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Le Village Piégé: Urbanisation et agro-industrie sucrière en Côte d'Ivoire

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(1979)

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  • @haumar

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  • @haumar
    10 лет назад
    Cet ouvrage, publié, en 1979, est l’œuvre du Père Jean-Paul Benoist, prêtre catholique officiant dans la région de Zuenoula, ouest de la Côte d’Ivoire. Il y a été d’ailleurs enterré après sa mort en décembre 2007. Son œuvre se présente comme une note de lecture éditée et publiée autour de thèmes focaux tels urbanisation, industrialisation et développement social et économique, dans une Afrique confrontée aux défis et enjeux du développement aux lendemains des indépendances. L’œuvre est donc d’un recueil de différents thèmes développés par différents experts, techniciens et anthropologues, sur la base une étude présentée par trois (3) élèves de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, Pierre Gurtner, Walter Lang, Michel Voillat, pour l’obtention de leur diplôme d’architecture. Cette étude, intitulée terres noires, ombre blanche, est une analyse d’un programme de développement régional agro-industriel et d’urbanisation en Côte d’Ivoire. Les pistes d’analyses et d’évaluation du projet empruntées par ces jeunes experts vont vite sortir du cadre traditionnel et conventionnel de l’expertise praticienne et poser des préoccupations au-delà des aspects techniques du programme sur lesquels les élèves architectes devraient se prononcer. Ils déclareront aux termes de leurs analyses, le programme incompatible aux objectifs qu’ils visent. De ce boulevard de questionnements que suscite cette étude, notre propos s’arrêtera à certains thèmes se rapportant à l’urbanisation, notamment, ceux de l’impact de la colonisation sur la question foncière en Afrique, les raisons de l’échec de l’industrialisation comme catalyseur du développement économique urbain en Afrique et de l’adaptation du modèle d’urbanisation à l’européenne à l’Afrique. Guy Adjété Kouassigan, Professeur à l’Institut universitaire d’études du développement de Genève, contributeur à l’ouvrage soutient que : «… la colonisation avait introduit en Afrique noire des innovations tendant à provoquer l’affirmation de l’individu aux dépens de toutes formes d’organisations collectives ou communautaires. Dans la perspective de la mise en valeur des terres, ces innovations devraient conduire à l’individualisation des droits fonciers… ». Cette affirmation pose bien la question de l’impact de la colonisation sur la question foncière en Afrique et nous autorise même à nous demander si certains problèmes fonciers que connaît l’Afrique ne résultent pas de cet impact. Nous commencerons donc par ressortir ces innovations apportées par les colons, et ensuite nous verrons comment elles ont impacté l’organisation foncière traditionnelle en Afrique. A leur arrivée en Afrique, les colons vont découvrir un système de gestion foncière aux antipodes de celle en cours dans leur nations ‘’civilisées’’. En effet, en lieu et place de l’individualisation de la propriété foncière qui a cours en Europe, ils vont trouver en place un système de propriété foncière collective en Afrique. Cette collectivité pouvant être, villageoise ou familiale avec des règles d’exploitation qui n’autorisaient ni la vente des terres, ni leur appropriation privée. Comme l’affirme G. A. Kouassigan : « La colonisation qui, pour se justifier devant l’histoire se présentait comme une initiative historique de culture des hommes en vue de leur revalorisation était aussi culture des terres en vue de leur rentabilité », ce mode gestion africaine de la terre va très vite se révéler être un obstacle aux réelles ambitions mercantilistes du colonisateur. La réforme foncière coloniale sera donc mise en œuvre avec l’excuse que les systèmes fonciers traditionnels entretiendraient d’obscurs droits, dangereux pour le crédit et incompatible avec le développement dont l’Occident colonisateur offrait l’archétype. Les chefferies villageoises qui traditionnellement administraient la terre, sans être propriétaires, seront déchargées de cette fonction