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Où en est l'urbanisation en Centrafrique ?

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(2014)

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  • @robertlinares

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  • @sde
    8 years ago
    I. Lambert Mossoa, professeur d’université et géographe de formation, auteur de l’ouvrage « Où en est l’urbanisation en Centrafrique ? » [2014], n’est pas à son premier essai. Il a à son actif deux autres titres, significatifs de l’importance de sa production dans le domaine des sciences sociales : Politiques urbaines en Afrique subsaharienne. Les contours réels (2012) ; L’appareil éducatif en centre Afrique (2016). Dans cet ouvrage, l’auteur se livre à une réflexion, nourrie de ses observations de terrain et d’années d’études et de recherches, sur la dynamique urbaine en Centrafrique comme enjeu du développement. En effet, La République centrafricaine, appelée aussi Centrafrique, est un pays d'Afrique centrale en voie de développement, dont la population est estimée à 4 500 000 habitants, pour une superficie d'environ 623 000 km². Il a obtenu son indépendance en 1960 après 50 ans de colonisation française (1910). Le pays a traversé, au plan politique, de grandes épreuves avec la dictature de Bokassa, la prise de pouvoir de Boziré et la période des guerres civiles. Pays aujourd’hui en transition mais d’équilibre précaire, il dispose de richesses naturelles (l’or, l’uranium, les diamants, le pétrole), objet de convoitise des grandes compagnies internationales et occidentales. Malgré leur impact sur le développement général du pays du pays, ces éléments n’ont pas retenu directement l’attention de notre auteur qui a concentré sa réflexion autour du processus d’urbanisation – fait « exogène » dans une société en mutation, pour en comprendre, au-delà de la croissance urbaine au sens propre, les logiques à l’œuvre. Pour lui « Le moment est opportun : la croissance structurelle du rythme de peuplement des villes est engagée, mais le poids de la vitesse acquise obère toujours le coût de l’urbanisation dans un contexte de crise des complexes politico-économiques et d’appauvrissement d’une majorité de citadins ». II. L’ouvrage s’articule autour de trois chapitres : « le phénomène urbain », « les villes secondaires », « la population ». Le premier, réservé à l’analyse du « phénomène urbain » comme mode spécifique d’établissements humains et d’investissement de l’espace, s’attache à l’articulation des villes centrafricaines, et plus spécifiquement, à leur configuration. Selon le recensement de 2003, 37 villes ont été répertoriées, abritant au total plus d’un million d’habitants et disposant d’un taux d’urbanisation de l’ordre de 37 %, contre 26 % en 1960 et 32 % en 1975. Ce recensement a introduit un élément quantitatif nouveau, considérant comme villes tous les chefs-lieux de préfectures, de sous-préfectures et de postes de contrôle administratif ayant au moins 5 000 habitants et disposant des infrastructures urbaines minimales telles qu’un marché journalier, une école primaire à cycle complet, un centre de santé, un plan cadastral, etc. L’auteur marque ses distances par rapport à toute définition normative de la ville et montre, au-delà de la division classique urbain/rural qu’elle s’organise selon une hiérarchie à plusieurs niveaux, témoignant du déséquilibre du réseau urbain au profit de Bangui qui abrite près de 800 000 habitants. En effet, Bangui draine à elle seule 17% de la population totale du pays et 47% de la population urbaine, elle représente donc le premier niveau. Six villes moyennes constituent le deuxième niveau et tentent, mais en vain, d’établir l’équilibre (Berberati, Bambari, Bimbo, Bouar, Bangassou et Bossangoa). Pour l’auteur, ce sont surtout ces principaux centres urbains secondaires, qui constituent le principal potentiel du développement régional, comme il le montrera au chapitre 2 de son ouvrage. Ces centres secondaires totalisent près de 38% de la population totale et sont