facteur économique. Les articles du livre démontrent souvent que c’est la recherche d’un milieu économiquement plus viable qui est le moteur premier pour la migration. La ville est le lieu où il y a du travail (ce qui est de moins en moins vrai, déjà à l’époque des études de ce livre), de la formation (par l’apprentissage notamment), des possibilités multiples d’échanges, et donc la possibilité de développer une économie informelle non négligeable. Les études font part de la grande proportion de jeunes (moins de 25 ans) candidats à la migration, mais des évènements politiques (révolution) ou à échelle humaine (faillite, décès d’un proche) font que tous les âges sont représentés. Ce que les articles taisent parce que ce n’est pas leur objet de recherche premier, c’est la capacité dynamique de ces migrants. Les phénomènes migratoires ont existé et existent de nos jours, sous diverses formes et pour différentes raisons. Dans une population, quelles sont les types de personnalités qui vont migrer ? Lesquels vont réussir le mieux à s’insérer dans la ville et y apporter une contribution positive ? Faut-il être attentif à assurer une mixité dans le phénomène migratoire de façon à respecter un équilibre de sexe (les jeunes hommes seuls migrant sont sur-représentés), de compétences professionnelles (au moment de l’étude, les travailleurs non qualifiés étaient nombreux à tenter leur chance en ville), de religion ou confession ? Si on ne peut contrôler et encadrer la migration, on peut toutefois essayer de la repartir au mieux à son arrivée en ville, appuyé par des études similaires à celles qui font l’objet du livre. Enfin, un thème abordé dans de nombreux articles de l’ouvrage a trait aux relations que le migrant entretient avec sa famille, dans son ancien lieu de résidence. Migrer, ce n’est pas voyager, c’est changer de lieu de résidence et aussi changer d’entourage familial. A l’époque des études et en Afrique plus particulièrement, l’appartenance à une famille, village, ethnie, religion est fondamentale. Certains articles décrivent comment les migrants sont accueillis en ville par la famille ou par des « co-régionaires », démontrant une grande solidarité. Comment le migrant continue à participer à la vie sociale de son ancien village, en y retournant, la fréquence dépendant de ses revenus bien souvent, en y envoyant denrées ou argent, en assumant sa part financière dans les cérémonies familiales très coûteuses (enterrements ou mariage notamment). Certains chercheurs décrivent la reconstitution en ville de réseaux sociaux par les migrants, par les femmes plus particulièrement, par leur participation à des associations religieuses ou non, qui permettent la mise en commun de ressources et d’assister ceux qui le nécessitent à un moment donné. La volonté des migrants d’intégrer un petit peu de chez eux dans leur nouvelle vie est légitime, que ce soit au niveau religieux, culturel ou matériel, voire culinaire… Il est important que la ville d’accueil puisse proposer des endroits de rencontre spécifiques (places publiques, maisons d’associations, restaurants typés), des équipements qui respectent les coutumes des arrivants (séparation des sexes pour les cérémonies pour certaines religions par exemple)… S’insérer au mieux dans la ville sans y perdre totalement son âme ? Les études du livre, bien que datées, mettent en évidence la complexité du phénomène migratoire vers les villes et les différents problèmes que peut poser l’insertion urbaine en général. C’est une nécessité de bien connaître les populations accueillies pour pouvoir gérer au mieux le développement harmonieux de la ville. A l’époque des études de ce livre, on ne parle pas de pauvreté et de misère. Les migrants semblent pouvoir compter sur la solidarité d’une famille élargie et sur l’économie informelle pour manger et se loger. Aujourd’hui, malheureusement, les conditions de migration sont nettement plus difficiles en raison des crises économiques, et la migration d’alors qui semblait être positive (beaucoup de migrants ont amélioré leurs conditions de vie à cette époque), a du mal a être reconnue aujourd’hui comme position enviable par le plus grands nombre, vivant dans des conditions précaires.
