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Les transformations urbaines dans les villes du Sud : l’exemple de Saint Louis du Sénégal

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(2005)

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  • @dioufsemou
    @dioufsemou 9 years ago
    Note de lecture Babacar DIOUF TITRE DE L’OUVRAGE : Les transformations urbaines dans les villes du Sud : l’exemple de Saint Louis du Sénégal Contexte de publication : Ce document est le résultat de plusieurs années de recherches et d’expériences de terrain effectuées dans le cadre d’une thèse de géographie urbaine option Aménagement. Il souhaite contribuer à relever l’un des défis majeurs des villes africaines : la gestion urbaine. Propos général : L’ouvrage analyse le profil urbain de la ville de Saint Louis, les mutations urbaines qui ont eu lieu au cours de ces dernières années. Il tente de démontrer en partant de la centralisation de l’Etat, comment le processus de la décentralisation qui a été observé ailleurs, est mis en œuvre dans un pays comme le Sénégal et dans une ville comme Saint Louis. La porte d’entrée choisie pour étudier ces transformations ou crise urbaine est les actions de partenariat et les problèmes d’environnement notamment ceux liés à l’insalubrité de la ville. Dans le cadre de cet exercice, à la suite de la présentation de l’auteur, nous analyserons quelques points de raisonnement pour ouvrir une discussion sur quelques unes des idées principales émises dans ce document. Présentation de l’auteur L’auteur, Mamadou Daye Sow est un géographe sénégalais, diplômé de l’Université de Toulouse-Le Mirail. Actuellement, il est chargé de cours (vacataire) au Département de Géographie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et est également un homme de terrain rompu à la conduite de projet, particulièrement dans le domaine de la gestion urbaine. Les thèmes développés dans cet ouvrage : De la gestion urbaine centralisée à la décentralisation Avant la décentralisation, l’Etat décidait de tout ce qui se faisait sur le territoire des villes. En effet, « pendant trois décennies après les indépendances, la politique des villes est entièrement soumise aux décisions de l’Etat ». C’est l’époque de l’Etat providence, un État qui se dote de larges compétences réglementaires, économiques et sociales en vue d'assurer une panoplie plus ou moins étendue de fonctions sociales au bénéfice de ses citoyens. Cette période se singularise donc par la toute puissance de l’Etat. En effet l’article 36 de la Constitution du Sénégal relate de façon très claire cette situation : « le Président de la République détermine la politique de la Nation que le gouvernement applique sous la direction du Premier ministre ». Si dans certains pays comme le Royaume uni, la centralisation a donné ses fruits, dans les pays d’Afrique au Sud du Sahara particulièrement au Sénégal le plus grand problème de la centralisation est l’absence de transparence dans la gouvernance, le clientélisme politique, la mauvaise redistribution des ressources au niveau local. Selon l’ancien Maire Chimère Diaw de Saint Louis, « la gestion des centres urbains apparaît de plus en plus problématique tant les difficultés auxquelles font face les autorités municipales se complexifient progressivement. Parmi ces contraintes, nous pouvons retenir la gestion délicate des ressources humaines étant donné l’histoire même de la politique communale mais aussi de la conception qu’on a toujours eu des communes qui apparaissent, aux yeux des usagers, non pas comme des entreprises ou organismes à manager, mais comme des « officines » politiques qui assurent le relais d’un pouvoir politique central ». L’échec cuisant de cette démarche à l’heure du bilan avec des populations dont les besoins les plus primaires ne sont pas satisfaits a entrainé une crise urbaine généralisée (crise de l’Etat) qui a conduit à la mise en place de nouvelles réformes notamment les programmes d’ajustement structurel. Sous l’injonction des bailleurs comme la Banque Mondiale, il a fallu changer de stratégie en mettant au devant de la scène la participation citoyenne dans les prises de décisions avec la mise en place de la loi sur la décentralisation en 1996. On assiste à la création des Collectivités Locales qui sont des personnes morales de droit public distinctes de l’Etat avec une autonomie de gestion sur les compétences qui leur sont transférées. Mais il faut dire que cette décentralisation suivie du transfert de compétences ne s’est pas accompagnée de ressources nécessaires au niveau des communautés de base. A la place du transfert de compétences, l’Etat n’a fait que céder aux Collectivités Locales des problèmes auxquels il éprouvait d’énormes difficultés. Ce qui aboutit à une démultiplication des problèmes au niveau local sur tous les plans (gouvernance locale, urbanisation, aménagement, gestion des déchets, etc.). Le réajustement de la gestion urbaine: l’apport du partenariat dans le développement des collectivités