en prise directe sur les richesses du pays,. Le troisième niveau est constitué de 28 petites villes ou «villes locales » de 5 000 à 35 000 habitants. Il s’agit des centres qui ne servent que des espaces limités, autant par le nombre que par la qualité des services qu’ils sont capables de fournir. Le quatrième et dernier échelon est surtout constitué par trois « bourgs » de moins de 5 000 habitants : Damara, Kouango et Birao. Plus petite expression de la ville, le bourg se place, par ordre de grandeur, entre la ville et le village, et regroupe les commerces courants, un marché, des services publics et privés, un dispensaire et une école. Procédant dans un deuxième moment à une brève incursion dans la structure des villes centrafricaines, l’auteur en montre l’organisation par quartier. C’est en effet la diversité des quartiers, leur regroupement, les rapports qui s’établissent entre eux qui donnent à la ville sa singularité. Le plus frappant est le cloisonnement ethnique des quartiers – comme à Bangui, que l’auteur considère à juste titre comme un « obstacle majeur à la fusion des deux noyaux urbains ». Une autre division semble être structurelle à la ville : la division entre les quartiers privilégiés et les quartiers dits « africains » dont témoigne l’habitat, 3ème élément de l’analyse du phénomène urbain centrafricain. Entre ces deux types de quartier, il n’y a pas une simple distinction d’aspect, mais des différences à la fois par l’aménagement urbain et la qualité des habitations. L’habitat « européen » se présente sous trois types : la case coloniale (le bungalow) qui tend à disparaitre, « l’immeuble à appartement multiples », la « banlieue résidentielle de villas et de pavillons ». Les quartiers dits « indigènes » reflètent la diversité des constructions et des modes d’habiter : « les camps » des fonctionnaires dus à l’initiative des employeurs, un habitat traditionnel varié sur des parcelles fournies par l’administration, un habitat irrégulier, résultante d’une demande non satisfaite à laquelle répond un marché coutumier illégal mais souple et accessible au grand nombre. Au total, certaines villes, principalement Bangui, présentent une image contrastée entre une ville légale faite de lotissements et des immeubles modernes, et une ville réelle des quartiers spontanés. On estime que sur environ 850000 habitants, plus de la moitié résident dans les quartiers périphériques irréguliers. Conscient du caractère total et continu de ce processus qui transforme la Centrafrique urbaine et rurale, l’auteur insiste sur le fait que « des modèles d’urbanisation doivent se faire, en s’appuyant sur les initiatives des populations et en favorisant la constitution d’épargne à travers des formules entièrement adaptées aux pratiques des citadins centrafricains. Le niveau des équipements, de l’aménagement du sol, des infrastructures et des services publics, du commerce et de l’artisanat, des équipements sociaux, est très insuffisant et aggrave le déficit constaté et les écarts entre groupes sociaux. Au chapitre II, réservé aux « villes secondaires » l’auteur entend se limiter à l’étude globale de leur situation géographique, économique et sociale en s’appuyant sur le contraste régional entre l’Est et l’Ouest du pays. Le but est d’approfondir la réflexion sur les causes du dynamisme ou du déclin urbain. Le contexte des économies coloniales a été déterminant et explique bien des aspects du présent, notamment la macrocéphalie ultérieure de Bangui. En effet, conçues comme de simples relais à une économie tournée vers l’extérieur, les villes régionales, après avoir connues une vitalité indéniable voire même un rayonnement commercial, entrent, avec l’indépendance du pays et son modèle économique et politique centralisateur, en déclin. Si certaines villes sont soutenues par les pouvoirs en place en raison des liens qui les attachent aux décideurs, les autres périclitent lentement. Le plus frappant est sans doute le déclin de l’Etat et son effacement, laissant le champ libre à l’émergence de nouveaux acteurs. En