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    . tan RDC, (November 2011)Nzuzi lelo, Francis, 2011, KINSHASA, Planification et Aménagement, L’Harmattan RDC, 377 p. 1.1. Introduction Kinshasa ville tentaculaire, s’étale aujourd’hui sur près de 230 Km le long de la route nationale n°1. Avec une population majoritairement pauvre estimée à 10 millions, sa gestion est devenue un véritable casse-tête pour les autorités tant nationales que locales. L’Auteur, Francis Lelo Nzuzi est géographe, docteur en aménagement de l’université Laval de Québec au Canada. Professeur Ordinaire à l’Université de Kinshasa il y enseigne l’Aménagement du territoire, le Développement urbain et l’Environnement urbain. Natif de la ville de Kinshasa il lui aura consacré trois ouvrages : Pauvreté urbaine à Kinshasa, en collaboration avec Mme Claudine Tshimanga, Kinshasa, Ville et Environnement et enfin le dernier ouvrage, Kinshasa, ville et planification. L’ouvrage se veut un diagnostic de la ville en partant de sa création des différentes étapes de sa croissance et débouche sur une série des propositions qui pour l’Auteur pourraient ramener de l’ordre dans ce que d’aucuns appellent aujourd’hui Kinshasa la poubelle en raison de sa dégradation et de la pauvreté des gens qui y habitent. 1.2. Thèmes développées par l’Auteur Thème 1 : Le développement de Kinshasa en trois anneaux successifs. Pour l’Auteur, la ville de Kinshasa s’est développée en trois couronnes successives. Le 1er anneau, qui comprend des 5 communes s’est constituée entre 1882 et 1940. Il est construit à partir de la première zone industrielle qui comprenait le port, l’embryon de l’industrie, la zone résidentielle et la cité indigène. Et comprend outre cette commune, 4 autres dont une réservée aux blancs et trois constituant la cité indigène. Ce sont les communes de Kintambo, Gombe, Barumbu, Kinshasa et Lingwala. Il faut à notre avis éclater cet anneau en deux afin de suivre de plus près l’évolution de la Ville. Il y a en effet la première ville née dans la baie de Ngaliema. Elle est marquée par les premières colonisations des sites collinaires au-dessus de la baie pour des raisons de sécurité et de confort par les colons. La baie constituant le 1er bassin portuaire et industriel en retrait duquel sont construit les habitations des blancs dont les activités étaient directement liées à la zone industrielle et au-delà d’une large avenue et d’une zone tampon, la cité indigène caractérisée par des constructions de type traditionnelle sur une trame rectangulaire. L’arrivée de la voie ferrée à Léopoldville accélère les échanges et induit à une nécessité de rapprocher le port de la gare principale. Et le besoin de loger la main d’œuvre indigène liée à ces activités incite le colonisateur à créer une cité indigène (ville satellite) de 3 communes Barumbu, Kinshasa et Lingwala à coté de cette nouvelle zone industrielle. Ce sera Léo 1 distant d’environ 10 Km de Léo 2, l’ancienne ville à laquelle elle est reliée par le chemin de fer et une avenue longue d’environ 10 km. Le choix en 1923 de Kinshasa comme capitale du Congo va nécessiter l’extension de la « zone blanche » et une infrastructure administrative devant recevoir les différents services nécessaires au fonctionnement de la capitale. C’est la naissance de la commune de la Gombe qui s’insère entre l’ancienne zone industrielle et la nouvelle. Le second anneau est issu du 1er plan d’aménagement de la ville de Kinshasa (le plan Van Malleghen) qui remonte à 1950. Pour l’Auteur, le plan avait 5 objectifs : (i)dédensifier le centre industriel par la construction d’un second, (ii)dédensifier les anciennes cités indigènes par l’organisation des extensions urbaines, (iii)créer une zone industrielle en dehors de la ville, (iiii)décongestionner les quartiers européens par la colonisation des collines situées à l’ouest de la ville, (iiiii)créer un pôle d’activité afin de réduire la distance avec les nouvelles agglomération à ériger. C’est ainsi que fut construite la commune de Limete comprenant une zone industrielle et une zone résidentielle réservée aux blancs, les communes de Bandalungwa, Kasavubu, Ngiri-Ngiri, Kalamu inserées entre les deux villes de l’époque (Léo 1 et 2), ainsi que les cités satellites de Lemba, Matete et Ndjili sur la plaine et situées à l’est du nouveau centre industriel de Limete. Il faut réduire ces objectifs en deux. En effet face au boom économique induit par la seconde guerre mondiale et décidé à faire de Kinshasa une capitale moderne, l’Etat colonial par ce plan voulait, (i) dédensifier la ville qui à l’époque avait déjà une population estimée à 100 000 habitants, (ii) planifier l’extension future de la zone industrielle le long du fleuve vers l’est de la ville, (iii) donner un image de grandeur de la ville par la construction des grands édifices au « centre-ville » qu’était la commune de la Gombe. C’est ainsi que sont construites 6 communes indigènes autour de la nouvelle zone industrielle et une ville satellite séparée de la ville par une grande rivière dans l’attente d’une nouvelle zone industrielle. Dans le même temps Gombe voit sa fonction de capitale renforcée par une zone administrative importante comportant un palais de justice, le Palais du Gouverneur du Congo, le bâtiment de l’Administration coloniale, toutes ces constructions sont alignées le long de l’ancienne piste du 1er aérodrome de la ville. Des tours pour abriter les fonctionnaires