locales Consciente de l’échec de la politique de décentralisation au niveau local, Saint Louis a pensé à faire un réajustement en impliquant de plus en plus le secteur privé et les populations dans la gestion de la chose publique. « Les fondements de ce processus résident dans la capacité de gérer la vie locale à l’échelle la plus pertinente et par la totalité des acteurs concernés ». C’est dans ce cadre que beaucoup de partenariats ont été tissés avec des ONG pour la définition de projets et programmes de développement. Ces programmes notamment les assises de Saint Louis de 1998 grâce à l’expertise de l’université de Lille ont permis de définir le diagnostic de la ville pour connaitre les maux et contraintes qui entravent l’envol économique de la ville et dessiner ainsi les perspectives de développement urbain. En effet, la possibilité de tisser des partenaires extérieurs offre aux collectivités locales l’opportunité de bénéficier de projets de développement et d’avoir beaucoup plus de visibilité au niveau national et international. Ces partenariats ont permis la réalisation du Plan de Développement Communal, l’Agence de Développement Communal, le Programme de Renforcement et d’Appui au Développement des Quartiers, le dynamisme des mouvements associatifs, les Groupements de Promotion Féminine, les GIE, les Associations de Développement, les conseils de quartier, etc. Toutefois l’auteur se garde de préciser que dans la coopération décentralisée, l’Etat a toujours sa mainmise sur la gestion des collectivités locales. En effet, au Sénégal, tout financement supérieur à 100 millions et venant de l’extérieur passe nécessairement entre les mains de l’Etat à travers son ministère des finances qui établit les modalités d’utilisation au niveau local. Autant de contraintes qui viennent à l’encontre du développement et de l’autonomie des collectivités locales. L’approche participative à travers la gestion des ordures ménagères La ville de Saint Louis avec le déclin de ses anciennes fonctions de commandement, se voit aujourd’hui de valoriser ses points forts : son parc naturel et son patrimoine. C’est ainsi qu’elle s’est reconvertie dans le tourisme. Ce dernier qui demande un certain niveau d’esthétique du cadre de vie se trouve confronté à un environnement insalubre. Conscient de cet état de fait, la ville s’est engagée dans des initiatives ascendantes relayées par les acteurs institutionnels privés, organismes internationaux, ONG et bailleurs de fonds. Les défaillances de la gestion publique du cadre de vie et la montée d’un mouvement de contestation urbaine (ASC, GIE) ont abouti à l’incursion et l’affirmation des jeunes comme acteurs déterminants du jeu politique sénégalais. Cette incursion et cette affirmation sont articulées à une réaction contre la dégradation des infrastructures publiques et la quasi absence de la collecte des ordures ménagères dans les quartiers populaires ; cette situation a donné naissance au mouvement « Set settal ». Ce fait a d’ailleurs été souligné par Mamadou Diouf qui analyse ce mouvement comme la réponse locale des jeunes au délaissement de leur cadre de vie par l’Etat. Ce qui explique que ce type d’actions est exclusivement centré sur le quartier. Par la suite, la question des ordures ménagères et son rapport aux mouvements des jeunes est sortie de son cadre informel micro local pour intégrer un autre type plus formalisé à une échelle plus vaste. Cette logique a prévalu et est devenue essentielle dans la structuration des cadres d’intervention institutionnelle et des acteurs non institutionnels, formalisation rendue nécessaire par la pratique obligatoire de la gouvernance urbaine dans la gestion des villes. Dans certaines villes du Sénégal, il faut reconnaître que les opérations « set settal » ont contribué à conforter l’idée selon laquelle le transfert d’une partie de la gestion des ordures ménagères à des groupes sociaux structurés GIE pourrait constituer une solution efficace à la problématique des ordures ménagères en milieu urbain. Cependant, en raison de leur caractère sporadique ou éphémère, ces initiatives n’ont pas fait long feu et ont été remplacées par de nouvelles initiatives de la Municipalité avec le projet Collecte, Évacuation et Traitement des Ordures Ménagères (CETOM) appuyé par la région Nord-Pas-de-Calais via le Partenariat Lille/Saint-Louis et sa Région (PLSR). Ainsi se dessine une gestion partagée : les zones planifiées sont desservies par le service de nettoiement municipal et les quartiers difficiles sont gérés par les GIE/CETOM. De ce partenariat est né un Plan Global de Nettoiement (PGN) dont l’objectif est une démarche participative en assurant la contractualisation avec les structures des quartiers. Au terme de notre propos, il faut retenir que les handicaps dont souffre Saint-Louis sont de deux types. D’une part, Saint-Louis comme la plupart des villes d’Afrique noire francophone, est particulièrement affectée par la crise des complexes politico-économiques dont procède un accroissement de