réalité ce sont les activités économiques de ces centres secondaires qui représentent les éléments clés de leur unité mais aussi de leur différenciation. Le clivage entre les villes de l’Est et les villes de l’Ouest est perceptible tant dans leur type de répartition, leur taille que leur rythme de croissance. L’Ouest, diamantifère caféier et cotonnier, est en train d’accroitre sa population urbaine sur un rythme rapide, avec une forte natalité et des flux soutenus d’immigration. L’Est du pays, traverse une situation aujourd’hui moins assurée ; la natalité s’y affaiblit progressivement, et les nouveaux arrivants sont moins nombreux. Ce contraste se vérifie au niveau des villes secondaires, entre « villes délaissées » et « villes soutenues ». Deux exemples illustrent le propos : celui de Berberati (94500 habitants), ville de l’Ouest, connaissant un dynamisme nouveau, et vivant une mutation de la société (jeunesse de la population, mobilité, flux scolaires, secteur commercial moderne, implication de l’élite locale,) et Bangassou, ville de l’Est qui connait un essoufflement démographique, un déclin de son pouvoir de commandement urbain, une baisse de la fonction commerciale et la disparition de nombreuses compagnies concessionnaire. Au chapitre III, l’auteur revient sur une des caractéristiques les plus importantes du fait urbain : les mutations spectaculaires de la population dues au fait migratoire. La composition ethnique, les origines, les tributs d’appartenance exercent certes encore une influence évidente. L’auteur parle ici de « Hinterland humain » pour désigner le regroupement des citadins par territoires d’origines, zones qui constituent des réservoirs humains de main d’œuvre. Mais à A l’heure actuelle, c’est le phénomène migratoire qui demeure un élément central de la compréhension du changement urbain et humain dans la répartition de la population en R.C.A. L’auteur l’explique par la convergence de deux forces agissantes : l’une centrifuge en milieu coutumier et se manifestant par des facteurs répulsifs (dislocation des liens traditionnels, pauvreté, etc.), et l’autre centripète vers les centres urbains et se manifestant par l’attrait de la ville et les espoirs qu’elle véhicule. Les « migrations de ruraux vers les villes centrafricaines » couvrent un phénomène pluriel. En effet, les migrations sont de deux type : organisées et spontanées. La durée effective des séjours en ville, mais aussi l’intention des migrants varient. Cette redistribution des populations, a profondément affecté les caractères démographiques, économiques et socio-culturels de la Centrafrique. Il semble donc que les défis soient nombreux. La solution, comme le préconise l’auteur, n’est pas dans l’intervention d’en haut, par des pouvoirs centralisés et autoritaires mais bien dans l’association des collectivités locales, longtemps écartées de la gestion de leurs affaires, et leur « participation » aux choix fondamentaux qui les concernent. III. Cet ouvrage est important car il dresse une image complète de la situation actuelle en Centrafrique. Il met en relief la désorganisation urbaine et social et le déséquilibre économique existant. L’auteur a su mettre en évidence le rôle clé des anciennes colonies ayant mis en place une économie tournée vers l’extérieure dont le pays n’a pas su s’en éloigner. La transition postcoloniale est sans nul doute une des raisons principales de ce déséquilibre. Cependant, les guerres civiles, la dictature et les rivalités ethniques ont certainement creuser d’avantage le gap entre les différentes villes et les différentes populations. Cet aspect politique n’est malheureusement pas du tout traité dans l’ouvrage. On peut en effet le déplorer, car l’étude urbaine n’est pas que technique. Elle est une science politique qui engage des choix fondamentaux et impose la participation et la consultation des populations. Il faut reconnaître, toutes fois, que l’auteur a tenté de montrer l’importance de la gestion démocratique des villes et de finir son ouvrage par une conclusion qui alerte sur cet aspect.