sont également construites en face de cet important complexe. Pour l’Auteur, le troisième anneau est constitué tout simplement de la ville spontanée née après l’indépendance. Il est important à notre avis de décomposer par décennies cette époque qui est toute aussi importante que celle avant l’indépendance. Il y a en effet entre 1958 et 1965, un étalement de la ville encouragé par les acteurs politiques de l’époque à la recherche d’une base électorale et qui ont colonisés les limites de la Ville à l’Est et à l’Ouest (Makala, Ngaba, Masina, Kimbanseke) ou à sur des concessions privées avec l’accord des propriétaires (prêtres ou chefs coutumiers) à l’intérieur même de la Ville (Camp Luka, Mombele). Ensuite un étalement autour des principales zones d’activités et sur des sites non aedificandi à partir des années 70 par suite de la dilution de l’autorité (Selembao, Mont Ngafula). Et enfin l’extension linéaire le long des principales voies d’accès à la recherche à la d’une zone d’activités agricoles et d’un habitat accessible mais demeurant très éloigné du « centre de la ville » (Nsele, Maluku). Thème 2 : La ségrégation spatiale comme logique d’aménagement de la ville (p. 47) Pour l’Auteur la ségrégation qui séparait totalement les quartiers blancs des cités indigènes se matérialisait par les grandes artères, la voie ferrée, les rivières et des zones tampons allant de 400 à 1 500 mètres. Les Européens évitaient une promiscuité permanente avec les Africains pour des raisons d’hygiène, de confort et de sécurité (op. cit.). Une zone neutre de 400 à 1500 m correspondant au rayon de mouvement d’un moustique porteur de malaria était ainsi imposé. Pour les premiers quartiers Européens (Gombe et Kintambo), c’est le chemin de fer la rivière Gombe, la zone tampon constituée d’un parc, un jardin zoologique et un terrain de golf ainsi qu’une suite d’équipement (écoles et églises) qui séparent les deux communautés. Pour la commune de Limete, c’est une grande artère (l’avenue de l’université) suivie d’une petite forêt qui a permis de séparer les deux communautés. Il faut à notre avis ajouter à ces barrières naturelles la loi. En effet le lotissement des sites collinaires étaient interdit si aménagements indispensables à la stabilité des sites n’accompagnaient pas le lotissement. Seuls les Européens de réaliser pareils investissement et réussi par ce fait à s’isoler sur les collines de l’Ouest. Thème 3 : Bref regard sur les 3 plans d’aménagements post indépendance Pour l’Auteur, Kinshasa a connu en tout et pour tout, 4 plans d’aménagement ; le plan d’aménagement de 1950 (Van Malleghen) exécuté à 90 % et les plans de 1967, 1975 et 1985. De trois plans, seul celui de 1967 sera approuvé par une ordonnance présidentielle. Mais aucun n’avait de valeur juridique et contraignante (p.74). Selon lui, la caractéristique commune de ces trois plans était méthodologique. Ils partaient d’une photographie de la ville dans son ensemble sur base d’un gros diagnostic en décelant les déséquilibres spatiaux. Après avoir mesuré l’ampleur de la croissance urbaine, tous trois poursuivaient les mêmes objectifs : proposer les perspectives d’aménagement en matière de redistribution de la croissance sur l’espace urbain, atténuer la croissance démographique, maitriser la périurbanisation tentaculaire, projeter les aménagements urbain à moyen terme, prescrire un report géographique vers l’Est de la croissance urbaine, répartir les infrastructures, les équipements et les emplois. Tous ces objectifs mis ensemble devenaient un plan. Ces plans ont été suivi de peu d’effet, voire n’ont même pas vu un début d’exécution. Pour l’Auteur le manque de volonté politique, la difficile conjoncture économique que connaissait le Congo sont les raisons qui justifient la non mise en œuvre des plans. A notre avis les trois plans conçus à la limite par les mêmes Auteurs membre de la Mission Française d’Urbanisme devenue plus tard Bureau d’étude d’aménagement d’urbanisme (BEAU) avaient une même approche. Ils cherchaient une solution à la française aux problèmes d’une population dont la précarité allait croissant. Le choix de la partie Est de la ville se justifie pour eux par la configuration topographique du site qui nécessite très peu d’investissement pour sa mise en valeur. Cependant Kinshasa étant né à l’Ouest et au Nord, l’essentiel des activités y étaient concentrés. L’Est de la ville où l’on voulait loger les pauvres n’était qu’un désert et pendant que les experts faisaient de projection, la ville s’installait sur des versant des collines à très forte pente pour les personnel des résidences des nouveaux riches situées au-dessus (les quartiers Binza ou Righini), ou à côté des grandes infrastructures génératrices d’emplois (Université de Kinshasa et UPN) ou dans les vallées inondables à côté de la zone industrielle. Plutôt que d’accompagner la population, ils ont voulu la diriger. Le plan semblait viser le très court terme qui selon le Professeur Jérôme Chenal relève de la gestion. Tout comme le 1er plan de 1950, les trois autres ont choisi de prolonger la zone industrielle le long du fleuve. Ils vont sauter la zone d’habitat spontané de Masina pour implanter la nouvelle zone industrielle très loin à l’Est et coupé de la voie ferrée, porte de sortie du pays. Il faut également dire que la zone industrielle de Maluku située à 80 Km de la ville de Kinshasa était une activité du plan visant à la création d’une ville satellite que Kinshasa a absorbé. En fin le dernier point commun aux trois plans est comme le dit Francis Lelo, c’est la dominance spatiale, ca qui signifie qu’ils ont oublié de placer l’habitant au centre de leur projet. Ni dans la conception ni dans la mise en œuvre, compromettant ainsi sa réussite quand bien même il y aurait eu volonté politique. Il faut prendre en compte l’environnement international pour mieux comprendre les rares actions entreprises par l’Etat au cours des dernières années. Thème 4 : Les 4 pistes d’aménagement de la ville. L’Auteur propose pour mettre fin au chaos de Kinshasa, 4 pistes d’aménagements : (i) un aménagement intra urbain, (ii) un aménagement péri urbain, (iii) un aménagement Extra urbain et, (iiii) un aménagement du territoire. 