la pauvreté. L’accroissement démographique très important représente une contrainte à laquelle Saint-Louis ne parvient pas à faire face en terme d’offre emplois. D’autre part, au faciès urbain de la crise économique, dont témoignent la montée du chômage et l’informalisation généralisée, se conjuguent les dysfonctionnements du modèle urbanistique appliqué depuis l’Indépendance. Depuis la fin des années 1980, la Ville semble se refaire un nouveau visage, en se transformant en un laboratoire de développement local à la fois pour le Sénégal et pour l’Afrique de l’Ouest. Le tourisme, ce patrimoine urbain qui constitue levier sur lequel repose le développement est fortement menacé par l’insalubrité. Les modèles importés pour prendre en charge ce secteur ont montré leur limite. Une gestion intégrée avec une participation des populations au système de gestion des déchets a montré beaucoup plus d’avantages. Cette thèse est d’un apport inestimable dans la compréhension des processus qui ont conduit aux mutations observées dans les villes africaines particulièrement celle de Saint Louis du Sénégal. On sent dans l’exemple de Saint Louis la relation complémentaire qu’il doit y avoir entre différents acteurs du territoire. Certes ce sont des expériences tenues à l’échelle des quartiers mais la question qu’on se pose est de savoir comment faire de sorte que celles-ci puissent transcender et se distiller sur l’ensemble des villes africaines. Bibliographie Diouf M., 2002 : « Les jeunes dakarois dans le champ politique », p. 157 In O’Brien Donal Cruise, Diop M. C. et Diouf M. (sous la direction de) : La construction de l’Etat au Sénégal, Karthala, Paris, 228 pages. Mbow L.S. Dakar : croissance et mobilité urbaines ; Thèse de doctorat d’Etat ; 2 tomes ; Université de Paris X Nanterre ; Département de Géographie ; Octobre 1992; 709p. Ngnikam (E.) et Tanawa (E.) : Les villes d’Afrique face à leurs déchets ; Université de Technologie de Belfort-Montbéliard, 2006 ; 281p. Onibokun Adepoju G.: La gestion des déchets urbains : Des solutions pour l'Afrique; Khartala et CRDI 2001 ; 250p
  • @dioufsemou
    9 years ago
  • @lamine
    10 years ago
    Note de lecture Lamine Ousmane CASSE Mamadou Daye Sow, 2005, Les transformations urbaines dans les villes du sud : l’exemple de Saint-Louis du Sénégal, Thèse de doctorat 3e cycle en géographie – Aménagement, Université de Toulouse-Le Mirail, 326 p. Les pays du sud et plus particulièrement ceux de l’Afrique subsaharienne subissent un phénomène de déséquilibre urbain entre les grandes villes à forte croissance urbaine et les petites villes qui ont du mal à se développer et se positionner. Cette forte croissance dans les grandes villes est accompagnée de contraintes majeures que vivent ces espaces à forte urbanisation. A cet effet, les collectivités locales sont généralement confrontées à cette non maîtrise du développement urbain des villes combinée à des modes de gestion inappropriées. Ainsi, les questions de transport, d’assainissement, de logement etc. restent des éléments fondamentaux qui préoccupent les autorités locales. Face à cette faiblesse, les collectivités locales trouvent des moyens de contournement afin de gérer ces contraintes à savoir faire appel à l’appareil étatique dans le cadre des fonds de dotation qui leurs sont attribuées, l’appui des communes du nord dans le cadre de la coopération décentralisée, les organismes internationaux qui soutiennent les projets urbains etc. C’est dans ce contexte manifestant les limites de gestion des collectivités locales du sud que le cas de Saint-Louis du Sénégal a été appréhendé pour mieux comprendre le processus de gouvernance urbaine. L’auteur de cette thèse du nom de Mamadou Daye Sow est un jeune chercheur géographe qui a fait ses débuts dans les universités du Sénégal avant de poursuivre ses études à l’université de Toulouse–Le Mirail, où il va soutenir sa thèse de doctorat en Géographie-Aménagement. Cette thèse de doctorat en géographie retrace les transformations urbaines dans le cas de Saint-Louis dans le but de mieux comprendre les dysfonctionnements de ce déséquilibre urbain mais aussi de mesurer à travers de nouvelles formes de gestion les pratiques actuelles portant sur la gouvernance urbaine et particulièrement sur l’environnement ou les déchets solides. Concernant le premier point de raisonnement de cette étude il s’agit de l’articulation entre la crise économique et financière et les limites de la gestion urbaine centralisée. Cette partie retrace également le processus de décentralisation à travers le transfert de compétences pour les collectivités pour plus d’autonomie. M. D. Sow est revenu sur les grandes périodes de gestion centralisée par l’Etat. En effet, juste après les indépendances l’Etat a réduit le pouvoir des collectivités locales en centralisant davantage sa puissance. Il affirme dans l’ouvrage « l’Etat est acteur majeur de la production et de la gestion des espaces urbains. La politique urbaine est volontariste et impulsée à partir du niveau