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La ville et le changement au Maroc. Quel changement véhicule la ville marocaine

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INAU edition, (2013)

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  • @pos.sud

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  • @pos.sud
    11 years ago
    VILLE ET CHANGEMENT AU MAROC Quel changement véhicule la ville marocaine ? 1. Introduction L’ouvrage : Le prisme d’analyse du rapport ville – changement se base sur la trilogie : territoire, espace et société, une analyse dynamique et multidimensionnelle. Il constitue une première initiative en matière d’évaluation du phénomène urbain et du changement, au Maroc, et « se veut ainsi un essai de valorisation et de synthétisation de la réflexion sur la ville en tant que vecteur de changement et comme objet de changement » . L’auteur a en effet procédé à l’analyse du couple ville-changement sur plusieurs prismes qui ont selon lui ont impacté la spatialité et la dynamique de la ville. L’analyse conduite a mis en exergue tantôt les faiblesses les plus saillantes et tantôt les forces en vues sans pour autant occulter les opportunités et les risques des changements qui peuvent se produire dans la ville marocaine. Autrement dit, ce travail qui cherche à contribuer au renouvellement du débat sur le changement, a permis à ce dernier d’acquérir d’autres dimensions théoriques et pratiques, permettant des lectures actualisées et croisées de la réalité marocaine. Partant de cette lecture, le travail effectué a exposé l’ensemble des dynamiques économiques et des potentialités qui se présentent au niveau de à la ville. C’est à partir de ces potentialités, que l’analyse s’est faite pour démontrer l’histoire et les tendances de l’urbanisation de la ville, avec tout ce qui en découle en matière de répartition des zones, statuts fonciers dominants, organisation du bâti …etc. Cette analyse a permis de ressortir les forces et faiblesses des caractéristiques socio-spatiales pour l’ensemble des secteurs. Par cet essai, l’auteur a entrepris un exercice d’évaluation important par la nature des résultats qu’il a pu ressortir et mettre en exergue, tant le plan qualitatif que quantitatif. Il est vrai qu’il demeure un travail substantiel à compléter par des missions d’évaluation thématiques pour rechercher la précision sollicitée par la rigueur scientifique. a. L’auteur : Docteur d’Etat en géographie urbaine, Mustapha CHOUIKI est professeur de l’enseignement supérieur à l’Université Hassan II de Casablanca. Fondateur et directeur d’un laboratoire de recherche (POL.AM), où il développe et dirige des recherches sur le phénomène urbain depuis plus de trente ans. Auteur de nombreux articles et ouvrages sur l’urbanisation et l’urbanisme, et coauteurs de nombreux ouvrages collectifs, sur différents aspects de la ville marocaine, et de l’action urbanistique au Maroc, il a participé à de nombreuses manifestations scientifiques au Maroc, au Maghreb, au Moyen Orient et en Europe. Il exerce depuis plus de trois décennies en tant que consultant en urbanisme et aménagement. 2. Analyse thématiques : Le pouvoir en place et l’espace urbain Le pouvoir en place, en charge de la production de l’espace urbain, oriente, cadre, permet une certaine « anarchie », traduite par des informalités (économique et sociale), produit les instruments de gestion et de contrôle pour maintenir le statuquo et la prééminence de ces intérêts « Autrement dit, il n’y a de changement que celui voulu ou permis par les instances en charge de la production de l’espace urbain » (CHOUIKI, 2013) :  Il érode l’identité territoriale,  Désolidarise par le phénomène de la gentrification  Maintient un équilibre social avec de les acteurs locaux en concédant l’espace public,  Configure la structure architecturale et urbaine en fonction des intérêts du capital industriel et financier,  Produit l’étalement de la ville au biais de politique économique du marché libre, en encourageant la consommation des produits manufacturés (voitures) et de l’habitat (diversification des produits de logement avec facilitation du système de crédit), ce qui augmente fortement le taux de densification et de motorisation. Il est certain que l’Etat en tant qu’instrument de régulation et de réglementation a façonné l’espace urbain par différent découpages et choix traduits par des schémas directeurs, et différent plans qui ont eu pour principal but de contenir les flux démographiques croissant constitués d’arrivant ( ruraux), et de nouveaux naissants de manière à les caser selon des schémas coloniaux en privilégiant les plus nantis . Le principe de la ségrégation a toujours été le maitre mot dans le processus de planification urbaine qui est déclinée et assurée par des institutions étatiques (ministère et agence urbaines), néanmoins elle demeure un instrument de contrôle et de configuration de l’espace urbain selon des principes dépositaires de valeurs du système politique en place qui veille à protéger ces intérêts et bien sûr recherche aussi la paix sociale, seule garant de la prospérité de son Capital. L’Etat conscient de cet état de fait, et suite un long processus de réforme administrative et de décentralisation (ZYANI, 2002), a lancé de grands programmes structurants de développement local : réalisation de projets, renforcement de