1. Pour ce qui est de l’aménagement intra urbain, l’Auteur propose : (i) subdiviser la ville en 73 communes : en lieu et place des 24 communes actuelles afin de rapprocher l’administration des administrés. Il faut reconnaitre qu’à Kinshasa il y a une commune à un million d’habitants (Kimbanseke) et la commune la moins peuplée a 100 000 habitants (Lingwala). Décomposer va certainement rapprocher les deux entités mais ne résoudra pas nécessairement les problèmes liés à la gouvernance et à la faible capacité de ces entités. (ii) construire des logements sociaux : à financer par le promoteur public (Etat) et/ou privé. Pour cela il recommande (1) la création d’une banque de l’habitat facilitant l’accès au crédit immobilier pour un grand nombre, une taxe du logement social urbain qui financera la banque de l’habitat ce qui signifie que c’est à la même population que l’on demande financer la banque tout en occultant l’aspect mal gouvernance et crise de confiance ; (2) la promotion de l’habitat social avec la construction de 1000 logement par an de 500$ l’unité. Des maisons de 50 m2 sur des terrains de 150 m2. Ceci exige 1500 hectares de terre par an, ce qui semble difficile à trouver intramuros. En outre 50 m2 de surface alors que le ménage moyen à Kinshasa est de 6 personnes dixit l’Auteur dans son ouvrage sur « la pauvreté urbaine à Kinshasa » ramène à la promiscuité que lui-même dénonce. (3) la viabilisation du site ( ?p. 311) l’Etat viabilisera le site. Mais au cours d’un atelier sur l’aménagement du territoire tenu à Kinshasa en 2012, l’une des conclusions était que ni l’Etat, ni la Ville de Kinshasa ne disposaient de réserve foncière. Ceci limite beaucoup cette proposition. (4) la régie de promotion des briques stabilisées, pour produire un matériau économique par rapport au parpaing et à la brique cuite. Ce matériau présente en effet des avantages à condition qu’il soit accessible. Kinshasa est constitué d’un sol essentiellement sablonneux avec une très faible teneur en argile ce qui rend cette solution couteuse par ça que nécessitant l’importation de la terre argileuse. (5) les conditions d’accès au logement social, être résident de la ville, casier judiciaire vierge, être employé auprès d’un employeur en règle sont les conditions proposées par l’Auteur pour l’accès aux logements sociaux. Il sied de rappeler que Kinshasa est une ville à 90% informelle (Trefon, T., 2004), autant dire que la non prise en compte de cette dimension réduit la proportion des pauvres susceptible d’accéder à un logement. (iii) Aménager les voies de communication : l’Auteur évalue l’infrastructure urbaine à 500 Km pour un territoire vaste de 10 000 Km2. Il faut d’après lui multiplier par 5 cette infrastructure pour améliorer la mobilité dans la ville. Pour lui l’urbanisme colonial avait pour des raisons de sécurité, limité les voies d’accès au centre de la ville. Seules 6 voies (Poids lourds, Lumumba, Université, Kasavubu, 24 novembre, colonel Mondjiba) permettent d’atteindre le centre de la ville entrainant à l’heure actuelle une très forte congestion de ces voies aux heures de pointe. L’Auteur fait 7 propositions d’aménagement de l’infrastructure routière et la mise en place d’un réseau de tramway pour réduire la pression sur les voies actuelle. Ces propositions peuvent effectivement permettre d’atteindre le résultat escompté et d’ailleurs certaines sont en voie d’être mise en œuvre. Il fut juste insister sur les évictions que semble minimiser l’Auteur alors que leur coût social est important. La mise en œuvre d’un réseau de transport plus performant que le bus est nécessaire au regard de l’étalement linéaire de Kinshasa. Cependant ceci ne peut être possible à l’heure actuelle vu les faibles capacités financières de la Ville et de l’Etat. (iv) Proposition d’aménager une ville polycentrique ou multipolaire : Gombe situé au Nord de la ville et adossé au fleuve est à la fois le centre des affaires, la zone industrielle, le siège des institutions politiques tant nationales que provincial. Ce qui en fait le point de convergence de toute la ville dans la journée. C’est la commune la plus congestionnée le jour et la moins dense la nuit de la Ville. L’Auteur propose de desserrer le centre des affaires par l’aménagement d’un centre de gravité géographique. Il propose pour cela la restructuration des centres commerciaux traditionnels de Kintambo, Bongolo et Limete, situés respectivement à l’ouest, au centre et à l’est de la ville. Il propose de désaffecter deux anciens cimetières de la ville Kasavubu et Kinsuka pour y ériger des centres commerciaux. Il propose également de délocaliser les friches occupées par les camps militaires dans