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L’URBANISATION OU LE NOUVEAU DEFI MALGACHE

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(2011)

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  • @meva
    9 years ago
    L’idée de faire une étude sur le défi urbain à Madagascar est née à la fin de l’année 2009. Avec une équipe enthousiaste et pluridisciplinaire, dirigée par M. Jacques Morisset, et grâce au financement de la Banque Mondiale, le présent ouvrage a vu le jour en Mars 2011. M. Jacques Morisset est un Economiste de la Banque Mondiale, titulaire d’un PhD en Economie de l’Université de Genève, il a publié dans des revues économiques telles que « World Bank Economic Review », « Journal of Development Economics », et « World Development ». Il est actuellement membre du Conseil d’Administration de « the World Bank Economic Review ». Aussi son équipe de rédaction de la présente étude a été composée principalement d’Experts Malagasy et étrangers. Ils ont également reçu l’appui de plusieurs organismes et ONG œuvrant dans le développement comme UN habitat, PNUD, UNICEF, ONG ATD-Quart Monde, …. L’urbanisation de Madagascar est en cours, elle s’est accélérée depuis 2005 avec plus de 200 000 habitants s’installant dans les villes chaque année. Antananarivo, la capitale compte actuellement près de 3 millions d’habitants et les 2/3 du PIB national y sont générés. Les crises politiques qui s’y sont déroulées sont des phénomènes urbains. Cette étude essai de répondre en première partie aux questions relatives à la démographie urbaine malagasy, le mode et conditions de vie de la population urbaine, et les compétences des autorités locales dans le développement et la gestion des villes. En dernière partie, l’étude propose un plan de réforme en faveur d’une politique de la ville à Madagascar. La présente étude débute par dessiner le paysage démographique et l’urbanisation de Madagascar. En effet, Antananarivo qui est l’une des plus grandes agglomérations d’Afrique concentre près de la moitié de la population urbaine de Madagascar qui est estimée à 1/3 de la population totale en 2008. Cette population urbaine se développe rapidement mais reste néanmoins moins protégée que la population rurale car la ville offre des opportunités d’emplois et d’éducation mais elle l’y expose à la perte petit à petit de la solidarité familiale. La population urbaine gagne davantage d’argent mais consomme plus en conséquence, d’où leur fragilité financière, voir la misère qui touche surtout les groupes vulnérables (sans abri, groupe marginalisé, migrants, …). Par la suite l’étude se penche sur quelques défis et opportunités dans les centres urbains de Madagascar pour une meilleure compréhension afin de pouvoir émettre une proposition d’actions à mener dans le futur. Le premier thème est relatif aux activités économiques et opportunités d’emplois dans les villes malagasy. Les activités à forte valeur ajoutée demeurent concentrer dans les grandes villes, notamment dans le domaine du textile et de la communication (NTIC) représentant 56% et 71% des entreprises, dans les autres villes le tissu économique ne repose que sur le commerce et le transport. La précarité de l’emploi est une réalité car 80% des ménages déclarent gagner moins de 150US$ par mois. Si le taux de chômage enregistré à Antananarivo en 2010 est de 13% et 21,5% à Toliara, 14% des populations actives occupées ne travaillent qu’à temps partiel et majoritairement dans l’activité informelle (46%). Le manque de concurrence entre les entreprises existantes, ainsi que les difficultés rencontrées par les nouvelles entreprises pour fonctionner dans un cadre formel constituent des obstacles majeurs nuisant à leurs dynamisme. D’ailleurs l’Auteur mentionne bien « Le coût associé à la création formelle d’une entreprise est un obstacle suffisant à décourager sa création ». Mais des exceptions existent, car certaines grandes entreprises ont les moyens de contourner le système. Toutefois, des efforts d’amélioration du climat des affaires se sont vus naitre depuis quelques années dans des zones localisées où des appuis externes interviennent comme à Nosy Be ou Fort Dauphin (à partir de 2007) comme la facilitation des procédures administratives, une politique de soutien aux PME par l’octroi de crédit ou la promotion de la formation au sein des entreprises mais dont les impacts demeurent peu visibles à ce jour. Le second thème analyse la question de la sécurisation des habitats ou propriétés foncières. Bien que « le paysage foncier dans les villes malgaches est complexe et varie d’une ville à une autre », il convient tout de même de distinguer la ville d’Antananarivo où la proportion