central » ; pour ainsi dire que l’Etat était le principal initiateur des politiques urbaines à travers des programmes de logements subventionnés de la SICAP, la SNHLM etc. Ainsi avec de forts taux d’urbanisation l’Etat se devait de garantir une urbanisation corrélée aux besoins d’équipements et infrastructures. Néanmoins, il faut reconnaître que ces programmes ont connu des limites dans la mesure où ces politiques ne répondaient guère aux réalités de la majorité des populations qui n’avaient nullement les moyens de s’engager dans ces investissements. L’auteur de cette thèse est revenu sur les limites de gestion des collectivités locales dont les dépenses pour le personnel sont extrêmement importantes et la part pour l’investissement reste trop fable (à l’exception de Thiès qui fait 22% les autres villes sont à moins de 2%). Alors que les normes de l’UEMOA fixent les dépenses d’investissement des collectivités locales à 25% au moins. Plusieurs événements à savoir la crise économique observée à partir de 1968, la croissance démographique démesurée dans les villes, les difficultés dans le monde agricole avec la baisse des productions et la crise climatique ont obligé l’appareil étatique à s’inscrire dans une politique d’ajustement structurel qui malheureusement n’a pas porté ses fruits. C’est dans ce contexte que M. D. Sow soutient que la récession économique est articulée à une crise urbaine. Selon ses propos, parlant de la crise économique, « les signes (…) sont une baisse des indicateurs socio-économiques mais aussi une dégradation des conditions et du cadre de vie ». A titre illustratif les interventions des sociétés immobilières (OHHLM, SICAP) ne pouvaient résorber le déficit du parc immobilier en raison de la forte demande de logement. L’auteur va ajouter « la crise urbaine se lit aussi à travers le déficit de la collecte et de l’évacuation des ordures ménagères » d’où l’avènement des problèmes de gestion des déchets urbains avec la chute économique et financière. En effet, l’insuffisance des efforts des collectivités locales se manifeste également dans le système de nettoiement et de collecte des déchets qui n’assure point une bonne couverture spatiale. Nous devons signaler également qu’en dépit de ce mauvais système de collecte des déchets, les populations contribuent à travers la Taxe des Ordures Ménagères (TOM) qui influe grandement sur les recettes municipales. M. D. Sow est revenu largement sur les notions de gouvernance, de décentralisation et estime que cette dernière a des limites. En effet, il considère qu’il s’agit précisément de la baisse des ressources en provenance de l’Etat et que les produits de la fiscalité sont gérés au niveau central pour la plus part des villes d’Afrique noire francophone. Nous estimons que même si les moyens ne suivent pas dans le cadre de la décentralisation il y a de plus en plus une autonomie de gestion du budget permettant aux collectivités de recouvrir les recettes et d’assurer les dépenses minimales. Il nous semble opportun de préciser que les recettes recouvrées ne sont pas généralement puisées à partir des taxes de publicité et TOM tel que l’affirme l’auteur dans sa thèse. De plus en plus avec l’étalement urbain qui est généralisé dans les villes du Sénégal, les collectivités orientent leur source de recettes dans les aménagements fonciers avec les frais de bornage qui sont recouvrés équivalent entre 100.000 et 200.000 f cfa en contre partie d’une petite parcelle de 150 m² selon les localités. La deuxième thématique a consisté pour l’auteur de décortiquer les caractéristiques historiques, physiques, économiques et sociales de Saint-Louis, car il considère que c’est à travers ces spécificités qu’on peut arriver à mieux comprendre la ville et le mode de gestion approprié. Saint-Louis était considéré comme le seul point d’entrée de la ville du temps de l’empire soudanais avec l’arrivé des européens. Le site était propice pour les occidentaux car il présentait un aspect sécuritaire et d’ouverture dans le cadre du commerce triangulaire. Saint-Louis, une ville au relief plat est entourée d’eau (océan, fleuve, marigots…) et peut être divisée en trois grandes zones à savoir : la langue de barbarie, la zone continentale et la zone périphérique. La ville de par sa morphologie et son réseau hydrographique est confrontée à de nombreux problèmes liés à la pluviométrie. Ainsi l’auteur de préciser que « le site est régulièrement soumis à d’importantes inondations pendant l’hivernage ». La ville de Saint-Louis en dépit de son fort croît démographique subit une baisse de son potentiel d’activité économique. En effet, les plus grandes activités seront localisées dans la capitale dakaroise et le centre de gravité de l’activité agricole va glisser plus au sud ; ainsi l’économie de la ville sera « marquée par le poids du secteur informel ». Toutefois, il nous semble important de signifier que la ville de Saint-Louis regorge beaucoup de services administratifs, un pôle universitaire et tente même de devenir un