la ville (Kokolo, Mbaki), dont la présence à l’intérieur de la ville ne se justifie plus. Il propose enfin d’aménager des gares routières et des grands entrepôts aux portes de la ville. Si leur situation convient parfaitement à cette affectation, l’absence des espaces publics rend toute opération d’aménagement dans cette partie extrêmement onéreuse. Ici encore l’Auteur semble pris de vitesse par la population qui, spontanément loti ou le pouvoir coutumier qui s’est approprié toutes les terres vacantes. (v) Proposition d’aménager les infrastructures communautaires : l’Auteur fait une seule proposition concrète, celle qui consiste à délocaliser l’actuelle prison centrale hors de la ville afin de construire sur le site un hôpital qui aidera à améliorer l’accès à la santé des habitants de cette partie de la ville. Ensuite il recommande en ce qui concerne les écoles primaires et secondaires, de se conformer aux normes de l’UNESCO suivant lesquelles la Ville accuse un déficit criant. Tout aussi criant pensons nous est l’absence des terrains pour la construction de ces édifices. (vi) Proposition d’aménager les espaces récréatifs : l’Auteur propose l’aménagement des stades municipaux (24 ou 73 ?) ainsi que des stations touristiques au pool Malebo situé dans la partie la plus éloignée à l’Est de la ville. Ceci, dans une ville ou l’Etat ne dispose pas de réserves foncières. 2. Pour ce qui est de l’aménagement péri urbain: l’Auteur fait trois propositions : (i) Aménager et rurbaniser les centres ruraux d’accueils : il s’agit d’initier des activités d’exploitation des ressources naturelles contribuant aux mutations spatiales et à la dynamisation de ces centres situés le long de la route nationale n°1 tantôt à l’ouest vers la province du Bas Congo ou à l’est vers la province du Bandundu. Cette proposition est intéressante car accompagnant des activités en cours. Il n’en demeure pas moins qu’elle n’est pas évaluée comme les autres. (ii) Aménager les cités satellites de Kinkole, Nsele et Maluku : situées dans les 2 communes les moins denses de la ville de Kinshasa (22 habitants/Km2 versus 350 habitants au Km2 selon Francis Lelo Nzuzi dans Kinshasa, ville et environnement), ces sites sont l’objet d’un exode urbain des plus démunis de la ville de Kinshasa qui y trouvent en plus d’un foncier accessible, une zone d’activités agricoles pour les échanges et la survie. Leur aménagement peut aider effectivement au décongestionnement de la Ville. Mais les problèmes fonciers et les coûts sont des obstacles à prendre en compte. (iii) Proposition pour reboiser le péri urbain : L’auteur propose de créer des espaces verts urbains et de valoriser les vergers en augmentant leur superficie et le nombre d’arbres fruitiers dans l’agglomération. En fait cette proposition concernerait la partie intramuros de la ville pour créer de l’ombre dans la ville et stabiliser les versants fragilisés des sites collinaires. L’idée est séduisante étant donné les fortes températures de la ville (32 °c). quitte à en déterminer les coûts et les modalités de mise en œuvre. 3. L’aménagement extra urbain : L’Auteur propose une deuxième ceinture située dans les deux provinces voisines de la ville de Kinshasa mais située dans la région économique de Kinshasa. Cet aménagement consiste en deux propositions ; (i) la création de six agrovilles de la région économique de Kinshasa : il s’agit des 6 villes importantes des provinces voisines de Kinshasa, la province du Bas Congo porte de sortie du pays avec ses ports sur le fleuve et son ouverture sur l’Océan (Kasangulu, Kisantu, Mbanza Ngungu et Kimpese, et la province du Bandundu reliant Kinshasa avec le reste du territoire national (Kenge et Masimanimba). Ces villes jouent un rôle important en tant que centres administratifs et exigent pour chacune d’elle un diagnostic et une planification particulière. (ii) la transformation de six agrovilles de la région économique de Kinshasa en villes moyennes d’accueils : il s’agit d’ériger ces cités en ville au regard de leurs populations respectives supérieures à 100 000 habitants (seuil établi par les lois du pays). Ces entités dépendent des provinces voisines et leur aménagement dépend de ces dernières qui s’opposent à la gloutonnerie de la ville de Kinshasa et au traitement de faveur dont il dispose de la part des autorités nationales. 4. Aménagement du territoire : L’Auteur propose de faire des villes du pays situées le long des frontières, des villes industrielles afin de conquérir les marchés potentiels des pays frontaliers de la RDC. Il fait deux propositions : (i) Propositions d’ériger les capitales provinciales en métropoles : il s’agit de limiter la macrocéphalie de Kinshasa en procédant au développement simultané des chefs-lieux de provinces afin de leur permettre d’absorber une partie de l’exode rural toujours attirée par Kinshasa. La Banque Mondiale finance actuellement des plans de développement locaux pour six villes de la RDC (Kikwit, Kindu, Matadi, Mbandaka, Bukavu et Kalémie) avec un budget de près de 100 000 000 $. espérons que ceci contribue à ce rêve. (ii) Propositions d’ériger les villes frontalières en métropoles industrielles : l’Auteur hélas ne s’est pas étendue sur ce concept de métropole pour un pays continental constitué d’un seul bloc subdivisé administrativement en provinces. Ayant des frontières avec 9 pays(Soudan du Sud, RCA, Ouganda, Congo Brazzaville, angola, Zambie, Rwanda, Burundu), ce sont les congolais qui vont s’approvisionner dans les pays frontaliers plus que le contraire. L’idée des villes attractives est très intéressantes mais le concept des villes globales que l’on veut créer ici exige un contexte politique favorable et une étude minutieuse pour éviter l’exclusion de plus pauvres. 