qui sera désormais dévolue à un organe de l’administration coloniale. Et un système d’immatriculation des terres, à transparence relative et inaccessible aux populations majoritairement analphabètes à l’époque, sera introduit. L’individualisation de la propriété foncière sera ainsi promue sans qu’aucune reconnaissance morale ne soit accordée aux communautés traditionnelles qui étaient propriétaires des terres. Alors, bien de communautés seront dépossédés de leur terre avec des indemnisations insignifiantes. Aux lendemains des indépendances, ce même mode de gestion du foncier va être reconduit par les gouvernements héritiers de l’administration et l’Etat deviendra le seul propriétaire de la terre et en fixera les modalités d’usage ou d’acquisition, très souvent aux mépris des us et coutumes des peuples qu’ils administrent. Les populations villageoises se retrouvent donc déposséder de leur terre et sans capital. Et devant la monétarisation des échanges et l’individualisation de plus en plus grandissante des rapports entre hommes, bien de personnes vont se retrouver appauvris, livrés à eux-mêmes, frustrés. Les campagnes ne pouvant donc plus assurer leur survie, les populations rurales vont se ruer vers les villes en rêvant d’épanouissement social et économique. Mais la ville, telle que planifiée par leurs gouvernants saura-t-elle être à la hauteur de leurs espérances ? La nature de cette aventure aventureuse ressort clairement dans cette affirmation de Nicolas You et Nguyen Ngoc Anh, dans leur contribution à l’ouvrage intitulée Théories et pratiques de l’urbanisation : «…A la différence de la situation de l’emploi en Occident, à l’époque de la révolution industrielle, le migrant se déplace d’un secteur rural ne pouvant plus assurer sa survie pour s’insérer dans un secteur urbain devenu incapable de lui fournir un travail ». Les deux auteurs précédemment cités sont à l’origine de la théorie qui fait l’objet de notre prochain propos. En effet, ils soutiennent : «…la relation postulée entre industrialisation et développement économique éclate d’elle-même ; lorsqu’il s’agit d’un pays du Tiers Monde, l’industrialisation est le plus souvent dépendant de l’étranger, extrovertie, le pays n’a généralement pas la capacité de réinvestir utilement ses plus-values en vue d’un effet d’entrainement pour les autres secteurs économiques. Ce ‘’dualisme économique’’ ne fait qu’accentuer les déséquilibres et les disparités régionales, spatiales et sociales du pays. » Il apparait donc clairement que l’industrialisation qui est perçue comme catalyseur du développement urbain et économique en Occident, n’arrive pas à tenir ce rôle en Afrique. Pourquoi donc ? D’abord il y a lieu de constater que cette affirmation, vielle de 30 ans, demeure encore d’actualité dans les villes africaines. En effet, au regard de la bidonvilisation, du chômage, et de l’informalité, qui vont croissant dans ces villes, il est clair que l’industrialisation apparaît plus responsable de déstructuration économique que de développement économique. Cet échec de l’industrialisation à remplir sa fonction de catalyseur de la croissance économique réside surtout dans le fait qu’en Afrique cette industrialisation est surtout dépendante de capitaux étrangers et non de capitaux coloniaux, comme cela a été le cas en Occident. Et, elle est plus le résultat d’une planification spontanée que d’un processus de transformation technique, social et économique. Les investisseurs étrangers, raisonnant plus en termes de compétitivité et de rentabilité, se préoccupent peu des questions de déséquilibres spatiaux ou d’inégalités sociales et économiques. Les concentrations d’industries vont donc se limiter à certaines villes qui vont constituer un pôle majeur de migration pour les populations rurales, à la recherche d’une deuxième chance ; les revenus agricoles se dégradant au profit de revenus non agricoles. Les villes ainsi industrialisées, n’étant pas bien sûr préparée structurellement à accueillir ce flux important de populations, vont offrir, à la majorité, la précarité, en termes de logements, de revenus, et l’informalité économique va s’institutionnaliser comme mode de subsistance par excellence. Dans ce décor alarmant, bien