  • @florianedejong
    9 years ago (last updated 9 years ago)
    Le livre choisi « Où en est l’urbanisation en Centrafrique ? » a été rédigé en 2014 par Lambert Mossoa. Né à Bangassou en République Centre Africaine (RCA). Il est titulaire du diplôme d’habilitation à diriger des recherches, et est actuellement professeur titulaire des université et directeur de l’école doctorale de l’université de Bangui (RCA). Avant la publication de ce livre, Lambert Mossoa avait déjà rédigé deux livres sur l’urbanisation en Afrique; « Les politiques urbaines en afrique subsaharienne » en 2012 et «L’appareil éducatif en Centrafrique ». L’ouvrage présente la situation actuelle de l’urbanisation en RCA. L’auteur nous parle dans une première partie de l’urbanisation en général en RCA. C’est-à-dire la configuration du réseau urbain, la structure des villes du pays, l’habitat urbain centrafricain et les équipements urbains. Puis dans une seconde partie, nous observerons un phénomène spécifique à la RCA, une opposition claire entre les villes secondaires. Entre celles qui continuent à se développer et restent très dynamiques, les villes de l’Ouest, et au contraire les villes qui depuis l’indépendance, perdent de plus en plus d’importance. Enfin dans une dernière partie, il est question d’étudier la population urbaine centrafricaine. (origines des populations urbaines, les causes des migrations et les caractères des migrations). Nous traiterons ce dernier point plus rapidement car nous préférerons s’attarder sur des questions plutôt urbanistiques. Il faut noter que ce livre est très descriptif, et un peu moins analytique. Dans un premier temps nous allons parler de l’urbanisation en RCA de manière générale. Pour commencer, l’auteur nous dit qu’avant la colonisation il n’y avait pas de ville (comme on l’entend aujourd’hui) et donc pas de relations économiques ou commerciales entre elles. On peut relever le point qu’il y avait certainement des villages avec leurs propres « urbanisation » et que dire qu’il n’y avait pas de ville avant la colonisation est un peu exagéré. Lors de la colonisation les villes vont apparaître le long du fleuve, ce qui facilitent le commerce. Ici la définition de ville est caractérisée par tous les villages ayant au moins 5’000 habitants et possédant une infrastructure urbaine minimale. En RCA on compte 37 villes au total. La ville dominante en RCA est Bangui, où l’on retrouve la majorité du pouvoir et 47% de la population urbaine (800 000 personnes). Ensuite 6 villes moyennes de 35’000 à 100’000 habitants, que l’on pourrait appeler « métropoles régionales », ce sont dans ces villes que l’on retrouve la majorité des richesses (bois, diamant, cotons..). La structure de ces villes est une unité complexe caractérisée par trois points majeurs : les personnes tendent à se grouper par affinité (fonctions différentes, stratification sociale) et ainsi créer des quartiers. Puis le cloisonnement ethnique. En effet les européens et les africains ont des manières de vivre différentes, des cultures différents, et les européens sont minoritaires ce qui les poussent à se regrouper entre eux. Pour finir, on retrouve des quartiers privilégiés construits par l’administration. On retrouve trois types d’habitats urbains en centrafrique. Tout d’abord l’habitat privilégié - case traditionnelle, immeuble à appartements multiples, banlieue résidentielle - caractérisés par une architecture nationale et traditionnelle ou européenne (colons). Puis l’habitat africain où les formes d’habitats sont très diverses. On peut soulever deux points caractéristiques importantes, l’habitat est dû soit à l’initiative de l’employeur avec comme points positifs que des structures de santé, d’éducation sont à disposition sur le site du travail et de l’habitat, mais en contre partie l’employé peut être viré du jour au lendemain et se retrouver avec absolument rien. Soit dû à une initiative privée, création de cases souvent rectangulaires par les propres mains des habitants (femmes et hommes). Les maisons sont souvent très rudimentaires et construites en bois ou en briques sèches. En RCA, le désir de posséder son propre terrain et sa propre maison est très présent, ce qui fait que dès qu’un nouveau terrain est mis à disposition par l’Etat on aperçoit une réelle ruée vers ceux-ci. (exemple quartier Damala à Bangui). Le dernier type d’habitat est l’habitat populaire - les bidonvilles - on les retrouve souvent en périphérie des villes, ces quartiers se créent spontanément, inspirés de l’habitat traditionnel, souvent irréguliers, construits à partir de matériaux précaires et se dégradent très vite. La densité de la