cluster avec le développement des activités liées à la formation supérieure. L’auteur est revenu sur le processus de création de la ville à travers ses quartiers et son développement spatial qui s’illustre également par une densification du bâti. Néanmoins, l’auteur devrait porter un regard sur les modes de production immobilière afin de voire les normes urbanistiques sur la densification qui est devenue aujourd’hui une question fondamentale des villes africaines. Mamadou Daye Sow a retracé les formes d’aménagement de l’armature urbaine mais aussi la typologie des quartiers qui fournissent une réelle identité de la ville. L’auteur de cette thèse a mis en exergue les limites de la décentralisation au niveau de la ville de Saint-Louis ; selon ce dernier «elle (la collectivité locale) manque de moyens financiers, humains et techniques pour faire face à ses nouvelles responsabilités, notamment la gestion de son espace ». Néanmoins, l’auteur ne devrait guère abuser de ce motif pour expliquer les raisons du dysfonctionnement de la gestion urbaine. En effet, la ville de Saint-Louis bénéficie de l’influence des personnalités étatiques (beaucoup de membres du gouvernement de l’ancien régime étaient natifs de cette ville et qui pouvaient attirés des investissements) mais aussi ses nombreuses relations avec les villes du nord dans le cadre de la coopération décentralisée ; sans oublier également l’assistance des ateliers de Cergy Pontoise dans la maîtrise d’œuvre urbaine dont beaucoup de projets ont été établis pour redresser l’image de la ville. Le troisième axe de raisonnement développé par l’auteur consistait à explorer à partir d’une nouvelle approche de gestion des déchets ménagers, les rôles et stratégies mises en œuvre par les parties prenantes (les acteurs). Dans ce chapitre l’auteur retrace les dysfonctionnements notés dans le cadre de la gestion des déchets solides ; il soutient « la ville ne disposant que de très peu de dépôts aménagés, les ordures sont régulièrement jetées dans la nature entraînant des situations d’insalubrité chronique ». Selon M. D. Sow, l’urbanisation rime avec une forte production de déchets solides étant donné que le nombre de consommateur à tendance à évoluer. D’ailleurs, Cheikh Sarr (2004), enseignant chercheur géographe à l’UGB de Saint-Louis confirme que « cette importante production d’ordures est liée à la rapidité de l’urbanisation et au lien entre niveau de développement et ordures ménagères ». Un autre auteur spécialiste à la planification va soutenir cette même thèse en attestant « le taux élevé d’urbanisation dans les pays africains entraîne une accumulation rapide de déchets » Adepoju G. Onibokun (2001). La production de déchets dépend inéluctablement du volume de consommation alimentaire. C’est en ces termes que l’auteur exprime « Ce type de consommation est une très grande pourvoyeuse de déchets et constituent la plus grande part des déchets domestiques ». La production d’ordures ménagères a augmenté substantiellement elle est passée « de 34.852 tonnes en 1996, à 53000 tonnes en 2003, soit une augmentation de 52% au cours de la période ». Cependant, la quantité de déchets produite est-elle la principale équation pour les collectivités. Corine Ada (2006) nuance ces propos et plaide que « ce n’est pas la quantité de déchets qui pose problème, mais plutôt l’incapacité des gouvernements et des sociétés d’élimination des déchets de s’en débarrasser ». M. D. Sow soutient que cette hausse s’explique par une croissance démographique. Toutefois, nous pensons qu’il y a d’autres facteurs qui justifieraient cette hausse de la production des déchets solides. En effet, elle dépend aussi fortement des modes de consommations et des produits alimentaires utilisés. L’auteur d’ajouter que d’autres facteurs à l’instar du commerce informel et la pêche contribuent de manière conséquente sur la production de déchets. Dans sa thèse, Sow est arrivé à démonter le rapport entre les quartiers peuplés coïncident aux espaces pourvoyeurs de grandes quantités de déchets. Néanmoins, il nous semble important d’ajouter d’autres éléments de répartition spatiale qui influent sur le niveau de génération d’ordures. En effet, les quartiers dits résidentiels où demeurent les populations à revenus élevés constituent également les zones de plus forte production de déchets en raison de leur pouvoir d’achats même si l’organisation du système de collecte y est plus correcte. Ce document a mis en exergue les facteurs à l’origine de la défaillance du système de gestion des ordures ménagères. Alors que les ressources des municipalités devraient servir également à assurer un environnement sain pour les citoyens, elles « vont servir non pas à satisfaire les besoins des populations mais à entretenir une clientèle électorale ». C’est dans ce contexte que « la banque mondiale (…) encourage la privatisation du secteur des déchets dans les grandes villes de l’Afrique subsaharienne, car les systèmes étatiques ont montré leurs limites dans la gestion de ces questions » Corine Ada (2006). Il faut signaler également que la privation de la question de l’assainissement n’a pas été une affaire prometteuse d’autant plus que les résultats attendus n’étaient pas au rendez-vous. D’ailleurs, cette même expérience a été réalisé dans quelques ville du Sénégal mais vain. C’est en quelque sorte une manière pour les collectivités locales de se départir de la « patate chaude ». En 1994, le projet Collecte, Evacuation et Traitement des Ordures Ménagères (CETOM) est adopté et à partir de 1996 il reçoit le financement de la région Nord-Pas-de-Calais et du Ministère de la Coopération dans le cadre du contrat de plan Etat-Région. Il faut reconnaitre tout de même que le CETOM qui vacille de l’échelle globale à l’échelle locale a demeuré un système de gestion plus efficace et plus fin avec des retombées économiques pour des acteurs. M. D. Sow est revenu sur les limites du CETOM à savoir les cas de désistement d’implication pour l’évacuation des ordures ménagères dont les coûts sont jugés élevés pour certains, la préférence de travailler dans les activités de pêche que pour le CETOM, l’insuffisance des moyens matériels et humains pour assurer la bonne couverture spatiale dans le système de collecte etc. Somme toutes, cette thèse, à contenu fourni et explicite, a tenté de retracer l’économie des villes africaines affectée par la crise et ses implications dans la gestion de la cité en l’illustrant par le bilan dressé dans la gestion des déchets à l’exemple de la collectivité locale de Saint-Louis. En effet, les nouvelles formes de gestion participative à l’instar du CETOM demeurent des alternatives prometteuses dans une démarche de bonne gouvernance. Toutefois, des points qui nous semblent très importants et que M. D. Sow n’a pas énuméré tout au moins en profondeur restent la filière des déchets ; il s’agit de voire dans le cadre de la gestion participative comment les nouveaux acteurs pouvaient apporter leur contribution dans les systèmes de transformations des déchets. De même, les lieux de décharge devraient faire objet d’analyse approfondie au regard des réserves foncières qui ont tendance à devenir un bien précieux et rare à l’instar de la ville de Dakar qui n’a plus de site pour abriter ses déchets solides idem pour d’autres villes. La cartographie des points de dépôts sauvages et des bagues à ordures telle que développée par A. B. Diawara dans sa thèse de doctorat en géographie intitulé « les déchets solides a Dakar, Environnement, sociétés et gestion urbaine » demeure une méthodologie pertinente et que Sow n’a pas expérimenté ; et pourtant peut aider dans les stratégies d’action dans le cadre des politiques de gestion des déchets. Bibliographie Amadou Bélal Diawara, 2010, les déchets solides à Dakar. Environnement, sociétés et gestion urbaine, Thèse de doctorat 3e cycle en géographie, Université bordeaux iii Michel de Montaigne, 791 p. Adepoju G. Onibokun, 2001, La gestion des déchets urbains, des solutions pour l’Afrique, CRDI-Karthala, Paris, 256 p. Corine Ada, 2006, Réseaux sociaux et des déchets solides dans les villes gabonaises, NETCOM, vol. 20, n° 3-4, p. 183-194.
  • @babakr
    10 years ago
    Note de lecture : Babacar DIOUF TITRE DE L’OUVRAGE : Les transformations urbaines dans les villes du Sud : l’exemple de Saint Louis du Sénégal Contexte de publication : Ce document est le résultat de plusieurs années de recherches et d’expériences de terrain effectuées dans le cadre d’une thèse de géographie urbaine option Aménagement. Il souhaite contribuer à relever l’un des défis majeurs des villes africaines : la gestion urbaine. Propos général : L’ouvrage analyse le profil urbain de la ville de Saint Louis, les mutations urbaines qui ont eu lieu au cours de ces dernières années. Il tente de démontrer en partant de la centralisation de l’Etat, comment le processus de la décentralisation qui a été observé ailleurs, est mis en œuvre dans un pays comme le Sénégal et dans une ville comme Saint Louis. La porte d’entrée choisie pour étudier ces transformations ou crise urbaine est les actions de partenariat et les problèmes d’environnement notamment ceux liés à l’insalubrité de la ville. Dans le cadre de cet exercice, à la suite de la présentation de l’auteur, nous analyserons quelques points de raisonnement pour ouvrir une discussion sur quelques unes des idées principales émises dans ce document. Présentation de l’auteur L’auteur, Mamadou Daye Sow est un géographe sénégalais, diplômé de l’Université de Toulouse-Le Mirail. Actuellement, il est chargé de cours (vacataire) au Département de Géographie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et est également un homme de terrain rompu à la conduite de projet, particulièrement dans le domaine de la gestion urbaine. Les thèmes développés dans cet ouvrage :  De la gestion urbaine centralisée à la décentralisation Avant la décentralisation, l’Etat décidait de tout ce qui se faisait sur le territoire des villes. En effet, « pendant trois décennies après les