1.3. Conclusion : L’ouvrage du professeur Francis Lelo Nzuzi a le mérite de remettre la planification des villes à l’ordre du jour dans un pays ou le dernier plan de développement urbain remonte à 1985. Elle permet de retracer à la fois le développement de la Ville ainsi que les rares projets de planification (4 en cent ans) qui l’ont facooné. Cependant on peut lui reprocher l’absence des coûts et des dimensions spatiotemporelles de 46 propositions indissociables d’un projet de planification urbaine. La non prise en compte de la vulnérabilité de la population de Kinshasa, de l’absence des réserves foncières de l’Etat, de l’emprise du coutumier sur le foncier et de la vitesse de l’étalement urbain dans les anciens équipements urbains (cimetière, …) que l’on peut considérer comme réserve foncière. 1.4. bibliographie : 1. Pain Marc, Kinshasa, la ville et la cité, Editions de l’ORTOM, Paris 1984, 267 pp. ; 2. République Démocratique du Congo, DOCUMENT DE LA STRATEGIE DE CROISSANCE ET DE REDUCTION DE LA PAUVRETE DSCRP, Mirak impression, Juillet 2006, 123 pp. 3. Théodore Trefon (Sous la direction de), Ordre et désordre à Kinshasa, Réponses à la faillite de l’Etat, L’Harmattan Paris, 2004, 252 pp. 4. Mbaya M., 1999, Secteur informel au Congo-Kinshasa, stratégies pour un développement informel, Editons Universitaires Africaines Kinshasa, 223 p. ; Raphael Washe Tshilumba Architecte, DESS en aménagement du territoire.
    10 years ago by @raph
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    . (1981)Introduction Guy MAINET est un géographe français qui a travaillé longuement sur les questions urbaines au Cameroun. En qualité d’Enseignant de Géographie de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLSH) de l’Université de Yaoundé I, où il a officié comme Chargé de cours entre la fin des années 1970 et le début des années 1980, il a conduit en collaboration avec des organismes tels l’ORSTOM, l’IPD ou le CNRS plusieurs recherches sur des problématiques diverses relatives à la ville de Douala, notamment la question du développement industriel de la ville, son approvisionnement en produits alimentaires, le foncier et l’occupation de l’espace, les dynamiques urbaines et les problèmes de mobilité, la structuration des quartiers, la question du logement et du cadre de vie des populations, de l’environnement et des problèmes d’emploi. Douala, ville principale du Cameroun, l’ouvrage qui fait l’objet de notre analyse, est un compte rendu de recherche qui nous renseigne sur le processus de développement urbain de ladite ville. Ce livre présente de manière schématique la place que cette métropole occupe dans l’armature urbaine au Cameroun. Il est question pour l’auteur de passer en revue les différents facteurs desquels résulte le système urbain de cet ancien comptoir colonial. Guy MAINET met en exergue les éléments qui ont déterminé sa croissance et orienté sa planification. Pour lui, «la fonction portuaire est à l’ origine du développement de la ville de douala ». L’auteur adosse son étude sur une démarche factuelle et sectorielle, qui vise à retracer la construction de l’espace urbain doualais. Nous allons présenter dans ce travail une analyse critique des éléments qu’il évoque pour expliquer le processus d’urbanisation dans cette agglomération. L’urbanisation de la ville de Douala a pour point d’encrage son « site et sa situation portuaire ». L’industrie s’y est développée à proximité des emprises portuaires et a favorisé la création des entreprises d’envergure, nécessitant beaucoup de la main d’œuvre. Des projets d’infrastructure routière et ferroviaire voient le jour, pour renforcer la connexion de Douala à l’hinterland et accroitre son hégémonie dans la région d’Afrique centrale. La taille de la population est donc passée de 250 000 habitants en 1970, à 1 millions au début de la décennie 1980. Le recensement de la population et de l’habitat de 1968 indiquait que 25,8% des habitants de l’agglomération étaient nés à Douala et 69,9% venaient du reste du Cameroun. Ce caractère extraverti de sa population émane de l’immigration économique qui a conditionné les déplacements tant des autres régions du pays vers cette agglomération, que des autres pays de la sous régions ou de l’étranger vers Douala. «Par nationalité, quatre ou cinq groupes dominent dans la population étrangère de Douala : Nigérians, originaires des pays limitrophes au Nord du pays (Tchad et R.C.A.), ressortissants des pays du golfe du Bénin (Bénin, Togo) et Français. Les pays limitrophes du Sud (Congo, Gabon) sont très faiblement représentés, certainement à cause de la difficulté des relations en direction du Sud-Cameroun, mais peut-être aussi à cause de la trop grande ressemblance des milieux géographiques en présence. Parmi les Européens, le groupe dominant est constitué par les Français (à plus de 85 ou 90%, contre 72%, pour l'ensemble du Cameroun)...». L’exode rural a véritablement contribué à grossir la taille de la population doualaise. Le taux d’accroissement naturel était de l’ordre de 3,8% en 1976 et a été en augmentation constante depuis lors. Douala compte aujourd’hui un peu plus