population dans ces quartiers est très élevée (à Bangui représente 50% de la population ! ). Les conditions de vie y sont évidemment très basses. Il n’y a pas de politique d’aménagement du territoire cohérente c’est pour cela que l’on retrouve une situation chaotique et floue. Les équipements urbains sont très importants dans le développement de l’urbanisation. Ils vont permettre à une ville de s’assainir et de proposer des lieux publics de réunion à la population. On peut répartir les différents équipements urbains en trois groupes. Tout d’abord l’aménagement du sol, les infrastructures et services publics, qui vont s’occuper du terrain souvent en mauvais état, d’y mettre des voies goudronnées pour la circulation (assez rare, seulement les routes principales car processus très cher), d’apporter de l’eau potable (les quartiers spontanés souvent moins bien desservis), installer l’électricité qui est indispensable pour les usines et pour l’éclairage public (sentiment de sécurité la nuit). De manière générale, on peut facilement dire que les quartiers modernes sont bien desservis mais que pour les quartiers populaires il y a encore beaucoup de travail (problème : trouver des investisseurs, puis travail sur plusieurs années). Puis il y a le commerce et l’artisanat. Evidemment plus la ville se développe, plus l’économie grandit aussi. Les commerces dans les quartiers spontanés et ceux dans les quartiers modernes s’organisent différemment. Dans les premiers, on retrouve beaucoup de bruit, de couleurs et les petits commerces sont dispersés. Les petits commerces sont souvent installés dans une pièce de la case rudimentaire des personnes, car ils n’ont pas les moyens de construire quelque chose de plus. Alors que dans les seconds, ils sont concentrés dans une même zone. On observe aussi qu’au cours de la journée, les petits commerces se déplacent dans la ville. Evidemment l’aménagement de routes goudronnées va non seulement permettre une meilleure circulation automobile mais va aussi attirer beaucoup de commerces qui s’installeront autour. On peut se demander pourquoi il y a tant d’habitants qui possèdent leur petit commerce ? C’est tout simplement car c’est un travail moins fatiguant et usant que travailler dans une usine, mine etc.. Le dernier groupe est tout ce qui concerne l’équipement social : hôpitaux, bâtiments sanitaires, hygiène public, éducation. Tout cela permet de réduire considérablement le taux de mortalité et de soigner les gens. La question qui reste en suspens est : tout cela est-il suffisant ? Le second chapitre nous ouvre les yeux sur la différence flagrante du développement des villes de l’Ouest du pays, et celles de l’Est, entre dynamisme et déclin. Comme dit précédemment toutes ces villes ont été créées par la colonisation, elles se situent donc sur les voies de communication et à la base servaient seulement les intérêts du pays colonisateur. Bangui a toujours été la capitale du pays là où le pouvoir est réuni donc plus importante que les autres villes qui elles servaient de points relais. Avant l’indépendance chacune de ces villes étaient dynamique et leur fonction était plutôt axée sur l’agriculture (cotons, café, diamant.. ). Entre 1945 et 1961, on observe une augmentation de la population et des industries. Il y a donc une mutation rapide qui accentue la multiplication des unités de transformation ou de conditionnement de certains produits (huile de palme par exemple). Malheureusement après l’indépendance (1960) on observe une régression des villes où la croissance démographique stagne voire décroît, car le solde migratoire régresse. De plus, les villes de l’Est du pays commencent à ne plus servir au développement du pays. Les différentes causes de ce déclin, sont tout d’abord l’effacement de l’Etat dans les villes secondaires puis un replis des compagnies concessionnaires vers la métropole (dévalorisation des produits locaux, déclin des usines étrangères qui créaient de l’emplois) et enfin un replis massif de la population urbaine vers la campagne. De plus tous les pouvoirs se replient à Bangui, donc les villes secondaires perdent toute leur importance. Il existe un profond contraste entre les villes délaissées (Est) et les villes soutenues (Ouest), celui-ci reflète le rythme de croissance, les problèmes économiques et les enjeux politiques présents. En effet les villes de l’Ouest ont eu le temps de s’adapter en fonction de l’économie alors que celles de l’Est non. Les caractéristiques démographiques de ces deux types de villes jouent un rôle évident dans l’évolution de ces villes. En effet, pour les villes prospèrent et dynamiques (Ouest) on voit que la