indépendances, la politique des villes est entièrement soumise aux décisions de l’Etat ». C’est l’époque de l’Etat providence , un État qui se dote de larges compétences réglementaires, économiques et sociales en vue d'assurer une panoplie plus ou moins étendue de fonctions sociales au bénéfice de ses citoyens. Cette période se singularise donc par la toute puissance de l’Etat. En effet l’article 36 de la Constitution du Sénégal relate de façon très claire cette situation : « le Président de la République détermine la politique de la Nation que le gouvernement applique sous la direction du Premier ministre ». Si dans certains pays comme le Royaume uni, la centralisation a donné ses fruits, dans les pays d’Afrique au Sud du Sahara particulièrement au Sénégal le plus grand problème de la centralisation est l’absence de transparence dans la gouvernance, le clientélisme politique, la mauvaise redistribution des ressources au niveau local. Selon l’ancien Maire Chimère Diaw de Saint Louis, « la gestion des centres urbains apparaît de plus en plus problématique tant les difficultés auxquelles font face les autorités municipales se complexifient progressivement. Parmi ces contraintes, nous pouvons retenir la gestion délicate des ressources humaines étant donné l’histoire même de la politique communale mais aussi de la conception qu’on a toujours eu des communes qui apparaissent, aux yeux des usagers, non pas comme des entreprises ou organismes à manager, mais comme des « officines » politiques qui assurent le relais d’un pouvoir politique central ». L’échec cuisant de cette démarche à l’heure du bilan avec des populations dont les besoins les plus primaires ne sont pas satisfaits a entrainé une crise urbaine généralisée (crise de l’Etat) qui a conduit à la mise en place de nouvelles réformes notamment les programmes d’ajustement structurel. Sous l’injonction des bailleurs comme la Banque Mondiale, il a fallu changer de stratégie en mettant au devant de la scène la participation citoyenne dans les prises de décisions avec la mise en place de la loi sur la décentralisation en 1996. On assiste à la création des Collectivités Locales qui sont des personnes morales de droit public distinctes de l’Etat avec une autonomie de gestion sur les compétences qui leur sont transférées. Mais il faut dire que cette décentralisation suivie du transfert de compétences ne s’est pas accompagnée de ressources nécessaires au niveau des communautés de base. A la place du transfert de compétences, l’Etat n’a fait que céder aux Collectivités Locales des problèmes auxquels il éprouvait d’énormes difficultés. Ce qui aboutit à une démultiplication des problèmes au niveau local sur tous les plans (gouvernance locale, urbanisation, aménagement, gestion des déchets, etc.).  Le réajustement de la gestion urbaine: l’apport du partenariat dans le développement des collectivités locales Consciente de l’échec de la politique de décentralisation au niveau local, Saint Louis a pensé à faire un réajustement en impliquant de plus en plus le secteur privé et les populations dans la gestion de la chose publique. « Les fondements de ce processus résident dans la capacité de gérer la vie locale à l’échelle la plus pertinente et par la totalité des acteurs concernés ». C’est dans ce cadre que beaucoup de partenariats ont été tissés avec des ONG pour la définition de projets et programmes de développement. Ces programmes notamment les assises de Saint Louis de 1998 grâce à l’expertise de l’université de Lille ont permis de définir le diagnostic de la ville pour connaitre les maux et contraintes qui entravent l’envol économique de la ville et dessiner ainsi les perspectives de développement urbain. En effet, la possibilité de tisser des partenaires extérieurs offre aux collectivités locales l’opportunité de bénéficier de projets de développement et d’avoir beaucoup plus de visibilité au niveau national et international. Ces partenariats ont permis la réalisation du Plan de Développement Communal, l’Agence de Développement Communal, le Programme de Renforcement et d’Appui au Développement des Quartiers, le dynamisme des mouvements associatifs, les Groupements de Promotion Féminine, les GIE, les Associations de Développement, les conseils de quartier, etc. Toutefois l’auteur se garde de préciser que dans la coopération décentralisée, l’Etat a toujours sa mainmise sur la gestion des collectivités locales. En effet, au Sénégal, tout financement supérieur à 100 millions et venant de l’extérieur passe nécessairement entre les mains de l’Etat à travers son ministère des finances qui établit les modalités d’utilisation au niveau local. Autant de contraintes qui viennent à l’encontre du développement et de l’autonomie des collectivités locales.  