des parcelles bénéficiant de titre foncier est proche de 100% tandis que qu’à Ivato, en périphérie d’Antananarivo, elle n’est qu’à 43% et à Toliara de 54%. L’inactivité du marché formel fait également défaut, le prix élevé des biens immobiliers lors des transactions est un indicateur que le taux d’activité sur le marché formel est loin de répondre à la demande, « l’acquisition d’un terrain urbain est donc devenu un luxe à Madagascar ». Les formalités associée aux transactions immobilières sont complexes et couteuses, la mise en place de plusieurs guichets fonciers dans plusieurs régions de Madagascar avait promue l’obtention du moins d’un certificat foncier, mais son développement s’est freiné depuis 2009. Quoi qu’il en soit l’Etat, qui est aussi un propriétaire foncier, a des rôles à jouer tant au niveau de la planification, de la règlementation des transactions immobilières entre les opérateurs privés, et la perception des impôts et/ou redevances permettant d’instaurer un climat favorable au marché foncier. Le troisième thème parle de la mobilité dans une ville et d’une ville à une autre, l’augmentation des transports routiers entre 2005 et 2008 est le fruit des efforts du Gouvernement pour la réhabilitation des grands axes routiers et ferroviaires assurant principalement le transport des marchandises. Un des problèmes concernant la fluidité du déplacement est non pas entre les villes mais à l’entrée et à la sortie des villes. La congestion urbaine commence à se faire sentir à Antananarivo même si elle n’est aussi critique que dans d’autres villes de taille similaire. La solution ne concernerait pas seulement les infrastructures mais aussi l’organisation et la régulation du secteur pour favoriser les investissements et aussi la prise en compte des piétons dans la planification d’aménagement. Le quatrième thème met l’accent sur l’accès limités aux services de bases que sont l’eau et l’assainissement. Le taux d’accès à l’eau en 2008 était de 41% tandis que le taux d’accès à l’assainissement amélioré était de 31%, quoiqu’il reste assez difficile d’appréhender les statistiques au niveau national. Les centres urbains souffrent de la vétusté des infrastructures d’approvisionnement en eau, de la mauvaise évacuation des déchets solides et des eaux usées et pluviales, mais aussi de la faible utilisation des latrines hygiéniques et de la persistance de la défécation à l’air libre. Le budget du Ministère en charge de l’Eau, de l’Assainissement, et de l’Hygiène ne dépasse guère 2% du budget gouvernemental et les nouveaux investissements sont très faibles même de la part du concessionnaire principal qui est la JIRAMA. En outre le cadre légal encore incomplet, l’absence de régulation claire ainsi que l’arrangement institutionnel complexe ne favorisent guère le développement favorable du secteur. Le dernier thème traite l’éducation en milieu urbain. L’offre n’arrive pas à satisfaire la demande car les établissements scolaires souffrent de manque d’infrastructures, d’enseignants et de matériels pédagogiques. Le taux d’abandon scolaire augmente au fur et à mesure de l’âge et du cycle scolaire, dont les causes sont principalement la contrainte financière et la pression sociale sur les filles, qui représentent 55% des jeunes abandonnant l’école dans les centres urbains. La qualité de l’enseignement notamment au niveau des établissements publics impacte également sur les résultats en fin de cycle malgré l’implication du secteur privé dans la multiplication du nombre des établissements. Sur la base de la compréhension de ces défis et opportunités, l’étude zoom sur l’aspect institutionnel en décortiquant les rôles des autorités locales dans le développement d’une ville. A la fin de l’étude, grâce aux analyses apportées précédemment, une proposition de plan d’action pour réussir une politique de la ville est émise suivant trois axes bien distincts : (i) accélérer le développement et les opportunités économiques, (ii) améliorer les conditions de vie et réduire les inégalités, (iii) une politique de protection sociale pour que la pauvreté ne se transforme en misère. « La qualité de vie urbaine et le dynamisme de son tissu économique sont affectés par les carences dont souffre le marché foncier ». Malgré le fait que presque la totalité des propriétés immobilières à Antananarivo possède des titres, il demeure difficile pour les ménages ou PME de sécuriser un terrain. Certes, l’accès au patrimoine foncier demeure la bête noire des Malagasy, une nette amélioration a été constatée ces cinq dernières années, notamment dans les régions où ont pu être instaurés les guichets fonciers. Les Auteurs parlent de réforme foncière qui aurait été déjà