  • @magdak
    10 years ago
    Fiche de lecture Antoine P. et Diop A. B. dir., 1995, La ville à guichets fermés ? Itinéraires, réseaux et insertion urbaine, IFAN/ORSTOM, 363 p. I. Présentation de l’ouvrage L’ouvrage collectif La ville à guichets fermés ? Itinéraires, réseaux et insertion urbaine réunit les contributions d’une vingtaine de chercheurs en sciences humaines à un séminaire conjoint de l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN - Sénégal) et de l’Office de la recherche scientifique et technique outre-mer (ORSTOM – France) qui s’est tenu à Dakar en 1991. A l’image des objectifs de pluridisciplinarité qu’il se fixe, cet ouvrage est dirigé par Philippe Antoine, démographe spécialiste de la famille et de la nuptialité ouest-africaines en poste à l’ORSTOM à l’époque (devenu l’Institut de recherche pour le développement - IRD) et Abdoulaye Bara Diop, sociologue de la société wolof et directeur de l’IFAN lors de la parution de l’ouvrage en 1995. Les autres auteurs sont issus de disciplines variées : en plus de la démographie et de la sociologie, l’anthropologie, la géographie, la statistique… sont représentées. Pour une grande partie d’entre eux, ces auteurs font partie d’une équipe mixte « insertion urbaine » IFAN/ORSTOM. L’ouvrage constitue ainsi la synthèse d’un travail collectif et non simplement les actes d’un séminaire. L’objectif de l’ouvrage est de questionner le processus d’insertion urbaine, compris comme un « processus dynamique d’installation en ville, en particulier d’accès au travail et au logement » (p. 5). Cette problématique est justifiée par le contexte urbain de l’époque en Afrique de l’ouest : une urbanisation nouvelle car rapide et de grande ampleur liée à une forte pression migratoire en provenance des espaces ruraux, touchant principalement les grandes villes. Ainsi, les auteurs s’attachent dans cet ouvrage à analyser les processus qui conduisent les migrants en ville et la manière dont ils accèdent aux « ressources urbaines » que sont habitat et emploi, manière qui diffère de celle des natifs de la ville notamment en raison de la nature des réseaux auxquels les uns et les autres peuvent faire appel. Cette analyse concerne plusieurs terrains, très majoritairement ouest-africains (Sénégal, Mali, Burkina Faso, Togo, Côte d’Ivoire) et relatifs aux plus grandes villes de la sous-région. D’autres terrains (autre pays - comme l’Inde, l’ex-Zaïre, le Brésil -, autre taille de ville) sont également présents mais plus à la marge. Trois approches structurent le travail. Les cinq premiers sous-chapitres reviennent sur des éléments de problématique et de méthode liés à l’étude des processus d’insertion urbaine. Les six sous-chapitres suivants sont consacrés à la présentation de divers processus d’insertion en termes de logement et d’emploi, sur des terrains variés. Enfin, les sept derniers sous-chapitres ouvrent la réflexion sur les réseaux et itinéraires dans lesquels s’inscrivent les migrants et qui conditionnent leur insertion urbaine. II. Discussion Cette discussion interroge trois points traités de manière transversale par l’ouvrage : la distinction effectuée entre migrants et non-migrants par rapport à l’insertion urbaine ; la place accordée à l’économie informelle dans les processus d’insertion urbaine ; et enfin, le rôle des réseaux dans la facilitation de ces processus. La distinction effectuée entre migrants et non-migrants dans les processus d’insertion urbaine n’est pas unanimement partagée par les différents auteurs de l’ouvrage. Certains font de cette distinction le cœur de leur problématique, ainsi l’équipe IFAN/ORSTOM qui présente son approche méthodologique dans un article intitulé « Etude de l’insertion urbaine à Dakar ». Pour d’autres auteurs, cette distinction n’est pas pertinente tant qu’elle part d’un a priori négatif sur l’insertion urbaine des migrants par rapport aux non-migrants. Considérer par avance que les migrants rencontrent plus de difficultés dans l’accès à l’emploi et au logement en ville serait présomptueux. Ainsi, Philippe Bocquier montre dans son article « L’insertion professionnelle des jeunes à Dakar » que l’âge est un critère plus déterminant que le parcours migratoire pour expliquer des difficultés dans l’accès à l’emploi : les jeunes, qu’ils soient natifs de Dakar ou