1/ Soussi Riadh (2013), "Localisation des industries et enjeux urbains dans l'agglomération du Grand Tunis", Montpellier, Université Paul Valéry Montpellier III. 2/ http://www.biu-montpellier.fr/florabium/jsp/nnt.jsp?nnt=2013MON30042 A/Le travail de Riadh Soussi que nous avons choisi pour l’analyser est un travail de thèse soutenue au mois de mai 2013 à l’Université Paul Valéry Montpellier III. Il s’agit d’un travail qui a porté sur un espace spécifique d’une ville africaine (le Grand Tunis), en focalisant sur une thématique spécifique : la localisation industrielle en rapport avec l'aménagement urbain. Plus précisément, il s’est agi d'analyser la situation de la localisation des industries et plus spécifiquement des zones industrielles à travers trois enjeux majeurs: la problématique foncière, l'intégration urbaine et la promotion des zones industrielles et ce, dans le cadre d'une agglomération de 2 571 km2 qui constitue une métropole africaine : le Grand Tunis. B/ Contrairement à beaucoup de travaux de localisation industrielle, L’auteur n’a pas étudié les activités industrielles pour elles-mêmes mais il s’est davantage interrogé sur leur emprise spatiale en privilégiant des espaces qui leur sont dédiés, à savoir les zones industrielles. C'est surtout aux rapports entre espaces urbains et espaces industriels qu'il s’est intéressé, persuadé qu'il s'agit des deux types d'espaces en interrelation continuelle et pour lesquels, au final, il souhaite pouvoir construire des outils pour mieux les faire fonctionner. Plusieurs aspects nouveaux ont été avancés par l’auteur. C'est le cas par exemple de la méthode FAST au sein du modèle séquentiel croisé, une nouvelle méthode créée par l'auteur de cette thèse: cet outil d'aide à la décision permet de confronter les points de vue de différents acteurs d'un projet (décideur, animateur et membres du groupe de la structure opérationnelle), et sur la base de l'identification des critères de localisation et de leur hiérarchisation, d'évaluer par une méthode multicritère chaque possibilité de localisation. La méthode MACTOR, mise au point par M. Godet, a permis à R. Soussi d'analyser avec beaucoup de pertinence les jeux des acteurs dans l'offre du foncier industriel au regard de divers enjeux urbains et de tenter de mesurer de la sorte leurs puissances relatives, leurs objectifs et par là leurs attitudes face à un projet de localisation. En ce qui concerne l'évaluation de l'intégration urbaine, R. Soussi propose même un outil en ligne permettant au final de comparer les zones entre elles sur la base d'une méthodologie rigoureuse, ce qui a facilité la mise en évidence des différences, la recherche du pourquoi de ces différences et a finalement suscité des pistes d'action. Enfin, R. Soussi a aussi utilisé l'analyse fonctionnelle pour évaluer le fonctionnement des zones industrielles et a développé une démarche prospective en vue de la promotion des zones. Les résultats obtenus au sujet de ce tandem industrie-urbain de Tunis sont donc multiples et variés. On y trouve une somme de connaissances théoriques et pratiques qui sans aucun doute constitue un apport original tant pour le monde de la recherche que pour le monde appliqué, celui des gestionnaires et des responsables publics. En effet, cette thèse fournit un état à jour de la localisation de l'industrie à Tunis à travers l'exemple des zones industrielles : un bilan très précis à la fois sur la genèse et le déploiement spatial de l'appareil industriel. Elle dresse aussi un bilan des politiques de localisation et des politiques foncières en Tunisie et à Tunis en particulier et met bien en évidence les importants changements intervenus depuis les années 60. C/ Le plus grand apport de ce travail se situe au niveau des relations des zones industrielles avec les milieux urbains au regard des principaux enjeux du développement urbain de la ville de Tunis. L’auteur a analysé ainsi les problèmes engendrés par la déficience de l'application des réglementations et les lourdeurs des procédures, les difficultés à intégrer les zones dans les espaces urbains et à développer une démarche cohérente pour promouvoir les zones industrielles. En raison de sa richesse méthodologique, cette thèse offre également de nombreux outils d'analyse et de gestion, ce qui ouvre à son tour de nombreuses pistes d'action en vue de remédier aux problèmes et difficultés rencontrées dans le cadre d'une politique industrielle et urbaine cohérente. Certes, on peut regretter de ne rien savoir des localisations des industries hors zones qui semblent être largement majoritaires à Tunis (comme souvent ailleurs) mais on peut comprendre que R. Soussi ait préféré se focaliser sur les zones qui posent sans doute les problèmes majeurs au niveau des trois enjeux qu'il a décidé d'analyser. Toutefois, l'aspect collecte des données semble plus faible ou tout au moins n'est pas assez explicité. Or chacun sait combien les résultats dépendent de la qualité des données, souvent bien difficiles à rassembler dans le domaine de la localisation industrielle où les données officielles sont assez rares et ne couvrent jamais les aspects comportementaux des firmes ou des autres intervenants au niveau des localisations, pourtant si importants pour comprendre les choix. Le travail ouvre de nombreuses pistes notamment au niveau de l'analyse du caractère dialectique des relations réciproques entre les industries et les milieux urbains tant au niveau scientifique qu'au niveau des applications. Nous pensons que R. Soussi aurait dû se lancer dans des comparaisons internationales car beaucoup d'observations faites à Tunis ne sont pas spécifiques à cette ville africaine.