initiée en 2005/2006, il aura fallu s’assurer que la mise en œuvre de cette réforme repose sur la pratique existante afin de pouvoir répondre réellement aux besoins et réalités. Les procédures qui s’en auraient suivies seraient calquées des pratiques actuelles au lieu d’avoir une politique parfaite qui serait difficile à mettre en œuvre. La reprise de la mise en œuvre de cette réforme demanderait un financement conséquent mais qui bénéficierait largement à l’Etat dans le sens où ça améliorerait nettement l’assiette fiscale et formaliserait quelque peu le marché foncier. Un moyen de maitriser le marché foncier informel ou semi-informel serait possible si des appuis et incitations aux collectivités territoriales figureront parmi les mesures d’accompagnement à la réforme. « Les ressources financières consacrées aux infrastructures d’eau et d’assainissement ont été traditionnellement négligées à Madagascar ». Aux propos et analyse des auteurs du budget de l’Etat consacré au secteur de l’eau et de l’assainissement, s’ajoute la jeunesse du Ministère de l’Eau qui n’est né qu’en 2008. C’est à partir 2013 que les représentants au niveau régional ont pu être étoffé, mais toujours avec un manque évident de moyens pour remplir son rôle régalien. Les auteurs parlent aussi du manque de coordination des acteurs du secteur, pourtant une plateforme nationale réunissant tous les acteurs, appelée Diorano WASH, se présente comme une opportunité de partage et de valorisation des expériences en eau et assainissement dans le pays. Le fait est que le manque de moyen du Ministère fait qu’il a du mal à affirmer sa place de coordinateur du secteur en plus de la décentralisation qui demeure non effective non seulement faute de textes législatifs ambigus mais cadre institutionnel hétéroclite. Ici encore, je réitère le besoin de recadrer le secteur selon les pratiques qui se font sur terrain, les textes actuelles en décalage à la réalité peuvent être ajustées grâce à des décrets d’’application plus flexibles et plus pragmatiques. L’une des clés pour faire progresser le secteur serait également une décentralisation tant technique que financière, un accompagnement effectif des collectivités, donc une meilleure connexion entre l’Etat central et les Communes, là où je rejoins les auteurs de cette étude. En outre, le Gouvernement a beau posséder plusieurs politique et plan de développement, la mobilisation de ressources (internes et externes) y afférent n’est pas à la hauteur des ambitions qui y sont inscrites. L’éducation en milieu urbain « …3/4 des jeunes qui abandonnent leurs études en milieu urbain appartiennent aux deux quintiles les plus pauvres. », « la première violence est l’ignorance ». L’importance de l’éducation dans le développement d’une ville n’est pas à démontrer, non seulement les ménages sont protégés mais n’auront pas peur de s’exprimer. Un programme de protection sociale qui encouragerait les ménages les plus vulnérables à envoyer leur enfants à l’école réduirait nettement les délinquances et réformerait l’environnement du travail. Une politique orientée vers l’éducation demanderait à ce que les ressources y affectées soient optimisées, demandant une volonté politique ferme de la part du Gouvernement. Bref, le développement d’une ville ne se résume pas aux défis et opportunités développés dans cet ouvrage de plus qu’ils sont quasi interdépendants, mais l’apport d’un plan de redressement même en partie améliorerait surement l’environnement urbain de Madagascar. Le secteur informel qui génère au moins 40% des emplois contribue à la croissance économique du Pays mais accuse une perte fiscale conséquente à l’Etat, c’est pourquoi un meilleur environnement où les procédures administratifs seront plus simples, accessibles et ne désavantageraient pas forcément les ménages ou petites entreprises améliorerait forcément le marché foncier. L’accès à l’eau et assainissement est un droit pour chacun, un effort considérable de la part de l’Etat pour augmenter les ressources, voire les investissements fera que les ménages reconnaissent la qualité des services qui les incitera à payer le juste prix, sans forcément arriver à une augmentation des tarifs. L’accès à l’éducation est la base du développement d’une ville, la disponibilité de moyens humains qualifiés contribuerait à développer des activités à forte valeur ajoutée. Mais surtout, une politique de l’Etat favorisant l’accès à l’éducation aux plus pauvres améliorerait également l’environnement urbain. Je réitère la recommandation des Auteurs sur la nécessité de clarifier les rôles de l’Etat et des collectivités décentralisées, qui résulterait à une meilleure gouvernance de la part des Communes.