de 4,5 millions d’habitants et entrera dans le cercle des métropoles africaines de plus de de 10 millions d’habitants d’ici à 2035. Cette année correspond par ailleurs au cap fixé par le pays pour se positionner sur la voie de l’émergence. La population de la ville s’accroit à un rythme annuel de 100 000 individus et a besoin d’encadrement. Elle exige le développement d’un certain nombre d’infrastructures et de services de base. En tant que ville cosmopolite, la planification urbaine à Douala a été également influencée, en plus de la taille de sa population par les divergences d’ordre culturel, notamment la façon de se déployer dans l’espace, les types de construction et la perception que ces populations ont de l’aspect hygiène ou de l’assainissement de leur cadre de vie,…. Ces facteurs ne sont pas suffisamment pris en compte par l’auteur dans son analyse. On observe dans la ville de Douala une dichotomie dans la configuration des quartiers. La dualité allogène-autochtone a eu raison de la structuration de l’espace urbain. Suivant le mode de propriété et d’occupation du sol, on identifie des quartiers peuplés d’immigrés comme New-Bell, Bépanda, Maképè, etc. Cette évolution a marqué une espèce de ségrégation entre quartiers peuplés d’autochtones et quartiers fondés par les allogènes. Cependant, au fil des ans, avec la domination d’une population notamment venue de la Région de l’Ouest Cameroun et constituée majoritairement de commerçants Bamilékés au pouvoir d’achat assez consistant, cette division n’est plus ou peu perceptible et laisse place aux conflits fonciers. Les plaintes enregistrées sont celles des autochtones qui prétendent être réduit au confinement parce qu’ayant perdu tout contrôle sur leurs terres. Suivant le taux d’accroissement de sa population, l’espace urbain de douala a doublé entre 1955 et 1973. La ville coloniale ancienne et Bonabéri, qui couvraient 95% de l’aire urbaine en 1956, qui en consomme 80% en 1968. Les grands secteurs de conquête se situaient dans la zone de Bassa et Nylon, à l'Est et au Sud-Est, les zones Bépanda et Maképè au Nord. À l'opposé, par rapport au Wouri, les extensions de Bonabéri, le long de la route de l'Ouest sont spectaculaires également. Dans les parties les plus anciennes, le fait principal est celui d'une densification sur place et d'un « bourrage » aux limites des différents grands quartiers (Béssenguè, Akwa et Deido, Babylone, Ngangue, Bépanda proprement dit, la « SIC des Africain »). Actuellement, la ville s'est considérablement étendue. Nous avons à peu près 21 000 ha en 2013 contre 4 800 ha en 1968. D'après une étude de la Mission d’Aménagement et d’Étude des Terrains Urbains et Ruraux menée en 1980, la densité résidentielle pour l'ensemble de la ville serait égale à 276 habitants à l'hectare. La densité générale peut dépasser 400 habitants à l’hectare au cœur des grands quartiers comme New Bell. Les limites du surpeuplement sont dépassées. Si l'on ne tient compte que de la densité résidentielle, l'on dépasse 520 habitants à l’hectare à Nkongmondo, Kassalafam, New Bell Bamiléké, Yabassi, Km 5, Nkololoun et Nkolmintag. Le quartier Nylon est contaminé par la densification, aux abords de New Bell. Dans les quartiers aisés, à forte population européenne, les terrains non bâtis sont de plus en plus rares. À la périphérie de la ville, des hameaux ou des villages sont de plus en plus gagnés par le front d'urbanisation, surtout le long des routes de Yaoundé et de Japoma. Une caractéristique de l'habitat urbain à Douala est à signaler. La population est certes de plus en plus concentrée, mais, dans la plupart des cas, elle n'est pas encore entassée de façon outrancière. Les trois quarts des ménages vivent dans des structures d'une unité d’habitation. On peut à ce stade de la réflexion, raisonner un peu et trouver abusif une telle consommation de l'espace urbain. Les ménages à Douala désirent avant tout « être maitre chez soi ». Les promoteurs tendent à construire en hauteur, quand ils ont les moyens. La spéculation foncière et immobilière du centre et des quartiers péricentraux incitent les moins nantis à «s’expatrier» vers le pourtour, mais ce transfert ne se fait pas de manière passive. Les gens de la périphérie sont jeunes, dynamiques et organisés le plus souvent. L'agglomération de Douala nous semble arrivée à la croisée des chemins. Le style d'urbanisation qui a prévalu jusqu'à maintenant est très consommateur d’espace, puisque pour une bonne part, il reposait sur le principe du laisser-faire. À partir d'un seuil, qui sera franchi dans peu de temps, les trop longs parcours à effectuer quotidiennement deviendront un obstacle : le front d'urbanisation s'approche du Point Kilométrique 15, en direction d'Edéa. Il s'éloigne du pont du Wouri, au-delà de Bonabéri à plus de 5 km. Cette extension mal contenue de l'espace urbain apparait rapidement comme trop onéreuse pour tout le monde. L’habitat populaire se répand donc très loin, mais aussi l'habitat de standing, trop à l'étroit dans le centre-ville donne les classiques quartiers "chics" du sud de la ville : des quartiers de villas modernes s'étendent désormais à Bonabéri et dans le secteur Bassa-Ndogbong (Cites des Merveilles, Cité de la Paix). Les autorités semblent prêtes à intervenir. Il s'agit de densifier et de mettre de l'ordre. Le centre-ville, dans l'arrondissement de Douala 1er fait l'objet d'une tentative de rénovation sévère (sévère à la fois pour