Introduction
I. Problématique de l’ouvrage
II. Objectifs de l’ouvrage
III. Méthode de travail utilisée
IV. Messages essentiels du document
V. Utilité du document
VI. Principaux problèmes traités
VII. Solutions proposées
VIII. Critiques de l’ouvrage
Conclusion
INTRODUCTION
La ville remplie quatre fonctions essentielles : habitat, lieu de travail, espace de culture
et de sociabilité, et transport. Dans les pays en développement, très peu de villes arrivent à
remplir efficacement cette dernière fonction pour répondre aux besoins en transport des
populations. La CODATU, Conférence sur le Développement et l’Aménagement des Transports
Urbains se donne pour mission d’étudier les difficultés du transport urbain dans les pays en
développement, et les éventuelles solutions pour répondre aux problèmes posés. L’ouvrage
que nous étudions fait le rapport des communications de la CODATU VI qui s’est tenue à Tunis
en 1993.
Nous étudierons donc cet ouvrage en exposant sa problématique, les messages
essentiellement développés, les problèmes posés et les solutions éventuellement proposées.
Nous finirons en portant une critique personnelle sur l’ouvrage.
I. Problématique de l’ouvrage
L’ouvrage qui a été soumis à notre analyse s’intitule « Transports urbains dans les pays
en développement », CODATU VI, Tunis (TUNISIE), 1993. Ce document traite de l’ « équilibre
entre les modes de transport dans une perspective de développement durable ».
Les paramètres de définition des transports urbains durables concernent entre autres :
• le coût relativement bas des infrastructures, en harmonie avec les financements
disponibles et le pouvoir d’achat des populations ;
• la simplicité technique et technologique de ces infrastructures dans un souci de
maintenance optimale ;
• la pérennité ;
• l’auto-reproductibilité qui se traduit par leur capacité à s’autogérer en se maintenant et
en se développant ;
• l’équité relative à l’accessibilité à toutes les couches socio-économiques de la
population ;
• la propreté nécessaire à la préservation de l’environnement et des ressources non
renouvelables ;
• enfin l’acceptabilité des groupes sociaux.
C’est donc sur les éléments précités que pourra être atteint l’équilibre recherché.
II. Objectifs de l’ouvrage
Afin de répondre de façon adéquate au problème soulevé ci-dessus, les différents
auteurs se sont fixé des objectifs spécifiques à atteindre. Lesquels s’expriment en ces termes :
• Apporter des éléments de réponse à la question de la durabilité des systèmes du
transport dans des contextes dominés par la rareté des ressources en tous genres ;
• S’interroger sur le rôle actuel et potentiel de chaque mode de transport dans les villes
en développement.
III. Méthode de travail utilisée
Avant tout propos, il est important de noter que la procédure d’élaboration du
document étudié, a été mise en place par un comité scientifique internationale.
La méthodologie de travail utilisée par les participants à la CODATU VI, se décline comme
suit :
Procéder à une organisation thématique du cadre général du transport urbain dans les
pays en développement ;
Relever des exemples-types afin d’en dégager les caractéristiques essentielles selon
l’approche thématique ;
Faire une étude comparative des différents systèmes d’organisation et de gestion des
transports urbains dans les villes des pays en développement ; tout en relevant les
aspects positifs profitables et les aspects négatifs à bannir ou à réduire.
IV. Messages essentiels du document
L’ouvrage aborde pratiquement tous les aspects liés au transport urbain dans les pays
en développement. Ces aspects sont traités à travers quatorze chapitres. Ce qui ressort
essentiellement de ces chapitres touche respectivement :
La durabilité
La notion de durabilité est liée à celle de développement durable qui vise l’adéquation
entre l’homme, l’économie et l’environnement dans l’optique de préserver les conditions de vie
des générations actuelles et futures. Ainsi, le développement du transport urbain devrait
prendre en compte la lutte contre la pauvreté et la protection de l’environnement. Pour ce
faire, l’idéal serait de mettre en place un système de transport moins coûteux et plus soucieux
de l’environnement dans lequel on évite le gaspillage des ressources.
La dualité entre transport public et transport privé
Le secteur privé est né suite à la fin du monopole des entreprises publiques, au recours
inavoué au secteur artisanal. Le déficit d’offre publique et la demande surabondante, ont induit
des initiatives privées pour l’organisation du transport. Il s’en est suivit une libéralisation et une
déréglementation de fait.
La tentative d’auto-organisation de la part des privés, n’a pas réellement pris. Il serait
préférable que l’Etat intervienne en amont de ce problème d’organisation et de réglementation
du domaine du transport.
