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Alger d'antan

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(2009)

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    9 years ago (last updated 9 years ago)
    Alger d'antan L'ouvrage a été publié en 2009 par Philippe Lamarque, essayiste et historien francophone né en 1958. Il suit une longue liste d'ouvrage du même style, détaillant des villes ou pays à travers d'anciennes cartes postales et de textes basés sur une bibliographie historique complète et de qualité. Philippe Lamarque est l'auteur de 25 livres dont cinq consacrés à l'Algérie. Certains de ces ouvrages ont été publiés en 7 langues et il est aussi l'auteur de plusieurs centaines d'articles de presse et de notices encyclopédiques chez Larousse. Ces travaux ont été validés par deux doctorats et ont reçus plusieurs prix littéraires, dont la médaille de vermeil de l'Académie française en 2000 et le prix Algérianiste en 2005. Alger d'antan est un ouvrage regroupant plus de 200 cartes postales anciennes illustrant l'histoire d'Alger au début du XXe siècle. Les textes accompagnant les illustrations nous détaillent l'histoire culturelle et urbaine de cette ville et nous permettent, au fil des pages, de naviguer à travers les différents quartiers de la ville et de suivre leur évolution à travers le temps. Cet ouvrage nous présente "Alger la blanche" lorsqu'elle était le centre d'attraction de toute l'Afrique de Nord, conjuguant ses talents économiques et culturels. Les cartes postales nous présentent une ville alors mouvante, en pleine expansion mais aussi en quête d'identité. "Plus large d'esprit, la ville d'Alger en 1900 résume toute la France". L'auteur développe tout d'abord l'idée qu'Alger, au XXe siècle, était une ville à l'image française, tant dans sa dynamique culturelle et sociale qu'au niveau architecturale. Alger était alors le chef lieu du département français de l'Algérois, et ce depuis 1849. La ville était donc à l'époque bien plus anciennement française que Nice ou la Savoie. Les cartes postales nous montrent une ville à l'architecture parisienne, immeubles blancs, avec petits balcons parisiens, rues pavées etc. L'urbanisation est alors aussi très proche de celle de Paris. Les transports, comme le tramways, permettent aux habitants de se déplacer d'un quartier à l'autre sans encombre. Le tramway connu son apogée à Alger comme sur l'ensemble des villes françaises puis disparu petit à petit avec la modernisation des bus et des voitures. L'urbanisation de la ville est alors axée sur les piétons et le déplacement des populations. Nous pouvons voir de larges trottoirs, une corniche aménagée le long de la mer permettant aux familles de se promener et d'observer durant de longues heures le port d'Alger alors très dynamique. L'auteur nous présente la ville telle que pouvait la percevoir quelconque voyageur au XXe siècle. Il développe aussi l'aspect de la ville durant la période Turc pour nous permettre de visualiser les changements urbains que connaît Alger à cette époque. Les faits historiques permettent au lecteur de visualiser, à travers les textes, comme à travers les cartes postales l'organisation passée et actuelle de la ville. La thématique du transport est très présente. L'auteur insiste beaucoup sur le développement des voies de communication et des infrastructures de transport qui existent alors (gare centrale des chemins de fer, gare maritime, boulevard, tramway, avenues etc.). Lorsque l'on connait l'Alger d'aujourd'hui, ces informations sont très intéressantes car cette thématique du transport a longtemps été mise de côté par les politiques du pays et de la ville (de l'indépendance aux années 1980). Aujourd'hui la ville d'Alger tente de développer de nouveau son réseau de transport en commun pour réduire les problématiques de circulation. Des lignes de tramway, de métro et de funiculaire se développent mais le manque de financement et de volonté politique ainsi que les problèmes sécuritaires font que le développement des réseaux de transport en commun reste très lent et très fragile. Autour du port, la ville nouvelle. Au XXe siècle