L’approche participative à travers la gestion des ordures ménagères La ville de Saint Louis avec le déclin de ses anciennes fonctions de commandement, se voit aujourd’hui de valoriser ses points forts : son parc naturel et son patrimoine. C’est ainsi qu’elle s’est reconvertie dans le tourisme. Ce dernier qui demande un certain niveau d’esthétique du cadre de vie se trouve confronté à un environnement insalubre. Conscient de cet état de fait, la ville s’est engagée dans des initiatives ascendantes relayées par les acteurs institutionnels privés, organismes internationaux, ONG et bailleurs de fonds. Les défaillances de la gestion publique du cadre de vie et la montée d’un mouvement de contestation urbaine (ASC, GIE) ont abouti à l’incursion et l’affirmation des jeunes comme acteurs déterminants du jeu politique sénégalais. Cette incursion et cette affirmation sont articulées à une réaction contre la dégradation des infrastructures publiques et la quasi absence de la collecte des ordures ménagères dans les quartiers populaires ; cette situation a donné naissance au mouvement « Set settal » . Ce fait a d’ailleurs été souligné par Mamadou Diouf qui analyse ce mouvement comme la réponse locale des jeunes au délaissement de leur cadre de vie par l’Etat. Ce qui explique que ce type d’actions est exclusivement centré sur le quartier. Par la suite, la question des ordures ménagères et son rapport aux mouvements des jeunes est sortie de son cadre informel micro local pour intégrer un autre type plus formalisé à une échelle plus vaste. Cette logique a prévalu et est devenue essentielle dans la structuration des cadres d’intervention institutionnelle et des acteurs non institutionnels, formalisation rendue nécessaire par la pratique obligatoire de la gouvernance urbaine dans la gestion des villes. Dans certaines villes du Sénégal, il faut reconnaître que les opérations « set settal » ont contribué à conforter l’idée selon laquelle le transfert d’une partie de la gestion des ordures ménagères à des groupes sociaux structurés GIE pourrait constituer une solution efficace à la problématique des ordures ménagères en milieu urbain. Cependant, en raison de leur caractère sporadique ou éphémère, ces initiatives n’ont pas fait long feu et ont été remplacées par de nouvelles initiatives de la Municipalité avec le projet Collecte, Évacuation et Traitement des Ordures Ménagères (CETOM) appuyé par la région Nord-Pas-de-Calais via le Partenariat Lille/Saint-Louis et sa Région (PLSR). Ainsi se dessine une gestion partagée : les zones planifiées sont desservies par le service de nettoiement municipal et les quartiers difficiles sont gérés par les GIE/CETOM. De ce partenariat est né un Plan Global de Nettoiement (PGN) dont l’objectif est une démarche participative en assurant la contractualisation avec les structures des quartiers. Au terme de notre propos, il faut retenir que les handicaps dont souffre Saint-Louis sont de deux types. D’une part, Saint-Louis comme la plupart des villes d’Afrique noire francophone, est particulièrement affectée par la crise des complexes politico-économiques dont procède un accroissement de la pauvreté. L’accroissement démographique très important représente une contrainte à laquelle Saint-Louis ne parvient pas à faire face en terme d’offre emplois. D’autre part, au faciès urbain de la crise économique, dont témoignent la montée du chômage et l’informalisation généralisée, se conjuguent les dysfonctionnements du modèle urbanistique appliqué depuis l’Indépendance. Depuis la fin des années 1980, la Ville semble se refaire un nouveau visage, en se transformant en un laboratoire de développement local à la fois pour le Sénégal et pour l’Afrique de l’Ouest. Le tourisme, ce patrimoine urbain qui constitue levier sur lequel repose le développement est fortement menacé par l’insalubrité. Les modèles importés pour prendre en charge ce secteur ont montré leur limite. Une gestion intégrée avec une participation des populations au système de gestion des déchets a montré beaucoup plus d’avantages. Cette thèse est d’un apport inestimable dans la compréhension des processus qui ont conduit aux mutations observées dans les villes africaines particulièrement celle de Saint Louis du Sénégal. On sent dans l’exemple de Saint Louis la relation complémentaire qu’il doit y avoir entre différents acteurs du territoire. Certes ce sont des expériences tenues à l’échelle des quartiers mais la question qu’on se pose est de savoir comment faire de sorte que celles-ci puissent transcender et se distiller sur l’ensemble des villes africaines. Bibliographie Diouf M., 2002 : « Les jeunes dakarois dans le champ politique », p. 157 In O’Brien Donal Cruise, Diop M. C. et Diouf M. (sous la direction de) : La construction de l’Etat au Sénégal, Karthala, Paris, 228 pages. Mbow L.S. Dakar : croissance et mobilité urbaines ; Thèse de doctorat d’Etat ; 2 tomes ; Université de Paris X Nanterre ; Département de Géographie ; Octobre 1992; 709p. Ngnikam (E.) et Tanawa (E.) : Les villes d’Afrique face à leurs déchets ; Université de Technologie de Belfort-Montbéliard, 2006 ; 281p. Onibokun Adepoju G.: La gestion des déchets urbains : Des solutions pour l'Afrique; Khartala et CRDI 2001 ; 250p
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