population jeune ( < à 15 ans) est de 47% tandis qu’à l’Est il est seulement de 35%, le taux de natalité est fort (41%) en parallèle 29% à l’Est avec un taux de stérilité très important. Et pour finir les petits villages avec moins de 100 habitants ont une proportion très élevée dans les villes en déclin : 62% alors qu’à l’Ouest ce taux est de seulement 41%. Ainsi les contrastes régionaux Est-Ouest sont très élevés. En effet sur les 37 villes répertoriées en RCA 21 sont dans la partie Ouest du pays, région diamantaire et caféière, il y a de forts courants commerciaux avec le Tchad et le Cameroun de ce côté du pays. Cette région a une tradition urbaine plus forte que la région Est. Dans cette dernière, dû aux départs des industries et aux replis des européens, on a observé un arrêt brutal du développement des villes dans cette région. L’activité urbaine s’essouffle, la croissance ralentit et leurs fonctions administratives leur sont enlevées petit à petit. Il y a donc deux cas : les villes qui renaissent après une longue crise socio-économique (villes présidentielles par exemple, toujours à l’Ouest) et les villes qui périclitent et régressent car délaissées et oubliées par les acteurs du développement (Est). Le livre nous montre deux exemples de villes : Berberati, un exemple de ville soutenue, située à l’Ouest du pays. Et Bangassou, un exemple de ville languissante et délaissée à l’est du pays. Le dernier chapitre de ce livre, parle de la population urbaine centrafricaine. Nous allons expliquer rapidement quels ont été les questions posées. Tout d’abord est-ce que l’origine des populations urbaines à un impact ? On observe donc un phénomène migratoire des populations, évidemment de la campagne vers la ville. Ce phénomène est observé dans tout le pays. Les causes de ces migrations sont économiques, sociales ou psychologiques. Evidemment la ville attire beaucoup, promesses d’un travail meilleur, mieux payé etc.. ce qui malheureusement n’est pas le cas car le marché du travail se révèle engorgé dans toutes les villes. Il y a 2 types de migrations : organisées (par l’administration, par des organismes de recrutement, par les employeurs eux-mêmes) et spontanées (le plus grand nombre). En effet, tous les hommes jeunes ont tendance à partir dans des villes qui fonctionnent bien pour trouver un travail plus intéressant avec plus de responsabilités etc… Ils reviennent dans leur village natale seulement pour montrer leur réussite. Les villages sont donc de plus en plus « abandonnés », où l’on retrouve majoritairement des femmes. Ce qui est intéressant, est qu’une personne née en ville dira toujours que son village natale est celui de son ethnie. Est-ce que certaines ethnies ont tendance à rentrer chez elle après avoir passé un temps en ville ? La plupart du temps oui, en moyenne la durée du séjour en ville est entre 1 et 5 ans. De plus, depuis 1963 les citadins centrafricains peuvent acquérir la propriété foncière de leur parcelle. Mais ce processus reste très rare. Pour conclure, ce livre nous a expliqué assez clairement le phénomène urbain en RCA, sa configuration, sa structure des villes, l’habitat des urbains. Mais il nous a aussi montré qu’il y a une énorme différence entre les villes de l’Ouest et les villes de l’Est. En effet les premières sont dynamiques et continuent à se développer grâce aux cultures de cafés, cotons et diamants et leur commerce possible avec le Tchad et le Cameroun. Elles ont une vitalité économique et démographique. Alors que les secondes sont en plein déclin, perdent leur importance, la population jeune et dynamique est faible car celle-ci préfère aller dans des villes plus dynamiques pour trouver du travail. Elles deviennent des villes de passage pour aller vers l’Ouest dans les grandes villes ou à Bangui la capitale. Il ne faut pas oublier de mentionner que le rôle de l’Etat est important et malheureusement depuis l’indépendance celui-ci a choisi (volontairement ou non) de délaisser certaines villes aux profits d’autres plus prometteuses. Enfin il est important de mentionner que la population urbaine centrafricaine est en constante migration et que ces flux importent sur l’urbanisation. L’auteur de ce livre a choisi de se concentrer sur les villes secondaires du pays. Il aurait aussi été intéressant de voir comment l’urbanisation s’organise à Bangui et aussi comment subsistent les petites villages. La partie sur l’origine des populations urbaines est un peu moins intéressante à mon avis. Malgré cela les explications étaient claires et nous avons bien compris le rôle des villes secondaires en RCA.
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