Transport individuel et transport collectif
Les moyens de transport les plus utilisés sont la marche à pied, les véhicules à deux
roues et les voitures. Avec le système capitaliste, le gain de temps est primordial. De ce fait,
face à l’incapacité pour certaines personnes de se procurer un véhicule personnel, le transport
collectif s’est fortement développé. A ce niveau, on distingue les transports collectifs offerts par
les Etats, les transports collectifs offerts par des opérateurs privés, et les transports spécialisés
tels que les transports privés du personnel et le transport d’élèves et étudiants. Cependant,
face au coût des transports collectifs, et face à leur insuffisance, dans la mesure où elles ne
répondent pas totalement à la demande, de plus en plus de personnes font le choix de se
procurer un véhicule, à deux roues à défaut d’une voiture.
Alternatives pour le transport de masse
Face à l’incapacité des transports collectifs de répondre à la demande, des alternatives
sont proposées. Les principales concernent l’usage du métro dans les grands centres urbains.
On s’interroge cependant sur l’efficacité que pourrait avoir ce mode de transport dans les villes
en développement lorsqu’on connait leur exigence en énergie et leur coût.
Financement du transport
Les coûts élevés des transports publics collectifs dans les villes des pays en
développement sont dus à la croissance exponentielle de la population de ces villes d’une part,
d’autre part à l’extension vertigineuse du périmètre urbain avec comme corollaire
l’allongement des distances.
Au même moment, la sous-tarification pratiquée dans les entreprises de transport
public collectif du fait de la politique sociale des Etats des PED ne permet pas la rentabilité de
ces entreprises.
Les sources de financement des entreprises de transport public collectif peuvent
provenir de :
• L’idée de ne pas faire payer les usagers des transports publics collectifs ;
• La rente de localisation contenue dans la valeur foncière : Introduction d’un système de
prélèvement dans la taxation des biens fonciers et immobiliers pour alimenter un fond
de restitution devant financer le transport public collectif. Cette taxe variera selon
l’importance du réseau de transport et la distance des biens fonciers par rapport aux
éléments constituants le réseau.
Cadre règlementaire et institutionnel du transport
Le cadre institutionnel et réglementaire doit favoriser la prise en charge de la gestion et
de l’organisation des entreprises de transport public collectif par les communes et collectivités
locales.
Les compétences des collectivités locales en matière de transport doivent être
clairement dans le cadre institutionnel et réglementaire.
Différents systèmes de gestion des transports publics collectifs existent :
• La gestion en régie
• La gestion sous forme concédée (Concession)
• La mise sur place d’un établissement public communal
V. Utilité du document
Le document qui est soumis à notre analyse pourrait servir de canevas pour
l’aménagement et la gestion des infrastructures et équipements de transports urbains dans nos
pays en développement. Ainsi, il fait mention des problèmes récurrents des transports dans ces
pays et présente des solutions concrètes pour pallier à ces problèmes et mieux y faire face.
Cependant, il faut noter qu’il est caduc car il a été produit il y a déjà 15 ans. Il conviendrait donc
à défaut de le suivre à la lettre, de s’en inspirer afin de l’adapter au mieux aux réalités actuelles.
VI. Principaux problèmes traités
Les problèmes traités dans le document sont nombreux et variés. Ils ont été énoncés
sur la base d’exemples pris par rapport à des cas spécifiques dans des pays donnés. C’est la
raison pour laquelle, nous avons choisi de les présenter suivant trois grands thèmes principaux.
Il s’agit entres autres de :
Les problèmes humains
Ces problèmes sont liés aux coûts des modes de transport pour l’individu et la
collectivité. La cherté du transport est liée au prix du carburant. A cela s’ajoutent les prix
relativement élevés des frais d’entretien des véhicules. Il y a également le fait que, selon le
mode de transport utilisé, les prix ne sont pas toujours en adéquation avec les distances
desservies. De nombreuses villes sont aménagées selon la théorie de la centralité qui veut que
tous les grands équipements soient localisés au centre-ville. Contrairement à cette théorie, le
développement non maitrisé des villes des pays en développement provoque l’installation des
citadins à la périphérie des centres urbains, en s’éloignant de plus en plus des centres. Il devient
donc plus coûteux d’accéder aux services de base.
Cela a pour conséquence la prolifération d’entreprises de transport privé, dont l’objectif
n’est pas forcement de répondre à la demande, mais de réaliser un bénéfice substantiel. Aussi,
selon les Pays, les populations n’ont pas d’autres alternatives que de s’orienter vers des modes
de transport individuel, ou vers des solutions de transport collectif artisanal. Ils s’orientent alors
vers des véhicules moins coûteux et qui nécessite moins d’investissement pour l’entretien. Il
s’agit des motos et bicyclettes, et des voitures ou bus dont l’état est très vétuste.
