Abstract
L'univers du soin en cancérologie s'affirme comme un haut lieu émotionnel
compte tenu de la gravité des pathologies qui y sont traitées. Les
processus de rationalisation de la maladie par les patients sont
en effet influencés par les représentations collectives du cancer
qui n'intègrent pas les progrès thérapeutiques et assimilent toutes
les formes de cancer à la mort. Une forte dimension émotionnelle
innerve donc les relations soignants-soignés, notamment lors de l'information
au malade et dans les temps de l'annonce. Or la qualité de la communication
entre soignants et soignés dépend de la juste distance que le soignant
doit maintenir avec le malade et de la juste mesure dans l'expression
des émotions de l'un et de l'autre. Une trop grande empathie peut
induire des débordements émotionnels. A l'inverse, les stratégies
de distanciation des soignants peuvent conduire les patients à se
sentir « chosifiés ». Pour réinvestir ce domaine et mieux répondre
à la demande des patients, les équipes de soin se posent la question
de la participation des malades dans la démarche thérapeutique et
la gestion de l'information médicale. Or, « dire ou ne pas dire »
induit de nouvelles problématiques. Le maintien d'une marge d'incompréhension
et d'une distance par rapport à la réalité du cas clinique peut ainsi
s'avérer nécessaire aux professionnels pour gérer l'angoisse de certains
patients. Dans ce contexte, la gestion des risques en cancérologie
ne concerne plus seulement les effets physiques des traitements mais
aussi leurs implications sur le vécu émotionnel des patients.
Users
Please
log in to take part in the discussion (add own reviews or comments).