non, sont comparativement et en moyenne bien plus touchés par le chômage que les migrants dans leur ensemble, qu’ils soient jeunes ou moins jeunes. Ce type d’analyse renverse donc la perspective : les différences de mécanismes d’insertion urbaine entre migrants et non-migrants sont un résultat possible mais non incontournable. La définition même de la migration vers la ville est susceptible de remettre en question certaines analyses : en effet, ce qui est perçu par le chercheur comme un changement de lieu de résidence peut être considéré par les « migrants » et leurs milieux d’origine comme une multiplication des lieux de résidence (G. Pontié et A. Lericollais, « Relations à distance des migrants sereer » ; M. Lututala, « L’étude démographique des biographies migratoires. Potentialités et perspectives »). Une approche duale classique (migrants/non-migrants) serait réductrice « dans le contexte africain caractérisé par l'ubiquité résidentielle » (M. Lututala, p.40). Rejoignant des postures de recherche qui leur seront postérieures (« territoire circulatoire », « champ migratoire », voir Simon, 2006), les chercheurs portant ce point de vue permettent d’inscrire l’« insertion urbaine » dans un parcours temporel et spatial en mouvement des individus résidents urbains. On verra par la suite comment ce point de vue s’articule avec le rôle joué par les réseaux dans les processus d’insertion urbaine. L’ouvrage soulève un second point de discussion, relatif au rôle de l’informel dans l’insertion urbaine. Les différentes approches que les auteurs développent à ce propos témoignent de mutations épistémologiques en ébauche, au début des années 1990, dans l’évaluation de ce rôle. Le contexte dans lequel les auteurs situent leur recherche est un contexte de crise : l’ampleur de la croissance démographique dans les villes africaines dépasse alors de loin l’offre sur le marché du travail urbain. Dans ce cadre, les auteurs s’interrogent sur la place que le secteur informel joue et pourrait jouer à l’avenir comme « régulateur » de la crise/des crises : peut-il continuer à absorber les personnes ne trouvant pas d’emploi dans le secteur formel ? (A. Dubresson, « Travail, migrations, insertion. Vers une nouvelle donnée spatiale en Côte d’Ivoire ? »). Cette conception du secteur informel comme une poche de réserve pour l’emploi et la régulation des salaires est largement partagée. Les travaux portant spécifiquement sur l’insertion urbaine des femmes soulignent tout particulièrement le recours nouveau de celles-ci à des activités dans ce secteur, permettant aux familles de s’adapter aux réalités économiques du moment en apportant un revenu de complément (A. Agounke et M. Pilon, « Quelques aspects de l’insertion urbaine des femmes migrantes moba-gurma à Lomé (Togo) » ; J. Nanitélamio, « Insertion urbaine et représentation des statuts féminins »). En filigrane, ces différents auteurs posent les activités informelles comme un stade transitoire de l’insertion urbaine. Illustrant des débats scientifiques naissants au début des années 1990, cette conception est remise en question par d’autres auteurs de l’ouvrage pour qui l’économie informelle est partie intégrante (voire souvent majoritaire) de l’économie urbaine (Philippe Bocquier, « L’insertion professionnelle des jeunes à Dakar »). C’est ainsi que Jean Copans défend l’idée qu’il faut dépasser l’assimilation des pratiques informelles à des logiques de survie ou d’appoint, pour les faire entrer - notamment celles qui s’appuient sur les réseaux personnels ou communautaires - dans les options des politiques publiques (« Des paradigmes et des méthodes : la culture de l’emprunt en anthropologie du travail »). Les deux points que nous avons discutés nous permettent de souligner les logiques de réseaux à l’œuvre dans les processus d’insertion urbaine. A.S. Fall définit ainsi le réseau social : « Le réseau social désigne un tissu complexe de rapports sociaux qui apparaissent sous la forme de circuits d'accueil et/ou d'insertion socio-professionnelle, résidentielle, de solidarité humaine, de relations privilégiées » (« Relation à distance des migrants et réseaux d’insertion à Dakar », p.258). Les auteurs de l’ouvrage étudient le rôle des réseaux de manière duale : comment ceux-ci favorisent l’insertion des individus d’un côté, et