Les problèmes environnementaux
Les problèmes environnementaux sont quant à eux liés à la pollution dans les centres
villes. Face à la difficulté de plus en plus croissante de se déplacer, face à la rentabilité du
secteur du transport, et face au coût souvent très élevé des véhicules neufs, on assiste dans les
pays en développement à la prolifération de véhicules très vétustes venus des pays développés.
Ces véhicules mal entretenus dégagent énormément de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ;
mais plus spécifiquement, dans les villes où l’utilisation des véhicules à deux roues, est assez
développée.
De plus, face au coût du carburant, certains n’hésitent pas à utiliser du carburant frelaté,
et souvent même du gaz butane, ce qui contribue à accentuer les effets néfastes sur
l’environnement. A cela s’ajoutent les nuisances sonores dues au trop grand nombre de
véhicules dans les centres urbains.
Les problèmes d’ordre organisationnel et institutionnel
Ces problèmes sont liés à la mauvaise organisation du secteur du transport. D’abord, il y
a le mauvais état des infrastructures de transport, à savoir les routes et les voies ferrés qui sont,
lorsqu’elles existent, très mal entretenues. Toutes les voies ne sont pas aménagées. De
nombreuses pistes difficilement empruntables existent encore dans de grandes villes.
Une autre cause de la mauvaise organisation est la mauvaise adéquation entre l’offre et
la demande. Les villes des pays en développement se développent à très grande vitesse. Les
forts taux de natalité, et les fortes migrations dues au déplacement des populations des zones
rurales vers les zones urbaines, à cause des inégalités de développement entre villes et
campagnes en sont les principales causes. Il devient alors très difficile de répondre à la
demande. Les Etats, initiateurs des politiques de transport collectif se retrouvent vite dépassés.
On assiste alors à la prolifération d’entreprises de transport privé très mal organisées.
La prolifération des entreprises de transport privé mal organisées provoque un désordre
notoire dans le secteur du transport qui a pour conséquence un déficit réel d’ordre dans ce
secteur. On assiste alors à une crise aigüe dans le domaine du transport collectif. Les Etats,
malgré tous leurs efforts, n’arrivent pas à résorber le problème d’organisation, car les
institutions devant réglementer ce secteur sont soit inexistantes, soit inefficaces puisque ne
disposant pas des moyens de leur politique.
Par ailleurs, il convient de signaler que dans plusieurs pays en développement, l’on est
confronté à l’absence d’un cadre réglementaire clair favorisant le financement des entreprises de transport public collectif, au non-respect de la réglementation relative à l’exercice des
entreprises de transport du secteur privé et enfin à l’absence d’une disposition réglementaire
claire sur la tarification et la gestion des équipements de transports.
VII. Solutions proposées
Aux différents problèmes qui ont été soulevés dans le document étudié, certaines
solutions ont été proposées. Lesquelles s’intituleront suivant l’ordre préférentiellement choisi
dans la présentation des problèmes.
Les solutions liées aux problèmes humains
Dans certains pays en développement, le réseau des transports en commun,
notamment les bus, est assuré uniquement par les sociétés publiques, à charge de l’Etat. Cela a
pour conséquence, de créer un manque ou un défaut de satisfaction au niveau de la demande.
Il est donc judicieux, d’encourager l’introduction des entreprises privées dans l’organisation et
la gestion du secteur des transports.
Ces entreprises devront travailler sous la tutelle du pouvoir public afin que leurs actions
soient canalisées, notamment en ce qui concerne la fixation des tarifs applicables sur chacune
des lignes à desservir.
Les pouvoirs publics devraient donc s’engager à la révision périodique de ces coûts en
prenant en compte les paramètres liés aux variations du SMIG (Salaire Minimum
Interprofessionnel de Garantie), du prix du carburant et du coût des pièces de rechange de
consommation courante dans le secteur de transport urbain.
Par ailleurs, concernant l’accès aux différents services et équipements, il a été proposé
la prise en compte des circuits journaliers en les adaptant aux besoins des populations.
Les solutions liées aux problèmes environnementaux
Afin de résoudre les problèmes liés à l’environnement, des options de solutions ont été
proposées. Elles s’étalent sur deux principaux volets :
• Une répartition optimale des déplacements favorisant les modes moins
énergivores et moins polluants que les voitures particulières tels que les bus. En
effet, ils rejettent beaucoup moins de gaz nocifs à l’environnement que les
voitures car leur consommation unitaire et leur taux d’émission de monoxyde de
carbone est inférieur à ceux des voitures.
• Une amélioration de la fluidité du trafic. Ceci s’explique par le fait que la
progression d’un flux de véhicule hachée et irrégulière est proportionnelle à
l’énergie qu’elle dépense. De ce fait, un tel flux pollue plus que la normale. En ce
sens, il serait souhaitable de penser à créer des itinéraires bien précis des
déplacements de véhicules, surtout dans les transports en communs. Par
ailleurs, certaines dispositions peuvent être prises pour faciliter la fluidification
du trafic. Elles concernent de façon générale la mise en place des voies de
contournement des trafics de transit, le cloisonnement du centre-ville, la prise
en compte des piétons, la régulation des carrefours à feux, le péage urbain, la
règlementation et la gestion du stationnement.