  • @t.narizao
    @t.narizao 10 years ago
    « L’URBANISATION OU LE NOUVEAU DEFI MALGACHE » est un ouvrage élaboré par une équipe pluridisciplinaire de la Banque Mondiale dirigée par M. Jacques Morrisset en mars 2011. A l’issue de plusieurs enquêtes de terrain et de données primaires, le livre fournit des données sociodémographiques et économiques qui soutien une première évidence : le phénomène de l’urbanisation est en train de prendre place et s’accélère notamment à Antananarivo, capitale de Madagascar. Plus d’un ménage sur trois vit dans une agglomération urbaine et, au rythme actuel, près de la moitié de la population sera localisée en ville dans une dizaine d’années. Vu sous différents aspects, le phénomène d’urbanisation présente des opportunités et des menaces qui, au vu de l’importance du mouvement, auront des impacts majeurs dans le futur du pays. Au niveau économique, elle est génératrice de croissance économique et d’emplois. Les centres urbains génèrent près de ¾ du PIB national et concentrent presque toutes les grandes entreprises du pays. Les perspectives de trouver un emploi sont de plus en plus cantonnées dans et autour des villes. Les ménages urbains sont en général deux fois plus riches que ceux localisés en campagne. D’une autre part ,les inégalité, la mauvaise répartition des richesses deviennent alors plus visibles en ville qu’en campagne, et la misère se développe, surtout parmi les jeunes, plantant les graines qui mènent à l’exclusion et aux violences qui sont devenues une réalité dans les grandes villes du pays Du point de vue sociologique, la concentration démographique dans les zones urbaine entraine l’éclatement des familles et la disparition graduelle des mécanismes d’entraides traditionnels. Les facteurs de vulnérabilité ne sont plus les mêmes qu’en zones rurales car les familles sont moins dépendantes des conditions climatiques mais davantage affectées par l’environnement économique. Les pertes des repères traditionnels sont une réalité qui laisse la place à un vide culturel où se cultivent l’envie et la peur selon le père Urfer, un observateur aguerri de la société malgache. Les organisations de paysans ou familiales, encore présentes dans les campagnes, ne sont pas remplacées par d’autres mécanismes de redistribution et de protection sociale pour ceux qui sont dans le besoin. Enfin au niveau politique, la population de la grande ville est déterminante pour la stabilité politique. Les crises politiques malgaches ont toutes été exclusivement urbaines, l’accès à l’information, les capacités de mobilisation urbaine en sont des facteurs explicatifs. .Pourtant l’urbanisation est un défi qui est mal partie dans les grandes villes malgaches • l’habitat y est précaire et n’est guère soutenu par une gestion foncière opaque et chaotique, • le transport rendu difficile par les congestions et le manque d’infrastructure, • l’accès à l’éducation perturbé • les réseaux d’eau et d’assainissement tant délabrés qu’Antananarivo est perçue comme une des villes les plus sales du monde. • la répartition institutionnelle des responsabilités est si imprécise que personne ne prend en charge la mise en oeuvre d’une véritable politique de proximité. (Les pouvoirs locaux n’agissent que face à l’urgence ou quand le pouvoir central n’est plus capable de jouer son rôle) • les municipalités, même lorsqu’elles voudraient agir, n’ont ni ressources financières,ni ressources humaines. Le budget annuel de la ville d’Antananarivo, à titre d’exemple est de 4 US$ par habitant. L’analyse montre que les obstacles sont nombreux, les carences énormes, inscrites dans un développement historique inégal, et vont s’accentuer en raison de la pression démographique qui va encore plus peser sur les zones urbaines du pays dans un proche avenir. A titre d’illustration, le nombre d’élèves dans les grands centres urbains de Madagascar est prévu augmenter de 55% entre 2008 et 2020, ce qui supposerait le recrutement de plus de 10 000 enseignants et la construction d’environ 2 640 salles de classe supplémentaires, juste pour conserver les niveaux d’accueil actuel. Des projections similaires pourraient être fournies pour l’habitat, les transports, l’eau et l’assainissement dont les retards en infrastructures ne vont pas manquer de s’accroître. Les auteurs ont ainsi esquissé des axes de réponses afin de faire face à une situation bien alarmante. Un plan d’action vers en faveur des communes pour aider les exécutifs communaux à sortir du cercle vicieux de la sous-administration et du manque de budget chronique. Ce plan d’action tourne autour de 3 axes à savoir : • Le développement et les opportunités économiques • L’amélioration des conditions de vie et la réduction des inégalités • Et la mise en place d’unepolitique de protection sociale pour que la pauvreté ne se transforme pas en misère Les recommandations autour de ces trois axes cherchent à montrer que le développement harmonieux des villes nécessite la combinaison de croissance, de partage et de protection sociale. Loin d’être une panacée à tous le mal qui ronge le pays, l’ouvrage a le mérite de relater sur des bases rationnelles et chiffrées, les réalités urbaines dans les grandes villes de Madagascar. Un tel ouvrage a pour première vocation d’alarmer les décideurs pour une prise de conscience quant à l’enjeu du phénomène urbain et d’orienter les réflexions vers des actions structurées.
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