Abstract
Portés par leur désir de réparation, bien des acteurs du soin sont
pris dans une identification excessive au malade, synonyme de culpabilisation
accablante ou de soins imposés avec de trop bonnes intentions...
Doivent-ils cependant, pour éviter cette implication sans distance,
basculer dans une distance sans implication, aseptisant la rencontre
de tout affect ? La question mérite d'être posée, car le discours
sur la" bonne "distance pousse trop souvent les soignants vers une
distance froide, posture défensive insatisfaisante pour le professionnel
et déshumanisante pour la personne soignée. C'est alors la perte
de sens qui pèse lourd dans l'épuisement des équipes, car on ne peut
réduire l'acte de soin à une simple prestation de service entre fournisseur
et client. Comment favoriser les compétences relationnelles des acteurs
du soin, dans le contexte éprouvant de la maladie, de la souffrance
et de la mort ? La "gestion du stress " suffit-elle pour trouver
de la distance ? Quels dispositifs mettre en place pour penser individuellement
et collectivement les ombres et les lumières de cette activité de
soin dont aucune société ne pourrait se passer ? Ce sont les défis
posés aux cadres de santé, confrontés aux difficultés voire à l'épuisement
des soignants, alors que les impératifs complexes des établissements
de santé précipitent chacun dans des contraintes plurielles. Les
auteurs de cet ouvrage collectif, pour la plupart cadres de santé
en exercice, invitent le lecteur à être attentif aux enjeux affectifs
de la relation d'aide, aux espaces de parole, à l'interdisciplinarité,
aux actions de formation... et à sa propre façon d'habiter la place
du cadre, entre proximité et distance. Sous forme de témoignages,
d'analyses ou d'entretiens, ces co-auteurs développent des points
de vue parfois contrastés sur ces questions, tout en s'accordant
sur un point : il est urgent de mettre la distance professionnelle
au service de la qualité du soin.
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