le port d'Alger est alors en pleine expansion et a un rôle économique et de commerce très important. Le port d'Alger permet alors à la ville de faire le lien vers Marseille, l'océan Atlantique et le Canal de Suez. Des bateaux de tonnage moyen y font souvent escale avant de repartir vers d'autres ports d'Algérie, de Tunisie ou du Maroc. Le port sert alors au ravitaillement, au transit, au charbonnage, au mazoutage et à la relâche. Port d'attache de 7 785 unités, il est alors le cinquième port le plus important de France après Marseille, Le Havre, Oran et Rouen et précède ceux de Dunkerque et Bordeaux. L'auteur nous décrit le développement et la modernisation de la ville autour de son port, en s'ouvrant aussi bien sur le littoral que sur les périphéries. La ville va voir ses faubourgs se déployer en dehors des anciens murs de fortification, datant de l'époque Turc. Les remparts sont démolis en 1900 et des routes se développent pour accéder à la mer. Les chemins de ronde sont élargis et transformés en vrais boulevard. L'auteur fait donc ici une parenthèse sur le port d'Alger et toute sa dynamique pour montrer sous un autre angle l'urbanisme de la ville au XXe siècle. Si le développement du port dans les politiques d'urbanisme peuvent se rapprocher de la thématique du transport, l'auteur traite ici de la thématique du commerce, soit du développement économique de la ville. Il est alors intéressant de voir comment l'urbanisation d'une ville peut changer suivant le contexte politique et/ou culturelle. En effet la ville fut longtemps développée selon des contraintes militaires alors qu'au XXe siècle, l'auteur nous présente une urbanisation axée sur le commerce et l'ouverture au monde extérieur.   Une ville multiculturelle. Enfin l'auteur nous présente une ville bien différente de celle d'aujourd'hui avec ses quartiers musulmans, juifs et même tziganes. Les cartes postales illustrent alors une ville avec des rues peuplées de marchés, de bar offrants bières, liqueur et même absinthe. Sur les cartes postales on remarque différents types d'architecture, aussi bien architecture orientale que parisienne, donnant à Alger une double dimension aussi bien sociale que culturelle. L'auteur nous présente en fin d'ouvrage l'organisation de la Casbah, quartier indigène et aujourd'hui centre historique d'Alger. L'urbanisation de ce quartier est alors complètement différent du reste de la ville. Si la partie basse d'Alger au XXe siècle a été fortement remaniée avec la création de plusieurs artères et de monuments publics, au contraire les hauts quartiers de la Casbah ont conservé une typologie ancienne. Alors que dans la partie basse de la ville l'urbanisation se fait sur un modèle très parisien et donc moderne, la Casbah a une urbanisation complètement différente. Ses rues sinueuses et sa stratification urbaine dense sont typiques d'une urbanisation traditionnelle, vestige de l'époque ottomane. La Casbah représente "un modèle d'établissement humain où le mode de vie ancestral et les habitudes musulmanes se sont harmonisés avec d'autres types de traditions". L'auteur reprend bien ces faits historiques de la Casbah et le parallèle qui l'en fait avec le reste d'Alger permet d'illustrer les changements de tendance dans l'urbanisation Africaine. La Casbah d'Alger a en effet "exercé une influence considérable sur l'architecture et la planification urbaine en Afrique du Nord, en Andalousie et en Afrique sub-saharienne durant les XVIe et XVIIe siècles". Cette urbanisation multiculturelle de la ville se retrouve dans l'organisation des quartiers mais aussi à travers les différents bâtiments notamment religieux. Il n'est alors pas rare, dans un même quartier, de passé devant une église et de déboucher quelque rues plus loin sur des commerces musulmans ou de trouver sur un même trottoir un bar et un boucherie hallal. Nous retrouvons d'ailleurs cette cohabitation culturelle et religieuse lors du grand projet de construction de la Basilique Notre Dame d'Afrique où l'on peut toujours voir écrit à l'intérieur, "Priez pour nous et pour les musulmans". La présence d'un grand nombre de bâtiments culturels fait