Les solutions liées aux problèmes d’ordre organisationnel et institutionnel
En vue de mieux organiser le secteur du transport, il a été conseillé d’intégrer les pistes
carrossables dans les circuits routiers journaliers de transport. Mais également, pour des
aménagements ou élaborations futures, il faudrait penser à desservir les quartiers et sous-
quartiers, car dans la grande partie des villes des pays sous-développés, les grands équipements
sont centrés au cœur de la ville, ainsi donc très éloignés des quartiers d’habitat spontané et
périphériques. Il serait donc idéal de tenir compte des distances parcourues par ces populations
en dehors des axes routiers principaux.
Sur le plan institutionnel, quelques solutions financières permettent la relance du
secteur des transports :
la privatisation du secteur des transports : Dans un contexte d’ajustement structurel
marque par le désengagement de l’Etat dans les principaux secteurs d’activités
économiques, il faut encourager l’introduction des entreprises privées dans
l’organisation et la gestion du secteur des transports.
A l’intérieur des entreprises du secteur des transports :
• L’Utilisation optimale des devises disponibles dans les entreprises du secteur
des transports : Politique de planification de la maintenance nécessaire pour
l’entretien, la révision et l’approvisionnement des pièces détachées et de
rechanges
• L’Utilisation optimale des équipements de transport : Réhabiliter plutôt que
changer les équipements disponibles
• Minimiser les besoins en devises des entreprises : Recours a l’expertise locale,
favoriser les contrats de gestion avec les autorités publiques, Gestion
coordonnée des pièces de changes avec les autres exploitants des transports
publics
Mesures externes à préconiser (Hors des entreprises de transport) :
• Meilleure allocation et subventions des devises par l’Etat aux entreprises de
transport collectif
• Favoriser une politique de change à terme
VIII. Critiques
L’œuvre a à son avantage la méthodologie de travail utilisée. Le fait d’axer les thèmes
des études sur des exemples types permet de vraiment toucher du doigt les problèmes qui se
posent avec acuité dans le secteur du transport des pays en développement. Les exemples pour
un même thème sont multiples et permettent d’aborder tous les contours d’un même
problème. A cela s’ajoute le fait que chaque communication a fait l’objet d’une démarche
scientifique.
Cependant, l’ouvrage qui parle de développement durable ne fait pas ressortir des
approches concrètes pour répondre aux problèmes de pollution qui se posent dans les villes
des pays en développement. Que faire pour réduire l’importation des voitures vétustes depuis
les pays en développement ? Comment mettre fin à l’usage du carburant frelaté ? Comment
limiter le gaspillage des ressources ?
Dans des villes comme Lomé, Cotonou et Ouagadougou où les deux roues sont les
principaux agents polluants, il serait avantageux d’opter pour des engins à moteurs à quatre
temps qui sont moins polluants. Elever les taxes sur les véhicules d’occasion permettrait de
freiner l’usage des véhicules vétustes.
La question sur les alternatives au transport de masse n’est pas suffisamment
développée à notre avis. La principale alternative développée est celle de l’usage du métro.
L’usage des autobus n’est pas suffisamment développé, et aucune autre n’est proposée.
Face au problème d’organisation du secteur du transport qui préconise une meilleure
règlementation comme solution, ne faudrait-il pas encourager la création d’entreprises de
transport privé encadrés par l’Etat, car ainsi, il deviendra plus facile de répondre à la demande,
d’autant plus que les Etats ne disposent pas toujours des moyens financiers pour satisfaire la
demande des populations en transport.
L’ouvrage n’évoque pas non plus comme solution pour réduire les coûts, l’implantation
d’usine de montage d’automobiles et d’engins à deux roues. Cela contribuera à réduire les
coûts des véhicules, en particulier des autobus pour le transport de masse.
L’ouvrage ne traite pas non plus du covoiturage qui apparait comme une solution à la fluidité
routière, aux accidents et également à la pollution.
CONCLUSION
L’œuvre étudié est un outil agréable d’analyse et d’étude du transport urbain dans les
pays en développement. Cela nous touche d’autant plus que, non seulement, nous appartenons
à des pays sous-développés pour la plupart, et que certains de ces problèmes, apparus dans les
années 90, se posent encore avec acuité à nos grandes villes. Il appartiendra donc à ceux qui
consulteront l’ouvrage, de le contextualiser et de l’actualiser, afin de pouvoir répondre
efficacement aux difficultés d’aménagement du transport urbain dans nos villes.