les autochtones du quartier Akwa et pour les allogènes du secteur de Nkongmondo). Or, le développement démographique ne se dément pas. Le tissu urbain que l'on veut tailler ne va-t-il pas rapidement constitué un costume trop étroit pour un corps de population toujours en pleine croissance ? La question des terrains apparait comme un des éléments majeurs de tout fait d'urbanisation. La configuration générale de la ville de Douala résulte directement de ce besoin d’espaces. Aussi la dimension historique s'impose de manière manifeste dans l'approche de la connaissance du système foncier. Ce dernier demeure un reflet encore très fidèle des faits de création urbaine et de peuplement de la ville (allogènes, étrangers); il s’impose comme une composante de la réalité économique et sociologique de la ville, et comme un des moteurs de la dynamique de la ville, considérée comme un champ de forces sociales, économiques et politiques. La recherche du processus historique à partir duquel découlerait l'actuel partage du sol, peut s'organiser autour de plusieurs périodes de formation de la ville. À l'origine, les terrains le long du Wouri, sur une bande côtière de deux à trois kilomètres de profondeur, appartiennent à l'ethnie duala. L'ethnie basaa possède le sol de l'arrière-pays. L'ensemble des villages duala, qui pouvaient compter jusqu'à dix mille personnes au 19ème siècle, était communément appelé «Cameroon town», par les navigateurs et commerçants européens fréquentant la côte. L'appropriation spatiale européenne allait s'opérer de manière originale à Douala, dans la mesure où les colonisateur se trouvèrent placer devant un site déjà aménagé et organisé .Lorsque l'administration allemande mit pied à terre en 1884, les groupements duala en place se présentaient comme une cité établie sur le système des «plateaux-village». Chaque clan possédait une bande de terrain avec un accès sur le Wouri, et ses terres de culture vers l'intérieur. Les problèmes d’urbanisme se reposèrent plus tard, après le départ des allemands à la suite de sa défaite durant la 1ère guerre mondiale. L'administration française alors présente par la suite, poursuit l’œuvre allemande. Les plans allemands ne furent pas ramis en cause. Les Duala eux-mêmes, pendant les années de crise après 1929, furent touchés par la mévente et la baisse des prix à l'exportation; privés de leurs ressources agricoles. Cantonnés aux métiers urbains, les autochtones se rabattirent sur la spéculation foncière. Par la loi du 21 juillet 1932 relative au régime foncier, l'administration s'était efforcée, d'individualiser la notion de propriété. En rendant possible l'immatriculation des terrains, on valorisait le sol. On s'éloignait ainsi de « l'indivision lignagère ». L'analyse des divers éléments de l'agglomération doualaise sous l'angle des droits fonciers permet de définir plusieurs niveaux d'intégration urbaine. Devant la diversité, des formes constatées, toute une série de déductions semble devoir se dégager : moins les droits fonciers sont solides, moins bonne est la qualité de l'habitat et la précarité des droite fonciers va de pair avec une faible intervention de l'État. De la précarité des droits fonciers dépend la précarité des quartiers eux-mêmes. Les structures foncières de la ville de Douala ne sont rien d'autres finalement qu'un cadre d'accueil pour les migrants. Leur étude a permis de souligner l’importance des problèmes posés par la structure interne des quartiers : ils prennent le pas, écologiquement et socio-politiquement, sur le problème de leur insertion dans le complexe urbain. La meilleure preuve, de ce que nous avançons: l’opposition "habitat précaire-habitat régulier" n’est pas aussi brutale en Afrique que dans d’autres parties du monde. Les paysages de l'habitat populaire urbain se reproduisent à l'identique de part et d'autre de la ligne de démarcation des deux, formules. Elles utilisent les mêmes techniques de construction, elles impliquent un niveau de revenus et de moyens d’existence comparables, elles sont le reflet d'une même faiblesse relative du pouvoir d'achat. En effet, les deux tiers du revenu global des ménages sont constitués par les salaires, essentiellement auxquels on ajoutera pensions, retraites et allocations familiales éventuelles. Guy MAINET estime à 20-25%, la part revenant aux bénéfices commerciaux, aux ventes des produits artisanaux ou pêche. Une fraction pouvant s’élever jusqu’ à 15% dans les quartiers autochtones et à 5% dans les quartiers populaires récents, concerne les loyers perçus sur les locataires de maisons ou de terrains. Pour le reste, l'on mentionnera les revenus occasionnels ou exceptionnels, tels que cadeaux et dons, produit de vente de terrains, legs et héritages. Certains groupes ethniques pratiquent très régulièrement les tontines et les "cotisations". Malgré la précarité et l'insuffisance actuelle de l’emploi, l’ensemble de la population survit grâce à la solidarité familiale et ethnique d’une part, et des transferts redistributeurs efficaces de revenue d'autre part. Parmi les quartiers populaires, une ligne de partage semble se situer vers 30 000 frs. Au-delà de cette limite, on rencontre les quartiers les plus anciens (Akwa et New Bell par exemple). Les revenus médians les plus faibles sont le lot des quartiers récents et centraux. Les quartiers centraux sont habités par une population uniquement constituée d'allogènes, à dominante Bamiléké et Bassa. La