aussi parti de cette vie culturelle de la ville et fait partie intégrante des étapes d'urbanisation d'une grande ville économique. On trouve alors à Alger des salles d'exposition et de réunion, un conservatoire de musique, des terrasses aménagées pour la culture physique. Mais aussi une salle de spectacle, un cinéma et un music-hall regroupés dans le Majestic, figure emblématique de la vie culturelle d'Alger au XXe siècle. L'auteur s'attarde sur cette partie culturelle de la ville pour nous montrer l'ambiance générale qui régnait à l'époque à Alger mais aussi pour appuyer le fait que la ville était en pleine expansion urbaine, tant sur le volet économique que culturelle. Or nous savons comment le développement d'infrastructures culturelles fait partie intégrante des modèles de planification urbaine actuels. Conclusion Cette ouvrage nous permet d'avoir une vision d'Alger complètement différente de celle que nous pourrions avoir aujourd'hui. Cet ouvrage, lorsque l'on connaît bien la ville, nous fait voyager dans le passé et nous présente les forces de cette capitale au XXe siècle. Charles de Galland, maire d'Alger de 1910 à 1919, avait d'ailleurs était le premier maire a avoir fait preuve d'une réelle vision d'urbanisme et remis au goût du jour une partie de l'ambition de Napoléon III de donner à Alger le rang d'une capitale d'empire. L'auteur tente donc, d'une manière assez originale, de nous présenter les dynamiques politiques et culturelles de cette ville au XXe siècle. L'urbanisme y est traité de façon partielle et l'auteur insiste surtout sur l'évolution de la voirie et des infrastructures de transports tout au long du XXe siècle, jusqu'à l'indépendance de l'Algérie en 1962. L'ouvrage donne alors envie d'en savoir plus sur les dynamiques d'urbanisation à cette époque, notamment comment été développés et gérés les réseaux de distribution d'eau, le foncier suivant que l'on se trouvait dans des quartier musulmans ou des quartiers coloniales. L'auteur nous indique rapidement que "la partie de la ville construite depuis l'instauration de la souveraineté française présente parfois un aspect hétéroclite, reflet des politiques incohérentes que l'on retrouve dans l'urbanisme" mais ne développe pas plus loin cette problématique. Pour plus de détails sur les dynamiques d'urbanisation de la ville d'Alger, il est donc intéressant de lire en complément de cet ouvrage, "Architecture et urbanisme en Algérie. D'une rive à l'autre (1830-1962)" d'Aleth Picard et "L'urbanisme et l'architecture d'Alger" de Jean-Jacques Deluz. Ce dernier ouvrage est porté sur les tendances de l'urbanisme d'Alger après 1962, en présente les grandes étapes, les grands projets et les grandes espérances.   Bibliographie Arrivetz, J. (2002). Les transports d'Alger. Consulté le 20 avril 2015, sur Alger Roi: http://alger-roi.fr/Alger/transports/arrivetz/pages_liees/texte3_transports_pn25.htm Babelio. (s.d.). Philippe Lamarque. Consulté le 18 avril 2015, sur Babelio: http://www.babelio.com/auteur/Philippe-Lamarque/49594 Garcia, A. (2003). Alger et l'Algérie - Charles de GALLAND. [En Ligne], mis en igne le 17 février 2003, consulté le 23 Avril 2015. URL : http://aj.garcia.free.fr/Alger_Algerie/Alger_p5.htm France Culture. (2012). L'Algérie d'antan. Consulté le 20 avril 2015, sur Culture d'antan: http://www.franceculture.fr/oeuvre-l%E2%80%99algerie-d%E2%80%99antan-de-philippe-lamarque Lamarque, P. (2009). Alger d'antan. HC Editions. Picard, A. (1994). Architecture et urbanisme en Algérie. D'une rive à l'autre (1830-1962) (Vol. 73). Normandie. pp 121-136 Soufi Fouad. Deluz, J.J - L'urbanisme et l'architecture d'Alger. Aperçu critique. [en ligne], mis en ligne le 09 mai 2013, consulté le 23 avril 2015, sur Insaniyat: http://insaniyat.revues.org/11900 Trogoff, O. d. (2014). Les transports en commun d'Alger : une efficacité limitée ? Consulté le 22 avril 2015, sur Les clès du Moyen-Orient: http://www.lesclesdumoyenorient.com/Les-transports-en-commun-d-Alger.html UNESCO. (2009). Casbah d'Alger. Consulté le 22 avril 2015, sur UNESCO: http://whc.unesco.org/fr/list/565
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