capacité et planification stratégique communale. Une première génération de projets ayant couvert le territoire marocain a eu pour objectifs d’améliorer l’accès aux services de base : éducation, santé, infrastructure routières, électricité, eaux potable s’est soldée par des résultats probants mais demeurent tout de même insuffisants (Dr Abdeljalil GREFFT-ALAMI, 2005). En conclusion de cette première thématique, nous pouvons avancer que l’ordre des choses en milieu urbain obéit à une logique relevant d’une action couplée entre la volonté des pouvoirs publics et des intérêts de l’élite politique locale, notamment les structures nobiliaires qui détiennent les rennes et les fils au niveau local et jouent le rôle de relais des pouvoirs centraux en contre partie de la préservation de leurs intérêts. C’est en ce sens que nous retrouvons dans les espaces urbanisés des systèmes de concessions de l’espace et du domaine public (l’habitat non réglementaire, occupation des rues, ...) à de nouveaux acteurs locaux qui peuvent constituer l’électorat de la classe politique. Cet arrangement officieux permet doublement la stabilité et la paix sociale, et la création d’une plus-value locale, bien que non « formelle », elle le deviendra plutard, par des mécanismes de transformation (revenus des activités « non réglementaires » sera versée dans des opérations d’achat de produits et services réglementaire). Donc la configuration de l’espace urbain se fait au biais de manipulations officielles et officieuses graduellement jusqu’à une étape de cristallisation de l’espace urbain qui peut donner forme à des spatialités diffuse ou compact. Informalité et urbanité exclusive : L’informalité économique demeure dominante notamment commerciale puisque que le secteur tertiaire reste dominant au niveau des villes qui migrent de la centralité urbaine vers la proximité et de la diffusion à la spécialisation. « Né en ville l’informel continu à investir et à façonner la ville...» (CHOUIKI 2012). Le sous-emploi crée l’informalité qui est un ancrage social ; paradoxalement elle produit de la valeur ajoutée adossée à l’habitat non réglementaire porté par de nouveaux acteurs sociaux dynamique. . C’est un phénomène qui configure l’évolution urbaine, sociale et économique des villes. « L’informalité urbaine puise l’essentiel de ses dynamiques de la situation socioéconomique des populations qu’elle concerne” (CHOUIKI 2013). L’origine de l’informalité urbaine, au Maroc, remonte aux années 20 lorsque les autorités coloniales ont privilégié la « ville ségrégative » comme principe d’aménagement urbain excluant les pauvres (marocains) du centre de la ville européenne ; Exclusion qui a donné lieu à des activités économiques informelles qui malgré la modernisation actuelle du secteur tertiaire va croissant. « Donc l’informalité ne relève pas de la seule période coloniale. Elle est plutôt le produit d’un processus d’urbanisation initié par la colonisation, et reproduit à l’identique, depuis lors » (CHOUIKI 2013); L’informalité économique retrouve ses origines dans l’incapacité des villes à procurer l’emploi aux couches les plus vulnérables qui viennent s’installer dans un habitat non réglementaire. Cette informalité économique s’est adossé à l’habitat dit ‘’non-réglementaire’’ qui est devenue un phénomène structurel de la ville marocaine. D’ailleurs le phénomène des bidonvilles en est une émanation, il traduit l’afflux croissant des ruraux (exode rurale), vers les villes qui viennent dénicher une source de revenu, un espace qui est devenu pour eux une source de prodigalité. Puisque ils constatent de visu le changement extraordinaire et positif du statut social de plusieurs venus en un temps assez court. La ville au Maroc a été de tout temps un moteur et un lieu de changement qui a contribué fortement au développement économique, social et culturel. Si l’on se réfère à l’histoire des villes millénaires impériales du Maroc, comme notamment la ville de Fes ou Marrakech, l’on peut constater un foisonnement des métiers de l’artisanat, du culte, de la musique, des beaux-arts en général qui ont marqué ces espaces citadins. C’est à partir de ces lieux que l’histoire du Maroc s’est tracée, que ce soit avec les dynasties Almoravides ou les Idrissides, il n’en demeure pas moins que ces monarchies musulmanes ont instauré des systèmes ingénieux de gouvernance aussi bien dans la gestion des affaires publics que dans la sphère privée. Actuellement, la ville demeure un moteur de changement comme le souligne d’ailleurs l’auteur, pas assez suffisant certes, néanmoins palpables à plusieurs niveaux. C’est d’ailleurs l’objet de ce livre si riche en enseignement et en démarche qui nous a livré la transformation des espaces urbanisés et la relation dialectique existante entre le couple ville et changement. Certes le pouvoir politique a ses priorités, qui demeurent en premier lieu la stabilité et la paix sociale seule gage d’une prospérité économique et sociale. Bibliographie : Mustapha CHOUIKI, La ville et le changement au Maroc. Quel changement véhicule la ville marocaine, Editions INAU, Rabat, 2013. Mustapha CHOUIKI, Economie informelle et développement : emploi, financement et régulations dans un contexte de crises, UNIVERSITE PARIS-EST CRETEIL 6, 7 et 8 juin 2013, XXIXèmes Journées du développement ATM 2013.
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