comment ces individus alimentent ces réseaux de l’autre. Qu’il s’agisse de réseaux liés à une origine géographique, une religion, une caste, une famille lors de l’arrivée en ville, puis de réseaux construits en ville, associatifs, syndicaux… ils jouent un rôle déterminant dans l’accès au logement et à l’emploi notamment. Les auteurs sont unanimes à souligner cette fonction facilitatrice qu’ils exercent, tout en mettant en évidence les apports que le réseau réclame souvent en contrepartie de ses membres. Les réseaux familiaux ou liés à une origine géographique sont souvent en attente d’une contrepartie financière : de nombreux migrants soutiennent ainsi leur famille (au sens large du terme) demeurée dans des localités rurales en crise (S.S. Ouattara, « Les réseaux d’insertion des migrants en milieu urbain africain. Le cas des Sénoufo à Abidjan (Côte d’Ivoire) » ; G. Pontié et A. Lericollais, « Relations à distance des migrants sereer »). La dynamique de groupe s’appuyant sur une boucle « vertueuse » entre individu(s) et réseau(x) leur offre mutuellement une plus forte résilience face aux crises socio-économiques. Dans ce cadre, les réseaux viennent en complément, parfois en soutien, parfois en palliatif, des politiques publiques, ce qui n’est souligné que par très peu d’auteurs (A.S. Fall, « Relation à distance des migrants et réseaux d’insertion à Dakar »). III. Conclusion « La ville à guichets fermés ? » Le titre de l’ouvrage qui fait l’objet de cette fiche de lecture, empreint de pessimisme, suggère que « ceux qui obtiennent un « ticket », et se mettent dans une place « acceptable », ou « confortable », le doivent à leur capacité d'activer leur capital social » (introduction, p.10). Il faut replacer cet ouvrage dans son contexte scientifique, en profonde mutation du fait du bouleversement nouveau de la démographie urbaine en Afrique subsaharienne, pour saisir les inquiétudes des auteurs (J. Copans, « Des paradigmes et des méthodes : la culture de l’emprunt en anthropologie du travail »). Néanmoins, à l’étude, les points abordés en discussion permettent de prendre de la distance par rapport à ces inquiétudes : atténuation d’une dichotomie entre migrants et natifs de la ville, vision positive et durable du rôle du secteur informel urbain, dynamisme intégrateur et multiplicité des réseaux devant encore être reconnus comme tels par les politiques publiques. L’ouvrage offre ainsi des pistes solides pour comprendre les dynamiques urbaines actuelles des villes africaines, et en particulier des villes ouest-africaines, dans la mesure où la croissance urbaine est toujours soutenue, sur la base du solde migratoire, et où les crises socio-économiques se sont multipliées depuis les années 1990 dans les pays de la sous-région. Certaines de ces pistes mériteraient d’être approfondies. Du fait de sa pluridisciplinarité, l’ouvrage ne traite en effet qu’à la marge de la dimension spatiale de l’insertion urbaine. Seuls les travaux de V. Dupont (« L’insertion résidentielle des travailleurs dans l’espace d’une petite ville industrielle en Inde ») et S. Jaglin (« L’insertion par le « haut » : régularisation foncière et citadinisation dans les périphéries de Ouagadougou (Burkina Faso) ») s’attaquent de front à l’étude des mutations spatiales des villes induites par la croissance démographique urbaine. La question foncière en particulier est devenue aujourd’hui névralgique dans ces mutations, conditionnant les analyses sur l’insertion urbaine. Le cas de Ouagadougou étudié par S. Jaglin en est toujours exemplaire (Jaglin, 1995 ; Le Bris, 2000 ; Fournet, Meunier-Nikiema et Salem dir., 2008). IV. Références Fournet F., Meunier-Nikiema A. et Salem G. (dir.), 2008, Ouagadougou (1850-2004) : une urbanisation différenciée, Marseille : IRD. Jaglin S., 1995, Gestion urbaine partagée à Ouagadougou. Pouvoirs et périphéries (1983-1991), Paris : Karthala/ORSTOM. Le Bris E., 2000, « Ouagadougou : de l’immobilisme à l’entropie », in Dureau F. et al. (dir.), Métropoles en mouvement. Une comparaison internationale, Paris : Anthropos / IRD, p. 381-392. Simon G., 2006, « Migrations, la spatialisation du regard », Revue européenne des migrations internationales, vol. 22, n°2 [En ligne] URL : http://remi.revues.org/index2815.html
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