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Le développement urbain en Côte d'Ivoire

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Karthala, Paris, 1ère edition, (January 1995)

Abstract

Dans cet ouvrage, Paulais distingue 3 étapes dans l’évolution de la politique urbaine en Côte d’Ivoire depuis l’indépendance. Dans un premier instant, le jeune Etat indépendant intervient directement dans tous les domaines de l’aménagement urbain, ceux de l’infrastructure, des superstructures, des services. Ensuite, l’Etat va tenter de se libérer du secteur des services, en créant des sociétés publiques à même de recouvrer directement leurs coûts par le biais de la tarification : eau, électricité, téléphone, transports. Enfin, entré en phase d’ajustement structurel, l’Etat est contraint de se désengager totalement de ce secteur.

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  • @sylnguessan1

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  • @sylnguessan1
    11 years ago
    Le développement urbain en Côte d’Ivoire a été publié dans le contexte de la commémoration de la fin de la seconde guerre mondiale qui marque le cinquantenaire de la Banque mondiale. Il a été publié par Thierry Paulais, architecte-urbaniste et économiste, qui choisit cette occasion pour souligner et évaluer la contribution de la Banque à l’urbanisation de la Côte d’Ivoire. L’auteur a à son actif de nombreuses études de développement urbain. Il est actuellement directeur adjoint au département Afrique de l’Agence française de développement (AFD). Dans cet ouvrage, Paulais distingue 3 étapes dans l’évolution de la politique urbaine en Côte d’Ivoire depuis l’indépendance. Dans un premier instant, le jeune Etat indépendant intervient directement dans tous les domaines de l’aménagement urbain, ceux de l’infrastructure, des superstructures, des services. Ensuite, l’Etat va tenter de se libérer du secteur des services, en créant des sociétés publiques à même de recouvrer directement leurs coûts par le biais de la tarification : eau, électricité, téléphone, transports. Enfin, entré en phase d’ajustement structurel, l’Etat est contraint de se désengager totalement de ce secteur. Dans les lignes qui vont suivre, nous allons nous appesantir sur quelques thèmes développés par l’auteur que nous essaierons de discuter. Ce sont : le peuplement des espaces urbains au détriment des milieux ruraux ; la planification par des acteurs nationaux et la planification par des acteurs extérieurs. « (…) en 1965, la Côte d’ivoire ne comptait que 45 agglomérations de plus de 4000 habitants ; en 1975, ces agglomérations étaient au nombre de 131 . » Ce taux d’urbanisation était accepté tant que le taux de croissance pouvait absorber le taux de croissance de la population active. Malheureusement, entre 1979 et 1982, les secteurs du bâtiment et des travaux publics perdent 28 000 emplois quand les transports et le commerce perdent respectivement 7 000 et 6 000. Dès lors s’imposait une politique courageuse d’encouragement du retour à la terre. Thierry Paulais explique que pour des raisons d’ordre culturel , ces jeunes sans emploi vont préférer rester en ville. Il explique ce choix comme étant la conséquence de la scolarisation, la volonté de promotion sociale, la volonté d’échapper à la gérontocratie villageoise, le désir d’accès au mode de vie moderne… Les arguments avancés par Paulais sont rationnels. Toutefois, d’autres hypothèses pourraient renforcer ses ébauches de solution. En effet, si la jeunesse urbaine s’est trouvée tant désœuvrée, cela pourrait être imputable à un système éducatif complètement déconnecté des réalités d’un pays sous développé. Un pays dont les recettes reposent sur les cultures de rente ne devrait pas axer l’éducation de sa jeunesse sur un modèle d’enseignement généraliste. Une formation professionnelle orientée vers des compétences techniques à acquérir aurait suscité moins de chômeurs. Avec une formation de ce type, la jeunesse avait de fortes chances de se prendre. Cette planification a été d’abord le fait d’acteurs nationaux. « En 1964, l’objectif de cette « politique sociale hardie » était de « faire disparaitre le dernier taudis de Côte d’ivoire d’ici dix années au plus tard… » Les dés sont jetés. C’est la Côte d’Ivoire du « miracle économique ». Et Paulais de préciser : En Afrique noire, la Côte d’Ivoire présente par rapport aux autres pays un taux d’urbanisation déjà élevé et un réseau urbain relativement dense : au lendemain de l’indépendance, une politique d’urbanisme et de production d’habitat y a été mise en œuvre ; le pays, doté de structures d’études et de maitrise d’ouvrage, procédait à de gros investissements en infrastructures urbaines . Parmi les acteurs nationaux, on pourrait citer le ministère de la construction et de l’urbanisme (MCU), la commission nationale d’attribution (CNA), le bureau national d’études techniques et de développement (BNETD), le bureau central d’études techniques (BCET), l’atelier d’urbanisme de la Région d’Abidjan (AURA), la direction de contrôle des grands travaux (DCGTX), la société de gestion financière de l’habitat (SOGEFIHA), la société ivoirienne de