entendu, l’industrialisation en tant que principe ne saurait être mise en cause. Ce sont plutôt les politiques de réduction des disparités régionales qui devraient être bien agencées et soutenues par une gestion adéquate et transparente des ressources publiques produites par les activités industrielles. Notre dernier propos s’articule autour de cette affirmation de Catherine Paix, reprise par Nicolas You et Nguyen Ngoc Anh dans leur contribution à l’ouvrage. Elle constate que : « Dans son processus dynamique, ses formes, son contenu, sa position géographique, l’urbanisation dans les pays aujourd’hui sous-développés est à proprement parler un phénomène ‘’dérivé’’ ». Ce constat révèle les choix stratégiques d’urbanisation fait par la plupart des pays africains, qui, loin d’être liés à leur propre identité, à leur arrière-plan culturel, économique ou social se retrouvent être une volonté mal maîtrisée d’adaptation du schéma occidental, en terme d’urbanisation, à leur territoire. En effet, les modes d’habitat et de vie de l’Occident servent de références aux pays africains dans leur planification spatiale. Ce référencement au modèle occidental ne saurait poser de problème s’il était soutenu par une mise en œuvre méthodologique comme cela fut le cas en Europe. Pendant que les structures spatiales actuelles en Occident sont l’aboutissement d’un processus historique de transformation technique et social de l’espace rural et urbain, les pays africains veulent y parvenir de façon spontanée. Il est clair que la tentation de copier ce modèle peut être vite grande quand on a déjà hérité de ce modèle d’urbanisation de la colonisation. Mais s’il est vrai que les territoires africains sont libérés du joug colonial, alors d’où leurs dirigeants tiennent-ils cet acharnement à pérenniser l’influence occidentale dans le choix et décisions de développement ? Cette attitude assimilable à de l’auto-colonisation est le moteur des maux des planifications urbaines en Afrique et de leurs effets néfastes sur la vie culturelle, sociale et économique des populations. En effet, comme le disent Nicolas You et Nguyen Ngoc Anh : « Dans les pays du Tiers monde, la formation de l’espace dépendant (aliénation occidentale) va beaucoup plus vite que le processus d’adaptation de l’être à son milieu ». Les populations ne sont donc pas préparées à adopter et vivre suivant ce modèle et s’y retrouvent perdus. Il appartient alors, aux techniciens du développement urbain, de choisir entre un développement dépendant des théories et pratiques étrangères et celui élaboré en fonction des conditions et valeurs spécifiques à chaque aire culturelle. La première ayant montré ses limites, nous soutiendrons plus la seconde à laquelle pourrait s’adjoindre le modèle occidentale en termes de technologies d’assainissement et de protection environnementale. Pour conclure notre propos, nous dirons qu’il apparaît clairement que les processus d’urbanisation en Afrique souffrent encore de leur lien historique avec l’occident par le biais de la colonisation d’une part, et de la volonté d’auto-colonisation affichée dans les programmes des gouvernants africains d’autre part. Comme l’affirment les auteurs de l’étude ayant fait l’objet de débat, Pierre Gurtner, Walter Lang, Michel Voillat : « L’équilibre dans un programme de développement repose sur l’adéquation entre le bien-être social voulu par le groupe et le bien-être physique (besoins fondamentaux) favorisé par les apports technologiques », les apports en technologie de l’Occident peuvent aider et même accélérer le processus d’urbanisation en Afrique ; encore faut-il qu’elles ne s’exportent aux mépris des réalités culturelles, sociales et économiques des braves peuples d’Afrique. BIBLIOGRAPHIE : • Le village piégé : Urbanisation et agro-industrie sucrière en Côte d’Ivoire, Père Jean-Paul Benoist, Institut Universitaire d'Etudes et de Développement, Presse universitaire de France, 1978. • http://www.ufctogo.com/Me-Guy-Adjete-Kouassigan-la-carrure-d-un-grand-praticien-du-Droit,2154.html • http://babordplus.univ-bordeaux.fr/notice.php?q=auteur_princ_plus%3A%28%22Benoist%2C%20Jean-Paul%2C%20P%C3%A8re%2019..-....%22%29&spec_expand=&start=0
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