grande caractéristique des quartiers populaires en général réside dans l'observation suivante: de nombreux ménages sont situés entre des revenus peu éloignés (15-50 000 francs CFA, dans une fourchette allant de 45 à 55%). Douala, avec ses populations variées et en croissance rapide, est grande « consommatrice de denrées qu’elle produit peu ou ne produit pas du tout ». La ville est d’ailleurs certainement originale de ce point de vue par rapport à la plupart des villes d'Afrique occidentale et centrale, à propos desquelles des chercheurs ont pu développer largement et illustrer le thème de la "vie rurale" ou de la "vie agricole" urbaine. Y a-t-il encore une vie agricole dans l'agglomération de Douala ? Peut-elle se maintenir face à l'avancée conquérante du front urbain vers la périphérie, et contre la densification de l'habitat dans les quartiers les plus anciens ? Quelle part de l’approvisionnement vivrier est-elle obtenue dans les limites du périmètre urbain? L’autosubsistance est-elle toujours permise et n’apparait-elle comme une donnée fondamentale de l'économie urbaine ? L'alimentation on produits vivriers à Douala fait appel à des zones d’approvisionnement plus ou moins spécifiques, mais très souvent éloignées. La géographie des marchés vivriers de Douala a subi de profondes modifications au cours des dernières années. Les travaux d'extension du port ont éliminé de la carte, les anciens marchés de la Béssèkè et de Deido. Ainsi, un nouveau marché est apparu près du Camp du Mboppi, avec la mise en place d'un ensemble régulier de construction relativement légère. Deux grands marchés ont été édifiés rapidement à New Deido et à Bonassama. Ces lourds efforts financiers consentis par les pouvoirs publics sont bien une preuve des énormes besoins de la population urbaine en produit de consommation courante et quotidienne. Des sommes considérables changent de main à tout moment de la journée et de la nuit. Les déplacements et les amoncellements des personnes, de véhicules de toutes sortes, en certaine lieux de la ville, appellent la comparaison avec la ville de Lagos ou avec les foules des métropoles asiatiques. Les flux de richesse quotidiens, non comptabilisés jusqu'à ce jour, doivent porter sur des totaux fort respectables, à force de petites sommes échangées à l'infini. À titre d'exemple, une estimation très approximative des transactions portant sur le trafic annuel du bois de chauffe et de sa distribution à travers la ville de Douala, nous situe très probablement à un chiffre d'affaire minimal de quatre à cinq milliards de francs CFA (sur la base d'une simple dépense de 100 f CFA par jour et par famille). Ces sommes ne sont pas négligeables. Elles sont une confirmation de plus de l'intérêt qu'il y aurait à commencer l'étude quantitative d'un aspect jugé souvent comme marginal, parce qu’apparemment non structuré, dans l'ensemble de l'économie urbaine des villes tropicales. Conclusion Guy MAINET dans Douala, ville principale du Cameroun, à travers sa démarche décrit les facteurs endogènes et exogènes qui ont commandé le développement urbain de cette agglomération. La fonction portuaire de cette cité a été à l’origine de la mise place de son tissu industriel, qui pour les besoins de son fonctionnement nécessitait de la main d’œuvre en quantité. C’est ce qui justifie la croissance démographique observée à Douala depuis la fin des années 1950, avec les implications que cela entrainement : la fourniture en service de base, l’approvisionnement en produits alimentaires, le développement des infrastructures et surtout la pression foncière. La planification urbaine qui a eu cours dans cette ville portuaire est la conjugaison de tous ces paramètres. L’extension de la ville de douala s’est accompagnée d'une dégradation nette de son environnement. Le bilan est presque partout négatif. Maints problèmes se sont posés, se posent encore et sont liés au faible niveau des ressources municipales ou étatiques, et au retard constant de l'effort public : problèmes d'infrastructure routière, de moyens de transport et d'équipements techniques ou sociaux, problèmes d'habitat, problèmes de drainage et d'assimilation d'une poussée démographique rapide et d'origine extérieure. Peut-on dire que la croissance soit aussi peu maitrisée que possible ? Comment s'inscrivent-ils dans le paysage urbain, les modes d'action de l'État et de la municipalité ? Quels sont les agents de la mise en valeur du sol urbain ? L’avenir n’est pas si sombre, des efforts permanents ont été consentis depuis la fin des années 1970, avec d’une part la mise sur pied d’une « supra-structure urbaine » : la Communauté Urbaine de Douala, qui est une entité morale de droit publique à caractère autonome, chargée de conduire le développement de la ville. Dans le cadre de ses missions, elle a élaboré une kyrielle de documents et instruments devant balisés son action (Document stratégique de développement de la ville de Douala et de son aire métropolitaine à l’horizon 2025). Cependant, sa mise en œuvre fait face à des difficultés d’ordre politique, managériale, l’insuffisance de ressources financières et l’absence d’une main d’œuvre de qualité..
    10 years ago by @wenceslas
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    . ISBN:978-2-296-10419-8 L'Harmattant, 5-6,rue de l'Ecole polytechnique;75005 Paris, 2010 edition, (1 mois 2010)
    10 years ago by @madja
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