construction et de gestion immobilière (SICOGI)… C’est dommage d’avoir attendu la faillite avant le désengagement de l’Etat. Pour la Côte d’Ivoire qui avait vite choisi la voie du libéralisme, une collaboration d’acteurs nationaux et extérieurs aurait fait éviter certaines erreurs de gestion. Face à l’échec de la politique de l’habitat, les bailleurs de fonds vont inciter l’Etat à se désengager. Ainsi, en Côte d’Ivoire, une réforme complète de la politique du logement a-t-elle été réalisée dans le cadre du PAS 2 ; il s’agit d’une rupture radicale avec la politique menée depuis l’indépendance, qui se traduit en particulier par le désengagement total de l’Etat du financement de ce secteur … On verra les experts de la Banque mondiale à l’œuvre dans l’urbanisation de la Côte d’Ivoire. Toutefois, méconnaissant un milieu auquel il a été dicté une politique ultra libérale suivie d’un endettement massif, les conséquences négatives ne se feront pas attendre. Seront livrés des projets inadaptés au niveau des normes. La question du recouvrement des bénéficiaires de ces projets montrera très vite leur faisabilité. Tout cela fait qu’en termes de rentabilité, ces projets laissent à désirer. On pourrait citer « (…) un certain nombre de dépassements de coûts, de planning ou (…) des surévaluations de taux de rentabilité . » Aussi l’Etat a-t-il dû intervenir lors de la réalisation d’une voie estimant le plan des experts de la Banque mondiale indapté . Au lieu d’importer des modèles conçus depuis les bureaux de la Banque mondiale, une approche basée sur les méthodes actives de recherche participative (MARP) auraient fait éviter diverses erreurs. Il est difficile de comprendre que les bureaux abritant les services administratifs aient été construits dans la commune du Plateau dont l’accès est une autre histoire. Une autre difficulté est celle de la gestion du foncier. Voyons ce qu’en dit Paulais : (…) de façon générale, on constate que les textes législatifs et réglementaires relatifs à l’urbanisme, l’aménagement foncier, la construction et l’habitation, qui se sont juxtaposés de 1930 à nos jours, sont peu adaptés au contexte. Leurs dispositions, complexes et tatillonnes ne sont souvent pas appliquées ; telles qu’elles sont, leur application demanderait de toute façon un appareil administratif très renforcé. De fait, « la pratique administrative s’est développée en marge de la loi, et tient lieu de loi ». Par ailleurs, avec un taux de croissance démographique de plus de 6% et la construction de la quasi majorité des infrastructures de la Côte d’ivoire à Abidjan, il est difficile de comprendre comment la gestion de la mobilité a été planifiée. Tout salarié doit quitter son domicile avant 06h 30 s’il veut être à l’heure au service. A partir de 07h, la mobilité est impossible sur l’ensemble du territoire d’Abidjan. L’urbanisation de la Côte d’Ivoire s’est opérée au détriment du milieu rural qui a perdu des bras valides qui connaissent des conditions de vie difficile dans des milieux urbains où il manque le minimum de services. Cela pourrait être également imputable à un système éducatif inadapté qui a été incapable d’inciter les jeunes à s’installer au village à la place des parents qui ont vieilli. La planification de cette urbanisation a été exclusivement l’œuvre d’acteurs nationaux qui ont cédé la place aux acteurs extérieurs quand la Côte d’ivoire a été placée sous ajustement structurel. Ayant choisi une politique dès les indépendances, l’Etat de Côte d’Ivoire aurait pu faire collaborer acteurs nationaux et internationaux pour plus d’efficacité. L’échec de la politique de l’habitat qui a vu l’arrivée de l’habitat traditionnel sur les terrains non lotis, sapant ainsi les projets de développement urbain n’est pas sans relation avec le régime foncier et la gestion foncière. Cette question pourrait faire l’objet d’études pratiques en vue d’y apporter des éléments de réponses adéquats. La gestion de la mobilité et le marketing urbain ne devraient pas y échapper ! Nous insistons également sur la mise en place de stratégies pour inciter les jeunes à retourner au village en vue d’améliorer leurs conditions de vie, d’assurer l’auto suffisance alimentaire. Cette incitation passe, entre autres, par un niveau acceptable de services : santé, éducation…. Si ces jeunes acceptent d’y retourner, la daba et la machette risquent de les amener à retourner vivre dans des taudis en ville. L’agriculture n’est aucunement mécanisée du fait d’un système éducatif incapable de faire face au dynamisme scientifique et technologique de notre époque. De ce fait, le développement urbain de la Côte devrait être mis en étroite relation avec le système éducatif ! Paulais Thierry (1995). Le développement urbain en Côte d’Ivoire, Paris, Editions KARTHALA. (2012). Financer les villes d’Afrique, Paris, Pearson Education France Chenal Jérôme : Urbanisation, planification urbaine et modèles de villes en Afrique de l’ouest : jeux et enjeux de l’espace public. Résumé de la thèse. Programme des Nations Unies pour les Etablissements Humains (ONU-HABITAT) 2014. L’état des villes africaines 2014.
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