Abstract
Le suicide constitue un problème majeur de santé publique. Il traduit
un comportement autodestructeur qui est l’aboutissement d’une situation
de crise, souvent insuffisamment perçue par l’entourage et le corps
médical. Il concerne toutes les catégories d’âge et les deux sexes.
Les tentatives de suicide sont quant à elles au moins 10 fois plus
fréquentes que les suicides aboutis et sont des gestes souvent réitérés.
Selon les estimations de l’Organisation Mondiale de la Santé, environ
un million de personnes meurent par suicide chaque année dans le
monde et le phénomène ne cesse globalement d’augmenter. Ce fléau
touche tous les pays, à des degrés divers. Les taux de suicide varient
pour le sexe masculin de 0,5/100 000 à la Jamaïque à 75,6 en Lituanie
et pour le sexe féminin de 0,2 à la Jamaïque à 16,8 au Sri Lanka.3
En France, on estime à près de 11 000 le nombre de suicides par an.
Il représente environ 2 % des décès annuels et se situe dans une
moyenne haute par rapport aux autres pays européens. C’est la deuxième
cause de mortalité chez les 15-44 ans après les accidents de la circulation
et la première chez les 30-39 ans. Bien que la part du suicide diminue
ensuite sensiblement avec l’âge, le nombre de décès par suicide est
quant à lui fortement accru ; les taux de suicides aboutis sont six
fois plus élevés dans la population âgée de plus de 85 ans par comparaison
aux 15-24 ans. En 1999, dernière année pour laquelle la prévalence
est connue, les taux en population générale étaient de 26,1/100 000
pour les hommes et 9,4 pour les femmes. Par ailleurs, il existe de
fortes disparités géographiques, avec une accentuation de la prévalence
du suicide dans les régions situées au nord-ouest de l’hexagone.
C’est à partir des données de mortalité que l’on peut évaluer la
situation d’un pays par rapport aux autres pays de la communauté
internationale en matière de suicide ou mettre en évidence le poids
du suicide dans les causes de décès dans certaines catégories de
la population, par exemple les adolescents. A ce titre, l’élaboration
des données statistiques concernant la population décédée par suicide
nécessite la prise en considération des causes médicales du décès
telles qu’elles sont reportées sur les certificats de décès. L’éventualité
de l’absence de mention explicite de suicide peut résulter en une
sousestimation de la prévalence des décès par suicide. Des enquêtes
ponctuelles auprès d’instituts médico-légaux et par le CépiDC de
l’Inserm ont évalué à 20 % la « sous-déclaration » de suicides en
France pour l’année 1998.(...)
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